Titre : Théâtre de boulevard
Auteur : Leyounette
Disclaimer : Les personnages et l'histoire originale appartiennent à Masami Kurumada
Résumé : Milo décide de séduire Camus et Kanon apprend un secret qui aurait dû en rester un... De quoi animer le Sanctuaire pendant quelques jours !
Rating : T mais vraiment par sécurité
Couples : principalement du MiloxCamus mais d'autres sont évoqués, comme le KanonRhadamanthe, le SagaMû, etc...
Petit blablatage :
Fic en 4 chapitres.
C'est le cadeau d'anniversaire (en retard T.T) de Talim76, une très chère amie (et une auteure dont je vous conseille fortement les fics) ! Comme Saint Seiya est l'un de ses fandoms préférés, j'ai décidé de faire sa fic-anniversaire dessus, même si je ne suis pas une grande spécialiste de cette série. Il risque donc d'y avoir un peu (j'espère pas trop ^^'') de OOC, je m'en excuse d'avance !
Au niveau du cadre spatio-temporel, on va faire simple, tout le monde est vivant et en bonne santé.
Un énorme merci à Tsuki Yoru qui a très gentiment relu cette fic (mais que ferais-je sans toi ma soeur adorée ? T-T), à Tiffany pour ses conseils et bien sûr à Talim76 !
Bonne lecture ^^
- Aiolia, j'ai besoin que tu m'aides à draguer Camus.
Avant même de se lever, le Lion savait que ça allait être une sale journée, de celles qu'on préfèrerait passer sous sa couette sans avoir à en sortir. Son frère ne lui avait malheureusement pas laissé ce luxe : l'aîné avait déboulé dans son Temple aux premières lueurs du jour et lui avait passé le savon du siècle au sujet d'une obscure affaire de CD que le cadet aurait emprunté au Sagittaire sans l'autorisation de ce dernier. Aiolia avait alors opté pour la solution de facilité : la fuite, et il était parti se réfugier chez le Chevalier du huitième Temple qui l'avait accueilli à pinces ouvertes. Quelques verres d'ouzo plus tard, le Scorpion lui avait dit qu'il avait besoin d'un petit service. Aiolia, avec son entrain habituel et ravi à l'idée de pouvoir aider son ami, s'était empressé de lui demander en quoi consistait ce coup de patte. Et voilà que Milo lui sortait de but en blanc qu'il voulait séduire l'asocial occupant du Temple du Verseau.
Depuis cette annonce, Aiolia ressemblait plus à une carpe fraîchement sortie de l'eau qu'au roi du règne animal qui lui servait de signe astrologique.
Pendant une seconde, il pensa même aller chercher chez lui le CD que lui réclamait son frère : c'était dire s'il était confus.
- … Tu veux... séduire... ce glaçon frigide et prétentieux ?!
- Que veux-tu, Aiolia... Le coeur a ses raisons que la raison ignore.
La parcelle de jugement du Lion qui n'avait pas été anéantie par la demande de Milo le fut par cet aveu. Milo était amoureux. On frôlait l'oxymore.
Le brun se prit la tête dans les mains et poussa un gémissement désespéré. Milo, le Milo pervers qu'il connaissait depuis toujours, avec qui il avait fait les quatre cents coups gamin, et avec qui il s'était chamaillé un nombre incalculable de fois, ce même Milo qui avait ravi à Aphrodite le titre de Dom Juan en chef du Sanctuaire et qui avait désobéi aux lois interdisant toute relation intime entre Chevaliers avec la moitié d'entre eux – les deux sexes confondus - ce Milo-là aimait. Aiolia imaginait plus facilement Shaka faisant un strip-tease à Aldebaran que cette révélation. Son ami, conscient de la surprise qu'une telle nouvelle pouvait provoquer chez quiconque le connaissant, lui tapota gentiment l'épaule tout en lui disant :
- T'inquiète, ça m'a fait ça aussi au début... Ça va me manquer nos virées drague en ville le soir, mon vieux...
Par Athéna. Et en plus, Milo envisageait d'être fidèle à Camus. C'en fut trop pour le malheureux Lion qui en perdit connaissance.
Un rat de bibliothèque ! Cet inculte de Deathmask avait osé le traiter de vulgaire rat de bibliothèque !
« La plus insignifiante des bibliothécaires est tout autant que toi capable de ranger trois malheureux bouquins par ordre alphabétique, Camus. »
Oh l'ignare. Le malotru, l'insolent, l'illettré !
Angelo avait touché le corde sensible chez Camus : non pas son orgueil, mais la fierté qu'il tirait de ses livres adorés. Sa bibliothèque personnelle, la plus fournie du Sanctuaire, fruit d'années de recherches, entretien et classement de milliers de livres, cet imbécile de Cancer la trouvait à peine plus digne d'intérêt que la plus banale des bibliothèques municipales ?!
Soi-disant qu'elle manquait d'originalité et de personnalité. Que la perfection de son rangement était chiante à en mourir et qu'elle démontrait parfaitement « la raideur d'esprit » et le « manque de fantaisie caractéristique de son propriétaire ».
« Un tel manque de sensibilité n'est au final pas si étonnant chez un glaçon comme toi, Camus. »
L'insulte suprême. Car s'il y avait un domaine dans lequel Camus s'autorisait la sensibilité, c'était bien la littérature.
« Errare humanum est, perseverare diabolicum ».
Alors comme ça, sa bibliothèque manquait de caractère ?
Eh bien, ça allait changer.
Camus entra d'un pas conquérant dans la sienne et proclama la Perestroïka de sa bibliothèque ouverte.
Parce que le Verseau, en plus d'être pince-sans-rire, était très susceptible.
Comme Camus, Kanon avait actuellement quelques petits problèmes, mais d'un tout autre ordre que ceux du Français. Le cadet des Gémeaux avait en effet deux-trois légers ennuis conjugaux et se rendait présentement chez son collègue de la Vierge lui demander conseil. Certes, Shaka n'était peut-être pas la personne la mieux placée au monde pour ce genre de questions, mais il était blond, alors le Grec se disait que Rhadamanthe et lui devaient penser de la même façon.
« C'est à dire qu'ils ne pensent pas du tout » rajouta une petite voix mesquine dans son esprit, que Kanon fit rapidement taire, premièrement parce que Rhadamanthe n'était pas aussi borné qu'il en avait l'air, et deuxièmement parce qu'il préférait ne pas finir avec la même instabilité mentale que son frère.
Au milieu de ses considérations, le Gémeau était arrivé à destination et se glissait maintenant furtivement dans le sixième Temple - ce n'était pas tous les jours qu'il rendait visite à Shaka, alors autant lui faire une petite surprise...
Il entendit soudain une voix différente de celle de l'Indien dans la pièce et se jeta brusquement derrière un pilier pour espionner la conversation qu'entretenaient Shaka de la Vierge et Mû du Bélier.
Ce que Kanon entendit alors lui fit aussitôt oublier ses propres problèmes de couple, le Juge des Enfers qui lui servait de petit ami et la raison première de sa venue mais réveilla ses réflexes de manipulateur.
Mû aimait Saga.
Ce fut ce que le Tibétain, rouge jusqu'au bout de sa laine, confessa à une Vierge étonnamment indulgente sur le sujet.
Le jumeau du principal intéressé eut ainsi droit au récit ô combien innocent et fleur bleu de la douce inclinaison du Bélier pour son aîné, récit que Shaka supporta avec un calme et une patience tous bouddhiques. Quand Mû en eut fini, le blond lui promit de garder le silence quant à sa confession et d'y méditer longuement afin de décider de la plus sage marche à suivre et le Tibétain prit congé de son ami après moult remerciements.
Kanon se trouva alors face à un cruel dilemme. Que faire ? Aller annoncer la bonne nouvelle à son frère – en même temps, il ne savait rien de ses sentiments à lui – ou se précipiter au douzième Temple pour raconter ça à Aphrodite ?
Une troisième alternative se présenta cependant à lui en la personne du confesseur choisi par Mû...
Oh oui... Kanon avait terriblement envie de taquiner Shaka avec ça...
Il allait mettre son idée en application quand il sentit le cosmos de son frère approcher. En effet, quelques secondes plus tard, Saga arrivait dans le Temple de la Vierge et en saluait l'occupant.
- Milo, rappelle-moi pourquoi on va voir Dohko déjà ?
- Parce que le Grand Pope réprouve les relations amoureuses entre Chevaliers.
- Comme si ça t'avait gêné...
- Sauf que pour Camus, je veux faire les choses comme il faut.
« L'amour rend vraiment crétin... » pensa le malheureux Lion.
- Et quel est le rapport avec Dohko ?
- Je vais lui demander de faire diversion et d'occuper le vieux Shion.
- … Pas compris.
- Bordel, Aiolia ! Si Dohko occupe Shion avec leurs histoires vieilles de 200 ans, il pourra pas venir mettre le nez dans mes affaires !
Le petit frère d'Aiolos allait répliquer qu'il voyait toujours pas le rapport quand ils furent en vue du Temple de la Balance. Avec sa franchise et son sans-gêne habituels, Milo expliqua à son occupant ce qu'il attendait de lui et Dohko, en balance digne de ce nom, chercha un consensus capable de satisfaire les deux partis.
Le Français qu'avait élu le Scorpion était trop coin... trop épris de principes et de valeurs pour accepter une quelconque relation avec quelqu'un si de sincères et fidèles sentiments n'entraient pas en jeu dans ladite relation. Autrement dit, si le Grec parvenait à ses fins, cela serait parce que Camus serait tombé amoureux de lui, et si le Verseau aimait, il ne pourrait plus décemment enseigner à son Russe de disciple qu'il fallait se détacher des émotions parce qu'elles affaiblissent le guerrier et papati et patata. Par conséquent, Hyoga pourrait enfin s'occuper de sa pas-encore-conclue histoire avec Shun d'Andromède en prenant un peu plus d'initiatives sans se trimballer une collection de complexes que n'aurait pas dédaigné Freud, et son élève à lui arrêterait de se plaindre de devoir tenir constamment la chandelle entre ses deux camarades. Dohko soupçonnait parfois Shiryu d'être tenté de se crever une énième fois les yeux pour échapper à la vision des œillades aussi peu discrètes que constructives de ses deux amis.
Ça lui permettrait aussi de régler une histoire vieille de quelques siècles avec Shion – une sombre affaire qui incluait deux jeunes Chevaliers d'Or fraîchement promu, un léger excès de boisson et quelque chose qui ressemblait de près ou de loin à un baiser. La seule fois où il avait évoqué la chose, l'Atlante avait affirmé ne pas s'en souvenir, avant d'ajouter que, de toutes façons, deux cents ans plus tard, y avait prescription, mais Dohko comptait bien profiter de l'occasion pour lui montrer que les Balances n'avaient pas une excellente mémoire pour rien.
- Ok. Je me charge de Shion.
C'était bien beau d'annoncer le début d'une grande réforme de sa chère bibliothèque mais encore fallait-il trouver comment la réformer. Surtout que Camus avait de grandes ambitions : il voulait montrer à Deathmask qu'il ne se contentait pas de bêtement classer ses livres par ordre alphabétique mais qu'il y avait un véritable sens derrière son choix, un sens qui marque sa subjectivité, son jugement et son regard critique. Rien que ça. Le Verseau avait donc d'office banni le traditionnel classement par nom d'auteurs de l'éventail de ses possibilités – surtout qu'entre les auteurs qui avaient vingt pseudonymes chacun et les œuvres anonymes, c'était pas de la tarte.
- Bonjour Saga des Gémeaux.
- Bonjour Shaka. Je viens de croiser Mû en sortant, il m'a à peine salué avant de tourner les sabots... Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes d'agir comme ça...
Le blond invita son collègue à s'asseoir sur l'un de ses poufs mais resta prudemment muet.
- Ça fait quelques temps qu'il se comporte bizarrement avec moi, j'ai peur de l'avoir froissé par inadvertance... Tu ne verrais pas ce que ça pourrait être ?
L'Indien se trouva alors à un dilemme à peu près aussi déchirant que celui de Kanon quelques minutes auparavant. En tant que réincarnation de Bouddha, il se devait de tirer les hommes de l'obscurité et de la bassesse qui emplissait leur vie, et de les conduire vers la lumière. Or, la lumière, c'est la connaissance. Shaka savait – depuis moins d'une heure – la raison du comportement étrange du Bélier et son devoir lui imposait d'en informer le Gémeau pour le sortir des limbes de l'Ignorance.
D'un autre côté, sa parole d'ami lui intimidait le silence.
Pour une fois au moins dans sa vie, Shaka décida que se taire était préférable. Ce genre de mensonge – car c'en était bien un – Kanon en prenait dix à son petit-déjeuner mais pour le Chevalier de la Vierge, il s'agissait d'un acte des plus héroïques. Mû saurait longtemps se rappeler cette sincère marque d'amitié de la part du blond.
- Mû ne m'a rien dit à ce sujet, répondit donc Shaka, avant de faire glisser la conversation sur une pente bien moins savonneuse – l'entraînement des disciples.
Quelques longues et ennuyeuses minutes plus tard, Saga prit à son tour congé de l'Indien et Kanon se décida enfin à sortir de sa cachette.
- Je ne te pensais pas capable de mentir ainsi, Shaka.
L'interpellé ne sursauta même pas. Kanon manqua d'en siffler d'admiration – d'ordinaire, ses entrées surprises stupéfiaient tout le monde.
- Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un traître comme toi.
- C'est vrai, d'habitude, c'est plutôt toi qui les donnes... A ce propos, je suis surpris de l'indulgence dont tu as fait preuve à l'égard de ce cher Mû...
Le blond en perdit le peu de couleur qu'il avait : savoir le secret de son ami entre les mains d'un être aussi peu recommandable que le Grec n'était en effet pas des plus rassurants.
- Avoue : tu meurs d'envie de l'aider, non ?
- Je ne veux que son bonheur.
- Bien ce que je disais : ça revient au même. Ton pote avec mon frangin... Un joli couple non ? Et si tu t'alliais avec moi pour faire en sorte que ces deux grands pas doués finissent ensemble ?
La réaction première de Shaka fut de se scandaliser que le Gémeau ose ne serait-ce qu'imaginer qu'il puisse un jour accepter de faire copain-copain avec lui. Il allait lui expliquer sa façon de penser lorsque qu'il comprit l'odieux chantage auquel le soumettait Kanon : le secret du Bélier contre son accord.
Le blond resta pétrifié devant la bassesse du procédé, puis se dit qu'il ne fallait certainement pas en attendre autrement d'un homme comme Kanon et finit par accepter de mauvaise grâce.
- Je suis sûr qu'on va bien s'amuser ! S'exclama le victorieux Gémeau.
- J'accepte dans l'unique but de t'empêcher de ruiner les chances de Mû.
- Et un saint tel que toi ne doit rêver que de convertir à la vertu un pécheur tel que moi...
- Kanon, Camus m'a aussi fait lire les Liaisons Dangereuses. D'ailleurs, si c'est cela qu'il considère comme un chef d'œuvre de sa littérature, la culture française n'a vraiment pas de quoi s'enorgueillir...
- Ôte-moi d'un doute, le Kama Sutra, c'est bien indien non ?
Quand, à la nuit tombée, Shura du Capricorne vit Milo monter les marches qui menaient au Temple de son voisin du dessus, une guitare préalablement empruntée à Seiya du Pégase à la main (car un héros aussi kitsch que lui se devait de posséder une guitare dans son placard), il aurait dû savoir que cela ne présageait rien de bon. Les étoiles et la lune commençaient en effet à peine à illuminer le ciel nocturne quand le Scorpion entonna amoureusement la chanson d'amour qu'il avait spécialement composée pour son cher et tendre - « non Milo, une chanson paillarde n'est pas du tout de circonstance » - sur le seuil de l'heureux élu (en maudissant au passage les architectes grecs d'avoir omis de pourvoir leurs temples de balcon). Il en était à peine à la moitié du premier couplet qu'Aphrodite descendait, furieux et en robe de chambre rose et rouge – les goûts du Poisson en matière de vêtements en général et de peignoirs en particulier étaient responsables de la moitié de ses disputes conjugales avec Deathmask – s'informer de la source du vacarme qui l'empêchait de se peinturlurer les ongles en paix, Camus étant peu coutumier de ce genre de tapage nocturne. Il fut rapidement rejoint par Shura qui avait lui fait le rapprochement guitare + Milo et en avait tiré les conclusions qui s'imposaient – faire taire le Grec par tous les moyens humainement possibles – et par Aioros en armure intégrale du Sagittaire – il avait confondu les braillements inintelligibles du Scorpion avec les tout aussi mélodieux cris de sa Déesse en train de se faire enlever et appelant ses fidèles Chevaliers au secours.
Quelques flèches, roses et autre marques de soutien plus tard, les trois hommes réintégrèrent leur Temple respectif satisfaits et l'amoureux malheureux dut bien rejoindre le sien, penaud et endetté d'une guitare auprès de Seiya.
Camus n'avait rien entendu – c'était bien le seul – trop occupé qu'il était à se demander s'il reclasserait ses livres par ordre alphabétique de titre. Ça posait plusieurs problèmes – classer selon le titre français ou original ? - et puis c'était terriblement commun. L'idée partit aux oubliettes du cerveau du Verseau.
Après que Milo lui ait fait le récit de sa tentative avortée de chansonnette, Aiolia fut de nouveau réquisitionné pour trouver une idée de drague. La sérénade ayant été un cuisant échec, le Lion conseilla à son ami d'offrir des fleurs au Verseau – simple mais efficace. Il lui souffla même l'idée de s'approvisionner dans les parterres d'Aphrodite... Sans préciser qu'il espérait bien que Camus s'empoisonne avec.
Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous aura plu ! Les critiques, commentaires et autres me font toujours plaisir : je ne demande qu'à m'améliorer !
La suite étant déjà tapée, elle ne devrait pas trop tarder. A bientôt donc !
