Titre : Jalousie

Pairing : ShuuEi

Rating : M

Genre : Romance / (Léger, je crois) OOC

Disclaimer : Les personnages appartiennent à Maki Murakami (Gloire à elle!). Par contre, j'ai posé une option sur Eiri. Il me reviendra donc de droit … un de ces jours … Quand j'aurais trouvé le moyen de me débarrasser de Shu.

Résumé : Ce que je préfère dans une dispute, c'est la réconciliation. [POV Shuu]

Première publication, merci de votre indulgence :)


Un cauchemar ! Cette soirée à été un véritable fiasco. Et pourquoi ? Laissez-moi éclairer votre lanterne : tout ça, c'était la faute de mon diabolique petit ami !

Celui-ci avait soudainement décrété, un bon matin, je cite :

« Nous ne passons pas assez de temps ensemble, faisons quelque chose ce soir. »

Or, d'après mes souvenirs (même si sur le coup, j'ai eu un doute), nous partageons le même appartement, et dormons également dans le même lit. Inutile de préciser que même dans ce dernier, nous ne pouvons pas être plus proches. Je lui ai répondu le plus simplement du monde :

« C'est d'accord. »

Car après tout, il n'avait pas spécialement tord. Nous faisons tout deux un travail relativement prenant, et le fait que nous soyons célèbres ne nous aide pas à obtenir un peu d'intimité. Nous nous croisons à peine dans la journée, et dormons quelques heures ensemble la nuit (quand nous ne sommes pas occupés à faire autre chose, mais même ça, c'était devenu relativement rare). Soit, faire quelque chose. En règle général, je considère ne pas être quelqu'un de trop difficile, alors pour lui montrer un peu de bonne volonté, je lui fis ma proposition sur ce que pouvait donner une soirée plutôt sympa et tranquille avec mon petit ami.

« On pourrait se commander une pizza, regarder une quelconque émission à la télévision et passer le reste de la soirée dans notre chambre, qu'est-ce que tu en dis ? ».

Franchement, elle n'était pas bien, ma soirée ?

Lui, en tout cas, ça n'a pas eu l'air de lui plaire. Il a soudainement froncé les sourcils, signe que j'avais visiblement dis une connerie (c'était involontaire, je le jure!), et s'est exclamé haut et fort :

« Non. Je préfère qu'on aille manger au restaurant. Sortons ! »

Pourquoi ai-je pris la peine de lui faire un dessin s'il avait déjà tout décidé ?!

Il y eut un petit flottement d'incompréhension de ma part, parce que ça ne faisait aucun doute, nous ne partagions pas du tout la même définition du mot « tranquille ». Allons bon, je n'allais pas faire mon difficile. Même si nous ne restions pas à la maison, il y aura quand même une partie de ma liste au menu de ce soir. Et tout le monde le savait, ce que je préférais dans un repas, c'était le dessert ! Et puis peu m'importait, pourvu que nous soyons tous les deux. Nous nous sommes donc préparés, chacun de notre côté, lui dans la chambre et moi dans la salle de bain. Il n'a pas fallu bien longtemps pour que nous soyons fin prêts, sans aucun doute l'un des meilleurs avantages à ce que nous soyons tout deux des hommes (même si lui disait toujours que j'étais pire qu'une femme quand il s'agissait de me préparer.). Le trajet fut étonnamment court, et nous nous arrêtâmes devant un établissement relativement chic. Bien, nos deux définitions très personnelles du mot « tranquille » venait peut-être de trouver un commun accord. Évidemment, nous ne risquons pas d'être dérangés dans un endroit comme celui-ci, n'est-ce pas ? Peu importe que nous soyons des stars, la clientèle de ce restaurant ne devait certainement pas courir après les autographes, et cette pensée ne devait même pas parvenir aux cerveaux des membres du personnel. Bien ! Peut-être allais-je, après tout, passer une bien meilleure soirée que prévue (est-ce qu'ils servent des pizzas, dans ce restaurant?).

Un maître d'hôtel d'une quarantaine d'année nous accueilli, très souriant, et nous lui fîmes part de notre envie d'avoir une petite table, à l'écart des autres, ce qui nous fut immédiatement accordé. Il nous emmena vers la dite-table, ronde, sobrement décorée, près d'une immense baie vitrée donnant sur une rue commerçante, entourée de végétations diverses nous permettant ce moment d'intimité désiré. Une fois installés, nous nous dévisageâmes, Yuki et moi, et bien que l'envie de parler de tout et rien fasse soudain irruption dans mon esprit, l'air grave et perçant de ce dernier m'en empêcha et je déglutis bruyamment à la place. Avait-il remarqué le regard plein d'envie que m'avait lancé la serveuse qui était passée près de nous au moment de nous asseoir à notre table ? Sans aucun doute, si j'en crois ce que je pouvais lire dans ses yeux, à savoir colère et sentiment de trahison. Pourquoi devait-il m'en vouloir, ce n'était pas de ma faute ! Je ne peux tout de même pas l'empêcher de regarder ! Est-ce que je lui fais une scène moi, quand ses fans se jettent sur lui, prêt(e)s à le dévorer tout crû tel un morceau de steak, ou lui mettant de force leur numéro de téléphone dans la main ? Pas que ce sache ! Il devrait pourtant savoir, plus que n'importe qui d'autres, que je ne regarde que lui. Je n'aime que lui. Aussi j'apprécierais qu'il arrête de me fusiller du regard de la sorte, parce qu'à ce jeu là, je pouvais être fort moi aussi. Je me demande d'ailleurs vaguement où avait disparu la main de cet autre serveur quand nous passions derrière celui-ci en traversant la salle de réception. Si jamais il à osé le touché, j'ai bien peur que la une du journal du lendemain n'annonce un meurtre en bon et dû forme (ça risquait de foutre ma carrière en l'air, mais je n'étais pas à ça près). Alors quoi ? Je devais accepter qu'un autre homme le touche mais il était prêt à tuer la moindre personne qui posait son regard sur moi ?! Par pur souci d'éviter les emmerdes, je préférais ne pas envenimer la conversation avec mon propre avis sur la question.

Et voilà que nous boudions tous deux, chacun de notre côté, et pour exactement la même raison ! (Ce qui était tout de même un fait rare a souligné). Fini la charmante soirée en amoureux, bonjour la prise de tête en rentrant à la maison. Car il n'allait certainement pas s'arrêter là, oh que non ! Je le connaissais, le bougre, il ne pipait mot actuellement, mais réfléchissait au meilleur moyen de m'en mettre plein les dents une fois que nous seront définitivement seuls. Il avait de nombreux défauts, et l'un des pires était sans conteste la jalousie (et je savais la reconnaître entre mille, puisque je souffrais exactement du même mal!). Je savais à quoi elle était dû, que ce soit de mon côté ou du sien c'était tout simplement la peur d'être rejeté, et d'être abandonné par la personne que l'on aime (parce que Yuki m'aime, j'en suis persuadé !). Peu importe la raison, nous étions tout deux sur une corde raide prête à céder au moindre faux pas. Notre relation étant ce qu'elle est, nous vivons chacun dans l'attente de la prochaine parole du prochain geste qui pousserait l'autre à vouloir y mettre fin au plus vite. De mon côté, il y avait tout de même relativement peu de chance que ça arrive, puisque je l'aimais à en mourir. Ce qui risquait d'arriver plus rapidement que prévu s'il continuait à me rendre dingue de la sorte ! Ce regard, bien que menaçant je ne pouvais en détourner les yeux. Pouvait-il seulement être conscient de l'effet qu'il me faisait ? Me noyer dans cet océan était sans doute la plus belle mort que je pouvais espérer. Et peu importe combien de temps nous allions rester fâchés, je savais d'avance que je ne lui en voudrais pas plus d'une dizaine de minutes (tout au plus). Il avait réussi à me rendre aussi faible qu'un oisillon. C'était sa force, et c'était ma plus grande faiblesse. Il pouvait faire ce qu'il voulait de moi, et savait en jouer. On dit qu'à trop tirer sur la corde, elle finit toujours par céder. La mienne devait être faite d'un matériau inconnu (il faudrait que je pense à en déposer le brevet), me permettant de tenir le coup, quoi qu'il arrive.

Pourtant, ce soir-là, un rien pouvait faire tout faire déraper. La semaine avait été longue (c'était toujours le cas à l'approche de la sortie d'un album), le travail prenant (Suguru étant très pointilleux dans son travail, il n'était pas rare qu'il nous fasse recommencer les prises pour être sûr d'obtenir le meilleur résultat), le stress s'était accumulé (vous avez déjà travaillé aux côtés d'un mec qui se balades avec des flingues vingt-quatre heures sur vingt-quatre?) et j'avais les nerfs en pelotes de laine. Mes bonnes résolutions quant à ma jalousie intempestive et mon hyperactivité ; je mettais tout en veille pour lui. Je savais que je devais me calmer, afin de ne pas être trop sur son dos, car si j'avais la patience d'un ange (et il fallait au moins ça pour accepter de vivre à ses côtés), lui ne devait pas connaître la définition de ce mot. J'étais du genre à me battre pour tout et n'importe, mais j'étais également humain, et comme tout être humain quelques fois, il m'arrivait parfois de baisser les bras.

Faisant preuve d'une mauvaise foi évidente, et ayant visiblement envie de jouer avec mes nerfs, Yuki interpella un serveur (tiens, il me semble avoir reconnu le-mec-qui-a-les-mains-baladeuses) afin qu'il prenne notre commande. Sans surprise, celui-ci vint vers nous presque instantanément, un grand sourire aux lèvres et le regarda droit dans les yeux. Hey ho, l'ami, monsieur est venu accompagner ! Si je n'avais pas eu un minimum de self-control, je lui aurais fait bouffer sa cravate. Yuki, lui, semblait s'amuser de la situation. Il flirtait avec lui presque ouvertement, conscient du regard noir que je lui lançais. Le vil, le conspirateur, il savait pertinemment ce que le serveur attendait de lui et allait en profiter pour me donner une petite leçon. Mais où était donc la charmante serveuse de tout à l'heure ? Yuki donc, passa sa commande, comme si de rien n'était, un sourire aguicheur au coin des lèvres (que le serveur lui rendit aussitôt) et ce dernier se retourna vers moi, m'interrogeant du regard afin que je lui fasse part de mes envies. Mon regard passa de l'un à l'autre, lequel allais-je étrangler en premier ? En toute honnêteté, je n'avais plus envie de rien, si ce n'était rentré à la maison et aller me coucher. Ce petit jeu était bien sympa, mais mes nerfs étaient mis à rude épreuve, et je n'avais pas la force de me battre, pas ce soir. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, et ma respiration se fit plus courte. J'étouffais, je n'arrivais pas à respirer normalement. Mon sang affluait de manière désordonné dans mon cerveau, et j'avais l'impression de sombrer. Le sourire narquois de mon vis-à-vis semblait peu à peu s'effacer pour laisser sa place à une (très) légère inquiétude. Oui, il avait été trop loin et il le savait pertinemment. Que devais-je faire à présent ? Lui faire une scène ? Inutile, ce n'était pas son genre de se laisser attendrir par ce genre de chose; pire encore, il me mépriserait certainement davantage. Je pourrais lui rendre la pareille, si j'en avais l'occasion, mais je sais que la situation empirerait encore, et tel que je l'avais déjà dit, j'étais faible. Je préférais vaguement me taire plutôt que de lui donner une raison de plus de m'en vouloir ou de me détester. Je ne voulais pas qu'il m'abandonne, il m'a rendu dépendant de lui (contre sa volonté, certes) et je ne sais pas ce que je ferais, s'il décidait de se débarrasser de moi, définitivement.

C'est donc légèrement tremblant, les larmes aux yeux, que je me levais lentement de ma chaise, et partait sans un regard en arrière. Il n'a pas tout de suite réagi. J'aime à penser que s'il n'avait pas bougé d'un pouce à ce moment là, c'était car il avait été surpris de ma réaction plutôt que penser, en fin de compte, n'avoir jamais été d'un réel intérêt pour lui. En sortant de l'établissement, la pluie accompagna mon chagrin. Je préférais donc penser que l'eau qui ruisselait sur mon visage n'était due qu'à cette cascade tombant du ciel, plutôt que ces larmes qui s'écoulait inévitablement de mes yeux. J'avais déjà trop pleuré pour lui, et la plupart du temps, il ne le méritait pas. Qu'allais-je donc faire à présent ? Rentrer à la maison ? Hors de question. Nous étions à Shinjuku, et des hôtels dans les environs, ce n'était pas ce qu'il manquait. Dire qu'il y a encore quelques heures, la perspective de passer une soirée avec mon petit-ami m'avait ravi, et que la seule chose à laquelle j'aspirai à ce moment précis, c'était m'endormir, seul, afin de ne plus penser à rien. Je regardais à droite, puis à gauche, et je ne savais que faire. Allons-y au pif, je n'avais rien à perdre. A gauche donc, mes jambes me portèrent. J'avais en tête l'envie d'aller me réchauffer sous une bonne douche, puis de m'endormir dans un lit moelleux à souhait, que pourrais-je rêver de mieux ? Je marchais sans vraiment m'en rendre compte, me faisant éclabousser joyeusement par les gens qui courraient à côté de moi se mettre à l'abri de cette pluie torrentielle. Je devais certainement être le seul idiot à marcher droit devant moi, en plein milieu du trottoir, sans vie. Je n'avais pas pris la peine de « me déguiser » afin de ne pas être reconnu (un autre désagrément de la célébrité), et j'aurais probablement donné n'importe quoi pour qu'un(e) de mes fans me reconnaisse et ne se jette sur moi pour me demander un autographe. J'aurais eu la sensation d'être apprécié de quelqu'un, d'être aimé par quelqu'un. Mais visiblement, le monde entier semblait d'accord sur le fait qu'il valait mieux me foutre la paix pour le moment. Je ne sais pas si je devais l'en remercier ou au contraire le maudire.

Je sentis tout à coup une main retenir la mienne. Inutile de me retourner, je savais très bien à qui elle appartenait. Je relevais la tête, et regardait droit devant moi, sans bouger. Je voulais lui signifier que j'étais prêt à l'écouter, alors qu'en réalité, je n'arrivais plus à me concentrer sur autre chose que cette chaleur émise par ses doigts entrelacés aux miens. La pluie semblait se calmer, tout comme les larmes sur mon visage se tarissaient. Nous devions certainement avoir l'air de deux parfaits idiots, plantés sur ce trottoir, figés de la sorte. Et même si j'en mourrais d'envie, je ne lui ferais pas le plaisir d'entamer la conversation. Mais il avait déjà fait le premier pas; me rattraper de la sorte n'était-il déjà pas un moyen de me faire comprendre qu'il tenait à moi et qu'il était désolé ? J'en voulais plus, mais peut-être en demandais-je trop. Prenant une grande bouffée d'air frais afin de me remettre les idées en place, je me retournais lentement, et me planta droit devant lui, sa main enlaçant toujours la mienne. Il me regarda, mécontent. Qu'avais-je donc encore fait ? Décidément, je ne le comprenais pas, je ne l'avais jamais compris. Je m'étais fait à l'idée, qu'en vivant avec une personne, on apprenait forcément de l'autre, on se rapprochait. Comment on en était-on arrivé à ne même pas se supporter ? Même si je me m'étais, il est vrai, un peu imposé dans sa vie, j'ai toujours pensé que s'il ne voulait pas de moi, il n'aurait pas pris de gants pour me foutre dehors. Mais il ne l'avait pas fait, et m'avait laissé coloniser son espace vital. Alors à quoi tout cela rimait, exactement ? Sa bouche s'ouvrit, et il sembla vouloir dire quelque chose. Mais son geste resta en suspend, comme si lui-même ne savait pas par où commencer. Je continuais à le fixer, lui dictant par mon regard que je n'attendais qu'une seule chose de lui actuellement. Il comprit, ça ne faisait aucun doute, mais il n'en était pas capable. Peut-être qu'un jour il trouvera quelqu'un qui puisse le comprendre, je l'espérais vraiment. Moi, j'avais déjà essayé, et j'avais échoué... Non, je n'avais pas pu penser ça, que m'arrivait-il ? Ça ne me ressemblait pas de tenir ce genre de propos. C'était une dispute comme une autre, inutile de se perdre dans ce genre de pensées. Demain, tout ira mieux, n'est-ce pas ? Mais dans l'immédiat … Comprenant qu'aucun son n'allait sortir de sa bouche, je préférais écourter cet échange qui allait me rendre fou. Baissant de nouveau la tête, je me retournais vivement, m'arrachant de ce fait de sa poigne, et repris ma route. Pour aller où ? Qu'importe, loin de lui sera suffisant.

De nouveau, la surprise me gagna quand je sentis son torse contre mon dos dans une étreinte passionnée. Je sentais son souffle chaud contre ma nuque, et ses mèches longues me chatouiller l'oreille. Qu'attendait-il de moi exactement ? Je voulais me retourner, lui dire à quel point je l'aimais. Il semblait avoir pris une décision, car il me relâcha, m'agrippa par le poignet et me tira à sa suite. Nous marchâmes pendant près d'une dizaine de minutes, et il m'emmena dans un petit hôtel, caché dans une ruelle étroite. Je le laissais payer la nuit, agrippé à sa manche. Une fois fini, il me prit par les épaules, et me dirigea vers l'ascenseur. Il appuya sur le bouton du second étage, et il se retourna vers moi, m'embrassant à pleine bouche. La montée fut étrangement longue, et mon corps froid semblait se réchauffer peu à peu. Me plaquant contre la paroi de l'ascendeur, je sentais ses mains glisser sous mon tee-shirt. J'en tremblais d'appréhension et glissait mes propres mains contre sa poitrine. Lorsque le « ding » sonna, annonçant l'arrivée au second étage, il se détacha de moi, et me tira de nouveau à sa suite vers notre chambre. Il l'ouvrit à la volée et s'écarta pour me laisser entrer. Je voulais déceler dans son regard à quoi il pensait en cet instant, mais son visage demeurait neutre, bien que saupoudré d'un peu de colère. Une fois dans la chambre, la porte d'entrée claqua derrière moi me faisant sursauter. De nouveau il se planta devant moi, mais cette-fois ci il n'hésita pas à me parler :

« Je suis désolé, je n'aurais pas du. Je voulais te faire plaisir en sortant ce soir, et j'ai tout gâché. »

Un frisson me parcourra, quand l'information arriva à mon cerveau. Il … s'excusait ? Vraiment ? De nouveau je ne pus que m'agripper à sa veste.

« Je … Ce n'est pas grave, d'accord ? Oublions ça. »

Après un moment d'hésitation, je me permis de lui demander :

« Tu n'es plus fâché contre moi ? »

Il se raidit soudainement.

« De quoi est-ce que tu parles ? » me demanda-t-il

« Hé bien, à l'instant, tu semblais en colère, je me trompe? »

Il parut très étonné, pourquoi ? Par ma question ? Où par le fait que je l'ai remarqué ?

« Ce n'est pas contre toi que je suis énervé, mais contre moi-même. » Il réfléchit un instant, et continua. « Je t'ai blessé inutilement, et là, nous allons tous les deux tomber malade à cause de moi. »

« Non, c'est ma faute, je ... »

« Arrêtes, tu n'as rien fait. Écoutes … Je ne pensais pas que tu le prendrais si mal, ça m'a juste prodigieusement énervé de voir l'autre brune te faire de l'œil. Je … Tu es à moi, d'accord ? » Puis il rajouta dans un souffle « … Ne me laisse pas. »

Il détourna le regard, gêné par ses propres paroles. J'aurais pu pleurer de joie en entendant ses mots. Il n'avait pas l'habitude de me faire part de ses sentiments, et il avait pris la peine de tout me déballer là, comme ça, sans même que je le lui demande. Bon, ce n'était pas tout à fait les mots que je souhaitais entendre (d'autant plus que j'aurais eu des raisons de lui en vouloir moi aussi), mais j'étais tout de même véritablement aux anges. Sa bonne humeur semblait être revenue, et je comptais bien en profiter. Je plaçais l'une de mes mains sur sa joue, et l'embrassais au coin des lèvres. Avec un sourire malicieux, je lui demandais, connaissant d'avance la réponse :

« Nous pourrions peut-être prendre une douche pour nous réchauffer, qu'en dis-tu? »

Son sourire en coin caractéristique avait de nouveau fait irruption sur son visage. Il se rapprocha de moi, et de ses mains il entoura mes joues. Il me regarda longuement, comme s'il essayait de sonder mon esprit, comme s'il voulait connaître le fond de mes pensées. Je me sentais rougir sous son regard insistant. Il se pencha doucement vers moi, et ses lèvres vinrent caresser les miennes, Mes yeux s'écarquillèrent de surprise. Jamais, jamais il ne m'avait embrassé aussi tendrement. Ce n'était pas mon corps qu'il cherchait à attendre, c'était mon cœur. A quoi bon ? Il le lui appartenait déjà, depuis le premier jour. Ses mains bougèrent, et élurent domicile sous mon tee-shirt, cajolant mes hanches. Je devais vaguement ressembler à une cocotte minute prête à exploser, incapable de faire le moindre geste. Je voulais néanmoins, tout comme lui, lui montrer à que point je l'aimais, et que je lui pardonnais, une fois de plus. Tandis qu'il continuait de faire danser sa langue avec la mienne, mes mains agrippèrent le col de sa chemise, et mes doigts glissèrent vers les boutons, les défaisant un à un. Arrivé en bas, je les remontais lentement, ouvrant les pans de sa chemise, et firent glisser mes doigts sur son torse. Il frissonna un instant, mes mains étaient encore mouillées et froides. Je comptais vaguement sur lui pour les réchauffer. Ses mains remontèrent le long de mon corps, et je levais les bras afin qu'il retire mon tee-shirt, tandis que je faisais glisser sa chemise le long de ses larges épaules. Une incroyable chaleur me gagna lorsque de sa bouche, il vint s'attaquer à ma poitrine. Il lécha longuement mes tétons, puis les mordilla légèrement, faisant accroître mon plaisir. Bon sang, il allait me rendre fou. Je laissai ma tête basculer en arrière, mes mains s'agrippant à ses bras. Sans le vouloir, des gémissements sortirent de ma bouche, et je le sentis sourire au spectacle qu'il devait avoir sous les yeux. Mes jambes tremblèrent d'excitation, et je m'apprêtais à tomber quand il me prit dans ses bras, me plaquant contre le mur le plus proche, et m'obligea à enserrer sa taille de mes jambes. Lorsqu'il fut certain que je n'allais pas tomber, ses mains reprirent leur exploration sur mon corps. Son sexe tendu rencontra durement le mien, et un gémissement rauque franchis ses lèvres. Je constatais par la même occasion, et avec le plus grand plaisir, qu'il était dans le même état que moi. Il reprit possession de mes lèvres, auxquelles il s'attaqua plus fougueusement que précédemment. L'excitation me poussa à mouvoir mon bassin, pour venir se frotter contre le sien, nous envoyant tous deux de délicieuses décharges électriques sur nos deux membres. Sa main droite s'arrêta sur ma hanche, qu'il tenait fermement, et la main gauche commença à taquiner la fermeture éclair de mon jean. Ses gestes se firent impatients, et il du s'y reprendre à plusieurs fois avant de la baisser totalement. Mon jean glissa légèrement sur mes cuisses, dévoilant le boxer rose que je portais en dessous. Je passais mes mains autour de son cou, et posais mon front sur son épaule quand sa main se fraya un chemin sur mon sexe. Il le dégagea du vêtement, et commença à le caresser doucement. Je n'arrivais pas à y croire, il semblait vouloir faire passer mon envie avant les siennes. Je gémissais plus fort contre son oreille, que pouvais-je faire d'autre ? C'était si bon. Il accéléra le rythme, ses caresses devinrent frictions, et je n'arrivais plus à aligner deux pensées cohérentes. Il savait très bien où faire pression, à quel moment ralentir le rythme et quand l'accélérer à nouveau. Il ne fallut pas longtemps pour que jouisse sous ses divines caresses. Pendant que je reprenais mon souffle, il s'amusa à sucer mon cou et je sentais dans mon dos, l'eau froide dégouliner de ses mèches de cheveux, m'envoyant d'enivrantes sensations.

Puis il me reposa doucement à terre, et passa une main dans mes cheveux. C'était moi, qui cette fois-ci réduis l'écart de nos deux corps pour venir l'embrasser de nouveau. J'adorais ça, et il le savait. Il me prit par la main, résolu, puis nous emmena vers la salle de bain. À peine la porte franchie que déjà nos mains se mouvaient pour finir de nous déshabiller. Nous prenions notre temps pour redécouvrir nos corps, comme si nous ne les connaissions pas déjà par cœur. Les vêtements tombèrent un à un, dans un silence presque religieux, et nous finirent par nous retrouver complètement nus. La gêne me gagna, car lui ne se privait pas pour faire glisser son regard sur chaque parcelle de mon corps, comme s'il était en train de décider par où il allait commencer à me manger. Je baissais la tête, dans un vague espoir de reprendre contenance, mais la vision de l'effet évident que je lui faisais me fit rougir d'appréhension. Après quelques minutes de surchauffe interne, je décidais de relever la tête, résolu à lui procurer autant de plaisir que je venais d'en recevoir. Je plaçais mes mains sur son torse et le fis reculer doucement au fond de la pièce, juste en dessous du pommeau de douche, que j'activais d'un mouvement rapide. Réglant l'eau d'une main, je me permis d'aller poser la seconde sur ces fesses, lui faisant comprendre qu'il n'avait pas besoin de bouger, puisque j'allais m'occuper de lui d'ici peu. Une fois que l'eau fut à une température confortable pour nos deux corps, je lui fis baisser la tête pour pouvoir l'embrasser à pleine bouche. Je lui laissais prendre le dessus sur notre échange pour avoir le plaisir de me retirer vivement et de le laisser pantois, puis me mis à genoux et passa un coup de langue léger sur son érection, ce qui ne manqua pas de le surprendre. Ma main caressant toujours son derrière, j'utilisais la seconde pour serrer doucement la base de son sexe, et me concentra à sucer ses bourses. La réaction fut immédiate il eu un hoquet de surprise et mis ses mains sur ma tête. Je me surprenais de ma propre audace et étais plutôt content de moi, mais je voulais lui donner plus. Je les pris donc à pleine bouche, les caressants de ma langue, les léchant sensuellement comme si c'était des boules de glace, tandis que ma seconde main commença de très lents mouvements de vas et viens sur son membre. J'étais vaguement conscient de la torture que je lui infligeais et je m'en délectais. Du coin de l'œil, je le vis fermer les yeux, une très légère rougeur sur ses joues, le souffle court. C'était tellement rare de le voir dans cet état, que je voulais en profiter un maximum. Je le sentais perdre pied quand ses doigts se froissèrent dans mes cheveux, signe qu'il en quémandait plus, ce dont je n'allais certainement pas le priver. Je retirais la main de son sexe, et je relevais la tête en donnant un coup de langue sur toute la longue de son membre, puis le pris totalement en bouche dans un même mouvement. Ma main repartis à l'assaut de ses bourses, tandis que je descendais et remontais vivement sur son membre, faisant pression sur celui-ci avec ma langue. Je resserrais mes lèvres pour lui procurer un maximum de plaisir, bougeant de plus en plus vite. Je le sentais grossir dans ma bouche sa respiration se fit erratique, laissant sortir de légers gémissements rauques, puis il se libéra soudainement, murmurant mon prénom d'une voix que je n'avais certainement jamais entendue. J'avalais goulûment tout ce que je venais de recevoir tandis qu'il rouvrit les yeux, et me regarda, voilé de désir. Il se pencha, et me pris par les hanches pour me remettre à sa hauteur, puis captura de nouveau mes lèvres. Nous nous embrassâmes à perdre haleine pendant plusieurs minutes, puis se rappelant l'utilité première de la pièce dans laquelle nous étions, nous prîmes plaisir à laver le corps de l'autre.

L'eau chaude sur nos corps nous fis un bien fou, et nous regagnâmes la chambre, main dans la main. Repus de plaisir, nous nous allongeâmes simplement, nus sous la couette, nos deux corps recherchant la chaleur de l'autre, partageant de multiples baisers sensuels et caresses grisantes. Le nez dans son cou, je pense être le premier à m'être endormi.

Je me réveillais cependant, pour une obscure raison, quelques heures plus tard. Il faisait toujours nuit dehors, bien que la lumière des lampadaires filtraient dans la chambre, me permettant de distinguer faiblement ce qu'elle contenait, et je sentis avec angoisse la chaleur qui m'avait étreinte durant mon sommeil m'avoir quitté. Je me retournais et constatait la place de Yuki vide de ce dernier. Je déglutis bruyamment. Mince, où était-il ? Il était parti ? Pourquoi ?! Je me retournais de nouveau dans les draps, prêt à sortir quand je le vis précédemment adossé contre la fenêtre fumant une cigarette, entièrement vêtu des habits qu'il portait la veille, s'avancer doucement vers moi et s'asseoir sur le lit à mes côtés. Il du voir la lueur d'inquiétude qui était apparu un instant dans mon regard car il se pencha doucement et m'embrassa, comme pour me rassurer. Avait-il toujours été capable d'autant de tendresse ?

« Déjà réveillé? » me demanda-t-il contre mes lèvres

« Je pourrais te poser la même question. » répondis-je

Il ricana un instant et m'indiqua la table de chevet à mes côtés, sur laquelle je trouvais deux boites de pocky parfum fraise, une brique de lait à la banane, et une canette de bière.

« Yuki … » commençais-je, ébahis

« Ton estomac m'a réveillé cette nuit, alors je suis sorti acheter ça. » m'expliqua-t-il

Je le pensais incapable de me surprendre plus qu'il ne l'avait déjà fait aujourd'hui, et je constatais avec bonheur m'être trompé. Je l'accusais néanmoins d'avoir un peu exagéré concernant les bruits que mon estomac avait pu faire cette nuit. Maudissant mon organe, et ne voulant pas rappeler à Yuki que c'était de sa faute si il n'avait pas été contenté hier soir, je me permis de prendre l'une des boites, de l'ouvrir et d'engloutir un des gâteau avec un soupir de contentement, sous son regard amusé. Ce dernier écrasa sa cigarette complètement consumée dans un cendrier puis pris sa canette de bière et l'ouvrit, restant à mes côtés pour la savourer. Il laissa son regard vagabonder vers la fenêtre, et je pus l'observer de tout mon saoule. Malgré ce qu'il s'était passé aujourd'hui, j'avais l'impression de l'aimer encore plus, et quelque part ça me faisait peur. Je ferais tous les efforts nécessaires pour qu'il m'accepte à ses côtés pour toujours. Il y aura encore des crises, il y aura encore des pleurs, mais il commence tout doucement à changer, pour moi, alors je ferais ce qu'il faut pour en être digne. Dire que j'avais osé penser il y a quelques heures que quelqu'un d'autre pourrait le rendre heureux. Je ne veux pas, il n'en est pas question. C'est égoïste de ma part, mais je ne pourrais pas le quitter, même s'il me le demandait.

Perdu dans mes pensées, je ne le vis pas se retourner vers moi et me sonder du regard.

« Quelque chose ne va pas ? »

« Non … je ... »

Honnêtement, je ne savais pas par où commencer. Il y avait tellement de sujets que je désirais aborder ...

« Je sais que je ne suis pas toujours à l'écoute, mais si quelque chose te tracasse, tu peux m'en faire part, tu sais ? »

Sa voix était douce, il se sentait visiblement très concerné par ma personne. Mon cœur battait la chamade, et j'avais l'impression d'être une collégienne amoureuse pour la première fois … Mince, c'était encore ce que j'étais, il n'y avait pas si longtemps. Il n'avait pas tord de me traiter d'idiot quelques fois ...

« C'est juste que … Je t'aime, Yuki. »

C'est tout ce que j'ai trouvé pour résumer les diverses pensées qui faisaient irruption dans mon esprit. Je lui parlerais de tout, mais pas aujourd'hui, pas maintenant. J'étais fatigué et la seule chose que je voulais, c'était oublier cette dispute et passer la nuit à ses côtés en rêvant de toutes les prochaines. N'attendant pas de réponse de sa part, je repris un biscuit en bouche, le mangeant jusqu'à la moitié, de nouveau abandonné dans mes rêveries. Je n'eus pas le temps de manger la seconde que Yuki rapprocha son visage du mien, croquant l'autre bout du biscuit en me regardant droit dans les yeux, et grignota très lentement le gâteau jusqu'à arriver à mes lèvres, qu'il scella des siennes. Le baiser d'abord chaste et transforma bien vite en un échange passionné, et je sentis mes joues s'embraser. Il me libéra de cette étreinte, et murmura contre mes lèvres :

« Idiot … Je ne sais pas ce qui se trame dans ta petite tête de linotte, mais ne t'avises surtout pas de me laisser tomber. J'ai besoin de toi, Shuuichi, alors reste avec moi. »

Cela ressemblait plus à un ordre qu'à une demande, mais l'effet escompté était le même. Il arrivait maintenant à lire dans mes pensées, ou quoi ?! Une larme coula le long de ma joue. C'était lui l'idiot, comme si j'avais l'intention de le quitter avec ce qu'il venait de me dire. Il allait vraiment me rendre dingue … Mais au moins j'étais sûr d'une chose, il voulait que je reste avec lui ? Qu'il se prépare à devoir me supporter toute sa vie ! Et même si ce n'était toujours pas les mots que je rêvais d'entendre, c'était déjà énorme, et je m'en contentais, car je sais qu'il arrivera à me les dire un jour.

Il se déshabilla de nouveau, et repris sa place dans le lit, à mes côtés. Partageant la boite de pocky, nous parlâmes cette nuit là, de tout et de rien (enfin, surtout moi, Yuki se contentant d'écouter et de répondre quand il le devait), et nous nous endormirent dans les bras de l'autre.

Oui, cette soirée avait vraiment été un fiasco, mais quelque part, j'en étais plutôt content.

Je ne sais pas de quoi sera fait demain, mais j'avais hâte d'y être.