Titre : Mon meilleur ennemi
Auteur : Click
Rating : G
Spoilers : Du tome 1 au tome 5.
Disclaimer : L'univers ô combien merveilleux de Harry Potter ne m'appartient pas, il est à Mrs Rowling. Et, bien entendu, je ne gagne pas d'argent en écrivant cette fiction.
Résumé général : Nous sommes en 1974, à l'époque où les Maraudeurs et Lily sont en sixième année. (Attention : les deux premiers chapitres se passent en première année, histoire de présenter les personnages…)
Ma sœur me déteste, mes amies sont dingues, mon père a l'air d'avoir vécu toute sa vie avec un Détraqueur, je côtoie un loup-garou, un prof m'a prise en grippe, un psychopathe a pour objectif d'exterminer les moldus, et par dessus tout, mon pire ennemi est tombé amoureux de moi. Merlin, je crois que je deviens folle !
Chapitre 1 : Quand Lily rencontre un vieil ami
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Note importante : Les 2 premiers chapitres de cette fiction ne sont qu'une sorte d'introduction. S'il vous prend l'envie d'aller directement au chapitre 3, je ne vous blâmerai pas. C'est ma première fiction, et j'avoue que les deux premiers chapitres sont assez lourds…
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La fillette jeta un regard angoissé autour d'elle en tortillant nerveusement une mèche de cheveux. Son père observait chaque détail de la gare, à l'affût d'un quelconque indice lui permettant de trouver la voie 9 3/4 . Un peu plus loin, sa mère était en train d'essayer de calmer une autre fillette. Cette dernière semblait au bord de la crise de nerfs.
« Je veux qu'on y aille IMMEDIATEMENT ! »
« Mais enfin, Pétunia, » se lamentait sa mère, « On ne peut tout de même pas partir avant que te sœur ne soit montée dans son train ! »
Mais Mrs Evans perdait son temps. Rien, aux yeux de Lily, aurait pu calmer sa sœur à un instant comme celui-ci. Elle avait une audition de danse à 11 heures précises, et il était bien entendu hors de question qu'elle arrive en retard.
« Voyons, Pétunia, une vraie star doit savoir se faire attendre. » dit-elle sans prendre la peine de dissimuler le ton ironique de sa voix.
Sa sœur lui décocha un regard furibond, tandis que sa mère la regardait sévèrement. Lily adorait faire enrager sa sœur.
« Je vais aller me renseigner auprès du chef de gare. » déclara Mr Evans de sa voix morne, espérant ainsi calmer le jeu.
Lily soupira et déposa sa valise sur le sol, ainsi que Gribouille, son chat. Celui-ci émit un miaulement de protestation, et Lily s'agenouilla un instant.
« Désolé, 'bouille, mais il faut que tu rentres dans ta cage le temps qu'on trouve cette fichue voie. » murmura-t-elle.
Le petit félin s'exécuta, et Lily regarda autour d'elle. Sa mère essayait toujours de calmer sa pauvre sœur, qui n'avait pas l'air de se laisser faire. Son père discutait avec un homme bedonnant et à l'air sévère. Il regardait Patrick Evans avec un ahurissement non dissimulé, et Lily regretta aussitôt de l'avoir laissé faire : le chef de gare était de toute évidence un Moldu, et ne pourrait pas les aider.
Elle jeta un coup d'œil à la grande horloge : 10 heures cinquante. Le Poudlard Express partait quelques minutes plus tard ! Elle scruta à nouveau la foule, inspecta une fois de plus les voies 9 et 10, mais ne vit strictement rien. Elle commençait vraiment à paniquer. Et si tout ça n'était qu'une blague de mauvais goût ? Et si en réalité Poudlard n'existait pas ?
Lily commença à se ronger un ongle, signe de son anxiété. Elle survola l'immense foule de gens qui déambulaient entre les voies sans trop d'espoir. Elle était désemparée : elle y avait tellement cru, à cette lettre…
C'est alors quelle vit quelque chose qui attira aussitôt son attention : une chouette. Une chouette blanche tachetée de roux, enfermée dans une cage d'or. En suivant ce raisonnement, Lily allait bien trouver quelle main tenait cette cage et par conséquent à qui cette main appartenait… Mais voil : quelqu'un en avait décidé autrement.
« Toi et tes sottises ! Tu vas me faire rater mon audition, espèce d'idiote ! Ma carrière sera fichue en l'air à cause de ma maudite sœur ! »
Pétunia avait violemment attrapé Lily par l'épaule et l'avait forcée à la regarder en face. La sorcière avait tourné à nouveau la tête dans la direction de la chouette tachetée, mais elle avait disparu.
Lily inspira bruyamment, sentant la colère lui monter. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit et se retrouva nez à nez avec une fillette de sa taille, blonde, possédant un cou démesurément long et des yeux bleus acier brillants de colère.
Même si Pétunia Evans avait deux ans de moins que Lily, c'était toujours elle qu'on prenait pour l'aînée. Elle avait la même taille que sa sœur, mais son visage allongé et son cou trop long donnaient l'impression qu'elle faisait quelques centimètres de plus. Au début de son enfance, Lily avait cru que cet avantage était la cause de l'air supérieur que prenait Pétunia en la regardant, mais elle s'était vite rendue compte que non : Pétunia était simplement bête, et elle pensait que sa taille lui permettait de la commander.
« Ce n'est pas ma faute si on ne trouve pas la voie ! » répliqua Lily avec mauvaise humeur.
Et puis quelle idée de fixer une audition de danse le premier septembre ! pensa Lily en ronchonnant. Elle recommença à scruter la foule, mais la chouette avait définitivement disparu.
« Pouvons-nous vous aider ? »
Lily se retourna brusquement. Elle n'avait pas entendu les personnes arriver. Elle les contempla un instant, trop surprise pour parler. Elle ne vit même pas Pétunia s'en aller à grands pas vers sa mère.
« Pouvons-nous vous aider « ? répéta la vieille dame.
« Heu…Je… Oui… » balbutia Lily.
C'est alors qu'elle reconnu la chouette tachetée. Son regard ambré était posé sur elle, et Lily eut l'impression qu'elle avait perçut sa détresse au milieu de la foule. Mais elle se sentit aussitôt stupide. Comment diable une chouette aurait-elle pu accomplir un tel exploit ? Ce n'était qu'un simple volatile après tout… Lily remarqua alors une fillette, qui se tenait un peu en retrait à côté de la vieille dame, qui semblait être sa grand-mère. Elle semblait beaucoup plus jeune qu'elle car elle ne dépassait pas le mètre vingt, et pourtant il y avait quelque chose dans son regard qui la rendait plus… âgée. Plus mature, dans un certain sens. Ses yeux bridés étaient d'un noir d'encre et ses cheveux mi-longs tout aussi sombres. Elle et sa grand-mère étaient manifestement d'origine asiatique.
La vieille dame sourit d'un air attendri. Lily se rendit alors compte quelle impolie elle faisait à les fixer ainsi sans prendre la peine de se présenter.
« Heu… Je suis Lily Evans, » murmura-t-elle d'une toute petite voix en regardant la dame dans les yeux.
Jamais elle ne s'était sentie aussi intimidée par quelqu'un. Elle aussi, comme sa petite-fille, avait quelque chose dans son regard de particulier. Ses iris noirs avaient une telle profondeur que Lily aurait pu sans aucun mal s'y noyer. Elle dégageait une telle aura de puissance… C'en était presque effrayant.
« Je suis Xiu Tong Shen, » dit-elle, « Vici ma petite-fille, Nawei. »
La fillette s'avança quelque peu, et offrit à Lily un sourire timide.
« Nawei commence sa première année à Poudlard, » continua Mrs Tong Shen. « Je suppose que toi aussi ? »
« Oui. » répondit Lily, bien qu'ignorant comment la vieille dame savait qu'elle était une sorcière.
Etait-ce si facilement reconnaissable que ça ?
« Lily ? »
C'était sa mère, qui revenait manifestement avec Pétunia.
« Oh… Bonjour. » dit-elle d'un ton très courtois en présentant sa main à Mrs Tong Shen. Rose Evans.
« Xiu Tong Shen. » répondit la vieille dame. « Je suppose que vous cherchez la voie 9 3/4 ? »
« Et bien, pour vous dire la vérité… Oui, cela fait dix minutes que nous tournons en rond à la recherche de cette voie. »
« Nawei entre en première année, » dit Mrs Tong Shen avec un sourire. « Venez, je vais vous montrer comment atteindre la voie. »
Lily et les autres les suivirent sans discuter, mais la sorcière entendit nettement Pétunia ronchonner tout au long du trajet. Patrick Evans les rejoint à ce moment-là, et ne posa même pas de questions à propos de leurs guides. De toute façon, Lily ne s'attendait à aucune réaction de sa part.
Aussi étrange que cela soit, les Tong Shen les amenèrent devant le mur qui séparait la oie 9 de la voie 10. Et, chose encore plus surprenante, la grand-mère murmura quelque chose à sa petite-fille, qui, après un rapide hochement de tête, fonça droit dans le mur. Un vent de panique s'empara de Lily : Mais qu'essayait-elle donc de faire ? Elle allait s'écraser contre le mur !
Mais, au grand étonnement de la famille Evans, la fillette disparut derrière le mur de briques. Elle s'était volatilisée. Purement et simplement.
Lily était complètement estomaquée. Comment cela était-il possible ? « Tu es une sorcière, idiote… » lui murmura une petite voix dans sa tête. Ah oui. Une sorcière. Elle l'avait complètement oublié. Malgré tous les livres sur la magie qu'elle avait dévoré pendant les vacances, il lui arrivait encore d'oublier sa nature.
« C'est la barrière magique qui sépare le monde moldu du monde magique, » expliqua Mrs Tong Shen. « A toi, Lily. Fonce droit sur le mur, et surtout, ne t'arrête pas. »
Lily jeta un regard à sa famille. Sa mère lui souriait d'un air encourageant, son père la regardai d'un œil vide et sa sœur avait un air aussi dégoûté que si on lui avait collé une bouse de vache sous le nez. Tout semblait totalement normal. D'un air déterminé, elle empoigna son chariot, serra les dents et commença à courir. Plus elle se reprochait du mur, et plus les battements de son cœur s'accélérait.
Trois mètres…
Mais son courage l'emporta sur sa peur. Elle était une sorcière, chose inimaginable et complètement impossible pour un moldu, alors pourquoi n'aurait-elle pas pu traverser un vulgaire mur de briques, hein ?
Deux mètres…
Oh la la, ça se rapprochait dangereusement ! C'est pas le moment de flancher, Lily !
Un mètre…
Puis… Plus rien. Le noir complet. Et enfin une immense chose rouge, qui faisait du bruit et crachait de la fumée. Un dragon ? Nan, pas un dragon. Une locomotive de couleur rouge. Le Poudlard Express ! Elle y était arrivée ! Elle avait trouvé la voie 9 3/4 !
La voie était bondée d'élèves de tout âge, aussi différents les uns que les autres. Les petites filles embrassaient leurs grands frères et les mères leurs filles aînées. Une fillette de trois ans était même en larmes et refusait de laisser partir sa sœur. Une ambiance joviale régnait, et Lily ne put s'empêcher de sourire : Elle aimait déjà le monde de la magie.
Mais elle fut sortie de sa contemplation par un petit raclement de gorge. Elle se retourna vivement et se retrouva nez à nez avec cinq personnes. Les Tong Shen, ses parents et sa sœur. Lily rougit jusqu'aux oreilles et s'empressa d'aller embrasser son père. Et, preuve que le monde de la magie était définitivement étrange, son père lui offrit un de ses rares sourires.
Car oui, il était bel et bien étrange de voir Mr Evans sourire. Aussi loin que Lily s'en souvienne, son père avait toujours été ainsi. Il n'était pas froid envers elle, loin de là, simplement… Il semblait vide. Ses yeux reflétaient sans cesse une immense tristesse, et il parlait très peu.
Mais malgré ça, Lily l'aimait énormément, et elle savait que c'était réciproque, même si il ne lui avait jamais dit. Elle ne savait pas comment l'expliquer. Elle le sentait plutôt. Elle avait hérité de ses cheveux roux et en était particulièrement fière.
Elle s'empressa de lui sourire en retour, espérant secrètement que ça l'encouragerait à recommencer. Il lui déposa un bref baisé sur le front et elle en ut la gorge serrée. C'était dur de quitter son père après presque onze ans de cohabitation.
Elle se dirigea ensuite vers sa mère, qui lui souriait d'un air triste. Elle et Lily étaient très complices, même si Pétunia était le portrait craché de Rose Evans. Les mêmes yeux bleus, les mêmes cheveux blonds et le même cou plus long que la moyenne. La séparation serait aussi difficile. Lily se hissa sur la pointe des pieds et étreignit sa mère de toutes ses forces.
« Tu vas me manquer, » murmura-t-elle en essayant de contrôler le tremblement de sa voix.
Pour toute réponse, sa mère l'embrassa sur la joue, et Lily la retint dans ses bras quelques instants. Elle était nerveuse. Jamais elle n'avait été loin de ses parents plus de deux semaines d'affilée et la perspective de se retrouver seule dans un monde complètement étranger l'effrayait.
Elle jeta un coup d'œil à Nawei. Elle aussi serrait sa grand-mère dans ses bras, et semblait faire un grand effort pour ne pas fondre en larmes. Elles aussi semblaient très proches.
Lily se tourna vers Pétunia. La fillette avait l'air d'avoir le plus grand mal à dissimuler son dégoût. C'est avec le front plissé, les lèvres pincées et le nez retroussé qu'elle dit au revoir à sa sœur. Mais cette dernière ne s'en incommoda pas, et fit à Pétunia un sourire radieux. C'était la seule personne qu'elle était ravie de ne plus voir pendant un an. Pour elle au moins, la séparation ne serait pas difficile – que du contraire.
Un sifflement retentit soudain, et Lily se tourna vers Nawei. C'était le moment de partir. Elles marchèrent ensemble jusqu'à l'entrée du train, qui grouillait d'élèves surexcités. Après un dernier regard en arrière, c'est avec la gorge serrée qu'elles montèrent les marches et entrèrent dans le couloir. Il était bondé.
Lily jeta un coup d'œil à Nawei. Son regard passait de Lily au couloir, du couloir au sol et du sol à Lily.
« On essaie de se trouver un compartiment ? » proposa la rousse avec un sourire.
La petite asiatique tortilla nerveusement ses mains.
« Oui… Enfin… Seulement si tu veux bien rester avec moi… »
Son ton était hésitant et plein d'appréhension. Lily, qui n'était déjà pas elle-même très franche, lui fit un sourire rassurant.
« Bien sûr que je veux rester avec toi ! Tu en doutais ? »
La fillette sembla se détendre un peu.
« Heu… Non… Enfin oui… Oh ! Je n'arrive plus à mettre un mot devant l'autre ! »
Lily éclata de rire à la réflexion de Nawei, qui rougit jusqu'aux oreilles. Pas si timide que ça, la petite…
« Allez, viens, allons nous chercher une place. » déclara Lily en lui souriant et en l'entraînant à sa suite.
Le train démarra, et Lily et elle commencèrent alors leurs recherche. Elles parcoururent le train de long en large, mais à leur grand désespoir, tous les compartiments étaient pleins.
« Ils n'ont pas l'air d'être très amicaux, ceux-là, » murmura Lily alors qu'elles passaient devant un compartiment remplis de garçons à l'air méchant.
Nawei jeta un coup d'œil à la petite bande et secoua frénétiquement la tête de droite à gauche.
« Non, pas celui-là – son ton était catégorique – il faut continu… »
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle étouffait un cri de douleur. Une fille venait de la bousculer, et ne semblait pas prête à s'excuser. Elle ne leur jeta même pas un regard, et Lily eut juste le temps d'apercevoir ses yeux bleus océans qui lançaient des éclairs, sa peau de porcelaine et ses cheveux blonds et lisses qui flottaient derrière elle avant qu'elle ne disparaisse dans un compartiment. Lily la regarda disparaître, bouche bée. Elle n'était pas habituée à un manque de politesse aussi flagrant. Elle et Nawei se regardèrent un moment, l'air abasourdi. Son amie semblait aussi surprise qu'elle et apparemment, elle ne savait comment l'exprimer.
« Laisse tomber. » dit Lily en haussant les épaules.
La fillette haussa elle aussi les épaules et elles continuèrent leur recherche. Le couloir à présent était presque vide, et Lily commençait à désespérer.
« Celui-là il n'y a que deux personnes. » murmura Nawei en désignant un des compartiments.
Lily se pencha en avant et vit qu'en effet, il n'y avait que deux occupants : un garçon aux cheveux noirs et longs, dégoulinants d'eau, et une fille noire qui avait l'air de ne pas savoir où se mettre.
« On entre ? » interrogea Lily.
Après un bref instant de réflexion, Nawei hocha positivement la tête et Lily poussa la porte du compartiment. Le garçon aux cheveux mouillés se leva aussitôt, baguette à la main, tandis que la fille ouvrait de grands yeux.
« Heu… On vient en ami. » risqua Lily avec un sourire en voyant l'air menaçant du garçon.
La réaction ne se fit pas attendre : le jeune garçon baissa sa baguette et leur fit un grand sourire.
« En ami ? Oh, alors ça change tout… »
Il s'avança vers elle et leur tandis la main, et Lily en profita pour détailler plus minutieusement le garçon : Il avait des cheveux noirs et mi-longs (qui pour le moment dégoulinaient d'eau), des yeux gris mais, contrairement à ce qu'on aurait pu penser, Lily n'y détectait pas une once de froideur où de malveillance. Non, ils étaient rieurs et pétillants de joie. Il était assez grand, plus grand qu'elle en tout cas, et avait une carrure d'athlète. Il pratiquait sûrement le Kwimmitch, où quelque chose comme ça. Enfin bref, le sport des sorciers. Lily l'avait lu dans l'un des nombreux livres qu'elle avait acheté chez Fleury et Bott.
Lily lui tendit la main mais, à son grand étonnement, le garçon la saisit et la porta à ses lèvres.
« Sirius Black. » dit-il en lui faisant un baise-main. « Enchanté de vous connaître Miss… »
« Lily Evans. » répondit Lily en essayant de ne pas éclater de rire.
Sirius Black, pour elle, était déjà considéré comme étant un véritable charmeur. Elle ne savait pas que ça existait encore, des garçons galants, à son époque…
« Et à qui ai-je l'honneur ? »
Il s'était tourné vers Nawei, qui elle aussi semblait prête à éclater de rire. Mais elle reprit vite contenance et s'empressa de dire :
« Nawei Tong Shen. »
« Enchanté ! » dit Sirius en lui baisant elle aussi la main.
La jolie asiatique rougit fortement alors qu'elle répondait « Moi de même. ». Lily profita du blanc qui s'était installé pour poser les deux questions qui lui taraudaient l'esprit depuis qu'elle avait vu les deux enfants.
« Vous êtes aussi en première année ? »
« Yep ! » répondit le garçon avec entrain, alors que la fille acquiesçait simplement.
« Et pourquoi tes cheveux… ? »
Le garçon passa une main dans ses cheveux mouillés avant de sourire d'un air nonchalant.
« Oh ça… Non, c'est rien, c'est juste la Furie qui est passée par là et… »
Lily jeta un regard interrogateur à Nawei, qui semblait tout aussi perdue qu'elle. En même temps, elles se tournèrent vers la fille qui n'avait rien dit depuis le début. Elle regarda partout autour d'elle, comme pour s'assurer que c'était bien à elle qu'elles s'adressaient (même s'il n'y avait personne à part eux dans la pièce.)
« Et bien… Il y a une fille qui est venue, » commença-t-elle d'une toute petite voix, « Et… elle s'est dirigée vers lui et lui a versé de l'eau sur le tête avec sa baguette. »
Lily et Nawei firent de grands yeux et se mordirent la lèvre pour ne pas éclater de rire.
« Une furie, moi je vous le dis, » marmonna le garçon en allant se rassoire près de la fenêtre.
« Elle était comment, cette fille ? » questionna Lily.
« Blonde aux yeux bleus. » répondit la jeune noire sans hésitation.
Nawei échangea un regard avec Lily. C'était sûrement la fille qui les avaient bousculées quelques minutes plus tôt.
« Tu t'appelles comment ? » demanda Lily.
« Mary Larry. » répondit la fillette.
« Moi, c'est Lily Evans, et elle c'est Nawei Tong Shen. »
Les deux fillettes déposèrent leurs valises et Lily libera Gribouille, qui semblait heureux de sortir de sa cage. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle. Il restait deux places entre Sirius et Mary, et quatre en face d'eux, mais l'une d'elles semblait être occupée : une veste avait été posée dessus.
« Il y a quelqu'un là ? » demanda Lily à Sirius.
« Oui, il doit arriver, il est parti chercher des bonbons. » répondit-il.
Lily et Nawei s'assirent donc l'une à côté de l'autre, en face de Sirius et Mary. Le garçon semblait irrité par se cheveux mouillés, et Lily le prit en piti : elle se leva, sorti sa baguette de sa poche et murmura un sort de séchage. Le garçon la fixa, bouche bée.
« Tu as déjà appris des sorts ? Je veux dire… On ne peut pas faire de magie en dehors de l'école ! »
Lily haussa les épaules tout en remettant sa baguette dans sa poche.
« Mes parents sont Moldus, » dit-elle en se rasseyant. « Alors j'ai préféré lire mes manuels scolaires pendant l'été, et j'en ai profité pour apprendre quelques sorts – seulement en théorie, bien sûr, pas en pratique. »
Sirius haussa les épaules en murmurant un « Ah bon », et personne ne parla pendant un bon moment. Lily en profita pour sortir L'histoire de Poudlard de son sac en espérant pouvoir le terminer. Du coin de l'œil, elle vit Nawei sortir timidement un carnet à dessin et se mettre à dessiner. Mary était elle aussi plongée dans un livre alors que Sirius se contentait de regarder par la fenêtre.
Le paysage défilait à toute vitesse, et Lily abandonna bien vite l'idée d'essayer de déterminer où ils se trouvaient. La journée s'annonçait ensoleillée, et elle en était à la biographie de Rowena Serdaigle quand la porte s'ouvrit en coup de vent, les faisant tous sursauter.
« Désolé, ça a été plus long que prévu, j'ai du négocier avec la dame pour… »
Mais le garçon aux bras surchargés de bonbons en tous genres s'arrêta brusquement alors qu'il posait son regard sur Lily. Il la fixa derrière ses lunettes, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte. Lily, de son côté, était aussi mal en point : elle ouvrait et refermait la bouche comme un poisson hors de l'eau, mais aucun son n'en sortait.
« Hé, Jamesie, elles viennent en ami… » commença Sirius avec un sourire jusqu'aux oreilles.
Mais le garçon aux cheveux en bataille ne lui prêta pas attention.
« Toi ! » s'écrièrent Lily et lui à l'unisson.
« …et plus si affinités… » termina Sirius, mais la fin de sa phrase mourut dans sa gorge quand il vit les regards haineux que se lançaient les deux enfants.
Il se leva de son siège, l'air perplexe.
« Vous vous connaissez ou c'est moi qui délire ? »
Ignorant la question de Sirius, James continua, les yeux ronds :
« Mais qu'est-ce que tu fais là ? »
Lily soupira d'exaspération et de surprise.
« La même chose que toi, je suppose. » répliqua-t-elle sèchement.
Elle ne pouvait pas s'en empêcher. A chaque fois qu'elle parlait à James Potter, elle ne pouvait pas s'empêcher de lui répondre méchamment. Il fallait dire que, depuis qu'ils se connaissaient, c'est-à-dire depuis leur tendre enfance, James Potter et Lily Evans ne savait faire que se chamailler à longueur de journée. Et, même s'ils ne l'auraient jamais avoué, même sous la torture, ils adoraient se taquiner l'un l'autre.
« Impossible. » souffla James en fixant Lily comme s'il la voyait pour la première fois de sa vie.
« Et pourquoi ça, Potter ? »
Autre bizarrerie, James et Lily refusaient tous deux de s'appeler par leurs prénoms. C'était une sorte de tradition. Ils se nommaient « Potter » ou « Evans », mais jamais « James »ou « Lily ». D'ailleurs, il était impensable, pour l'un et l'autre, de faire autrement.
« Parce que si tu étais une sorcière, je l'aurais remarqué. » répliqua James d'un ton cassant. « Pourtant, il ne s'est jamais rien passé de bizarre lorsque j'étais en ta présence. »
« Et le bol de porridge sur la tête de ta tante Ernestine, tu crois que c'était qui ? La fée Clochette ? » claqua Lily d'un ton ironique et avec un sourire victorieux.
James parut un moment décontenancé, mais il se ressaisit vite et protesta aussitôt :
« Non, pour le bol de porridge, c'était moi. »
« Non, moi. C'était moi qu'elle avait énervée, pas toi. »
« Elle t'a appelée Mrs James Potter ! C'est mon nom, j'étais aussi concerné que toi ! »
Lily, rouge de fureur, s'était levée à présent. Les autres spectateurs observaient la scène avec des yeux ronds.
« C'était beaucoup plus insultant pour moi ! » s'écria Lily.
« Et tu crois que d'être considéré comme ton mari est plus insultant que d'être ma femme ? »
« Bien sûr que oui ! »
« Non, en aucun cas ! »
« Si ! »
« Non ! »
« SI ! »
« NON ! »
« Si, si, si et si ! »
« Non, non, non et non ! »
« STOOOOOOOOP ! »
Lily et James cessèrent aussitôt leur petite tirade. Sirius semblait plongé dans le désarroi le plus total.
« Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe ? »
Il fixa James avec un air de chien battu, qui, après un regard venimeux à Lily, alla s'asseoir à sa place. Lily, encore rouge de colère, ramassa ses affaires et alla s'installer entre Sirius et Mary. Elle refusait catégoriquement de passer le reste du voyage à côté de ce mal peigné.
« Bon… » commença Sirius en jetant des coups d'œil nerveux à Lily et James. « Jamesie… Tu pourrais m'expliquer ce qui se passe parce que j'ai l'impression d'avoir manqué un épisode. »
James regarda une dernière fois Lily avant de répondre :
« Evans et moi, on se connaît depuis qu'on est tous petits. Nos mères avaient suivi le même cours de danse, et se sont perdues de vue. Et puis, quatre ans après notre naissance, elles se sont rencontrées dans un magasin. Depuis, elles ne se sont plus quittées, et j'ai l'horrible impression qu'Evans va finir par s'installer chez moi tellement elle et sa famille me rendent visite. »
« Si tu crois que ça me plait, à moi, de devoir passer la moitié de mes vacances en compagnie d'un crétin à lunettes tel toi ! » répliqua Lily en jetant à James son regard le plus noir.
« Heu… »
Sirius semblait assez mal à l'aise, mais ce n'était rien comparé à Mary. Elle regardait Lily et James comme s'ils débarquaient de la planète Mars, les yeux grands ouverts, et semblait vouloir à tout prix s'éloigner le plus possible de ces bêtes féroces. Lily jeta un coup d'œil à Nawei qui , elle, semblait beaucoup s'amuser de la situation, ce qui lui valut un regard réprobateur de la part de la jolie rousse.
« Tes parents sont Moldus, eux, non ? » demanda calmement James à Lily.
Lily fut étonnée du ton de son ennemi, mais n'en laissa rien paraître.
« Oui. » répondit-elle, la tête haute.
Elle prit son livre et entreprit de commencer à lire, mais son regard se portait toujours sur la même phrase.
« C'est pour ça qu'ils n'ont rien dit quand tu as reçu ta lettre ! Ils ont cru que mes parents étaient Moldus ! » s'exclama James, un grand sourire aux lèvres.
« rès perspicace, Potter. »it remarquer Lily avec froideur.
Et, sans aucune raison apparente, James éclata de rire. Tout le monde le regarda comme s'il était devenu fou, tandis que Lily pensait sérieusement à l'envoyer dans un asile. Peut-être qu'une bonne potion de Tranquillité ferait l'affaire…
« Ca veut dire que je vais devoir te supporter une année entière ? » souffla James entre deux éclats de rire.
Non, pour lui, c'était définitivement la camisole. Mais qu'est-ce qui lui prenait, à la fin, à celui-là ?
« Sept en fait. » ronchonna Lily sans lever les yeux de son livre.
« Oh non ! »
James mima sa propre mort par pendaison, et Sirius éclata de rire, ce qui eut pour effet de détendre un peu l'atmosphère. Sept années ? pensa Lily avec consternation. Mais comment allait-elle faire pour survivre sept années avec un abruti pareil comme camarade de classe ?
« Heureusement, on ne sera sûrement pas dans la même maison, merci Merlin ! » dit James avec un air soulagé. « Tu iras à Serdaigle, pour sûr. »
Lily leva finalement les yeux de son livre, qu'elle lisait sans vraiment le lire, et regarda James d'un air perplexe.
« Et pourquoi ça, Potter ? » demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Elle savait que Serdaigle était la maison des travailleurs, et qu'elle s'y sentirait parfaitement à sa place, mais l'entendre de la bouche de son pire ennemi la faisait douter.
« Parce que seuls les Serdaigle sont assez cinglés pour lire L'histoire de Poudlard et tous leurs manuels scolaire avant même d'être à l'école. » dit James d'un air triomphant en regardant le livre que Lily tenait à la main. « N'ai-je pas raison, mon cher Sirius ? »
« Tout à fait raison, mon cher Jamesie. »
Lily rougit violemment.
« Il fallait bien que je me renseigne sur le monde sorcier. » dit-elle d'une toute petite voix en se tassant sur son siège. « Mes parents sont Moldus et… »
« Mais tu n'as pas à t'excuser, Lily jolie. » la coupa Sirius avec un sourire charmeur.
Lily lui rendit son sourire et replongea la tête dans son livre, encore rougissante. Elle ne dit plus rien de toute la matinée, ce qui eut le don d'énerver James. Il cherchait par tous les moyens de lui faire décoller les yeux de L'histoire de Poudlard. A croire qu'il ne peut pas se passer de moi, pensa Lily avec consternation.
Elle n'écouta les conversations que d'une oreille, mais apprit néanmoins que toute la famille de James était sorcière et avait été envoyée à Gryffondor, et que le père de Mary était un moldu et sa mère une sorcière. Mais elle n'entendit rien à propos de la famille de Sirius et de celle de Nawei.
Elle est venue avec sa grand-mère, pensa Lily, peut-être qu'il est arrivé quelque chose à ses parents ? A cette pensée, la gorge de Lily se serra et elle se promit de ne rien lui demander à moins qu'elle ne vienne vers elle.
La famille de Sirius, d'après ce qu'elle avait pu comprendre, était elle aussi entièrement sorcière. Mais Lily et les autres n'avaient pas eu droit à plus d'information. Seul James semblait être au courant, car il regardait Sirius avec un air compatissant, mais semblait décidé à ne pas trahir son ami. Peut être avait-il une qualité parmi sa tonne de défaut ? « Non mais qu'est-ce que tu racontes, là, Lily ? C'est de Potter dont tu parle ! »
Mais Lily ne put pas continuer à ignorer son pire ennemi quand il glissa dans la conversation qu'elle était une piètre danseuse.
« Comment oses-tu ? » hurla Lily en se levant d'un bond, faisant valser L'histoire de Poudlard par la même occasion. « Je te signale que c'est aussi ta mère qui m'a appris à danser ! »
« N'empêche que tu danses comme un éléphant en tutu rose. » répliqua James en haussant les épaules.
« QUOI ? » hurla Lily de plus belle. « Comment… ? Oh et puis zut ! »
Elle se rassit à côté de Sirius, le visage rouge et les yeux lançant des Avada Kedavra. Il n'y avait décidément que James Potter pour la mettre dans cet état-là.
« Je ne vais pas m'énerver pour un petit crétin dans ton genre, Potter. » siffla-t-elle, plus pour se convaincre elle-même.
« Ravi de te l'entendre dire, Evans. » dit James en s'installant plus confortablement sur son siège. « Je dois t'avouer que tes insultes m'ont manquées, cet été. Ne pas pouvoir t'appeler Madame Pipi à tout bout de champs a été assez frustrant… »
Lily fulminait. Comment cet imbécile à la cervelle de moineau pouvait-il rester aussi calme ?
« Pourrais-je savoir d'où tu tiens ce surnom stupide ? » demanda-t-elle les dents serrées en tâchant de se contrôler. « Parce que crétin fini, attardé mental, idiot sans cervelle et imbécile à lunettes, ça te décrit très bien, mais « Madame Pipi », je ne vois pas le rapport avec moi ! »
« C'est très simple, en fait, Evans, » répondit James, toujours d'un calme effrayant. « C'est à ça que tu m'as fait pensé la première fois que je t'ai vue. »
Lily le dévisagea, incrédule, avant de réponde d'un ton cinglant :
« Je te signale au passage, Potter, que la première fois que nous nous sommes vus, nous avions à peine quatre ans, et il est scientifiquement impossible que tu te rappelle quelle impression du as eue en me voyant ! »
Elle était fière de sa réponse, mais c'était sans compter l'excellente mémoire de James et sa connaissance du monde magique.
« Et moi je te dis qu'il est magiquement possible que je m'en souvienne, Miss Je-Sais-Tout ! Je peux même te mimer la scène ! »
Et, sous l'œil attentif des autres occupants du compartiment, il se mit à genoux sur le sol et se mit à se dandiner d'un air ennuyé.
« Dzames, » dit-il d'une petite voix aiguë, « Pourrais-tu me montrer où sont les petits coins, s'il-te plait ? »
Sirius éclata de rire, et même Nawei et Mary esquissèrent un sourire. Lily, quand à elle, claqua sa langue d'un air furieux. Merlin, qu'elle détestait James Potter !
« Peut-être que la première fois qu'on s'est vu j'avais une envie pressante, mais ce n'est pas une raison pour m'appeler Madame Pipi ! »
« Bien sûr que si. » la contredit James d'un air paisible en allant se rasseoir.
« Tu n'es vraiment qu'un abruti, Potter. » marmonna Lily en ramassant son livre et en commençant à lire.
« Et toi une enquiquineuse. »
Lily ne leva même pas les yeux de L'histoire de Poudlard lorsqu'elle répondit :
« Binoclard dépourvu de matière grise. »
« Cochonnet aux cheveux roux. »
« Attardé mental. »
« Veracrasse pleine de furoncles. »
Lily n'avait aucune idée de ce qu'était une veracrasse, mais il était hors de question que James s'en rende compte. Elle avait sa fiert !
« Handicapé de la baguette. » enchaîna-t-elle aussitôt. (NdA : Veuillez avoir l'obligeance, chers lecteurs, de ne pas méprendre les paroles de Lily. Elle a 11 ans, elle n'est pas encore victime de débordements hormonaux divers…)
« Siphonnée du chapeau. » répliqua-t-il du tac-au-tac.
« Face de rat. »
James parut réfléchir un instant, puis eut un sourire machiavélique. Mais il devait savoir qu'il y avait des choses à ne pas dire avec Lily Evans.
« Tu ressembles terriblement à ta sœur, tu sais ? »
Là, Lily n'y tint plus. Elle claqua son livre d'un coup sec et se leva d'un bond, faisant sursauter tout le monde. Elle fixa son pire ennemi de ses yeux vert émeraude, et – tout le monde était témoin – si un seul regard pouvait tuer, James Potter serait déjà mort une bonne douzaine de fois.
« Je m'en vais. » déclara-t-elle d'un ton sans réplique, tout en ramassant ses affaires. « Tu fais ce que tu veux, Nawei, mais moi, je refuse de rester une minute de plus avec cet imbécile à moins de 15 mètres de moi. »
Nawei sembla un moment décontenancée, mais elle finit par se lever.
« Je te suis. » dit elle en prenant sa malle et la cage de sa chouette.
« Viens, Gribouille. » dit Lily.
Le chat la suivit docilement et, après un dernier regard meurtrier à un James complètement déboussolé, Lily sortit du compartiment, suivie de près par Nawei.
« Mais qu'est-ce qui lui a pris ? Et puis c'est qui cette fée Crochette ? »
Lily fit semblant de ne pas avoir entendu la remarque de James pour ne pas se faire interroger par Nawei. Elle avança dans le couloir, à présent complètement désert, mais se rendit bien vite compte de son erreur :les compartiments étaient pleins à craquer, elles ne pourraient jamais en trouver un libre.
« Heu… Lily ? »
Lily se retourna vers Nawei, qui la contemplait avec un air dubitatif. La sorcière se sentit brusquement coupable d'avoir emmené son amie avec elle.
« On va trouver un compartiment. » assura la rousse en reprenant sa route.
De toute façon, il était hors de question pour Lily de retourner dans le compartiment de James Potter, et tant pis si elle devait s'installer dans le couloir.
Elles parcoururent le train dans toute sa longueur et finirent par trouver, à leur grand bonheur, un compartiment vide. Enfin non, pas tout à fait. Un garçon était assis sur l'une des baquettes, le regard plongé dans un livre. Il semblait coupé du monde extérieur, quelques mèches châtains clairs tombant devant ses yeux, le teint pâle et l'air paisible.
Lily jeta un coup d'œil à Nawei, qui acquiesça. Elle ouvrit doucement la porte, comme si elle avait peur que le garçon se brise au moindre son. Il sembla d'ailleurs ne pas remarquer leur présence, et Lily dut se racler la gorge pour qu'il lève enfin la tête, sans pour autant paraître surpris.
Lily eut alors l'une des plus étranges visions de sa vie : en dépit de son teint pâle, presque maladif, de ses cernes sous les yeux et de ses cheveux qui tombaient négligemment devant son visage, le garçon avait les yeux les plus magnifiques qu'elle n'avait jamais vu. D'une couleur dorée, ils brillaient de tristesse mais aussi de maturité, et elle avait l'impression qu'il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Mais ce fut principalement sur Nawei qu'il dirigea son regard. Ses yeux couleur miel s'étaient plongés dans les iris sombres de la petite sorcière. Il sembla vouloir rompre le contact, mais finit par le maintenir. Ils se contemplèrent comme ça pendant ce qui sembla à Lily une éternité. Ils avaient l'air de se jauger l'un l'autre, comme si une connexion s'étaient établie entre eux par le seul contact visuel.
Finalement, Lily, mal à l'aise, rompit le silence.
« Heu… est-ce qu'on peut s'asseoir ? » demanda-t-elle maladroitement.
Le garçon cligna plusieurs fois des yeux avant de répondre d'un air absent :
« Oui… Oui, bien sûr. » Ses yeux évitaient à présent le regard de Nawei. « Je m'appelle Remus Lupin. »
« Lily Evans. » dit celle-ci en lui présentant sa main.
Il la serra brièvement, et Nawei s'avança doucement, les yeux toujours fixés sur le garçon.
« Nawei Tong Shen. » dit l'asiatique comme un automate.
Lupin eut l'air mal à l'aise. Il lui serra la main, encore plus brièvement que pour Lily, et retourna à son livre. Lily jeta un coup d'œil à Nawei, qui avait toujours la main en l'air, et qui regardait Remus avec un regard étrange, comme hypnotisé. Elle s'empressa de la pousser sur l'une des banquettes, voulant éviter à tout prix qu'elle lui fasse une syncope. Mais pourquoi Remus Lupin la mettait dans un état pareil ?
Lily préféra laisser toutes ses questions de côté, afin de finir L'histoire de Poudlard. Ils allaient arriver au château le soir-même !
Elle ne vit plus James ni Sirius pendant un bon moment, ce qui lui allait très bien, d'ailleurs. Elle n'avait rien contre Sirius, mais le simple fait qu'il soit ami avec James le rabaissait dans son estime. Nawei dessinait à côté d'elle, mais refusait que Lily voit ses dessins, tandis que Gribouille ronronnait paisiblement sur l'un des nombreux sièges libres. Le mystérieux Remus Lupin, quant à lui, ne quittait pas son livre des yeux.
Mais ce fut lorsque la porte du compartiment s'ouvrit brusquement que tout dégénéra. Lily, s'attendant à voir James, leva la tête avec un regard assassin, qui se fanât aussitôt quand elle remarqua qui se tenait dans l'encadrement de la porte.
Un grand garçon aux cheveux blonds presque blancs la fixait de ses yeux froids, avec à ses côtés deux gorilles à l'air stupide et deux filles qui se ressemblaient assez, malgré que l'une soit blonde et l'autre brune, tandis qu'une bande de garçons, de toute évidence plus jeunes, se tenaient derrière lui. Le nez et le menton du garçon étaient pointus, et son teint était extrêmement pâle.
« Tiens tiens… » dit-il avec un sourire qui ne présageait rien de bon. « Laissez-moi deviner… Une Sang Pur, un Sang-mêlé, et… sûrement une Sang-de-Bourbe. Il y en a pour tous les goûts ici… »
Sang Pur ? Sang-mêl ? Sang-de-Bourbe ? Mais de quoi parlait-il ? Des cris se firent entendre dans le couloir, mais le garçon ne sembla pas s'en préoccuper.
« Arrête de me regarder comme ça, la Sang-de-Bourbe. » continua-t-il en regardant Lily. « C'est pour Tong Shen qu'on est venu. »
Hein ? Pour Nawei ? Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire? Et pourquoi l'appelait-il Sang-de-Bourbe ? Lily n'y comprenait plus rien. Mais, le temps qu'elle assimile tout ce que venait de dire la garçon, il s'était avancé dans le compartiment et se tenait devant Nawei.
« Je sais que tu viens d'une famille de sorciers très puissants, Tong Shen. » dit-il. « Laisse-moi me présenter : Lucius Malefoy, cinquième année. »
Il s'attendait visiblement à ce que son nom provoque une quelconque réaction, mais seule Nawei sembla un moment pétrifiée. Les cris au dehors se faisaient de plus en plus perçants.
« Je te propose de te joindre à nous. » dit-il en désignant du doigt tous les garçons qui se tenaient sur le pas de la porte. « Nous formons un groupe de gens biens et tu serais la bien-venue dans nos rangs, avec une famille telle que la tienne. Alors, qu'en dis-tu ? »
Nawei ouvrit grand les yeux alors que le garçon lui présentait sa main, et regarda successivement Malefoy, Lily, Remus, la bande de garçons, puis à nouveau Malefoy.
« Non, désolée, ça ne m'intéresse pas. » dit elle dignement.
Lily fut époustouflée par la réponse de son amie. Pas agressive, ni méchante, mais ferme et sans réplique. Malefoy la fixa avec une air ahuri, semblant ne pas comprendre qu'elle refuse son offre.
« Tu es sûre ? » siffla-t-il. « Parce que je ne te le proposerai qu'une seule fois, et il n'est jamais bon de refuser l'offre d'un Malefoy. »
Malefoy se rapprochait dangereusement de la petite sorcière, et Lily eut peur de ce qu'il pourrait lui faire. Elle s'apprêtait à agir, mais une autre personne fut plus rapide qu'elle.
« Laisse-la tranquille. »
Lily vit que Remus Lupin s'était levé, baguette en main, et semblait avoir conservé son air calme et passif. Mais en l'observant pus attentivement, il y avait quelque chose dans son regard qui contestait son calme. Quelque chose d'effrayant. Malefoy en fut décontenancé, mais il s'approcha tout de même du garçon, qui était beaucoup plus petit que lui.
« Lupin, c'est ça ? Oui, ton père écrit des livres pour les enfants sorciers. Mais ta mère, elle fait quoi, dis moi ? »
Les yeux de Remus se rétrécirent.
« Elle est pharmacienne. » répondit-il d'un ton menaçant.
Malefoy scia. Il était incapable de regarder Remus Lupin dans les yeux, mais cacha sa faiblesse en se tournant vers Nawei.
« Tu ne veux pas nous rejoindre ? Tu en es certaine ? »
« Mais puisqu'elle vous dit qu'elle ne veut pas ! »
Lily s'arrêta, pétrifiée. Qui donc avait dit ça ?
Tout le monde la fixait, l'air incrédule.
Oh, Merlin, je crois bien que c'est moi !
« Qui t'a permis de parler, la Sang-de-Bourbe ? » cingla Malefoy.
« Je n'ai pas besoin de permission pour pouvoir parler. » répondit-elle, s'étonnant de sa propre audace, tout en se levant et en faisant face à Malefoy. « On est dans un pays libre, non ? »
Le garçon la fixa de ses petits yeux froids, un air dégoûté sur le visage. C'est fou ce qu'il ressemble à Pétunia, comme ça ! pensa Lily. Mais, malgré ces pensées frivoles, elle était morte de trouille. Les battements de son cœur s'étaient accélérés, poitrine était tellement oppressée qu'elle avait l'impression qu'elle allait finir par étouffer. Gribouille, alerté, s'avança vers lui et commença à miauler d'un air menaçant. Puis il y eut plusieurs détonations provenant du couloir, et enfin une explosion.
« On s'en va. » marmonna-t-il en se dirigeant vers la sortie.
Toute la petite bande disparut de leur vue, seuls Malefoy, les deux filles et les deux gorilles étaient encore là.
« On se reverra, la Sang-de-Bourbe, et tu payeras le prix de ton insolence. » dit Malefoy avant de tourner les talons.
Lily contempla un moment l'endroit où se tenaient les trois infâmes garçons quelques secondes plus tôt, puis se laissa tomber lourdement sur son siège.
« Ca va ? » demanda Remus avec inquiétude.
Les deux filles acquiescèrent doucement, encore sous le choc. Quelques secondes plus tard, des bruits de pas précipités retentirent du couloir, et deux silhouettes apparurent à nouveau dans l'encadrement de la porte.
« Ca va ? » demandèrent les deux garçons en même temps.
Remus Lupin les regarda avec surprise, et puis répondit finalement.
« Heu… Oui, moi ça va, mais pour elles, c'est bien moins sûr. »
James et Sirius dirigèrent leur regard vers les deux filles. En effet, elles n'avaient pas l'air dans leur état normal : Lily avait du mal à accepter qu'elle venait d'insulter un cinquième année, tandis que Nawei semblait à deux doigts de s'effondrer sur son siège.
« On a essayé de venir plus tôt, » dit Sirius en refermant la porte. « Mais ces crétins nous ont empêchés de sortir du compartiment. On a du en arriver aux mains. »
« Vous voulez dire que c'est vous qui avez causé tout ce grabuge ? » demanda Remus avec un sourire.
Les deux autres acquiescèrent avec fierté.
« Mes félicitations. » dit Lupin avec admiration. « Pas trop de casse ? »
« Oh non, répondit James, dont l'arcade sourcilière passait pas toutes les couleurs de l'arc en ciel. « Le bilan n'a pas été trop lourd : quelques bras tordus, deux ou trois chevilles foulées, une petite dizaine de dents cassées et pas mal de bleus. »
« Mais rien de grave, vraiment. » assura Sirius dont les cheveux avaient roussi par endroits. « Je m'appelle Sirius Black, et cet abruti complètement amoché, c'est James Potter. »
« Remus Lupin. » dit celui-ci en leur présentant sa main.
Lily, par on ne sait quel miracle, parvint à remarquer que Sirius et James étaient aussi perturbés par le regard du garçon, mais pas autant que Nawei.
« On peut s'asseoir ? » demanda Sirius en désignant un siège à côté de Remus.
« Oui, bien sûr. » répondit celui-ci.
« Ce Malefoy, il ne vous a rien demandé ? » interrogea James en s'asseyant. « Parce qu'il à proposé à Sirius de rejoindre un stupide groupe de « gens biens », comme ils disent. »
Lily fit un grand effort pour lui répondre.
« Si, à Nawei aussi, mais on a réussi à les faire partir, Remus et moi. »
« Ils ne sont pas très commodes. On a eu peur qu'ils vous fassent du mal. » dit James sans se rendre compte de ce qu'il venait de dire.
Aussitôt après, il porta la main à sa bouche avec un air horrifié.
Lily venait-elle de rêver ? Avait-il vraiment dit qu'il avait eu peur que cet horrible garçon leur fasse du mal ?
« Vous… Vous êtes venus pour nous sauver ? » demanda-t-elle sans se rendre compte elle non plus de ce qu'elle disait.
« Mais bien sûr, Lily jolie, » affirma Sirius avec un grand sourire « Tu en doutais ? »
« N… Non. » articula Lily avec difficulté.
Elle remarqua que James était rouge comme une pivoine, mais était encore trop secouée pour le narguer. Elle avait insulté un cinquième année…Bon, d'accord, un cinquième année, bête et méchant, mais un cinquième année quand même ! Merlin, dans quelle pétrin s'était-elle fourrée ?
« Et Mary ? » demanda soudain Nawei, qui semblait sortir de sa transe.
« Elle est partie dans un compartiment rempli de filles juste avant que ces abrutis n'arrivent. » répondit Sirius en sortant un jeu de carte de sa poche. « Une petite partie ? » proposa-t-il aux autres.
Seuls Remus et James acceptèrent, Lily et Nawei n'avaient pas vraiment la tête à ça. Remus venait de remporter leur première part quand Lily se décida à poser la question qui lui titillait l'esprit depuis l'arrivée de Malefoy.
« C'est pas juste ! » s'indignait Sirius. « J'étais sûr de la gagner, cette manche ! »
« Je n'ai qu'un seul mot à vous dire. » dit Remus avec un sourire victorieux sur les lèvres. « Stratégie ! »
« Hein ? » s'étonna James. « Ca veut dire que tu viens de remporter toutes mes chocogrenouilles en te triturant la cervelle ? Non, ça, je refuse d'y croire. C'était juste de la chance ! »
Remus fit la moue.
« Faites ce que vous voulez, z'allez toujours perdre si vous ne suivez pas mes conseils. »
« C'est quoi, une Sang-de-Bourbe ? »
Tut le monde se tourna vers Lily, y compris Nawei, assez surpris par la question et l'air très mal à l'aise.
« C'est… » commença James en se mordant la lèvre. « C'est une insulte qu'utilisent les sorciers de Sang Pur pour désigner un sorcier ou une sorcière née de parents moldus. »
Lily réfléchit un instant. Alors, il l'avait insultée aussi, ce Malefoy, en la traitant de Sang-de-Bourbe ! Elle n'était donc pas si en tord que ça.
« Mais… Est-ce si mal que ça, d'avoir des parents moldus ? » demanda-t-elle avec appréhension.
Elle ne se sentait pas prête à vivre dans un monde où tous les gens qu'elle rencontrait la méprisaient.
« Non ! » s'exclama James, un peu trop fort, avant de reprendre plus bas. « Non, bien sûr que non. C'est juste ce que pense les sorciers de Sang Pur, c'est-à-dire les personnes qui ne comptent que des sorciers dans leur famille et… »
« Mais alors pourquoi toi tu ne me détestes pas ? » questionna Lily sans réaliser ce qu'elle disait. » Tu es un sorcier de Sang Pur, non ? »
« Oui, mais non, enfin si, mais… »
James soupira, voyant qu'il s'emmêlait les pinceaux. Sirius, à son grand bonheur, vint à son secours.
« Toutes les familles de Sang Pur ne sont pas comme ça, » expliqua-t-il. « La famille Malefoy est réputée pour avoir une très haute opinion d'elle même et de mépriser les moldus et les enfants de moldus. Celle de James n'est pas du tout comme ça, ni celle de Nawei, je suppose. Mais la mienne… »
Lily vit James lui jeter un bref regard avant qu'il ne finisse sa phrase.
« … la mienne est un peu comme celle des Malefoy. »
Cette nouvelle jeta un froid sur le compartiment. Seul James semblait regarder Sirius avec un air compatissant.
« Mais… » dit soudain Nawei. « Toi… Tu n'es pas… »
« Bien sûr que non. » la coupa Sirius d'un ton ferme. « Je suis très différent de ma famille, je la déteste et c'est réciproque. Les deux filles qu'il y avait avec Malefoy, c'était Narcissa et Bellatrix, mes cousines. »
Lily ne dit rien. Sirius paraissait pourtant tellement gentil… Comment pouvait-il être de la même famille que des filles qui côtoyaient un garçon tel que Lucius Malefoy ?
Ils ne dirent plus rien pendant un bon moment. James et Sirius se faisaient terrassés par Remus aux cartes, Lily terminait tranquillement L'histoire de Poudlard et Nawei continuait à dessiner – sans toute fois accepter de lui montrer son travail.
Lily remarqua cependant que Remus jetait de fréquents coups d'œil à Nawei, et réciproquement. Ce deux là sont définitivement bizarres, pensa-t-elle.
XxxXxxXxxXxxX
Voilà le premier chapitre de l'introduction ! Si vous avez aimé, je suis aux anges, si pas, allez directement au chapitre 3, c'est là que l'intrigue principale commence ;-)