Un bruit. Une odeur. Tout en somme. Tout. Absolument tout lui rappelait ça. Cruel souvenir dont on ne peut se séparer. Il y pense tout le temps. Chaque jour, chaque heure de cette foutue journée. Et la nuit. Dans la pénombre de sa chambre. Il guette. Il attend, espère. Il espère qu'un jour il sera délivré de ça. De ce cauchemar perpétuel. De cette ombre qui l'entraîne dans la noirceur. De ses pensées auxquelles il ne peut échapper. Cruel cercle vicieux. Cruel prix à payer pour ça. Dont il n'a jamais voulu, dont il aurait aimer ne jamais entendre parler, ne jamais vivre. Impossible de s'en dépêtrer. D'oublier. De passer à autre chose. Comme une partie de lui, vitale désormais. Un horrible cancer incurable. Un tas d'immondice ancré en lui, dans sa chair, dans son cœur, dans son esprit. Il est coincé. Pris en otage par lui même. Séquestré. Quelle étrange sensation. Prisonnier de soi même. Invivable. Incontrôlable. Insurmontable ? Surement pas. Il s'y refuse. Pour lui ce n'est qu'une passade. Une longue passade certes mais rien n'est immuable. Un mental d'acier. Il est persuadé de pouvoir supporter ça seul. Il refuse toute aide. Pourquoi faire ? Quelle utilité, quelle finalité ? Aucune. Et de toute manière il est hors de questions de dépenser ne serait ce qu'un centime pour ces « médecin de l'âme ». Qui pourrait comprendre ce qu'il a vécu ? Qui serait en mesure de saisir l'horreur des évènements qu'il avait subit et dont il était l'origine, la cause première. Car c'était pour lui et par lui que tout avait commencé. Lourd fardeau. Il se sentait responsable de tout ces morts, de ces pauvres gens qu'il n'avait pu sauvé. Mais surtout de ceux qu'il avait tué. Ils le méritaient. Leur mort était même une nécessité. Il se détestait de penser ça. Mais un homme possède-t'il toujours sa part d'humanité après avoir tué des centaines de personnes ? Il en doutait. Un bon monstre est un monstre mort. Mais si l'on partait du principe qu'un assassin était un monstre, qu'était il lui alors ? Un monstre naturellement. Cette pensée lui arracha un sourire. Putain de sociopathe. Impossible de prévoir une réaction. Finalement, la vie n'était pas si mal faite. Tuer des gens qui en assassinent d'autre. Pour son propre compte. Il est vrai que le faire pour de l'argent aurait aussi été intéressant. Mais entre nous, est il bien sage d'en faire un métier ? Si cela devient une profession, il y aura des règles à suivre, un cadre beaucoup trop fermé en somme. Une diminution des possibilités et surtout d'opportunités. Non. Strictement sans intérêt. Et puis de toute façon il avait déjà un patron, un chef, un boss, un mentor, un faucheur. Faucheur. Son faucheur. Une ombre planant au dessus de lui, endormie, constamment à ses côtés. Une malédiction indissociable de son être. Avec lui, en lui, à la vie et à la mort. Surtout à la mort. La mort, rien que la mort. Délicieuse image que celle de la faucheuse. Voilà ce qu'était devenu Sirius Black. Un tueur.
Cette histoire débute par une chaude fin de journée d'été. Le chasseur était lancé contre le gibier. La proie allait elle réussir à s'enfuir ? Peu probable. En réalité cela ne c'était jamais produit. Un début à tout ? Certainement pas. Impossible. Situons notre histoire: 4 ans après la Grande Guerre. Les gentils ont gagné. Youpi. Les méchants sont morts ou emprisonnés. Mort c'est mieux. Re-youpi. Et là surgissait un problème monstre : Et si les gentils devenaient méchants ? Des méchants vraiment très méchants. Prenons par exemple Sirius, son séjour à Azkaban avait développé des instincts insoupçonnés chez lui et un certain penchant pour le sang. Frais de préférence. Mais il n'était pas le seul. Et à vrai dire... Mais revenons à nos moutons, ou plus exactement notre belette. Oups. Notre proie, excusez cette maladresse.
Depuis quelque temps, on dénombrait énormément de disparition. Puis par le plus grand des hasards on retrouvait les corps des victimes, qui semblaient avoir été grignoté. Grignoté par un rongeur. Bien sur, il était aisé de croire que ces morceaux de chairs avaient pu être dérobé par un rat, ou un quelconque nuisible. Mais pour Sirius, il était évident quel cette dégustation était le fait d'un homme. Surtout au vue des traces de mâchoires. Peu probable qu'un rat soit doté d'un organe aussi grand. Et puis surtout qu'il soit roux. Grâce à son odorat extrêmement développé, le chasseur avait détecté une odeur de roux. Une essence peu délicate. Suivre à la trace. Principe pouvant s'avérer complexe mais avec l'odorat développé qui était le sien, le prédateur n'était pas confronté à ce problème. Il pouvait suivre sa proie dans un rayon de 15 kilomètres. Autrement dit, elle ne pouvait s'échapper. Sentiment de pouvoir absolu ! La contrôler, l'obliger à passer par des phases d'angoisses incroyable, tout ceci était simplement jouissif.
Elle était là, à 100mètres à peine, il pourrait la pousser dans la prochaine avenue sombre qu'ils croiseraient, il pourrait faire tellement de chose. Mais il attend. Il le doit. Elle n'est pas encore arrivée à maturité. Il pourrait comparer ce besoin insidieux de tuer à l'attente du collectionneur de vin devant un excellent millésime qu'il vient d'acquérir mais ne peut ouvrir car trop jeune. Et puis il n'était pas le « maître ». Il ne choisissait pas quand. Il obtempérait aux ordres mais surtout à ses besoins primaires. Tuer. Vieux comme le monde. Un moyen de veiller à la vie, mais plus particulièrement à sa survie. Mais dans son cas, il s'agissait d'une volonté impétueuse qui s'emparait de son être, de son esprit. Ce n'était pas un boulot à plein temps. Mais lorsque son flair était confronté à quelque chose de suspect, il ne se trompait jamais. Si suspicions il y avait, vérité il trouverait. Et cette fois ci encore, il avait mis en plein dans le mille. Mais qu'elle n'avait pas été sa surprise quand il découvrit qui était sa proie, quand il pu enfin mettre un visage sur cette odeur. Une sale odeur de fouine. Ça puait comme la mort. Il refusait de penser à sa propre odeur. Cela devait sentir la vermine et le souffre. Son âme suait l'horreur et la destruction. Et les pulsions meurtrières. En parlant de cela, il ressentait le battement familier de la pulsion en ébullition. Le travail allait bientôt reprendre.
Mais apparemment c'était aussi le cas de la proie qui venait d'aborder ce qui semblait être sa propre proie. Cruel cercle vicieux. L'odeur que dégageait la proie devint plus intense, une odeur de sulfate de carbone. Sirius sentit un frisson parcourir son échine. Et le signal fut lancé. Que le jeu commence !
La belette entraîna sa victime à sa suite. Sirius restait à distance raisonnable. La belette tourna au premier coin de rue, une impasse. « Tu veux jouer, on va jouer » pensa-t'il. Il attendit quelques minutes avant de se lancer à sa suite dans la ruelle. Personne. Étrange. Impossible qu'elle lui ait échapper. Il s'approcha du mur qui clôturait l'impasse, et l'examina soigneusement. Rien. Il se retourna nerveusement. Mais où pouvait elle être passée ? Foutue proie. Son regard balaya l'ensemble des pavés, les murs des hauts bâtiments, quand soudain, il vit un soupirail, suffisamment grand pour laisser passer un meurtrier de taille adulte. Il l'ouvrit précautionneusement. Apparemment rien. Il se laissa tomber dans la pénombre. Peu à peu ses yeux s'habituèrent à la nuit. Des couloirs. Il était tombé dans une pièce centrale d'où partait quatre trois couloirs. Se guidant à l'odeur, il s'engagea dans le couloir du milieu. Et il déboucha dans une nouvelle salle. Il entendit des gémissement. Bien le travail semblait avoir commencé. Il attendit patiemment que le tueur achève sa proie. Une fois qu'il sentit que la victime expira son dernier souffle, qu'il vit son âme s'élever et être recueillit par Castielle, la faucheuse des victimes. Ils échangèrent un bref signe de tête. Il ne put s'empêcher un rictus lorsqu'elle lui lança un regard dégouté. Castielle n'aimait pas beaucoup son odeur de souffre. Elle sentait la gaufre, le sucre et la vanille. Une véritable puanteur selon Sirius. Elle disparut avec l'âme de la jeune fille aussi subitement qu'elle était apparut. L'attention du faucheur se reporta sur le tueur nouvellement baptisé. Il était temps d'agir.
« Échec et mat »
Le chasseur sortit son arme immaculé. Le bonheur de l'arme blanche et létale. Tellement moins vulgaire que toutes ces armes automatiques que ses congénères se bornaient à utiliser, et tellement moins propre. Cela faisait des trous partout, Dieu que c'est laid. Sirius n'aimait pas les corps décharnés. Une jolie entaille bien propre, il n'y avait que ça de vrai. Le sang est inévitable naturellement. Sirius aimait sa texture, sa couleur et son odeur enivrant, mais qu'est ce que cette substance tachait. Une véritable horreur.
Il se rapprocha doucement de sa proie qui était tranquillement en train de grignoter sa proie. Une goutte de sang coula le long de son menton. Ecoeuré, Sirius lui trancha la gorge d'un mouvement sec du poignet. Laissant les deux corps sanguinolents, il s'en alla. Un tueur en série n'avait, par définition, plus d'âme. En fait, il en restait quelques fragments. Mais ce n'était pas à lui de les récupérer. Pour cela, il y avait Azraël.
Il essuya la lame de son couteau sur un vieux morceau de tissus. Il referma le soupirail. C'était terminé. Pour cette fois.
Sirius Black. Faucheur d'âme spécialisé dans les tueurs en séries. N'obéit à personne sauf à son instinct. Son faucheur. Et sa mission actuelle: Tuer ses proches. Le premier venait d'être achever. Ron Weasley. Joyeux luron officiellement. Dévoreur de cadavre officieusement. Mort de son état. Âme récolté par Azraël. Première mission effectuée. A qui le tour ?
