LA SECONDE PROPHETIE
Chapitre 1 : Un été chez les Dursley
Si l'an passé, l'été avait été caniculaire, cette année le soleil se faisait attendre : le mois de juillet était presque achevé et pas un seul jour ne s'était écoulé sans que les nuages noirs déversent leurs trombes d'eau. C'était un temps digne d'un mois de mars. Le ciel reflétait parfaitement l'atmosphère qui régnait en Angleterre : noir et orageux comme la tempête qui soufflait sur le monde des sorciers. Depuis que le Ministère avait enfin admis puis annoncé officiellement le retour de Voldemort, un vent de panique soufflait sur la communauté magique. Les sorciers croyaient être retournés dans le passé, lorsque le Seigneur des Ténèbres était au faîte de sa puissance : chaque jour apportait son lot de détresse et de désolation.
Au quatre Privet Drive, Harry Potter se morfondait dans l'attente de nouvelles de ses amis et de ce qui se passait au sein de l'Ordre du Phénix. Dumbledore l'avait de nouveau renvoyé chez son oncle et sa tante, des moldus. Mais chose extraordinaire et impensable, l'attitude de tante Pétunia avait changé. Depuis que son fils avait été attaqué par un Détraqueur l'an passé, Harry s'était rendu compte qu'elle en savait plus sur le monde de la magie qu'elle ne le laissait paraître. Et lorsqu'il était revenu quelques semaines auparavant, Pétunia avait profité de l'absence de son mari et de son fils pour avoir une petite conversation avec son neveu.
Assieds-toi un instant, Harry, proposa la tante Pétunia d'une voix presque douce. Il faut que nous parlions tous les deux.
Harry s'exécuta en silence trop abasourdi par cette soudaine gentillesse.
Je … Je voulais savoir ce qui s'est passé cette année, Harry.
Si Harry ne s'était pas assis, il serait tombé par terre. Il regarda avec étonnement sa tante, croyant à une mauvaise plaisanterie. Aucune trace de mépris ne subsistait dans ses grands yeux pâles, juste une lueur inquiète.
Lord … Voldemort … a-t-il de nouveau fait parlé de lui, répéta tante Pétunia.
Harry tressaillit, non pas, comme tous les autres sorciers parce qu'il venait d'entendre le nom du Seigneur des Ténèbres, mais parce que tante Pétunia voulait aborder des sujets qui concernaient le monde de la magie, ce qu'elle avait toujours évité auparavant, niant l'existence d'un tel monde.
Harry regarda fixement sa tante et soupira tristement. Il ne savait pas trop quoi lui dire, les souvenirs étaient si nombreux et si douloureux à évoquer. Depuis l'incident au Ministère de la magie, mot qu'il utilisait désormais pour qualifier ce qui s'était déroulé là-bas, un mal sourd, pesant et empreint de culpabilité rongeait le jeune sorcier. Il soupira de nouveau avant de se lancer.
Ça recommence, tante Pétunia. Tous les sorciers sont au courant maintenant. Je crois qu'il va se passer des choses terribles …
Pétunia soupira à son tour.
Et depuis que tu es ici, as-tu eu des nouvelles ?
Non, les hiboux pourraient être interceptés.
De nouveau, Harry fixa sa tante, décidemment elle avait bien changé, elle, qui sursautait à chaque mention de hiboux, de baguettes magiques et s'énervait, n'avait même pas réagi à l'allusion au courrier sorcier.
Je … me souviens, ma sœur recevait un journal sorcier, quand elle rentrait à la maison pour les vacances. Tu ne pourrais pas …
La Gazette du Sorcier ?
Je ne me rappelle du nom, ça doit être ça.
Tu voudrais que je m'y abonne ?
Je … Oui, Harry.
Mais …
Ne pose pas de question !
Pétunia avait retrouvé le ton cassant qu'elle employait d'habitude pour s'adresser à son neveu.
Je voudrais juste que tu me fasses savoir, s'il … s'il se passe des choses.
Harry acquiesça en silence : il n'en revenait pas
Mais attention ! ajouta-t-elle. Si tu y fais allusion devant Vernon ou Dudley, si tu racontes la petite conversation que nous venons d'avoir, tu le regrettas et Dumbledore ou pas, je te jetterai dehors ! C'est compris.
Oui, tante Pétunia.
Bien et maintenant file. Je crois que le rangement du garage t'attend !
Le lendemain matin, de bonne heure, la Gazette du Sorcier fit pour la première fois son apparition chez les Dursley. La chouette effraie qui apportait le quotidien était trempée et Hedwige hulula de colère quand l'intruse secoua ses plumes près d'elle.
Fais taire cette maudite chouette, hurla soudain l'oncle Vernon.
Harry ne réussit à calmer Hedwige que lorsque l'effraie eut disparu sous la pluie. Il déplia le journal, et sa une n'avait rien de rassurant. La photo qui prenait la moitié de la page montrait un Lucius Malefoy qui affichait son petit air satisfait tout en serrant la main du Ministre de la Magie, Cornélius Fudge.
"Le Ministère reconnaît son erreur" titrait le journal. Le long article qui suivait relatait en long et en large l'effroyable méprise qui avait eu lieu. Harry lut l'article en diagonale avant de jeter rageusement le journal au sol.
Lucius Malefoy avait été pris sur le fait en compagnie d'autres Mangemorts lors de cette fameuse nuit au Ministère, il avait été envoyé à Azkaban, la prison des sorciers. Mais apparemment, comme à son habitude il s'en était tiré. D'après ce que Harry avait pu lire dans l'article, Lucius avait expliqué qu'il s'était retrouvé par erreur au centre de la bataille. Comment Fudge avait-il pu gober un tel ramassis de mensonges et réhabiliter Malefoy ?
Quelques jours plus tard, un majestueux grand-duc se posa sur le rebord de la fenêtre, l'animal trempé jusqu'au bout des plumes tenait une grosse enveloppe : une lettre de Poudlard. Harry sursauta, il en avait presque oublié ses BUSES, enfermé dans sa détresse et son chagrin, il n'avait plus pensé à ses résultats. Une boule à l'estomac, il tendit la main vers l'enveloppe et prit sa lettre. Le hibou hulula puis reprit son envol. Harry le suivit des yeux, l'oiseau fut vite absorbé par un gros nuage noir qui grondait au loin.
Anxieux, il se laissa tomber sur le lit. L'enveloppe dans la main, il n'osait pas l'ouvrir, ce qu'il allait lire allait déterminer sa vie future, un nœud à l'estomac le faisait souffrir et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front.
Allez, il faut bien que je me décide !
Hedwige hulula doucement comme pour l'encourager, Harry la remercia d'un sourire.
Avec des gestes hésitants, il décacheta l'enveloppe. La lettre lui sauta des mains et se déplia toute seule. Un bruit assourdissant de trompettes se fit entendre, Hedwige effrayée se mit à battre violement des ailes et fit entendre son mécontentement par de grands cris indignés. Heureusement pour Harry, tous les Dursley étaient absents : la Tante Marge avait perdu Molaire, son chien bien-aimé et ils avaient été invité à l'enterrement de la bête… Harry s'était réjoui de la mine déconfite des Dursley à l'annonce de cette invitation un peu spéciale, mais ils s'étaient résignés à s'y rendre…
Les trompettes s'arrêtèrent aussi soudainement qu'elles s'étaient faites entendre.
Sur la lettre, un Gryffon, emblème de la maison d'Harry, les Gryffondor, toussota et commença un pompeux discours.
« Cher élève de Gryffondor, c'est avec une grande joie et un immense honneur que je t'annonce les résultats de tes BUSE. A partir de ce moment, les BUSE vont te guider dans ta nouvelle vie. Elle t'ouvre un chemin vers, je l'espère, un radieux avenir.
Avant de découvrir tes notes, cher élève, laisse-moi te rappeler quelques détails importants … »
Le gryffon toussota de nouveau, les trompettes résonnèrent une nouvelle fois.
Harry était tiraillé entre le fou rire devant la pseudo solennité du gryffon et l'anxiété, l'envie de connaître les résultats.
« … Si le O t'est accordé, travail Optimal tu auras accompli, en cette matière tu excelleras …
… Si le E t'est accordé, Effort Exceptionnel tu auras fourni, en cette matière, d'excellentes connaissances tu as gardé…
… Si le A t'est accordé, travail Acceptable tu auras accompli, en cette matière, tu pourrais faire des efforts …
… Si le P t'est accordé, Piètre travail tu auras accompli, en cette matière, tu dois reprendre certaines bases non acquises …
… Si le D t'est accordé, travail Désolant tu auras accompli, en cette matière, tu dois TOUT reprendre …
… Si le T t'est accordé, digne d'un Troll ton travail est, en cette matière, tu n'as plus rien à faire, car rien ne pourra te faire progresser …autant être franc, en cette matière même un Troll pourrait te battre … retourne te coucher : » A ces derniers mots, le gryffon éclata de rire.
Harry opta finalement pour le rire, et un fou rire nerveux le secoua, ce qui sembla indigner la lettre, celle-ci se roula et vient frapper le sommet de la tête du jeune sorcier. Harry tenta tant bien que mal de se calmer. Quand il réussit à reprendre son souffle, la lettre se déroula de nouveau, les trompettes se firent une nouvelle fois entendre, suivies d'un roulement de tambour. Le Gryffon s'éclaircit la voix et il annonça (enfin) les résultats.
« Astronomie : A », la lettre se plia pour former un A
« Botanique : E », le A se transforma en un magnifique E
« DCFM : O », non seulement la lettre forma un O, mais une pluie de confettis jaillit de la lettre.
« Divination : A » de nouveau la lettre forma un A
« Enchantement : E », un E apparut
« Histoire de la Magie : E »
« Métamorphose : O », une nouvelle pluie de confetti tomba sur Harry
« Potion : E », Harry sembla surpris, mais un grand sourire illumina son visage.
« Soins aux créatures magiques : O », pour la dernière fois, Harry fut recouvert de confettis.
« Monsieur Harry Potter, le collège de Poudlard a été heureux de vous donner vos résultats, il espère vous revoir à la rentrée prochaine ».
Ainsi se termina l'étrange discours du Gryffon, la lettre redevient un simple morceau de parchemin. Harry se rendit alors seulement compte qu'il venait de réussir assez bien ses BUSE, un gros soupir de soulagement se fit entendre et aussitôt, il sauta sur une plume et un rouleau de parchemin et écrivit plusieurs lettres pour ses amis, afin de leur annoncer cette nouvelle.
