Un D.

Elle avait eu un D à son premier devoir de Métamorphose. McGonagall lui avait rendu son devoir, les lèvres pincées et le regard dur derrière ses lunettes.

— Ce n'est pas fameux, miss Weasley, avait-elle dit. J'espère que vous prendrez exemple sur vos frères et étudierez mieux, dorénavant.

Quand la cloche sonna, une dizaine de minutes plus tard, elle était sortie avec le groupe de première année qui babillait avec excitation, chacun fier – ou pas – de la note obtenue. Ginny grimpa les étages vers la salle commune de Gryffondor avec les quatre garçons de son année, se consolant en pensant à ce qu'elle allait dire à son journal. Il saurait la réconforter, il trouvait toujours les mots justes. Comme quand elle lui parlait d'Harry…

— C'est ton devoir de Métamorphose ? fit une voix à l'entrée de la salle commune, faisant sursauter la jeune fille. Fais voir.

Elle tourna la tête et vit Percy, assis à une table derrière une montagne de livres, qui lui tendait une main impérative. Il secoua les doigts impatiemment.

— Allez, donne, je n'ai pas toute la journée, j'ai trois parchemins en Potions à terminer pour la semaine prochaine.

Ginny soupira. Elle aurait dû cacher son devoir, elle aurait pu mentir sur sa note, dire qu'elle avait eu un A, ou même un E. Maintenant, Percy dirait à ses parents qu'elle avait échoué le premier devoir de sa scolarité. Résignée, elle tendit le parchemin à son frère et se mordit l'ongle du pouce pendant qu'il le parcourait des yeux.

— Un D ? s'exclama-t-il. Ce n'est pas sérieux, Ginevra, voyons ! Je n'ai jamais eu moins qu'un A dans cette matière, Charlie non plus. Même Bill n'a jamais échoué.

Il lui rendit le devoir avec un froncement de sourcils.

— Il va falloir que tu travailles plus.

Elle se tourna, dépitée, et commença à traverser la salle commune en direction de sa chambre. À mi-chemin, elle rencontra Harry, assis sur un fauteuil, qui lui demanda ce qui se passait. Elle n'eut même pas la force de lui mentir.

— C'est tout ? demanda Harry quand elle eut terminé de lui raconter. Fais pas la tête pour ça, allons ! J'ai eu un T à ce devoir, moi, et regarde-moi, je suis toujours vivant !

Un début de sourire naquit sur ses lèvres. Elle s'apprêtait à le remercier quand son frère – Ron, cette fois-ci – arriva à côté d'Harry.

— Salut Gin', dit-il sans même la regarder. Tu viens, Harry ?
— Ouais, j'arrive. À plus tard, dit-il en quittant Ginny.

Evidemment. Harry était le meilleur ami de Ron, jamais il ne regarderait Ginny comme elle voulait qu'il la regarde. Elle n'était que la petite sœur de son ami.

— Ravie de t'avoir parlé, murmura Ginny en direction du portrait de la Grosse Dame qui était en train de se refermer.
— Tu te parles toute seule maintenant ? demanda une voix moqueuse dans son dos.

Elle leva les yeux au ciel en se retournant.

— Notre soeurette adorée se parle toute seule !
— Tais-toi, George.
— Elle perd vraiment la boule ! continua le roux, tirant quelques rires de la demi-douzaine d'élèves qui l'entouraient. Moi, c'est Fred.
— Ça fait onze ans – malheureusement – que je vis avec toi, rétorqua Ginny. Toi, c'est George. Maintenant, pousse-toi.

George dit quelque chose d'autre, mais Ginny l'ignora, serrant ses livres contre sa poitrine et traversant le groupe d'amis de jumeaux, les yeux rivés sur le sol, jusqu'à atteindre l'escalier qui montait vers les dortoirs des filles.

Des fois, elle aurait aimé être dans une autre maison. Serdaigle, Poufsouffle. Même Serpentard. N'importe où sauf Gryffondor. Ailleurs, elle n'aurait pas eu le poids de six grands frères, tous beaux, intelligents, drôles, populaires. Tous parfaits.

Elle aurait aimé avoir pu être Ginevra Molly Weasley avant d'être simplement une petite sœur.