Voilà dix fois qu'Harry tentait de nouer sa cravate sans y parvenir. La belle rouquine vint à son secours agacée par ses soupires. Il la laissa faire, la regardant intensément, comme happé par le roux flamboyant de ses longs cheveux. Elle l'observa à son tour quand elle eut terminé et lui sourit. Malgré tous les efforts du monde, Harry ne parvint pas à le lui rendre. Elle acquiesça, comprenant qu'en ce jour on ne pouvait pas attendre plus de lui.
« Attends, souffla-t-il alors qu'elle s'en allait doucement.
Leurs regards plongèrent l'un dans l'autre. Ce simple mot fit BONDIR le cœur de la jeune Ginny qui, en ces heures sombres, avait besoin d'Harry. Il était son ami, son compagnon, son amour. Elle se demandait si elle n'en espérait pas trop de lui, mais elle ne pouvait croire qu'il laisserait tomber. Que resterait-il si Harry Potter lui-même abandonnait ?
« Tu es jolie dans cette robe, articula-t-il. Un automate l'aurait dit de la même manière mais elle ne pouvait lui en vouloir.
« Merci, répondit-elle avec un nouveau sourire.
Sourire qui faisait trembler le cœur d'Harry. Ne comprenait-elle pas à quel point il l'aimait ?
« Je descends, ajouta-t-elle après avoir une fois encore espéré plus. »
Le dos nu qu'offrait la coupe de la robe noire de Ginny était la vision la plus intense qu'il avait eu de sa copine jusqu'à ce jour et son corps fut parcouru d'un frisson étrangement agréable dans un moment pareil. Il sut à cet instant qu'elle était la raison pour laquelle il allait se battre. Ginny ne souffrirait plus de ce monde plongeant dans les ténèbres !
Les regards, une chose que le jeune homme avait appris à décrypter au fil des années. Ils étaient tous différents, propres à la personne qui les exprimait. Celui de Ron fut le premier qu'il croisa en arrivant dans la salle commune. Il le connaissait bien au bout de six années d'amitié mais ce jour-là, il était particulièrement sombre et triste. Celui qu'arborait Hermione était empli de peine et de douleur. Le faible sourire qu'elle lui adressa était pour lui la preuve que quoi qu'il puisse arriver, elle tiendrait le coup. Celui de Neville était particulièrement dur. On sentait une onde féroce s'échapper de son corps. Plus loin, Dean et Seamus parlaient à voix basse, la peine émanant de leurs cœurs. Il croisa également les regards bienveillants des jumeaux Weasley, qui restaient persuader que tout irait mieux, qu'ils vaincraient cet abruti de Mage.
« Même pas capable de venir le tuer de ses mains, avait lancé Fred, le lendemain de la tragédie.
« Il a fallu que ce soit l'autre… ».
Mais Hermione avait coupé cours à leurs dires, voyant qu'Harry y réagissait mal.
Ils descendirent silencieusement les marches de pierres de la majestueuse école qui, malgré les débris gisant un peu partout, gardait sa splendeur. Arrivé au dehors, Harry prit une grande bouffée d'air comme pour évacuer toute la tension de son corps. Hermione s'arrêta à sa hauteur et lui pressa le bras. Il fallait qu'il tienne, qu'il se batte, pour lui-même, pour eux, pour tous les gens qui avaient donnés leur vie pour sauver la sienne. Le poids était lourd à porter, presque insurmontable, mais elle gardait l'espoir qu'ensemble ils réussiraient. Harry posa sa main sur celle d'Hermione et la regarda intensément comme pour la remercier de ce qu'elle était, de son courage et de sa force d'esprit. Elle le laissa un instant et alla rejoindre le petit groupe qui s'était formé devant la grande entrée de Poudlard.
Soudain, les personnes se déformèrent sous les yeux du jeune homme et sentant sa cicatrice s'ouvrir une fois de plus, il recula pour se cacher aux yeux de ses amis. Il tentait tant bien que mal de rester sur ses deux jambes et de réprimer un cri de douleur. Une nouvelle vision sombre, faite de terreur. Un sombre râle se fit entendre, assourdissant. Un corps gisait à ses pieds nus et blancs, comme ceux d'un fantôme. La chevelure longue et blonde, presque blanche, ne pouvait laisser de doute sur la personne dont il s'agissait. Le cœur d'Harry palpitait de plus en plus. Le regard du sorcier le plus dangereux de leur époque à travers lequel Harry voyait, se tourna vers une femme agenouillée au sol, étouffant des pleurs.
« Je suis heureux d'avoir dans mes rangs un homme tel que toi, Severus, susurra Voldemort après avoir ri de Lucius. Tu es bel et bien le seul qui me fait encore honneur.
« Merci maître, souffla alors Rogue, assis un peu plus loin. »
Il lança un dernier regard à son ami Lucius avant d'observer le seigneur qui s'installait devant l'immense cheminée qui surplombait la pièce. Draco face à son père quasi inerte au sol, restait de marbre. Son visage était entièrement fermé et son regard empli de dégout pour cet homme qui l'avait tant fait souffrir.
Avant d'avoir pu en voir et en entendre d'avantage, les appels d'Hermione l'arrachèrent de sa vision. Une douleur immense le transperça avant qu'il puisse reprendre son souffle. Il regarda autour de lui, des gouttes de sueur lui coulant dans les yeux. Il vit le visage affolé de sa meilleure amie et le fixa.
Il ne voulait pas lui en parler, pas maintenant, pas en cet instant. C'était le jour où on enterrait son directeur, son mentor, son ami… Il ne pouvait accepter que Voldemort gâche cela. Il secoua légèrement la tête pour lui faire comprendre qu'ils en reparleraient à un autre moment. Elle acquiesça, comprenant ce qu'il pouvait ressentir. Une fois de plus, Celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom venait de tourmenter l'esprit de son meilleur ami.
Pas besoin de mots, tous deux se comprenaient d'un simple regard. Ils avaient tant partagés toutes ces années et c'était loin de s'arrêter. Un mage noir à détruire ? Un jeune homme sur qui tout repose ? Elle serait à ces côtés et Ron aussi, cela ne pouvait en être autrement.
La pierre blanche cristalline, dernière demeure d'Albus Perceval Wulfric Bryan Dumbledore, trônait sur la colline du parc verdoyant à cette époque de l'année. Le temps était clair. Les rayons du soleil faisaient miroiter l'eau claire du lac noir. Ses habitants, êtres fantastiques, entamèrent un chant d'une pureté inouïe, jamais entendue jusqu'à lors. Il y avait de nombreuses personnes qu'Harry et ses amis n'avaient jamais rencontrées, comme de vieux sorciers sortis d'un autre temps. L'ordre était au complet sans compter les défunts bien sûr. Harry prit soudain peur, peur que ces personnes viennent à sa rencontre. Qu'ils s'adressent à lui les yeux pleins de désespoir et de peine. Tout son être allait sans tarder atteindre le point de non-retour. Il aurait pu être habitué à ce genre de cérémonie, à cette situation de deuil, mais non. Comment pourrait-on s'habituer à tant d'horreur et de souffrance ?
Les professeurs avaient passés toute la matinée à INSTALLER les chaises et le podium. Le nombre de chaises était très important mais cela n'étonna personne, il s'agissait d'Albus Dumbledore, directeur de la plus majestueuse et célèbre école de la sorcellerie, récompensé par l'ordre de Merlin, grand vainqueur d'une bataille historique,…
Harry salua quelques personnes sans vraiment leur parler. Il répondit à des mains tendues et à des accolades sans grande conviction. Puis lorsqu'il vit une place près du podium, il s'empressa de s'y asseoir, faisant comprendre à la sorcière qui le SUIVAIT, qu'il valait mieux le laisser tranquille.
« Pauvre garçon, soupira-t-elle à Ginny qui était resté aux côtés d'Harry tout ce temps-là.
« C'est une mauvaise passe pour tout le monde, répondit-elle à la sorcière vêtue de noir de la tête aux pieds et qui portait un large chapeau cachant un visage d'une blancheur surprenante.
« Certes, lança-t-elle. Vers qui allons-nous nous tourner à présent ? Qui nous sauvera ?
Elle continuait de fixer Harry qui, assis, était dos à elles. La rouquine, quant à elle, fixait la femme, cherchant à découvrir qui elle était. Quand elle le découvrit enfin, ses yeux bleus azur s'écarquillèrent de stupeur.
« Pardon, mais vous êtes… Ginny ne put finir sa phrase, tant elle était abasourdie.
« Lady Camilla, oui, répondit-elle avec un sourire qui dévoila deux canines acérées. Voilà des siècles qui je parcours ce monde. J'ai vu tant de morts, celle d'Albus me chagrine au plus haut point. »
Elle adressa un dernier regard à la jolie rouquine et s'en alla d'un pas aérien. Ginny s'empressa de rejoindre ses frères, ayant hâte de leur révéler qui elle avait rencontré. Les jumeaux étaient affalés sur des chaises et discutaient de leurs dernières trouvailles en matière de farces et attrapes. Elle s'assit nonchalamment à côté de Fred qui la regarda d'un air soupçonneux.
« Qu'arrive-t-il à notre sœur adorée, pour qu'elle vienne nous voir avec autant de ferveur ?
« Vous ne devinerez jamais avec qui je viens de converser ! lança-t-elle, une lueur de défi dans les yeux.
« Converser ? Ce mot est d'une autre époque donc j'imagine qu'il doit être très vieux, En déduit Georges avant de faire un clin d'œil à son frère.
« Non pas « il » mais « Elle ». La rouquine avait un sourire grandissant aux lèvres en voyant ses frères froncer les sourcils.
« Tu veux dire qu'elle aussi est venu ? Nous PENSIONS à Sanguini que nous avons croisé toute à l'heure.
« Lady Camilla est également venue, dit Ginny. Qu'elle chance de l'avoir rencontré, elle a tellement vécu que toutes nos vies réunies ne seraient pas assez longues pour tout raconter.
« Elle est pourtant toujours aussi séduisante et jeune, chuchota Fred en l'apercevant un peu plus loin devant eux.
« On raconte qu'elle se baignait dans le sang de ces victimes pour conserver sa jeunesse et sa beauté, expliqua Ginny, légèrement dégouté.
« Cela lui a réussis, ricana Georges en mimant la silhouette de la vampire. »
Agacée, Ginny alla rejoindre Harry qui était à présent accompagné de Maugrey et de Tonks. Juste derrière était assis ses parents, Kingsley et d'autres grands Aurores. Elle sourit à ses parents, salua Maugrey et s'installa sur la chaise qui était entre Tonks et son amoureux.
« Lupin n'est pas là ? demanda la rouquine tout en prenant la main d'Harry dans les siennes.
« Oh, répondit Tonks, un peu dans le vague. Il devrait arriver, ajouta-t-elle.
« Je lui laisse ma place ?
« Non, ne t'inquiète pas, il trouvera bien une chaise libre quelque part. »
Le faible sourire que lui lança son amie lui montra bien qu'au-delà de l'enterrement autre chose l'attristait. La couleur de ses cheveux avaient pris une teinte brune terne sans reflets ni volume. Ceux-ci lui donnaient un air lamentable. Ginny se tourna alors vers Harry, ne voulant pas insister plus et se retrouva face à un visage fermé, sans aucune expression dans le regard. Seule la respiration d'Harry montrait qu'il était en vie car sa pâleur et la main glacée que la jeune Weasley tenait étroitement dans ses mains l'auraient fait passer pour mort.
Tout cela avait paru irréel, comme suspendu dans l'espace et le temps. Les chants des sirènes n'avaient fait qu'accentuer cette sensation étrange. Les discours avaient été solennels excepté celui d'un vieux sorcier aux cheveux grisonnants du nom d'Elphias Doge. Il faisait partie à nouveau de l'Ordre et avait toujours été un grand ami du défunt. Il avait mis un point final à son discours avec humour, ce qui réchauffa le cœur du jeune Potter.
« J'aime mon chapeau, ce fameux chapeau dont beaucoup d'entre vous se sont moqués, dit-il d'une voix chantante et enjouée. Cet homme à qui l'on dit Adieu aujourd'hui n'en a jamais ri et j'aimerais ajouter qu'en réalité, et j'en suis certain, il me le jalousait. »
Il avait fait un clin d'œil à l'assemblée avant de descendre du podium.
Tous s'attendaient alors à ce que le jeune Potter fasse à son tour l'éloge du directeur, mais Harry ne put se résoudre à accepter lorsque le professeur McGonagall lui avait demandé s'il comptait en faire un. Au final, que connaissait-il de cet homme ? Qu'avait-il été pour lui ? Un maître ? Un sauveur ? Un père ?
Ginny avait décorée, à l'aide de Parvati et Padma, la Grande Salle après que les professeurs aient déblayés les quelques gravas restant. Il y avait de nombreuses tables rondes aux nappes couleur or et argent. Des petites boules blanches flottaient un peu partout. L'une des quatre grande table des différentes maisons de Poudlard avait été placée tout au bout de la salle offrant un buffet grandiose. Un groupe de harpistes jouaient tranquillement au centre ce qui offrait une ambiance apaisante. Les convives étaient bien moins nombreux qu'à la cérémonie plus tôt dans l'après-midi mais il y avait tout de même peu de place. Remus était enfin apparu et Ginny, tenant toujours Harry par la main, le salua vivement. Il n'avait jamais paru aussi livide et cela pinça profondément le cœur d'Harry qui serra plus fort la main de sa tendre amie.
« Tonks était dans le même état cet après-midi, chuchota la Gryffondor alors que Lupin s'était éloigné. Je me demande s'il n'y a pas un souci entre eux.
Elle fit une légère grimace et détourna le regard.
« Tu ne devrais pas te poser ce genre de questions. La froideur que Ginny ressentit dans la voix d'Harry lui donna un frisson qui parcourut tout son dos.
« Je me fais du souci pour eux, voilà tout. Tout le monde a déjà beaucoup souffert de cette perte sans ajouter les problèmes personnels…
« C'est une de trop, souffla le jeune homme.
« Raison de plus pour se soucier des problèmes personnels qui…
« Tu devrais t'occuper des tiens avant de t'occuper de ceux des autres, coupa Harry, le regard sombre. »
Ginny lâcha violement la main d'Harry, furieuse. Elle le regarda d'un air ahurie avant de tourner les talons pour rejoindre la Famille Weasley rassemblée à une table.
Harry mit un certain temps à ANALYSER la réaction de la rouquine et à réagir face à lui-même. Il avait envie de se jeter de la tour d'astronomie, à la suite de son mentor, à cet instant. Il sortit de la salle, les yeux embrumés d'une rage contre son propre être. Il monta quatre à quatre les marches de marbres menant aux étages du château. Il ne réfléchissait pas vraiment à l'endroit où il allait, se laissant guider par son cœur souffrant. Il arriva devant la statue qui cachait l'escalier en colimaçon menant au bureau directorial et n'eut même pas besoin de dire quoi que ce soit car la statue avait déjà bougée. Il grimpa en quelques secondes ces marches qui lui donnaient toujours un peu le tournis et arriva devant la grande porte de bois sombre. Il entra, sans frapper, sans demander et s'arrêta net au milieu de la pièce. Tout était silencieux et froid. Les rayons de la lune traversaient les carreaux des hautes fenêtres avec douceur. Il faisait sombre sans que la pièce paraisse ténébreuse pour autant. Harry reprit son calme peu à peu. Il lui semblait avoir pénétré, non pas dans le bureau de son directeur mais dans un sanctuaire où l'on pouvait se reposer. Il leva les yeux vers le nouveau portrait installé derrière le bureau. C'était celui de cet homme tant regretté. Il resta un instant, comme subjugué puis s'approcha doucement.
L'homme aux lunettes en demi-lune ouvrit alors les yeux et transperça le jeune homme de son regard. Harry s'arrêta à nouveau et s'appuya sur le bureau comme pour se contenir.
« J'ai mis tous mes espoirs en toi, Harry, j'espère que tu me pardonneras un jour.
Sa voix traversa le corps entier d'Harry et resta suspendue au-dessus de lui. Il avait tellement de choses à lui dire, tellement de souffrance à partager, tellement de peine à exprimer.
« Tu vaincras, reprit le vieil homme, il n'y a pas d'autre issue possible.
« Vous savez aussi bien que moi qu'il y en a une autre. Harry avait parlé d'une voix sombre.
« Tu ne peux pas baisser les bras Harry. La prophétie est vraie, j'en suis navré.
Son regard se fit plus triste, plus doux.
« Je sais, souffla Harry avant de tomber sur l'un des fauteuils qui avait toujours demeuré devant ce bureau. Je le ferais, ajouta-t-il sans grand ferveur.
« Nous le savons tous les deux. Dumbledore hocha de la tête comme pour appuyer son affirmation.
Harry avait-il réellement le choix ? La prophétie avait tracée son avenir sans que le jeune homme ne puisse en dire quoi que ce soit.
« J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie, tu l'apprendras surement bientôt. Les sourcils d'Harry se froncèrent ce qui poussa l'ancien directeur à continuer. La seule chose dont je suis certain c'est de ne pas m'être trompé en ce qui te concerne. J'ai toujours cru en toi, depuis le jour où tu es apparu devant moi pour ta répartition chez les Gryffondors jusqu'à aujourd'hui et même à travers la mort, je continue à croire en toi.
Le cœur d'Harry se pinça et une émotion trop grande à contenir le submergea.
« Certaine choses doivent arriver car sans cela le monde ne tournerait pas dans le bon sens et ma mort en fait surement partie. Cesse de te torturer car si je t'ai empêché de me sauver c'est parce qu'il le fallait. Harry ne bougeait pas, le regard plongé dans le portrait. J'étais mourant, Harry. Je n'avais plus beaucoup de temps et je ne pouvais partir sans faire d'une pierre deux coups.
« Que… . Les sourcils froncés, Harry tentait de comprendre.
« Tu le comprendras bien assez tôt, je ne peux te révéler tout moi-même car ces révélations concernent de nombreuses personnes en dehors de moi.
« Je comprends, acquiesça Harry.
« J'ai encore une dernière chose à te dire avant que tu ne partes réaliser ta mission. Tu étais là ce soir-là et tu as vite compris que le jeune Malefoy ne parviendrait pas à m'achever. Beaucoup de personnes que l'on croit mauvaises parce qu'elles sont parmi les gens mauvais ne le sont pas toujours. Draco a dû faire des choix alors ne le juge pas trop sévèrement.
Harry ne sut quoi répondre. Il répondit par un simple hochement de tête peu convaincant.
« Je te remercie Harry, ajouta-t-il. »
Le jeune homme comprit que la conversation prenait fin. Il se leva de son fauteuil et s'avança vers la fenêtre pour regarder au dehors. Il aperçut alors la tombe majestueuse du défunt demeurant au centre de la colline. Un détail le retint alors qu'il allait détourner son regard. Il s'approcha d'avantage pour apercevoir qu'il s'agissait d'un jeune homme aux cheveux d'un blond presque blanc. Il était agenouillé devant la stèle blanche et Harry crut voir des larmes couler le long de son visage pâle. Le Gryffondor voulait en savoir plus mais il repoussa sa curiosité à un autre jour. D'autres choses, plus importantes à ses yeux, devaient être accomplies. Il quitta la pièce, le cœur emplit de doutes et repensa à ce que Dumbledore lui avait dit sur Malefoy et sur sa mort.
Dans la salle commune, des voix s'élevaient, un chant ridicule entonné par Ronald Weasley COUPA COURT aux conversations.
« Gloire à tous ceux qui sont mort pour nous, pour nous voir vaincre ! Pour Sirius, pour Digory, pour les parents de mon meilleur ami et pour Dumbledore nous écraserons cette vermines sans visage de Vol…Vol…Vol…
« RONALD WEASLEY combien de verres de whisky pur feu as-tu bu ? N'as-tu pas honte d'être dans un état pareil alors qu'on est en deuil ?!
Ron la regarda d'un air vide, les yeux mi-clos et un sourire abruti aux lèvres.
« Oh mon Hermione, vient donc te divertir auprès de moi, décoince toi donc un peu la vie est trop courte !
Il s'approcha d'elle en titubant pour l'entrainer dans une danse mais la jeune femme ne l'entendit pas de cette oreille et l'attrapa par le col pour l'emmener dans une pièce.
Elle regarda le rouquin d'un air furieux :
« Mais que t'arrive-t-il voyons ? Harry a besoin de nous et TOI tu te comportes comme un babouin désarticulé sans cervelle !
Sa colère était tellement intense qu'elle n'arrivait plus à formuler des phrases correctes. D'un coup il s'élança vers elle, attrapant son visage et tenta de coller ses lèvres contre les siennes. Mais la belle Gryffondor recula affolée et ne put retenir sa main qui s'écrasa sur le visage déjà rouge du jeune homme. Cette dernière prise de fureur se mit à marteler son torse de coups. Ron ne réagissait même plus, tellement déçu que sa belle ne lui ait pas rendu son baiser, qui aurait dû être le premier, un premier baiser magique.
Les seuls mots que put formuler le rouquin furent :
« Ne me rejette pas, je suis amoureux de toi. »
Hermione arrêta ses coups et le regarda avec froideur. A cet instant, tout ce qui lui importait était de s'éloigner le plus loin possible de lui et de s'isoler. Elle s'en alla à pas de courses pour se trouver devant l'immense portail de Poudlard et transplana.
Le chemin était sombre, toutes les boutiques qu'il traversait étaient fermées. Un silence de marbre entoura la jeune brune dont le sang se glaça. Toutes ses pensées se tournèrent vers cet homme qui avait tant partagé avec elle, cet homme qu'elle avait cru aimer durant les premières années de leur scolarité. Avec le temps, elle s'était rendu compte que les sentiments qu'elle avait étaient fraternels et non amoureux.
Tout en repensant aux souvenirs passés avec Ron, elle avançait la tête baissée. Arrivé à la hauteur d'un croisement, une main l'attrapa au cou l'entraînant dans une ruelle. Tout son corps se vit projeté contre un mur de pierre et le corps de son assaillant se plaqua à elle. Un frisson la parcourut quand son agresseur lui murmura :
« Tu n'as rien à faire ici, c'est trop dangereux.
Alors qu'elle reconnut la voix de Malefoy junior, elle brandit sa baguette et cria :
« Expelliarmus !
Draco fut projeté contre le mur d'en face alors qu'il ne s'y attendait pas. Dans la surprise il tomba à genou face son ennemie de toujours. L'étonnement passé, un silence pesant tomba sur eux. Hermione encore essoufflée par son cri, le regarda avec dédain et s'attendait à une réplique de sa part. Lorsqu'il releva ses yeux qui, avaient pris une teinte d'un gris foncé, la jeune femme se mit en garde, imaginant qu'un duel allait commencer. Un faible sourire narquois se dessina sur les lèvres du blond.
« Que comptes-tu faire avec ta baguette, Granger ? Il la jaugeait du regard tout en se relevant. J'avais oublié que ta réactivité était légendaire, siffla-t-il entre ses dents serrées.
Hermione remarqua alors avec stupeur qu'il tremblait. Tremblait-il de peur ou de rage ? Dans son esprit tourmenté, elle se demanda si elle allait mourir. Le regard du blond changea soudainement. A son tour, il perçu le doute dans les yeux de la jolie brunette.
« Alors Granger, on a peur de moi ? demanda-t-il, tout en ricanant.
« Ce n'est pas moi qui tremble, cracha-t-elle.
D'un air dédaigneux, il tourna son regard vers le chemin de Traverse, s'assurant qu'il n'y avait personne aux alentours.
« Le grand Malefoy junior a-t-il besoin de ses copains Mangemorts pour éliminer la sang-de-bourbe que je suis ? Pour Dumbledore je le conçois mais pour une sorcière comme moi, seul tu devrais y arriver, non ?!
L'aristocrate se tourna à nouveau vers elle, le regard noir, ses tremblements ayants repris de plus bel.
« Tu ne sais pas de quoi tu parles ! lança-t-il avec une telle rage qu'Hermione en fut subjuguée. »
Il disparut en un instant avec le traditionnel « pop ! » que produisait le transplanage. Hermione resta sans voix, plongée dans l'incompréhension.
Qu'est-ce qui avait changé chez son ennemi de toujours ? Etait-il devenu « humain » ?
La mort de Dumbledore était-elle le déclanchement d'un renouveau ?
