Disclaimer : Parce que Sailor Moon, c'est avant tout l'œuvre de Naoko Takeuchi…

Auteur : Mascarade

Note : Coucou! Je reviens avec une nouvelle histoire. Au départ, ce devait être un chapitre unique, mais vu la longueur, je préfère en faire 3 chapitres. Je me lance un défi du coup, c'est-à-dire, écrire la suite dans un délai raisonnable d'environ une semaine. On verra si j'y parviens. Lettre de bêtises acceptées sinon. Rires. Bonne lecture!


Titre : Once Bitten

(Chapitre 1 : Enlevée)

Je plongeai mon regard dans le sien. Si le mien n'était que mépris à son égard, je devinai dans ses pâles iris une fascination grandissante. Leur éclat sinistre me déstabilisait plus que je n'osai l'admettre, mais je refusai de céder à la soumission qu'ils m'intimaient silencieusement. De quel droit cet ennemi osait-il me prétendre comme sienne? J'étais peut-être sa captive, mais pas pour très longtemps.

- Manoru viendra me sauver, bravais-je d'un ton que je voulais ferme et assuré.

Diamant semblait évaluer le poids de ma menace pour mieux la tourner en ridicule. Quelques secondes après mes vaines espérances de l'effrayer, un rictus mauvais s'était esquissé sur le coin de ses lèvres. Il se moquait! Il se moquait de ma personne!

- Chère naïve princesse, j'y compte bien.

- Quoi?!

Je dissimulai mal ma surprise, mes yeux s'étant brusquement agrandis. Qu'avait-il en tête? Affronter Manoru? Je me sentis mal, tellement mal que je fus prise d'un vertige. Diamant m'attrapa dans ses bras, au bon instant.

- Ne me touchez pas!

Je voulus me débattre, mais ce fut comme si toutes mes forces m'abandonnaient.

- Il est inutile de lutter. Le pouvoir du cristal noir absorbe tes forces.

C'était le désespoir. J'étais en proie à un profond délire. Je devais toutefois garder confiance. Manoru viendrait me délivrer! Il le fallait…

- Manoru… Manoru…

Je répétais son nom comme une prière de plus en plus faible, ignorant la futilité de mon appel.

Diamant glissa une main sous mes jambes, l'autre soutenait mon dos. Il me prit dans ses bras alors que ma tête dodelinait contre son épaule. Malgré le tissu de ma robe, je pouvais sentir la chaleur de son corps contre le mien. Un contact si intime qu'un moment je fus convaincu qu'il s'agissait bel et bien de Manoru.

Mon cœur qui avait battu la chamade retrouvait son calme par un rythme plus régulier. Je fermai les yeux, savourant la tendresse de ce geste pour la quitter avec regret. On me déposa sur une surface moelleuse. Je caressai le satin des draps qui formait ma couche. Sans être avachie, mon dos était négligemment appuyé contre un mur.

Manoru, car ce devait bien être lui, glissait ses doigts dans ma chevelure mordorée. Je soupirai d'aise, frémissant à chaque effleurement sur ma joue. Si seulement cet état de béatitude pouvait perdurer. Même les paupières closes, je parvenais à ressentir l'intensité de son regard qui se posait sur moi, appréciant chaque centimètre que son œil caressait. N'y tenant plus, je soufflai en un murmure :

« Embrasse-moi… »

À l'instant où je murmurai faiblement ces mots, je sentis le contact de ses lèvres sur les miennes. D'abord, d'une douceur infinie, presque timide, puis d'une envie sauvage comme si l'on désirait pénétrer mon âme. Une langue tentait de s'immiscer dans ma bouche! Manoru ne m'avait jamais brusquée de la sorte. J'en vins donc à une conclusion terrifiante : ce n'était pas lui qui m'embrassait…!

J'ouvris les yeux et voulut me défaire de cette étreinte, mais je n'avais nulle part où reculer, mon dos étant déjà contre le mur. J'essayai de le repousser de mes mains. Hélas, il les attrapa dans les siennes! Alors que j'allais céder, bien trop faible pour résister, une rose nous sépara. Elle se ficha dans le matelas. Dès lors je sus que mon prince était venu à ma rescousse.

- Qu'est-ce que…?

Le prince Diamant était visiblement surpris, mais son expression de stupeur fut vite remplacée par un sourire mauvais qui me donna froid dans le dos. Je tournai la tête moi aussi de sorte à ce que je puisse oublier l'être qui se trouvait face à moi pour ne conserver que mon Tuxedo Masqué dans ma mire.

- Manoru!

J'étais si heureuse de le voir, presque soulagée, même si la peur revint au galop. Ils allaient devaient s'affronter… à cause de moi.

- Un homme ne devrait jamais faire à une femme quoique ce soit qui soit contre sa volonté.

Le sourire de Diamant s'accentua sur le coin de ses lèvres alors que je redoutais sa réponse.

- C'est pourtant elle qui me l'a demandé…

Je rougis, consciente de mon erreur. Manoru saurait-il me pardonner ma méprise? Le pouvoir du cristal noir avait-il le même effet sur lui que sur moi? J'en doutais car je le vis blêmir, visiblement sous le choc de la révélation que Diamant prenait plaisir à lui partager.

- Je ne te crois pas!

- Ses lèvres ont un goût de menthe fraîche… si délicat.

Ne l'écoute pas, avais-je envie de lui crier, mais je n'y parvins pas. Bien qu'inutile, car il m'était impossible de me transformer, je fis l'unique geste pouvant me rassurer, c'est-à-dire tenir ma broche entre mes doigts repliés. Manoru serrait les dents, sa mâchoire tendue. Des larmes d'impuissance roulaient sur mes joues. Je n'osai regarder ni l'un ni l'autre.

- Co… Comment?!

D'un geste désinvolte, Diamant se passa une main dans sa chevelure. Il était visiblement satisfait de la tournure des événements. Le diable n'aurait pu être plus vil dans ses propos que ceux qu'il ajouta lui-même à nos égards :

- Si tu en doutes, je peux toujours m'y abreuver à nouveau…

- NON! hurlai-je en tâchant de m'éloigner le plus possible.

Je ne le voulais pas. Je ne le pouvais pas! Mais déjà, le Prince Diamant s'était tourné vers moi et soulevait mon menton de ses doigts gantés. Je sentis son pouce qui, d'une si désagréable manière, se frottait contre mes lèvres pour les écarter.

- Qu'en penses-tu, Serenity?

- Ne la touche pas!

Tuxedo Masqué bondit vers Diamant, mais avant qu'il n'ait pu l'atteindre, ce dernier m'adressa un clin d'œil avant de disparaître. Il s'était évanoui dans l'ombre, en un battement de cils! Surprise, je regardai Manoru qui contemplait lui aussi, d'un air béat, l'espace précédemment occupé par son assaillant.

« Où a-t-il filé? » lança Manoru, bien qu'il sut pertinemment que la réponse m'échappait tout comme à lui.

- Je l'ignore, fis-je encore troublée. « Oh Manoru! »

Je me jetai dans ses bras, me gavant de son parfum musqué comme s'il y avait des semaines que j'en fus séparée. Manoru cherchait encore de son regard où avait filé le démon. Même s'il n'y en avait aucune trace, il y avait trop de risque d'abaisser sa garde. Un ennemi, qui avait le pouvoir de disparaître à loisir, pouvait tout aussi apparaître au moment opportun pour remporter la victoire.

- Viens. Il ne faut pas rester ici.

J'essayai de me redresser. Chacun de mes membres étaient d'une mollesse, alourdis par le pouvoir du cristal noir de la planète Némésis. Manoru dut glisser une main à ma taille pour me soutenir alors que nous nous échappions si péniblement de cet enfer.

Pénible parce qu'à tout moment je risquais de trébucher, ce qui nous ralentissait considérablement. J'aurais aimé que Manoru me prenne dans ses bras, mais hélas la scène aurait été trop belle. Il n'avait eu aucune attention romantique à mon égard depuis notre dispute. En rêver maintenant ne changerait pas la situation actuelle.

- Ah…!

Je me sentais ridicule dans ma chute. Je serais tombée de tout mon long si mes mains ne m'avaient pas retenue. La pierre était glaciale sous mes doigts.

- Bunny?

Quelques-unes de mes larmes s'échouèrent sur le sol en de misérables « ploc ».

- Désolée…

Ce mot, j'aurais tant aimé que l'entendre de sa bouche. Hélas, ce fut la mienne qui le prononça. Comme si ce simple mot avait le pouvoir d'effacer ce mauvais souvenir. Était-il toujours en colère contre moi? Savait-il à quel point j'avais espéré qu'il me sauve toute entière? Mon corps mais aussi mon cœur?

« Juste un moment. »

Je voulais me montrer forte alors que j'étais démolie de l'intérieur. Je ravalai difficilement mes larmes, prête à redresser la tête quand l'effort suffisant qui m'y poussa ne vint pas de moi mais de Tuxedo Masqué. Il s'était penché sur un genou pour être à être à ma hauteur. Avec son index sous mon menton pour le relever, je plongeai mon regard dans le sien. Mon cœur faillit bien s'arrêter, gagné par l'émotion.

- Ça ira?

- Je…C'est le pouvoir du cristal noir… Il me paralyse.

- Je sais que tu peux y arriver.

Je traçai une ligne imaginaire sur la paume de sa main avant de glisser mes doigts à travers les siens.

- Ensemble?

- Ensemble.

Sourire. Oui, il me sourit! Je ne parvenais pas à y croire… pourtant j'y croyais jusqu'à ce que le ver germe dans la pomme, pour mon plus grand malheur! Un peu en retrait, juste derrière le visage si confiant de Manoru, était apparu le Prince Diamant. De sa manche s'échappa silencieusement une dague à la lame bien pointue.

Le traître! Quel combattant agissait à l'encontre du code d'honneur et, d'ainsi, attaquer de dos?! Je me crispai sans que Manoru ne sache pourquoi. Comment aurait-il pu comprendre ce qui se passait alors que j'étais ses yeux là où il ne pouvait voir?

« Bun…ny…? »

Sottement, je criai, mais c'était trop tard! Tuxedo Masqué venait de s'effondrer devant mes pupilles troublées. Je ne voyais que ce sang qui souillait désormais mes mains. Horrifiée, je ne pouvais cependant détourner le regard.

- MONSTRE!

Je me jetai sur mon bien-aimé pour le protéger d'un assaut qui s'avérerait mortel. Diamant s'était arrêté dans son prochain élan.

« Oh Manoru… Manoru non! »

Je le vis qui léchait sa lame, là où le sang frais s'écoulait encore. Un geste si barbare qu'il me dégoûta de tout mon être. Oh, comme je le méprisais! De son côté, Manoru vacillait dangereusement vers l'inconscience.

Il n'avait pas la force nécessaire pour se redresser, aussi ne faisait-il que murmurer mon nom entre deux gémissements de douleur. Je levai la tête, protégeant de mes bras celle de Manoru. Enfin, ma bouche parvint à exprimer par-delà les peurs et les doutes la question qui marquerait l'issue de la scène.

« Pourquoi ne pas nous tuer tous les deux? »

Une lueur d'amusement éclaira le regard de Diamant alors qu'il s'apprêtait à me répondre, comme si ce qu'il voyait lui plaisait. Ne devinait-il pas la haine dans mes yeux?

- Tu n'as toujours pas compris, n'est-ce pas?

- Comprendre quoi?

Je n'étais pas d'humeur à jouer aux devinettes.

- Éloigne-toi.

- Non! Laissez-le! Laissez-nous…

Diamant se retourna, comme s'il obéissait enfin à mes caprices. Un instant, je fus persuadé qu'il allait quitter la pièce sans une autre parole, mais non. Lentement, sa tête pivota de sorte que je ne pus qu'en distinguer le profil.

- La blessure est profonde.

Je me détachai de Manoru, croyant à un mensonge, mais avec tout ce sang, je sus qu'il ne me mentait pas. L'horrible vérité faisait son chemin jusqu'à mon cœur.

« Sache-le, il ne passera pas la nuit sans soins immédiats. » ajouta-t-il, ses lèvres s'étirant en un vil sourire. Il souriait!

Je rageai, faisant fi de mon orgueil et de ma fierté pour m'agenouiller devant lui.

- Je vous en supplie…

- Non…

En quelques enjambées, il allait disparaître par la porte, l'autre issue étant la fenêtre par laquelle était entré Manoru. La situation était-elle sans espoir? Non, je devais trouver quelque chose, quelque chose qui put l'attirer, quitte à marchander avec le diable!

- Alors exigez de moi ce que vous voudrez. Vous l'aurez en échange de sa vie!

Le prince Diamant s'arrêta. L'offre avait séduit le démon qui, au bout d'interminables secondes qui me parurent des minutes, voire des heures, revint enfin sur ses pas.

- Ce que je désire… dit-il comme s'il y réfléchissait tout haut, un index songeur tapotant son menton.

Mon poing fermé trahissait mon impatience. Plus nous attendions, et plus l'état de mon Tuxedo Masqué s'avérait critique. Enfin, le Prince Diamant se décida. Il s'abaissa pour être de même hauteur pour mieux savourer ma réaction face à son offre. J'arquai un sourcil.

- Alors? Dis-je d'une voix que je voulus ferme, bien que chevrotante.

- Une nuit entière avec toi… à mes côtés.

Je crus que j'allais me liquéfier sur place. C'était donc cela, sa requête? De toutes les possibilités, je crois qu'il eut choisi la plus abominable. Me doutais-je seulement à quel point?

Car, dans ses yeux lorsqu'il les tournait vers moi comme en ce moment, je devinais son avidité. J'étais la proie que le prédateur avait choisie pour en faire son repas. Effrayée par leur manque de retenue, je fermai mes propres yeux. Je soupirai tristement.

- Soit.

Son sourire s'élargit.

- Et si nous le renvoyons maintenant, histoire de ne pas perdre notre si précieux temps?

- Mais… Vous avez promis! dis-je, incrédule.

Il ne pouvait quand même pas le laisser partir ainsi!

- Les tiens se chargeront de lui…

En un claquement de doigts, Manoru disparut et je me retrouvai seule comme je ne l'eus jamais été… seule, avec un monstre dont les ricanements sinistres ne faisaient qu'ajouter à ma frayeur...

Qu'allait-il advenir de moi?

Mais surtout, qu'allait-il advenir de Manoru?


[À suivre]