Chroniques du sanctuaire 5 :
Époque : post-Hadès
Personnages : une Athéna et des chevaliers en mode détendu, entr'autre...
Couples : Helena et Milo le retour ;) mais aussi et surtout Hadès et Seika
Résumé : Les chevaliers d'or s'en sont sortis sans vraiment savoir comment (ouais, bon d'accord ! C'est l'auteure qui ne sait pas encore comment). La vie a repris son cours, paisible...
Mais parmi les survivants, il y en a un dont la vie a complètement basculé, au point de se remettre en question.
De l'amour, de l'humour et des confidences...
Cette fic est inspirée d'une scène de l'excellente fic d'Hadès : "Hadès glory".
Bonne lecture.
Chapitre 1 :
Les ténèbres...
Ce fut la première chose qu'il perçut.
Noires, glaciales...
Le froid...
Il le sentait dans chaque cellule de son corps...
Tout comme la douleur...
Était-il mort ?...
Non, puisqu'il avait mal...
Les ténèbres...
Il sombrait à nouveau dans le néant...
Puis encore le froid...
La douleur lancinante devenait foudroyante lorsqu'il tentait de bouger, lui vrillant le corps et l'esprit...
Il ne parvenait pas à ouvrir les yeux, trop épuisé...
Son esprit commandait mais son corps refusait d'obéir...
Il se savait sur une plage...
Il pouvait maintenant sentir les vagues lui lécher les jambes, ses vêtements mouillés, collés à sa peau...
Il pouvait sentir l'air marin, entendre les cris des goélands...
Il fallait qu'il bouge...
Il devait bouger...
Il n'en avait pas la force...
Il allait mourir...
Il sombra à nouveau...
À nouveau la plage...
Des mains douces et fraîches sur sa peau brûlante...
Une voix chaleureuse qui l'encourageait...
Un ange ?
Que disait-elle ?
Il ne comprenait que quelques mots tant la douleur embrumait son esprit...
Se lever...
Marcher...
Vivre...
Il sombra à nouveau...
La douceur...
Ce fut la première chose qu'il perçut...
Le froid ?...
Il grelottait, pourtant il sentait la chaleur autour de lui...
La douleur...
Il avait mal... mais beaucoup moins qu'il y a...
Combien temps ?...
Il n'en savait rien, ses blessures avaient été pansées.
Quelqu'un lui épongeait le front, lui rafraîchissait le visage.
Lentement, douloureusement, il ouvrit les yeux.
Elle lui souriait, le rassurait, l'encourageait. Ses cheveux châtains encadraient son doux visage. Elle avait l'air d'un ange. Un ange qui l'encourageait à vivre. Le méritait-il seulement ? Une fois de plus, il avait été vaincu. Mais cette fois, il avait tout perdu...
Son royaume, ses spectres, Elysion...
Son Cher Elysion...
Les âmes...
Qu'étaient-elles devenues maintenant que son royaume n'était plus ? Curieux ! Il en s'en était jamais préoccupé avant. Et cette jeune fille qui le soignait avec tant de patience et de douceur, se doutait-elle seulement qui il était ?
Chaque fois qu'il ouvrait les yeux elle était là, elle changeait ses pansements, lui donnait à boire de l'eau, mais aussi des jus de fruits et des bouillons. Elle lui parlait, peu, avec douceur, toujours rassurante. Pourtant, l'inquiétude qui passait parfois dans son regard d'ange, trahissait la gravité de son état.
Il se remettait lentement de ses blessures. Trop lentement à son goût. Le puissant Hadès vaincu ! Ca malheureusement, devrait en avoir l'habitude. Mais sauvé de la mort par une vulgaire humaine ! Qu'elle ironie ! Et puis d'abord...
- Vivre... Pour qui ? Pourquoi ? Puisqu'il avait tout perdu.
Sans s'en rendre compte, il avait formulé cette pensée à voix haute.
- Pour moi ! Je veux que vous viviez, parce que toute vie est importante, du plus petit insecte au plus puissant des dieux. C'est un précieux trésor que l'on se doit de préserver.
Hadès en fut estomaqué, cette petite idiote d'humaine osait comparer la vie d'un dieu à celle d'un insecte ! Mais cette fois encore, le sourire de la jeune fille désarma la réplique acerbe qu'il allait lui lancer. Alors, comme à son habitude, il l'ignora, faisant mine de fermer les yeux pour dormir. Elle passa tendrement la main dans ses cheveux et sur sa joue comme une mère consolant son enfant. Elle se pencha et lui murmura avec douceur :
- Et puis, c'est peut-être l'occasion de tout recommencer, une seconde chance. Tout le monde a droit à une seconde chance.
Ce geste tendre provoqua chez Hadès une chaleur bienfaisante qu'il n'avait jamais ressentie. Ou plutôt si, c'était il y a si longtemps que cela lui semblait une éternité.
- Persephone. Souffla-t-il dans un murmure empreint de tristesse.
Son cœur se serra et il ferma encore plus fort les paupières pour emprisonner ses larmes. Le visage de celle qu'il avait aimée plus que tout au monde et perdu si cruellement, lui revint à l'esprit. Il sourit...
...Et s'endormit.
Cette nuit-là, pour la première fois depuis que Seika l'avait trouvé, il dormît bien. Seika, c'était comme cela qu'elle lui dit s'appeler. Il se souvenait aussi, vaguement, l'avoir entendu parler de son frère qui était retourné au Japon, alors qu'elle avait préféré rester en Grèce, son pays d'adoption. En fait, il s'en souvenait, car il avait sourit intérieurement en se disant que la décision de Seika lui avait sauvé la vie. Seika... ce nom lui disait quelque chose, mais il n'arrivait pas à se souvenir où il l'avait entendu. De toute façon, il s'en fichait, elle le soignait et dès qu'il le pourrait, adios. Alors, il ne lui répondait que lorsqu'il ne pouvait pas faire autrement.
Au matin, il se sentit suffisamment bien pour manger un vrai petit déjeuner. Quoique, n'ayant pas lésiné sur les denrées, cela ressemblait davantage à un brunch. En effet, Seika avait garni le plateau de jus de fruits, toasts, confitures, céréales, mais aussi de fromage, œufs brouillés, bacon, riz aux légumes et café. Lorsqu'il commença à littéralement dévoré ses œufs, Seika afficha un tel sourire victorieux qu'on aurait pu croire qu'elle venait de remporter un difficile combat. D'étonnement, Hadès en resta bouche bée. décidément, il trouvait cette fille bien étrange.
- Et vous Seika ? Avez-vous déjeuné ? Demanda Hadès une voix douce.
Bien qu'il n'aurait pas cru cela possible, Seika afficha un sourire encore plus radieux. Il faut dire que c'était la première fois qu'il s'adressait à elle sans y être obligé.
- Non, en fait, je mange très rarement le matin, lui répondit-elle toujours souriante.
Amusé, Hadès lui sourit à son tour. il lui tendit alors son bol de céréales et une cuillère en lui disant avec reconnaissance :
- Merci.
Seika les prit en s'asseyant sur le lit, et ils mangèrent ensemble. Durant leur petit déjeuner commun, la main de Seika frôla légèrement celle Hadès, elle la retira vivement en rosissant. Amusé par sa réaction, il lui sourit. Seika, quant à elle, se sentit parfaitement idiote. C'est vrai quoi ! Elle l'avait déshabillé, lavé, soigné et donc vu nu à plusieurs reprises sans que cela la gêne. Alors, pourquoi réagissait-elle aussi bêtement ?
Le repas se déroula en silence. Elle aurait aimé bavarder un peu, vu qu'il semblait bien disposé. Mais, elle le savait encore faible et craignait de le fatiguer. Cependant, les sourires qu'ils s'échangeaient parfois leur firent chaud au cœur. Quand ils eurent terminés, Seika récupéra le plateau en riant car Hadès s'était exclamé avec un soupir satisfait :
- Bon sang ! Ce que cela fait du bien de manger à nouveau normalement !
Ce fut le cœur léger qu'il la regarda partir. En même temps, il trouvait sa situation des plus étrange. En effet, là, dans ce lit, dans cette maisonnette plutôt misérable et complètement dépendant de sa jeune infirmière, il se sentit bien plus heureux qu'il ne l'était habituellement dans son palais. Mais enfin, qu'est-ce qu'il lui passait par la tête ? Les humains étaient stupides, vils, insolents, insignifiants et irrécupérables...
En remontant au sanctuaire, Seika était, elle aussi, troublée. Elle avait entendu parler d'Hadès par Seiya et ses frères, ainsi que par d'autres chevaliers. Elle le savait arrogant, cruel et détestant les humains. Autant que possible, Elle s'était préparée à ses remarques blessantes et à ses colères. Mais celui qu'elle venait de quitter était si différent. Il lui répondait d'un ton neutre ou, au pire, l'ignorait royalement, jusqu'à ce matin. Il s'était montré de compagnie si agréable...
Ses réflexions furent interrompues par le salut jovial d'Athéna.
- Bonjour Seika, comment vas-tu ce matin ?
- Bonjour Athéna, je vais bien merci. Avez-vous des nouvelles de Seiya?
- Comment ? Il ne t'a pas écrit comme il l'avait promis ? S'étonna Athéna.
- Juste une fois au début de son séjour.
La déesse soupira.
- Seiya a beau être devenu un chevalier très puissant, il est resté un grand enfant. Ne t'inquiète pas, je lui rappellerai que sa sœur aimerait avoir de ses nouvelles.
- Non, non, ça ne fait rien. laissez-le profiter de ses vacances.
- En parlant de Seiya, Reprit Athéna. je me suis dit que tu devais t'ennuyer toute seule chez toi. Je suis donc aller dans sa chambre emprunter ce manga. Je l'avais beaucoup aimé et j´ai pensé qu'il te plairait. Ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
En effet, Seika remarqua dans le panier de pommes que tenait la déesse, plusieurs volumes d'un manga intitulé "Death note". Si elle n'avait pas été certaine que personne savait qu'elle soignait Hadès, elle se serait dit que la déesse avait un drôle de sens de l'humour.
En désignant le panier qu'elle tenait, elle ajouta :
- Et tu me sauverais la vie en acceptant ces pommes.
Répondant à la question muette de Seika, Athéna lui expliqua :
- Une villageoise m'a offert ce panier de pommes. Je n'ai pas voulu lui faire de peine en refusant, mais le verger à été si prolifique que la cuisinière a menacé de mort quiconque lui apporterait encore des pommes. Et tu sais comme moi, comme elle peut être redoutable.
- Oui, répondit Seika amusée, on raconte que c'est la seule personne au monde qui puisse effrayer un chevalier d'or.
- Je suis sûr, lui dit Athéna sur un ton de confidence, que même la version maléfique de Saga n'osait pas l'affronter. Alors je préfère ne pas prendre de risques.
- Oh ! Dans ce cas, je les prend. Je m'en voudrais d'être responsable de votre mort.
Elles se mirent à rire. Et Athéna reprit sa route en laissant les pommes et les livres à la jeune fille. Elle n'avait fait que quelques pas, lorsqu'elle se retourna et l'appela à nouveau.
- Seika, pendant que j'y pense, n'hésite pas à en demander également aux chevaliers d'or. Ils ont de bonne bibliothèque. Quoique, tu devrais peut-être éviter celle de Deathmask. Plaisanta Athéna.
- Merci, je n'y manquerais pas répondit Seika en riant.
Fantastique ! pour occuper son patient, qui restait éveillé de plus en plus longtemps, elle s'était dit qu'elle pourrait emprunter des livres, et la déesse venait de lui donner le prétexte qu'elle cherchait.
Ce soir-là, en rentrant, elle trouva son blessé assis dans un vieux fauteuil près de la fenêtre, plongé dans la lecture de Death note. Ce spectacle ravi Seika, d'abord parce qu'il avait eu la force de sortir du lit et aussi parce qu'il lisait ce qu'elle lui avait apporté.
- Est-ce que manga vous plait ?
- Oui, je le trouve très drôle.
Seika lui tendit alors une pomme qu'elle avait prise sur la table en passant.
- Voulez-vous une pomme ? Lui demanda-t-elle d'un air espiègle.
Hadès ouvrit de grands yeux ronds, il regarda Seika, puis le manga et à nouveau Seika qui semblait beaucoup s'amuser.
Non, ce n'est pas possible, pensa-t-il dans une intense réflexion. Elle ne peut pas savoir, il ne lui avait rien dit. De plus, si elle avait deviné, elle ne se comporterait ainsi. Elle se serait empressée de le lui dire pour être récompensée. Les humains sont tellement cupides. C'est sûr ! Ce n'est qu'une coïncidence. (1)
- Oui, merci répondit-il enfin en prenant la pomme.
- Pendant que j'y suis, je vais nous faire une bonne tarte, lança-t-elle toute guillerette. Et demain je vous amènerai la suite de Death note.
Hadès acquiesça en savourant sa pomme et il se replongea dans sa lecture.
Les chevaliers d'or avait effectivement une bibliothèque bien fournie, certains plus que d'autres, et c'était fort heureux pour Seika, car son dieu de la mort convalescent dévorait autant les livres que ces petits plats. Par contre, il ne semblait toujours pas décidé à lui révéler son identité. Elle décida donc réitérer avec "la mort prend des vacances"(2) qu'elle avait eu la surprise de dénicher chez le cancer.
Alors qu'elle sortait du temple du taureau, elle vit Camus et Athėna qui remontait en discutant.
- Camus, c'est vraiment ce que tu veux ? Je sais que Milo peut se montrer très convainquant.
- Vous voulez dire... Manipulateur ?
- Mmmh... Fit mine de réfléchir Athéna. Oui.
- Ne vous inquiétez Athéna, Milo n'a vraiment pas eu à me forcer cette fois.
- Bonjour Seika, lancèrent-ils en cœur en apercevant la jeune fille.
- Bonjour Athéna, bonjour Camus. Qu'est-ce que Milo veut te forcer à faire ?
- L'emmener en Sibérie avec Hélena.
- La pauvre, compatit Seika.
- Il espère profiter du climat et de mon absence de quelques jours pour conclure.
- Je sais, Helena s'en doute, confia Athéna. Elle a ajouté qu'il peut toujours rêver. Tu vas le lui dire ?
- Bien sur que non ! S'offusque Camus, puis il ajouta légèrement sournois. Je m'en voudrais de briser ses rêves.
- Ne serais-tu pas un tantinet sadique Camus du verseau ? Questionna la déesse amusée.
- Qui moi ? Non. Mais il m'a tellement bassiné avec sa boulangère que je revendique mon droit à la vengeance.
- Et bien, je te l'accorde volontiers chevalier, répondit Athéna en riant.
- Je vous en remercie ma déesse. Répondit Camus en s'inclinant respectueusement.
Et ils se mirent à nouveau à rire tous les trois.
- Tu vas les laisser seuls à l'isba ? Questionna Seika curieuse.
- Oui, je vais à Chokurdakh rendre visite à une femme que j'ai connu apprenti, et qui compte beaucoup pour moi.
- Notre glaçon aurait-il une femme cachée ? S'exclama Deathmask qu'ils n'avait pas entendu arrivé.
Et flûte, se dit camus en levant les yeux au ciel, il ne va plus me lâcher avec ça.
- Alors vas-y mon biquet, crache le morceau, on veut tout savoir. Lança le Cancer.
- Elle s'appelle Nathalia, et... Camus leur fit alors signe d'approcher comme pour leur confier un secret... Elle a maintenant 83 ans.
- Bah voyons, s'exclama Mask boudeur. Pendant qu'Athéna et Seika riaient de bon cœur.
- Comment vous êtes-vous connu ? En profita pour questionner la déesse, car il était très rare que le verseau se confie.
- Eh bien... commença Camus en se replongeant dans ses souvenirs. Janos, mon maître avait dû s'absenter et avait demandé à Nathalia de passer voir si tout allait bien. Un jour, elle m'a retrouvé inconscient avec une forte fièvre. Elle m'a soigné et dorloté comme si j'avais été son petit fils. Je me suis rétabli avant le retour de Janos et elle est devenue ma grand-mère secrète.
Le regard de Camus s'assombrit légèrement et il poursuivit :
- J'ai appris qu'elle venait d'enterrer Ninel, sa petite fille. C'était la seule famille qu'il lui restait et je tiens à la soutenir dans cette épreuve. Qu'elle sache qu'elle est toujours ma grand-mère secrète.
Athéna posa une main compatissante sur le bras du chevalier.
- Sauf que, ce n'est plus un secret mon biquet ! S'exclama Deathmask pour détendre l'atmosphère.
- C'est sûr ! Répliqua Camus en levant les yeux au ciel, entre toi et Aphrodite tout le sanctuaire va être au courant en un temps record. Et je te signale, ajouta-t-il d'un ton faussement sévère, que tu te trompes de signe. Moi verseau, le biquet, c'est Shura.
Et dans une attitude qui se voulait royalement offusqué, Camus repris son ascension poursuivit par un Cancer qui tentait de lui faire avouer d'éventuelles conquêtes secrètes, laissant ainsi Athéna et Seika à leur fou rire. Décidément, ses chevaliers d'or si sérieux avait aussi l'art de se conduire comme des gamins.
- Seika, as-tu déjà vu les toiles de Camus ? Repris Athéna une fois calmée, Elles sont magnifiques ! En fait, elle me rappelle celles d'un autre artiste que j'ai connu, Alone.
- Alone ? Je crois avoir entendu Dokho en parler aussi.
- Oui, il a été mon frère dans une autre vie, ou plutôt celui de Sasha, soupira la déesse avec nostalgie.
- Si je ne me trompe pas, il a aussi été le réceptacle d'Hadès.
- Oui, répondit tristement Athéna
- Tout ça pour dire, reprit-elle, que Camus est d'accord pour te prêter du matériel, Il accepte même, si tu le souhaite, de te donner des conseils quand il sera de retour. Il a ajouté que tu n'hésites pas à te servir pendant son absence.
Décidément, se disait Seika, bien involontairement sa déesse lui facilitait vraiment la tâche. En effet, elle s'était mise en quête d'une autre occupation pour son convalescent.
Hadès était assis sur un banc, adossé au mur de la maison. Les yeux fermés, il profitait de l'air frais du crépuscule. C'était la première fois qu'il sortait de la maison. Habituellement, il passait ses journées à lire ce que lui apportait Seika, et on ne pouvait pas reprocher à la jeune fille d'être monotone. Il avait eu droit à Alice au pays des merveilles, l'étranger, Île au trésor, les fleurs du mal, l'alchimiste, et... Il eut un petit rire en regardant le livre qu'il tenait, "la mort prend des vacances". S'il n'avait pas été certain que Seika ignorait son identité, il se serait dit qu'elle avait un drôle de sens de l'humour. Néanmoins, il lui tardait de partir. Ses blessures cicatrisaient, son corps se renforçait, mais son cosmos restait désespérément en sommeil et il était hors de question qu'il reparte en étant aussi faible qu'un humain. Perdu dans ses pensées, il ne se rendit compte de la présence Seika que lorsqu'elle posa la main sur son épaule. Elle le regardait avec son habituel sourire rassurant.
- Vous savez, vos blessures étaient très grave. Vous avez frôlé la mort, alors c'est normal que votre convalescence soit longue. Vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez, d'autant plus que j'apprécie vraiment votre compagnie.
Hadès tourna la tête vers elle. Ses remerciements furent stopper par la moue perplexe de la jeune fille. Elle fixait la toile qu'il avait peinte quelques heures plus tôt.
Il est vrai que lorsqu'elle lui avait suggéré de peindre, il avait été sceptique. « Je perçois en vous la sensibilité d'un artiste » avait-elle dit. Alors là ! Celle-là, on ne lui avait jamais faite. Bien sûr, Hadès reconnaissait lui-même qu'il avait besoin d'occupation, surtout depuis ce jour maudit où plus désoeuvré, il avait lavé la vaisselle exceptionnellement laissée par Seika. Il était tombée bien bas. Et cette petite idiote qui, à son retour, trouvant la vaisselle faite lui avait dit :
- Vous avez fait la vaisselle !?
Bah quoi ! Ça se voit non ! Il allait répliquer méchamment "non, ce sont les petits lutins qui vivent sous le plancher". Mais une fois de plus, le sourire de Seika eu raison de sa mauvaise humeur, et il ne pu répondre qu'un simple oui. Elle s'était alors jetée à son cou et en l'embrassant sur la joue lui avait dit "oh merci !". Tandis qu'elle était retourné à la cuisine, Hadès, la main sur la joue, complètement stupéfait, se disait que cette fille était vraiment très très bizarre.
Donc la peinture, pourquoi pas... Cela faisait des siècles qu'il n'avait pas touché à un pinceau. Quoique le peintre, c'était plutôt Alone. Ah celui-là, il l'avait bien eu. Mais, en fait, il n'avait guère eu plus de succès avec Shun. A croire qu'il perdait la main avec ses réceptacles. Et cette fille qui faisait la moue devant sa toile. Hadès sentait sa mauvaise humeur revenir.
- Quoi ? Vous trouvez ça mauvais ?
- Euh... Non... Commença Seika hésitante et faisant toujours la moue. C'est très bien réalisé. On l'impression que c'est vrai, mais...
La main sous le menton, elle recula d'un pas et semblait réfléchir.
- En fait, c'est le sujet qui me laisse perplexe...
Hadès se tourna vers son œuvre et fronça les sourcils. Là, il était vrai que sa soi-disant "sensibilité d'artiste" en avait pris un coup... Il avait peint la 6e prison. Ne lui laissant pas le temps de répondre, Seika s'exclama l'index levé :
- Vous, vous avez vraiment besoin de prendre l'air. Ce soir, on mange dehors.
Et la jeune fille retourna dans la maison.
Oh oui ! se dit alors Hadès en levant les yeux au ciel. Vraiment très bizarre.
Seika avait installé une nappe par terre où elle déposa le repas. Elle savait qu'elle avait pris des risques en critiquant sa peinture. Et n'ayant absolument pas conscience du pouvoir qu'elle exerçait sur Hadès, elle se réjouissait de ne pas avoir entaché sa bonne humeur. Elle décida donc de profiter de sa chance et du pique-nique improvisé pour tenter à nouveau de lui faire avouer sa véritable identité. Peut-être avait-elle été trop subtile, elle opta donc pour une approche plus directe...
... Beaucoup plus directe, et au milieu du repas, elle lui dit carrément :
- Au fait, vous ne m'avez toujours pas dit votre nom.
Et flûte, grimaça intérieurement Hadès, la question qu'il craignait venait de tomber.
- Vous ne me l'avez pas demandé, répondit-il pour retarder l'échéance.
- Si, deux fois lorsque vous étiez alité, mais vous m'avez ignorée à chaque fois.
- Ah, je ne m'en souviens pas, mentit à moitié le dieu.
- Alors, votre nom ? Demanda-t-elle décidée à ne pas lâcher l'affaire.
- Et bien, honnêtement, mentit cette fois complètement et honteusement Hadès. A vrai dire, je ne m'en souviens pas. J'espérais que cela reviendrait et vous le dire à ce moment là. Mais toujours rien.
Seika le dévisagea incrédule. Amnésique ? Elle n'y avait pas pensé. Presque imperceptiblement, il se crispa, elle sourît, cette fois, c'était sûr, il mentait. Mais elle ne s'avouait pas vaincue et déclara innocemment :
- Dans ce cas, il vous faut un nom en attendant.
Certain de l'avoir dupée, et inconscient qu'il donnait à la jeune fille l'occasion de lui tendre un nouveau piège, il lui dit en souriant :
- Une suggestion ? Je vous laisse choisir.
- Euh... Voyons voir... Fit mine de réfléchir Seika. Un nom qui vous irait bien.
- Pourquoi pas... Meiô, proposa-t-elle en l'observant attentivement.
Pas de réaction ? Zut ! Soit Hadès ne comprend pas le japonais (3), soit c'est un sacré bon comédien, encore raté. Soudain, une autre idée traversa l'esprit de Seika. Mais Allait-elle oser. Après tout, que risquait-elle? Il n'allait pas comprendre, ou alors elle n'avait vraiment pas de chance. Quand bien même il comprendrait, il n'allait pas la tuer pour ça. Rougissant un peu, Seika respira à fond pour se donner du courage et s'exclama :
- Non ! Je sais ! Ily cela ira vous beaucoup mieux.
- Ili ?
- Oui, Ily, I. L. Y. Répondit Seika rougissant un peu plus.
Hadès sourît en se demandant pourquoi la jeune fille rougissait ainsi.
- Oui, pourquoi pas, je le trouve joli. Lui dit-il.
Ouf, apparemment il n'avait pas compris.
- Et quelle origine est-ce ? Quelle en est la signification ?
Le cœur de Seika rata un battement et elle rougit encore plus.
- Je... Je ne sais pas, je ne m'en souviens plus. Mentit à son tour la jeune fille.
- Et bien, vous me le direz quand vous vous en souviendrez. Lui dit Hadès en souriant.
Tout en ajoutant mentalement que décidément il trouvait cette fille vraiment, mais alors vraiment très bizarre.
pour ceux ne connaissent pas Death note, dans ce manga, Ryuk le dieu de la mort ne mange que des pommes.
Pièce de théâtre italienne dont s'est inspiré "rencontre avec Joe Black".
Meiô : en japonais peut se traduire par " l'empereur des ténèbres "
