La pluie ruisselle sur mes cheveux, le cliquetis des chaînes du bateau me berce alors que je marche sur le pont. La tension est palpable autour de moi et l'on fuit mon regard mais je reste imperturbable jusqu'à la fin. Je suis maintenant face à la rambarde, à la mer paisible et au ciel déchaîné. J'en aurait sûrement fait une peinture, en tant qu'artiste, si seulement je n'allais pas rejoindre ce paysage aux visages contraires. Je sens une main dans mon dos faire basculer mon corps dans l'eau glacée. Je ne me débat pas, à quoi bon essayer? Je ne sais même pas nager. Je reste consciente pendant une longue chute, interminable, voyant le bateau s'éloigner. Peu à peu mes yeux se ferment et je sens le peu d'âme restant en moi m'abandonner.

C'est ce qui aurait pu ce passer si c'est imbéciles n'avaient pas liés mes mains et mes pieds avec un attirail en bois qui me fait maintenant dériver à la surface. Je suis partagée entre la sensation plutôt désagréable et recevoir des gouttes piquantes et glacées sur le visage l'empêchant de garder les yeux ouverts et la sensation plutôt agréable de me dire que je ne suis pas morte noyée. Pour l'instant. En effet, je ne risque pas d'aller très loin pieds et poings liés. Quoique, les animaux marins se débrouillent très bien sans membres, je peux tenter d'onduler jusqu'à une rive... sûrement inexistante à moins de plusieurs kilomètres. Et puis les poissons ont des nageoires, abandonnons cette idée. Mais alors, je vais mourir de faim? Ou de froid puisque mon corps commence à s'engourdir. On peut revenir à la première option, mourir noyée finalement? Ça m'arrangerait en l'occurrence. Alors que je continu à méditer quand à ma situation, ma foi bien embarrassante, je sens des vagues me soulever. Celles qu'un bateau laisserait derrière lui. Ils sont revenus? Ça n'aurait aucun sens. Les remous de l'eau me font tourner dans la direction opposée et je vois un navire voguer jusqu'à moi. Je dois rêver, c'est impossible. Le bateau est juste à côté de moi. Non,c'est impossible. Une échelle de corde descend de la rambarde et me cogne la tête. Heureusement que c'est impossible j'aurai eu une belle bosse. Quelqu'un descend à son tour et entreprends de me remonter, un beau jeune homme, les cheveux sombres et les yeux jaunes. S'il vous plaît, au nom de toutes les bosses, faites que ce soit possible. Grâce à une grande dextérité, nous arrivons sains et sauf sur le pont ou une jeune fille aux chevaux rouges me prends en charge. D'accord, je suis fichue,tout n'est qu'illusion. Mais je n'ai pas plus de temps pour penser, mes jambes se dérobent et je me fait prendre par les bras de Morphée.