Par delà la mort d'un ami.
La nuit était tombée sur le campement, tout semblait calme. Au bord du lac, la magicienne réfléchissait en silence à tout ce qui s'était passé. Il y avait maintenant une semaine qu'ils s'étaient retrouvés dans le campement et que l'état de leurs blessures s'améliorait quelque peu. Mais plus rien ne serait jamais comme avant, c'était impossible : il avait disparu.
-Si tu restes ici trop longtemps, tout le monde va s'inquiéter Jadina.
-Ha, ca te va bien de dire ça Shimy, répondit elle en ne quittant pas des yeux le reflet du ciel. Je n'ose même pas imaginer la colère de ta mère si elle s'aperçoit que tu n'es pas dans ton lit.
-C'est pour toi que je m'inquiète, après tout c'est toi qui a le plus souffert….
Elle avait raison. Si Le dieu du mal avait choisi de se réincarner en elle, tout serait différent : il y aurait eu de l'espoir, elle aurait pu vivre heureuse auprès de lui. Mais maintenant, il avait disparu la laissant seule et toutes ses chances de fonder une famille avec. Qu'elle soit maudite pour lui avoir offert sa clé.
-Ne dis pas n'importe quoi Shimy, tout le monde en souffre autant que moi. Et ce qui est fait est fait ; de toutes façons si il avait jeté son dévolu sur toi ça aurait été pareil. Alors il est inutile de se lamenter : si nous voulons avoir une chance, il faudra l'affronter sans trembler et faire en sorte que ce qui se soit passé nous motive.
-Jadina…
Depuis qu'elle avait repris conscience, la magicienne n'était plus du tout la même et ce changement si radical en était presque inquiétant. Ses yeux étaient aussi durs et froids que la glace, elle n'esquissait plus le moindre sourire, ne parlait plus avec gaieté. Etaient ce là les conséquences de sa terrible perte ?
Peu avant l'aube, à proximité d'une cible.
Un faucon d'argent s'entraînait contre un simple mannequin depuis de longues heures sans prêter attention à son piètre état physique.
-Tout ça n'a rien de satisfaisant, si j'étais en face de toi Anathos… Là ça serait mieux, ajouta il en portant un violent coup de lame au mannequin.
-Tu sembles toujours aussi frustré de ne pas pouvoir l'affronter toi-même. Pas vrai Ikaël ?
-Gryf, je ne pensais pas que tu serais déjà debout toi aussi.
-Je comprends ce que tu ressens mais il faut tout de même que tu tentes de te reposer. Regardes toi, tu tiens à peine debout ! Pourquoi cherches tu à mourir aussi lentement et douloureusement ?
-Parce que ça n'aurait jamais du se passer comme ça Gryf… Tout simplement parce qu'Anathos a assassiné mon frére… Mais rassure toi, je ne compte pas encore perdre la vie.
-Je l'espère bien Ikaël, je ne tiens pas à voir tomber d'autres amis, soupira le jaguarian.
Quelques jours plus tard
Un combat s'était engagé à proximité du camp, Jadina y participait et malgré le fait qu'elle ne puisse plus utiliser ses pouvoirs magiques pour le moment, l'épée lui permettait de repousser ses adversaires.
Enfonçant sans sentiment sa lame dans le cœur de son ennemi, elle observa rapidement le champ de bataille.
« Et ça continue… Le sang, la mort, les mutilations. J'avais connu une partie de ces choses mais pas aussi intensément. A présent, je ne suis plus qu'une guerrière, une combattante impitoyable… Tout ça pour toi. Parce que je ne veux pas que tu sois mort vainement Danaël.
Je veux que ton idéal persiste par delà ta mort. » Acheva elle en essuyant son épée et en jetant un dernier regard chargé de tristesse aux cadavres des innocents morts.
Mais les regrets ne serviraient à rien, il était bel et bien mort et beaucoup le pleuraient. Tous regrettaient l'absence de Danaël car il leur avait à tous apporté quelque chose.
Fin
