Titre : Belle époque
Auteur : Ephy
Source : Harry Potter
Genre : sérieux, légère révision du passé de Lucius, pointes de slash
Résumé : 1966, première montée de pouvoir de Lord Voldemort. Coincé entre ses études, ses parents et la marque brûlant sur son bras, Lucius se débat pour vivre sa vie. (5e-7e années)
Belle époque – Chapitre 1
Le ciel affichait un bleu intense, exempt de nuages. La matinée était calme et seuls le chant des oiseaux et le bruit du vent dans les branches se faisaient entendre. La fenêtre était entrouverte, aussi les rideaux se soulevaient-ils paresseusement, permettant aux rayons du soleil de se faufiler à l'intérieur et d'allonger les ombres. Lucius ne put s'empêcher de remarquer à quel point la lumière du sud était plus franche, plus directe que sa cousine du nord.
Une forme remua à ses côtés et une jeune femme émergea des couvertures, aux cheveux aussi blonds que les siens mais de quelques tons plus sombres, couleur miel. Elle s'étira avec souplesse, puis darda son regard bleu pétillant sur lui.
« À peine réveillé et déjà plongé dans tes pensées ?
— J'essaie de m'imprégner du moment. »
Après tout, quand pourrait-il être plus satisfait de sa vie qu'en cet instant ? Une femme à ses côtés, un succès scolaire certain – il avait appris la veille qu'il avait obtenu un O à toutes les branches de l'année précédente, et qu'il serait préfet de Slytherin pour l'année suivante – et doté du nom de l'une des plus grandes familles d'Angleterre.
Elle se contenta de rire et vint se lover à lui, son corps adulte se moulant contre celui de Lucius, encore adolescent. En un mois, l'habitude avait été prise, aussi laissa-t-il sa main épouser le creux de son dos, la faisant presque ronronner.
« Je vais te regretter, soupira-t-elle en respirant son odeur. Tous nos clients ne sont pas si délicieux. »
Lucius l'observa de biais, se demandant si elle racontait cela à tous les hommes qui l'enlaçaient, et décida de ne pas poser la question à haute voix pour plutôt l'attirer plus près de lui. Après tout, il n'avait plus que quelques heures avant que son père n'arrive pour le ramener au Royaume-Uni.
« Tu vas très certainement me manquer aussi », lui murmura-t-il à l'oreille, provoquant un nouveau rire.
— Ça je n'en doute pas une seconde. Mais pour combien de temps ? À la rentrée, tu auras toutes les filles à tes pieds et je ne serai plus qu'un souvenir. »
Ce n'était pas une plainte mais une constatation, faite d'un ton taquin. Lucius l'embrassa – longuement, expertement, car elle et les autres lui avaient bien appris pendant tout ce mois de juillet – puis lui accorda un sourire.
« Aucune d'entre elles ne sera semi-succube. Sois certaine que je n'oublierai pas nos étreintes. »
Son nez en trompette se retroussa d'un air mutin. Elle avait l'air d'une démone avec une expression pareille Lucius pouvait presque voir deux petites cornes pointer sur le sommet de son crâne. Seule son imagination pouvait créer une telle image, cependant, car les métisses – même de la première génération, comme elle – ne possédaient jamais aucun attribut démoniaque autre que leur faim dévorante pour le sexe, qui les prédisposait à un certain type de métier.
Il avait toujours cru que le mot « faim » était une métaphore mais durant ces quatre dernières semaines il avait eu le loisir de découvrir que les succubes et leurs pendants mâles, les incubes, se nourrissaient bel et bien de plaisir même si leur héritage humain leur permettait d'ingérer une nourriture plus solide, celle-ci ne les rassasiait pas. Quand elle le qualifiait de « délicieux », c'était à prendre au premier degré.
La jeune femme se leva, laissant le drap qui l'avait couverte jusque là glisser sur le matelas, découvrant ses superbes formes. Elle voulait prendre son petit déjeuner et Lucius n'allait pas l'en empêcher.
Elle l'enjamba, s'asseyant sans complexe sur son bas ventre.
« Tu as bien appris depuis ton arrivée, commenta-t-elle. Si j'avais fait cela le premier jour, tu aurais rougi comme le puceau que tu étais.
— N'était-ce pas là la raison de ma présence ici, Lucia ? »
La ressemblance de leurs noms lui avait d'abord déplu, les premiers jours, avant que cela ne devienne un détail troublant et excitant, quand ils haletaient le nom l'un de l'autre et que ceux-ci se mélangeaient jusqu'à ne devenir qu'un.
La succube passa une main parfaitement manucurée sur le torse de Lucius, en appréciant la peau encore lisse et les muscles formés par le Quidditch.
« J'espère que tu reviendras. Si tu t'ennuies, l'été prochain… » Elle se mit à onduler sur lui de façon tout à fait intéressante. « Au fait, ne connais-tu pas Serafino Anghelis ? Il doit être dans ton année à Hogwarts, non ? »
Lucius grogna.
« J'espère que tu as une très bonne raison pour me parler de lui dans un moment pareil. »
Elle lui tira la langue mais s'arrêta, s'attirant un soupir.
« Puisque tu y tiens. Je voulais juste te demander de lui passer le bonjour et de lui dire de saluer sa mère de ma part. »
L'adolescent la dévisagea, mais elle ne lui donna pas de plus amples explications. Au contraire, son mouvement de hanches reprit et il ne songea plus à poser des questions lorsque son regard à présent doré par la Faim se posa sur lui.
« Je me demande à quoi tu ressembleras lorsque tu auras grandi. »
Ses mains caressaient sa peau de façon experte et elle se lécha les lèvres, dégustant les vagues d'hormones qu'il produisait sous son toucher. Un cliquetis se fit entendre et elle s'arrêta, se tournant vers la porte qui s'ouvrait.
Une autre femme entra – Lucius se souvenait d'elle pour avoir également profité de ses talents. Elle était la sœur aînée de Lucia et s'appelait Afrodite (1), un nom qui lui allait parfaitement et exprimait bien la douceur sucrée de sa peau pâle, la rondeur de ses seins, les courbes parfaites de ses hanches. Là où Lucia était belle, Afrodite était à tomber par terre, et Lucius s'était demandé comment une femme pareille n'avait-elle pas su se trouver un mari pour la sortir de ce métier.
Elle s'avança dans la pièce et hocha la tête d'un air satisfait.
« Navrée de vous déranger, je venais vérifier que vous étiez réveillés. Abraxas arrive dans moins de deux heures. »
Elle avait un air sévère et Lucia fit la moue.
« Cela nous laisse largement assez de temps pour casser la croûte. »
Afrodite croisa les bras sous sa poitrine et Lucius retint un grognement en constatant à quel point cela la mettait en avant. Les deux femmes lui jetèrent un coup d'œil amusé – les fichues succubes étant parfaitement capable de goûter la vague de désir qui l'avait traversé – et Lucia se remit à onduler.
« Envie d'un morceau, peut-être ? » proposa-t-elle.
Afrodite détailla Lucius du regard puis, sans hésitation, vint s'asseoir sur le bord du lit, déboutonnant déjà l'avant de sa robe. Juillet tout entier n'avait pas suffi pour s'habituer aux mœurs des succubes et l'idée de voir les deux sœurs nues dans le même lit ne pouvait qu'éveiller son intérêt il oublia tout, même l'arrivée imminente de son père, lorsque le deuxième corps vint se lover à lui.
ooxooxoo
Abraxas Malfoy était le Malfoy. Tout en lui criait l'autorité, de ses yeux gris d'acier capables de faire plier n'importe qui à la raideur de son dos, en passant par le pli méprisant de sa lèvre et ses robes grises parfaitement coupées. Il semblait à l'aise dans toutes les situations jamais Lucius ne l'avait vu ne fût-ce que frémir. Aussi ne fût-il guère surpris de le trouver confortablement installé dans un fauteuil, verre de vin à la main, en grande conversation avec Mrs Terry.
Celle-ci était la tenancière de la maison close de Lucia et Afrodite, ainsi que des autres personnes qui avaient agrémenté le juillet de Lucius. L'endroit où ils se trouvaient ne leur appartenait cependant pas il s'agissait de l'une des dépendances française de la famille Malfoy qu'Abraxas avait mise à leur disposition pour la durée des vacances – en plus, bien sûr, de les avoir payés grassement.
Les rumeurs, Lucius les avait entendues depuis enfant : lors de leur quinzième année, les membres mâles de la famille Malfoy étaient éduqués, afin de ne pas faire honte à ses ancêtres. Après tout, ils se devaient d'exceller dans tous les domaines, celui-là compris. Il n'y avait cependant pas accordé grand crédit jusqu'à ce que son père lui ait annoncé qu'il lui payait des vacances en France.
Abraxas était tout à fait charmant avec Mrs Terry, qui le regardait avec une lueur d'intérêt certaine dans les yeux. Puisqu'il s'agissait d'une tradition familiale, Lucius ne put s'empêcher de se demander s'ils avaient été amants, à l'époque lointaine où son père avait son âge. Il repoussa la dérangeante question au plus profond de son esprit et termina d'entrer dans la pièce, saluant poliment le couple.
« Je ne pensais pas être en retard… » ajouta-t-il néanmoins – personne ne voulait contrarier Abraxas.
« Tu ne l'es pas, confirma celui-ci en posant son verre. Je suis venu en avance afin de présenter mes respects à ces dames… »
Mrs Terry inclina la tête avec grâce. Avait-elle du sang de succube, elle aussi ? Difficile à dire. Lucius n'avait pas eu le privilège de la toucher et, à vrai dire, il avait été bien trop occupé par les autres personnes mises à sa disposition. La femme disposait d'un charme certain, mature, concentré dans sa tenue impeccable et ses expressions qui mêlaient respectabilité et sensualité.
« Je suppose que nous allons y aller », annonça Abraxas, arrêtant là ses pensées. « As-tu toutes tes affaires avec toi ? »
Lucius hocha la tête et tous deux présentèrent leurs hommages à Mrs Terry, après quoi ils se saisirent du portauloin qui devait les ramener chez eux. La secousse fut rude – difficile de faire autrement pour les voyages si longs – et le jeune homme faillit s'étaler à l'arrivée. Il parvint néanmoins à se reprendre à temps, rendant grâce à son sens de l'équilibre. Il se redressa pour faire face au regard glacial d'Abraxas.
Un long frisson remonta le long de sa colonne vertébrale alors qu'il se demandait ce qu'il avait fait de mal. Bien sûr, la chaleur n'avait jamais été de mise entre eux – il était l'héritier du nom Malfoy, pas le chiot adoré d'une demoiselle trop gâtée – mais tout de même. Il revenait d'une absence de six mois, le bref interlude durant lequel son père l'avait emmené en France comptant difficilement pour des retrouvailles, et n'avait certainement pas eu le temps de faire quoi que ce soit de travers.
« Te voici de retour », déclara Abraxas d'un ton brusque, toujours aussi froid. « Tu étais attendu. »
Lucius fronça les sourcils. Il n'eut pas le temps de poser la moindre question une silhouette qu'il connaissait bien était apparue en haut des escaliers. L'air satisfait, plus pâle et étrange encore que l'été précédent, Lord Voldemort descendit les marches pour les rejoindre.
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Lucius ne se souvenait pas de quand, au juste, il avait rencontré Lord Voldemort. Celui-ci et son père s'étaient toujours connu ou, du moins, s'étaient rencontrés bien avant sa naissance. Ses visites, cependant, avaient été rares durant son enfance il savait simplement qu'il était un ami de longue date de son père et qu'il voyageait beaucoup. Puis, il était revenu vivre au Royaume-Uni. Bien sûr Lucius vivait à Hogwarts tout au long de l'année, mais le Lord avait été l'invité du Manoir Malfoy lors de l'été de sa deuxième, puis encore en troisième, époque où ils avaient été présentés formellement.
Difficile d'oublier ce moment. Matthew Walters et Serafino Anghelis avaient eux aussi été présents, ainsi que Samantha Delacroix, tous trois Slytherins de son année. La présence de cette dernière n'avait sans doute pas été désirée elle était la fille d'un diplomate français basé à Londres depuis 1962, et ni lui ni sa femme ne s'étaient montrés enclins à entrer dans le groupe d'amis duquel faisait partie les parents des deux autres et de Lucius. Ils avaient pourtant dû l'inclure puisqu'elle était invitée pour les vacances, et tous les quatre avaient fait la connaissance du Lord.
Lucius se rappelait encore de la magie, pulsante, qu'il avait ressentie avant même que l'homme n'entre dans la pièce. Lorsqu'il était finalement apparu, il lui avait accordé un sourire qu'il avait cru lui être personnellement adressé – Serafino et Matthew lui avaient avoué plus tard avoir ressenti la même impression. Puis il leur avait serré la main, un par un, en terminant par lui, le transperçant de son regard rouge, pénétrant. Il avait eu l'impression d'être mis totalement à nu alors même que ses barrières d'occulmencie étaient parfaitement érigées – il avait vérifié, juste au cas où, et cela avait fait sourire l'homme – et son visage superbe quoi que trop pâle s'était approché du sien. Hypnotisé, il lui aurait laissé faire n'importe quoi, mais le Lord s'était contenté d'un murmure :
« Lucius Malfoy, n'est-ce pas ? Tu es fait du même matériel que ton père. Je suis certain que nous allons nous entendre. »
Puis il s'était reculé, se tournant vers leurs parents pour les féliciter d'avoir élevé de pareils enfants. Abraxas avait semblé particulièrement neutre aux côté des Walters qui s'extasiaient devant les compliments et de Samael Anghelis qui regardait la scène en souriant, apparemment ravi de la situation.
Depuis lors, Lucius ne l'avait plus guère qu'entraperçu, mais avait encore constaté son omniprésence au Manoir lors de l'été de sa quatrième. Le revoir n'était donc pas une surprise qu'il l'ait spécifiquement attendu, par contre, en était une.
Le Lord salua Abraxas d'un simple signe de la main puis se dirigea droit vers Lucius, qu'il couvrit d'un regard appréciateur – du genre qui l'aurait fait frissonner de dégoût si l'homme n'était pas si impressionnant. Docile mais tendu, le jeune homme inclina le buste.
« Mon Lord.
— Tu as bien grandi, déclara le Lord d'une voix veloutée. Quel dommage que je n'aie pas eu plus de temps à t'accorder jusqu'ici… mais ce détail sera réparé à l'avenir. »
Lucius ne savait pas quoi répondre, aussi resta-t-il silencieux. Ainsi, le moment était venu d'intégrer ce fameux groupe d'amis. Il s'était douté que cela arriverait, bien sûr, mais il n'avait pas cru devoir s'en inquiéter aussi tôt.
La main pâle du sorcier lui effleura la joue – il retint un mouvement de recul – alors qu'il reprenait la parole :
« Abraxas, me laisseras-tu ton fils ? J'aurais également besoin de ton bureau ; l'après-midi devrait être suffisant. »
Au lieu de s'offenser comme Lucius s'y attendait, le patriarche se contenta d'hocher sobrement la tête et de les accompagner au lieu en question. Ce bureau était habituellement le Saint des saints Lucius lui-même n'y était entré que rarement, en général parce qu'il avait déplu à son père d'une façon ou d'une autre.
Un feu y brûlait lorsqu'ils y arrivèrent, courtoisie des elfes, et d'un geste de la main le Lord fit léviter le fauteuil de derrière la table jusque devant les flammes avant de s'y asseoir. D'un signe, il congédia Abraxas qui se retira sans se retourner, laissant derrière lui son fils stupéfait, seul avec le Lord.
Jusque là, malgré le comportement hors normes de son père, cela n'avait pas été à moitié aussi grandiose que Lucius l'aurait cru. L'environnement restait familier – la pièce était située dans le Manoir de ses ancêtres et même l'imposant bureau d'ébène et ses étagères assorties ne pouvaient pas cacher le fait qu'elle était, somme toute, ordinaire – et la lumière claire du début d'après-midi qui filtrait par les volets entrouverts apportait à la scène un sentiment de réalité presque déplacé.
Il se tint aussi droit et froid que possible devant le Lord qui, confortablement installé dans l'unique siège, l'observait en silence. Les minutes s'étirèrent et cela commençait à devenir tout à fait inconfortable lorsqu'enfin il reprit la parole :
« Me serviras-tu ? »
L'adolescent sentit tous les poils de son corps se hérisser à cette question et il se mordit la langue pour ne pas répondre trop brusquement. Avec une nonchalance calculée, il haussa les sourcils.
« Les Malfoy ne se mettent pas au service des gens. »
Il avait essayé d'enlever toute trace de défi de sa voix, mais la phrase était provocatrice en elle-même. Heureusement, l'autre ne sembla pas s'offenser, s'amusant au contraire de son audace.
« Une chance que je ne sois pas n'importe qui, dans ce cas. » Il leva une main pâle, aux longs doigts fins. « Je sais que ce que je te demande est difficile. Sois certain que la récompense sera à la hauteur du sacrifice. »
Comment comptait-il lui rembourser sa liberté, au juste ?
« La puissance n'est-elle pas un paiement suffisant ? »
La question devait être évidente car les traits de Lucius n'avaient pas bougé. Celui-ci décida de jouer une nouvelle fois la carte de l'arrogance.
« Les Malfoy n'en possèdent-ils pas assez ? »
Aussitôt eut-il prononcé ces mots qu'il voulut les ravaler ; il n'était pas seulement un Malfoy, et – bien que cela lui fasse mal de l'admettre – mesuré à l'étalon de son père il ne valait pas encore grand-chose. Cela fut néanmoins une protestation suffisante pour que le Lord juge bon d'y répondre par une démonstration, et Lucius eut beaucoup de mal à ne pas écarquiller les yeux lorsqu'il perçut la vague de pouvoir qui émana de lui. Elle était dormante, pas agressive, se contentant de léviter autour de lui de façon presque visible et pourtant…
Et pourtant, ses mains tremblaient.
« La Magie » et il donnait très certainement une majuscule au mot « n'a pas de limites. La puissance qu'elle peut te donner… Que je peux t'offrir… » Son pouvoir se déploya suffisamment loin pour venir effleurer Lucius, l'enlaçant, et il dut lutter pour ne pas tomber à genoux tant ses jambes se faisaient faibles. « Est-ce que cela ne vaut pas la peine de se soumettre ? »
Doux Merlin, il avait la voix qu'auraient les chats s'ils savaient parler. Les chats ? Non, plutôt quelque gros félin qui se ferait passer pour tel, comme une panthère ronronnant mais toujours dangereuse.
Une spirale de magie pure effleura la joue de Lucius, fantôme des doigts du Lord. Il résista, une nouvelle fois, et les yeux du Lord brillèrent.
« Tu es tellement digne de moi. Si jeune, et déjà tu sais me tenir tête sans ciller. Néanmoins, il te reste encore à apprendre quand te soumettre. »
Le jeune homme ne répondit pas. Sa gorge était trop serrée pour émettre le moindre son, et la magie qui l'entourait… Non, mieux valait se taire.
« Je te pose la question une dernière fois. Je te suggère de bien réfléchir à ta réponse avant de me la donner. » Sensualité sonore. Était-il réellement ainsi ou la magie brouillait-elle ses perceptions ? « Te soumets-tu à moi, Lucius ? T'offres-tu à moi ? »
Il fallait accepter ou mourir. Le Lord se leva et, cette fois, il se laissa tomber à genoux – mais était-ce parce qu'il n'avait pas le choix ou parce qu'il ne pouvait plus résister ? Il murmura un « oui » et avant qu'il ait eu le temps de se demander ce qui allait arriver ensuite, la magie plongea en lui.
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Décrire le rituel qui avait laissé sa marque indélébile sur son bras gauche était impossible. Soutenir le pouvoir palpitant du Lord alors qu'il se trouvait simplement dans la même pièce avait été difficile une fois que celui-ci l'avait pénétré, ses pensées avaient été purement et simplement balayée par la puissance qui l'envahissait, sa propre magie d'abord réduite à néant puis se nouant avidement à ce pouvoir plus grand, plus fort, comme pour y puiser des forces. Lucius était à peu près certain qu'il avait gémi – mais alors, l'expérience avait été grisante. Il aurait pu tout faire, tenant le monde à ses pieds, et surtout, surtout… quoiqu'aurait demandé Lord Voldemort à cet instant, il l'aurait accepté, sans hésitation.
A posteriori, tout ce qu'il y avait en lui de rationnel et d'orgueilleux – c'est-à-dire une grande partie de lui-même – détestait cet instant. Pourtant, lorsqu'il y repensait, il ne pouvait que frissonner, en essayant d'étouffer ce coin de son esprit qui espérait vivre un jour cela de nouveau.
Cela avait duré peut-être une poignée de minutes, autant dire une éternité, puis toute la magie s'était concentrée sur son bras au point de le brûler sans qu'il sache si c'était de douleur ou de plaisir. L'espace d'un instant, son être entier avait convergé vers le Lord en une connexion totale, parfaite. Puis, lentement, la magie s'était retirée et il s'était retrouvé dans le bureau de son père, haletant, à genoux sur le tapis, à genoux devant son Lord.
Et là, il l'avait détesté, violemment. L'engourdissement envahissant son corps après cette expérience avait été le seul obstacle qui l'avait empêché de lui sauter dessus, mains tendues, sans même tirer sa baguette. La vague de haine avait heureusement reflué, le laissant épuisé mais lucide, et il s'était relevé, dédaignant la main sur le sorcier lui avait tendue.
« Ça ira. »
Il savait qu'il aurait dû s'incliner, baisser les yeux, embrasser peut-être la main de son maître – et ce mot avait appelé une autre vague de rage. Au lieu de quoi il l'avait fusillé du regard, menton haut, et avait décrété d'un ton acide :
« J'ai besoin de me reposer, nous nous reverrons plus tard. »
À présent qu'il était arrivé à sas chambre, la Marque pulsant encore sur son poignet dénudé – quand au-juste avait-il retroussé sa manche ? – il regrettait son comportement. Se soumettre eût été pénible mais lui aurait épargné de futurs ennuis. Exaspéré par lui-même, il se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux, cherchant à concentrer sa colère en un sentiment plus constructif.
Très bien, il appartenait au Lord. Il n'avait guère eu le choix en la matière restait à voir comment il pourrait utiliser cela. Il se creusa la cervelle un moment sans trouver de réponse, pétrissant les couvertures d'une main pour se calmer. Rien, rien. Merlin, il ignorait même ce que ce fichu groupe comptait faire ! Son père l'en avait toujours tenu à l'écart, à l'exception de cette présentation formelle à Voldemort deux ans plus tôt.
Lucius se redressa. Donc, sa première priorité était de s'informer – mais avant cela, il devait rattraper son départ précipité d'une manière ou d'une autre. Il doutait que le Lord ait été ravi de ce qu'il était obligé de qualifier de fuite. Se retrouver planté là, alors qu'il pensait lui consacrer l'après-midi, selon ses propres termes… Cela aurait été drôle si ce n'était aussi dangereux.
L'adolescent balança ses jambes hors du lit et tira sa baguette pour faire venir à lui des robes de bonne facture. Il s'était habillé de façon correcte ce matin-là, mais certainement pas appropriée au prestige de leur hôte, n'ayant pas prévu la petite cérémonie qui venait de se tenir. Quitte à lui présenter ses excuses – et Morgane, cela allait lui coûter – mieux valait être vêtu de manière plus convenable. Il enfila les robes, laissant les précédentes aux bons soins des elfes, et se lança un sort pour se recoiffer et un autre pour se rafraîchir. Puis, passant nerveusement sa main dans ses courts cheveux blonds, il sortit dans le couloir.
Juillet se terminait. Août promettait d'être le pire mois de sa vie – Lucius ignorait qu'il serait suivi de beaucoup d'autres.
(1) Orthographe italienne du nom
Mot de l'auteur, ou quelques informations diverses :
Je travaille sur cette fanfictions depuis un bon bout de temps et je me décide enfin à publier le début, qui continuera normalement à être publié à raison d'un chapitre toutes les deux semaines, avec peut-être une interruption plus longue entre chaque année de Lucius.
Je peux déjà garantir que la 5e année est entièrement rédigée, donc pas de panique !
Ça fait très longtemps que je n'ai plus rien posté sur ffnet, au point d'avoir enlevé toutes mes anciennes fanfictions. J'espère que cette reprise se passera bien – et, j'avoue, j'étais impatiente de vous retrouver !
Autre note : je préfère utiliser les noms anglais, ainsi que les mots originaux pour me situer dans l'univers magique créé par J.K. Rowling. J'espère que cela ne rendra pas la lecture trop difficile.
Merci d'avoir lu ce chapitre et n'hésitez surtout pas à me motiver en laissant une review ;)
