Fleur sombre, yin et yang, prologue
Seichirô Sumeragi Sakurazuka regarda l'homme s'écrouler avec indifférence, puis porta à ses lèvres ses doigts encore poisseux du sang chaud de sa victime. Son odeur imprégna ses narines et un petit sourire vint orner ses lèvres. Puis se fana, pour laisser place à une moue de tristesse sur son visage encore arrondie de l'enfance et dans ses grands yeux verts.
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Des larmes piquaient ses yeux verts. Ayame Sumeragi pinça fortement les lèvres pour les retenir. Le cerisier pourrait boire tout son soûl ce soir. Son frère y avait savamment veillé. En tant que chef des Sumeragi, elle devait, elle, veiller à ce que cet homme parte avec l'âme en paix. Avoir été la proie du Sakurazukamori pour en arriver à la mort la plus pénible qui soit…Elle pleura.
-Bonsoir Nee-san.
Elle se retourna pour contempler le visage de son frère.
-Bonsoir, Seichirô-kun.
Ils se regardèrent durant un long moment. Puis, sans qu'ils ne comprennent, un éclair blanc les enlaça et ils s'évanouirent.
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Seichirô secoua la tête pour dissiper la fumer qui brouillait sa vision. Il était sûr à 90 qu'il ne s'agissait pas d'un sort de sa sœur. Puis, pourquoi l'aurait-elle envoyé…dans le parc Ueno, au pied de son cerisier ? Il se releva d'un seul et souple mouvement. Il salua celui à qui il avait voué sa vie avec un sourire. Il faisait nuit, mais cela ne le gênait naturellement pas. Ce qui le gênait en revanche, s'était ses vêtement. Il portait un long et trop grand imperméable de cuir noir, loin de son habituel blouson en jean, un tailleur trop large et une cravate. Et…une paire de lunette de soleil. Il les retira, agacé, pour les jeter dans la première poubelle venue, non mais qui portait des lunettes noires, la nuit !
Bon. Où était-il ? Le parc lui paressait un peu différent, de même que la ville même. Il bondit sur le premier building à la sortie du parc, puis sur un plus élevé, se dirigeant par petits bonds jusqu'à la tour de Tôkyô. Il connaissait la ville par cœur, cependant, elle revêtait ici un il ne savait quoi de différent, et ne pas arriver à le saisir le perturbait. Une lueur verte attira son attention. Elle était en forme de cylindre et se dressait au dessus des bâtiments, comme…une barrière.
-Kekkai ? Murmura Seichirô, perplexe.
Il commença à se diriger vers le lieu de ce qui devait être un affrontement.
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Ayame ouvrit ses jolis yeux verts et, un instant désorienté, comprit qu'elle se trouvait devant la mairie de Tôkyô, à Shinjuku, allongée à même le sol. Elle se redressa et se leva. Que faisait-elle là ? Etait-ce Seichirô ? Non, pourquoi aurait-il fait cela ? Et…Pourquoi diable portait-elle cet ignoble imperméable blanc et ces vêtements noirs, masculins et trop larges ? Où était sa robe d'été lilas ? Secouant la tête et décidant qu'elle ne comprendrait jamais pleinement son frère, elle se dirigea vers son immeuble.
Arrivée à son appartement, elle constata avec mauvaise humeur que non, elle n'avait pas ses clefs. Elle soupira et s'apprêta, après deux sauts impressionnants, à rentrer par la fenêtre... Mais, il y avait des gens dans son appartement ! Et celui-ci n'était plus aménagé comme elle l'avait laissé ! Une famille heureuse. Dont les visages lui était familier. Mais bien sûr, les anciens propriétaires ! Elle avait déjeuné avec eux, après la finalisation du contrat de vente de l'appartement. Aïe ! Mais, si ils étaient encore là… Ca ne pouvait signifier qu'une chose… Elle devait contacter les Sumeragi au plus vite. Si elle était vraiment dans le passé, alors…Oh, non !
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Le Sakurazukamori contemplait la scène avec fascination. C'était le pouvoir des dragons. Et cela ne pouvait signifier qu'une chose. Il avait remonté le temps. Donc…Il y avait un autre gardien de la tombe du cerisier ici. Et il y avait de forte chance que ce soit son père. Intéressant. Une sensation étrange lui enserra le ventre et il se tourna légèrement pour entrapercevoir un visage qui lui était familier, sans qu'il ne l'ait vu en réalité avant cette nuit. Donc, pas son père. Encore plus intéressant.
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Seichirô Sakurazuka était venu s'amuser à observer cet imbécile de dragon du ciel se débattre contre Yûto, lorsqu'il sentit doublement une aura inconnue et pourtant familière et un regard scrutateur. Il releva la tête, et vit la forme d'un adolescent vêtu à l'identique de lui-même, mais dont l'absence de lunette lui révélait une paire des yeux verts les plus profonds et brillants qui soit. Il resta interloqué quelque seconde devant l'incroyable, l'impossible. Comme si le fantôme de l'innocence d'un tout jeune exorciste était revenu le hanter.
-Su…Subaru-kun ? S'entendit-il murmurer.
Mais l'illusion ne dura pas. Son regard était trop froid pour être celui de son tendre Subaru de 16 ans. Pourtant, en terme d'âge, il ne devait pas en être loin…Et cette ressemblance…Et ces yeux…Etait-ce encore un jeu du Kamui de la terre ? Il ne le pensait pas, il ne sentait pas son aura. Le jeune homme rit doucement, puis son expression se modifia pour se faire faussement tendre et il répondit avec une parfaite imitation de la voix de Subaru.
-Seichirô-san !
Puis dans un rire dont l'éclat n'était plus voilé, il disparu, ne laissant derrière lui qu'une traînée de…pétales de cerisier. Seichirô en recueillit un dans sa main, et fronça les sourcils.
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Seichirô se laissa tomber à quelques mètres du Cerisier. Comme il l'avait imaginé, l'adolescent était insolemment appuyé contre l'arbre même s'il ne souriait plus. Seichirô non plus ne souriait pas. Son regard doré scrutait ce visage, ce visage qui lui ressemblait trop pour que ce fût une simple coïncidence.
Sans attendre davantage, il lança son shiki à l'attaque. L'adolescent bondit sur la plus haute branche de l'arbre et, lorsque l'oiseau ne fût plus qu'à quelques centimètres de lui déchirer la gorge, il murmura en à peine une fraction de seconde « ohm bawa ohm »
Le shiki s'arrêta et vola surplace comme désorienté. Le sakurazukamori fronça les sourcils. Son shiki finit par se poser sur le bras de l'adolescent. Celui-ci laissa de nouveau échapper un petit rire perlé, fit disparaître le shiki sous sa forme papier et se laissa tomber à terre. Puis il s'avança, détendu, avant de s'asseoir sur le dossier d'un des bancs du parc.
-On dit…Commença-t-il doucement en regardant au sol, on dit qu'il n'y a qu'un seul Sakurazukamori, le plus puissant des maîtres du Yin et du Yang. Il ne peut t'y en avoir qu'un puisque pour obtenir ses pouvoir, le Sakurazukamori doit tuer son prédécesseur, un baptême du feu en quelque sorte. A véritablement s'en brûler les ailes, puisqu'un Sakurazukamori ne peut être tuer que par la personne qu'il aime le plus au monde.
Il releva les yeux jusqu'à ceux dorés de Seichirô et les soutint sans ciller, un exploit plus qu'exceptionnel. Ce qui l'état aussi, c'était qu'il connaisse les derniers règlements du testament des Sakura.
-Que se passerait-il s'il y avait deux sakurazukamori ?
Seichirô sourit, un rien carnassier, et dévisagea son jeune vis-à-vis.
-Tu lui ressembles…
-…Mais je suis vous. Réplica doucement le garçon, et ses lèvres s'ornèrent du même sourire que celui de l'assassin. Et un tel sourire, sur ce visage, choquait profondément Seichirô. Ca avait quelque chose d'indécent.
Avec un petit rire perlé, le jeune homme recula et croisa ses mains devant sa poitrine. Seichirô eut à peine le temps de réagir avant qu'une puissante énergie spirituelle ne vienne frapper ses boucliers. Il fut forcé d'encaisser le coup et cela sembla beaucoup amuser le garçon, qui rit de nouveau.
Fini de rire. Seichirô leva la main et fit apparaître ses Ofuda.
-Avatar, ou qui que tu sois… (Il sourit)…
Et s'entailla le doigt. Le jeune homme n'eut pas l'air impressionné ou inquiet, il alla jusqu'à lui présenter sa nuque en s'inclinant. Seichirô retint son attaque.
-Mon nom est Seichirô. Sakurazuka Sumeragi Seichirô en fait. Fils de Sakurazuka Subaru.
Il se redressa.
-Et avant que vous ne le demandiez, je ne sais pas du tout comment cela est possible. Ma présence ici, je veux dire. Pour le reste, c'est de votre faute.
