Après le calme, la tempête
Cormac était allongé dans son hamac, tenant d'une main le tout dernier Quidditch Mag – enfin, celui du mois précédent, le dernier qui avait reçu l'approbation du ministère et qui s'était rendu en impression. Sa main droite pendait sur le côté et tenait celle de Lavande, assise par terre et discutant avec Parvati, Susan et Hannah de la dernière robe qu'elle s'était achetée, l'été précédent.
À des moments comme celui-là, Cormac en arrivait presque à oublier qu'une guerre faisait rage à l'extérieur, qu'en ce moment-même des gens étaient en train de se faire torturer, peut-être même tuer. Il entendait autour de lui des rires – pas aux éclats, mais des rires quand même –, des conversations sur tout et rien, voyait des gens lire, jouer aux cartes. Même Seamus, qui avait été torturé la semaine précédente, semblait accorder plus d'importance à sa partie d'échecs contre Ernie qu'à son visage tuméfié.
Puis, le portrait d'Ariana s'ouvrit et Neville apparut, suivi de trois visages connus.
Cormac sentit la bulle de calme éclater autour de lui.
Après la mort, le médecin
Lavande était allongée sur le dos, son visage, là où il n'était pas strié de plaies rouges, blanc comme un drap. Cormac lui tenait la main – depuis deux jours complets, il lui tenait la main, assis à son chevet, dormant en posant la tête sur le lit d'hôpital sans jamais rompre le contact.
Elle n'est pas morte.
Des fois, il fallait qu'il se le rappelle. Son visage était trop blanc, sa main trop froide, mais elle n'était pas morte. Elle était vivante. Et elle le resterait. Elle le devait.
Au début, Cormac avait regardé avec espoir les médicomages faire leur boulot, mais il avait fini par se rendre à l'évidence qu'ils ne pourraient rien pour Lavande. Après tout, il connaissait Bill, il avait vu son visage. Ses blessures venaient du même loup-garou que celui qui avait attaqué Lavande, alors pourquoi le résultat serait-il différent ?
Maintenant, il avait juste envie de leur dire que ce qu'ils faisaient ne servait à rien, que leurs baumes étaient inutiles, que leurs petits sortilèges n'aidaient rien du tout.
Mais elle n'est pas morte. Elle n'est pas morte.
Après la pluie, le beau temps
Cormac reçut l'appel alors qu'il était au bureau. Il prit à peine le temps d'informer son patron avant de transplaner en catastrophe dans le hall d'entrée de Ste Mangouste. Il courut jusqu'au comptoir, bousculant quelques sorciers au passage – dont un qui lui donna un coup de béquille derrière la jambe – et demanda, à bout de souffle, la pièce dans laquelle se trouvait sa femme. La jeune infirmière parcourut la liste qu'elle avait sous les yeux – bien trop lentement au goût de Cormac – et finit par lui indiquer un étage et une chambre.
L'ancien joueur de Quidditch se précipita dans l'ascenseur, se maudit de ne pas avoir pris les escaliers quand celui-ci s'arrêta à chacun des étages avant le sien, avant d'enfin en descendre et de se précipiter dans le corridor d'en face, ignorant le docteur qui lui cria de ne pas courir.
601… 602… 603… Voilà, 604 !
Il se passa une main dans les cheveux, prit une grande inspiration, et poussa la porte.
Lavande était appuyée contre un oreiller. Dans ses bras, elle tenait un petit paquet de langes dans lequel Cormac apercevait un petit visage rose. Quand elle entendit la porte s'ouvrir, la jeune femme leva le visage, et quand elle vit son mari, un large sourire naquit sur ses lèvres.
Un sourire qui tirait sur la cicatrice qui lui barrait le visage.
Un sourire qu'elle évitait de faire depuis le 2 mai 1998.
Cormac ne l'avait jamais trouvée plus belle qu'à ce moment.
