Evening Falls
Disclaimers : Les personnages et l'univers de Torchwood appartiennent à RTD ainsi qu'à la BBC.
Merci à Shima-chan qui prends sur son temps pour me corriger. Merci à Léara d'être là pour me conseiller. Evening falls se situe deux ans après la fin de la saison 3 de Torchwood. En vous souhaitant une bonne lecture.
Prologue.
52e siècle, Planète Fagiros II
Trois coups de feu.
Les détonations résonnèrent sombrement contre les murs épais de la salle de conférence. Le doux brouhaha des politiciens cessa soudainement, laissant place à un silence instable emplit d'appréhension et d'incompréhension. Un sourire narquois et nonchalant s'esquissa lentement sur les lèvres du capitaine John Hart. Son regard fit le tour de l'assemblée, ses sourcils se froncèrent d'insatisfaction. Où étaient les hurlements de terreurs ? Il adorait les hurlements, ça avait toujours eu le mérite d'égayer ses journées.
Soupir contrit.
— Juste au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, déclara-t-il en agitant ses deux armes devant lui. Je suis armé !
Une nouvelle seconde de suspend.
Suivie immédiatement de cris horrifiés et paniqués, de chaises qui raclent le sol et de corps se bousculant et se piétinant jusqu'aux sorties de secours. Les paupières fermées, le visage légèrement levé vers le plafond, John savoura le chaos qu'il venait de déclencher avant d'éclater d'un grand rire amusé.
— Ah, voilà qui est mieux !
Sans aucune difficulté, l'agent du temps se fraya un chemin jusqu'à l'estrade où la silhouette appétissante d'une jeune femme tentait de prendre la fuite.
— Une minute ma belle, apostropha-t-il, en saisissant une chaise qu'il tira derrière lui. Tu ne vas pas déjà me quitter hein ? Il faut qu'on cause, toi et moi, surtout maintenant que nous sommes en tête à tête.
D'un geste brusque, il planta sa chaise devant le bureau et y prit place, les pieds sur le chêne vernis.
— Assis, ordonna-t-il, autoritaire.
La jeune femme lui adressa un regard noir et menaçant derrière sa longue chevelure blonde et le sourire de John se fit carnassier. Elle tira sur la veste de son tailleur haute couture et redressa fièrement le menton.
— Pas très bavarde hein ? Pas grave, c'est moi qui vais faire la conversation... Je vous dirais bien que je suis désolé d'avoir interrompu votre petite conférence, mais je mentirais et j'aime être un homme honnête voyez...
— Qu'est ce que vous voulez ? S'impatienta-t-elle, ses yeux bleus virant doucement à un jaune profond.
— Moi ? Répéta John, songeur, la détaillant de la tête aux pieds. Personnellement, j'aimerais bien qu'on s'envoie en l'air comme des bêtes. J'ai encore jamais eu l'occasion de me faire un Bane... Rha vous pouvez en faire des choses avec toutes vos tentacules !
Un grognement féroce s'échappa de la gorge de l'alien dont l'apparence humanoïde commençait doucement à s'estomper.
— Je pourrais vous détruire d'un seul mot, si je le voulais !
John soupira et croisa les mains sur sa nuque, se balançant doucement sur les deux pieds arrières de sa chaise. La Bane le dévisagea de son unique oeil, méfiante.
— Je suis venu récupérer le bracelet en cuir que tu portes à ton poignet... ou plutôt à une de tes tentacules !
L'alien recula et ricana.
— Qui es-tu ?
— Je suis le capitaine John Hart – il lui montra son propre bracelet – agent du temps.
— L'Agence du Temps n'existe plus ! Interrompit la Bane, amusée. Ton autorité et tes droits ne valent plus rien depuis longtemps !
John soupira, leva les yeux au ciel avant de bondir sur ses pieds et de tirer deux coups de feu, à bout portant, touchant deux tentacules qui explosèrent sous l'impact. Une giclée verte et poisseuse aspergea les murs.
— Oh ? Tu n'étais pas au courant ? Elle vient de ré-ouvrir ses portes.
L'instant suivant la Bane se jeta à sa gorge dans un hurlement strident.
52ème siècle, quelque part sur la Planète Felspoon
La Time Agency avait été une organisation autant respectée que crainte à travers les différentes galaxies peuplant l'univers. Les agents du temps étaient des explorateurs, des aventuriers qui poussaient toujours plus loin les limites de l'impossible et des découvertes extraordinaires. Ils avaient été enviés par leur capacité de voyager dans le temps, leur manipulateur de vortex était convoité par un nombre incalculable d'êtres sans foi ni loi. Et combien d'agents du temps avaient trouvé la mort, juste pour leur dérober ce précieux bracelet en cuir ?
Beaucoup trop, pensa Calen Ventress en passant une main tendre sur le sien.
Le manipulateur de vortex était propre à chaque agent, c'était une partie d'eux, une extension de leur propre corps. Ils étaient tous différents, d'autres étaient plus puissants, certains l'étaient beaucoup moins. Sa main se resserra convulsivement sur le cuir rêche de son bracelet, son regard se perdant par-delà la grande baie vitrée de son bureau, offrant ainsi une vue imprenable sur les nouveaux locaux de l'Agence.
Un léger sourire ironique orna ses lèvres, son esprit se noyant à nouveau dans ses pensées. Elle se souvenait parfaitement du respect et de l'envie, mais elle se rappelait également de la peur. Ce sentiment qui prédominait quand la mention de la Time Agency était lâchée au détour d'une conversation. Car si les agents du temps étaient des explorateurs, ou des aventuriers, ils étaient également des guerriers, des têtes brûlées accrocs à l'adrénaline, pouvant se montrer aussi cruels que mesquins.
Des électrons libres qui s'apprêtent à exploser !
Oh, très certainement l'avaient-ils été. Mais cela avait permis à l'Agence de s'étendre, de devenir puissante et incontournable. Cette même puissance fut à l'origine de leur déclin... Et à la toute fin, il ne restait plus que sept d'entre eux. Sept agents du temps décimés aux quatre coins de l'univers. Calen avait vécu d'escroqueries avant qu'on vienne la trouver, l'Agence du Temps s'apprêtait à ré-ouvrir ses portes et il leur fallait une personne pour diriger l'organisation. Cal' s'était immédiatement mise à la recherche de ses anciens collègues encore vivants : sur sept agents, elle en avait retrouvé seulement trois. Les trois autres étaient décédés, le poignet littéralement arraché, leurs manipulateurs de vortex volatilisés.
Elle ferma les paupières, passa une main tremblante sur son visage fatigué, à l'instant même où les portes de son bureau s'ouvraient à la volée. La voix outrée de sa jeune secrétaire résonna à ses oreilles.
— Je suis désolée, madame, il n'a rien v...
Calen arqua un sourcil et secoua la tête, déjà lasse, en reconnaissant la moue satisfaite de John Hart.
— Laissez Mira...
— Oui, laisse tomber Mira, coupa John en lui adressant un clin d'œil suggestif auquel la pauvre femme rougit violemment. Hum, vous faites quoi ce soir ? On pourrait se faire une bouffe, tuer deux trois personnes et...
— John !
Le capitaine se tourna vers Calen, l'air vaguement intéressé, Mira en profita pour s'échapper à son attention.
— Ah, oui, j'allais oublier, déclara-t-il en s'approchant de son éternelle démarche nonchalante. Cadeau !
Sans plus de cérémonie, il lança une tentacule visqueuse et poisseuse de sang verdâtre sur le bureau de la directrice de l'Agence. Calen recula sur son fauteuil, un air parfaitement las sur le visage. Elle lui lança une œillade exaspérée.
— Quoi ?
— Vire tes pieds de mon bureau, John ! Ordonna-t-elle et ce dernier lui obéit en ronchonnant. Et... c'est quoi ça ?
— A première vue, il s'agit d'une tentacule de Bane...
— Oui, merci, je ne suis pas aveugle. La question est : pourquoi tu me la ramènes ?
— Oh ! Il se redressa sur son siège. La vilaine n'a pas été coopérative, j'ai du y aller plus franco.
— Franco ? Demanda Cal, sans comprendre.
— Expression terrienne, oublie.
— Par pitié, dis-moi qu'elle est toujours vivante ? Ta mission ne consistait pas à ce que tu la tues.
John prit une moue faussement coupable et haussa les épaules.
— Oups ! La mission consistait à ce que je ramène le manipulateur de vortex. Je l'ai fait, je l'ai tuée au passage. D'accord, c'est mal, blablabla, promis je ne ferais que du « sexe light » les deux prochains jours, pour pénitence. Contente ?
Calen secoua la tête, blasée, et s'empara avec dégout du bracelet qu'elle rangea dans un sac plastique.
— Si tu as fini de dire des conneries, soupira la jeune femme. Suis-moi, j'ai quelque chose à te faire voir. Ça devrait te plaire.
Il fronça les sourcils, sceptique, puis se leva d'un bond, emboitant le pas à la directrice de la Time Agency.
Le monstre se tenait de l'autre côté de la gigantesque pièce et elle le fixait de ses grands yeux globuleux. Il ignorait à quelle espèce d'alien elle appartenait, mais elle était terrifiante, tout droit sortie d'un de ses cauchemars d'enfant. Elle lui rappelait un serpent, un énorme serpent dont le crâne humain servait de tête. Ce n'était que la vingtième créature horrifique qu'on mettait dans sa chambre, dans cette cage blanche et aseptisée et il n'avait plus la notion du temps.
C'était donc ça l'Enfer ? Un brusque rire cynique retentit et la créature poussa un gémissement terrifié, dissimulant son hideuse face sous sa queue écailleuse. Assis à même le sol, il leva lentement un regard torve vers le monstre et lui adressa un rictus compatissant. Il aurait voulu lui dire qu'il la comprenait, qu'il savait ce qu'elle endurait mais il ne possédait même plus la force, ni le courage, de parler.
Pourquoi n'attaquait-elle pas ? Pourquoi ?
On le privait de tout : d'eau, de nourriture, de sommeil et il fut une époque où cela n'aurait pas été un problème. Il – qui que ce soit – le testait, voir jusqu'où il tiendrait avant de perdre la raison.
Normalement ? Comment je m'appelle déjà ?
Parfois, il lui arrivait de perdre le court de ses pensées. Au départ, à son réveil, quand il avait constaté que son cœur battait, qu'il pouvait respirer et sentir l'air autour de lui, un soulagement immense s'était emparé de lui. Malheureusement, il déchantait bien à présent. Bien entendu, il avait hurlé, il avait tenté de s'évader, il avait supplié qu'on le délivre... Mais on restait sourd à ses questions et à ses demandes.
Comment je m'appelle déjà ?
Il n'était pas homme à abandonner aussi rapidement, alors il patientait, patientait et réfléchissait, observait... Il savait qu'à un moment où à un autre, une occasion se présenterait. Il le savait. Alors, il attendait.
Comment je m'appelle déjà ?
Il baissa la tête et poussa un léger ricanement à mi-chemin entre la folie et la résignation.
— Je m'appelle Owen Harper, chuchota-t-il, se raccrochant à sa raison. Je m'appelle Owen Harper, je m'appelle Owen Harper...
Il s'interrompit.
— JE SUIS LE DOCTEUR OWEN HARPER ! Hurla-t-il, provocateur, vers la caméra braquer en permanence dans sa direction. Et je vous emmerde bande de connards !
Owen se renfrogna et darda un regard noir vers l'alien qui se replia sur lui même.
Elle avait dépassé le stade des larmes depuis bien longtemps. Elle ne pleurait plus, ses yeux étaient secs, vides, éteints.
Un jour ? Une semaine ? Un an ?
Elle ne savait plus. Le temps continuait de s'écouler lentement et Toshiko Sato n'en avait plus que faire. Où était-elle ? Comment avait-elle atterri dans ces lieux ? Les rares personnes qu'elle croisait refusaient de lui répondre. Ils se contentaient de lui apporter des plans de construction, de lui donner quelques sommaires explications qui ressemblaient davantage à des ordres, puis repartaient aussi rapidement qu'ils étaient arrivés.
Les premiers temps Tosh avait refusé de collaborer, de travailler et de mettre au point des armes extraterrestres pour une organisation dont elle ignorait tout. Et pour répondre à sa rébellion, on l'avait affamée.
Trois semaines.
Elle n'avait tenu que trois pathétiques semaines, dans la minuscule petite chambre dans laquelle on la jetait à chaque fin de journée. Toshiko avait fini par se faire une raison, elle ignorait où elle se trouvait, ignorait comment elle avait arrivée en ces lieux alors qu'elle aurait dû être morte, une balle en plein estomac, mais elle était là et elle devait faire avec. D'un geste instinctif, elle toucha à travers la simple et hideuse combinaison bleue dont elle était revêtue, l'endroit où le projectile s'était enfoncé... Ses paupières se fermèrent derrière ses lunettes trop grande, jamais elle n'oublierait la douleur.
Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle ouvrait les yeux sur ce qui était devenu sa réalité. Dans des gestes vifs et experts, Tosh souda des fils rouges, noirs, bleus à un circuit de toute évidence d'origine alien. Une fois fait, sa langue claqua contre son palais avec satisfaction, son regard se portant sur la caméra qui suivait le moindre de ses faits et gestes avec une minutie peu commune.
— J'ai terminé.
Immédiatement la porte du laboratoire se déverrouilla et un homme, du moins un alien à la peau rouge, fit son apparition, une blouse blanche sur les épaules. Guin était une des seules personnes vivantes qu'elle voyait presque tout les jours à force, elle devait avouer que sa vision la rassurait quelque peu. La monotonie dans un endroit inconnu avait de quoi la réconforter.
Je suis pathétique, pensa-t-elle.
Malgré elle, malgré ses efforts, Tosh s'était habituée à son nouveau train de vie. Après tout n'avait-elle pas vécue bien pire ? Ici on la traitait avec beaucoup plus d'humanité que ne l'avait fait l'UNIT. Guin s'approcha de l'objet, un régulateur alternatif de plastron sonique, et l'examina un instant... avant qu'un vrai gazouillement de rossignol ne s'échappe de sa gorge.
— C'est magnifique, ça fait des semaines que je suis sur la mise au point de ce plastron, dit-il, impressionné. Et ça m'explosait dans les mains à chaque fois que j'arrivais au stade de la stabilisation de l'alternateur.
Il leva ses yeux rougeâtres dans sa direction. Tosh demeura impassible. Elle avait bien conscience de ce qu'ils étaient en train de faire. On la mettait à l'épreuve. Ils essayaient de voir jusqu'où irait sa compréhension des technologies aliens... Devant sa subite pulsion d'excitation Guin, embarrassé, racla sa gorge à l'intonation mélodieuse, se donnant une contenance.
Mais son enthousiasme était loin d'être partagé. Elle le regardait sans vraiment comprendre, telle une marionnette vide et éteinte qui n'obéissait plus qu'aux ordres qu'on lui donnait.
Toshiko ignorait à quoi pourrait leur servir cette armure insensible aux pistolets lasers et elle priait pour qu'on ne lui en dise rien. La japonaise ne supporterait plus qu'on lui rapporte que des centaines de personnes étaient mortes grâce aux armes qu'elle avait construites. Sa conscience ne le supporterait plus. L'envie de pleurer la saisit férocement à la gorge.
Mais elle ne savait plus verser de larmes.
Et la douleur. Et la souffrance.
Jamais elles ne disparaissaient. Omniprésentes, elles rampaient perversement dans chaque parcelle de son corps, ne lui laissant aucune seconde de répit.
Ianto Jones voulait mourir.
Une deuxième fois.
Sa mâchoire se crispa, ses poings se serrèrent jusqu'au sang, ses paupières se fermèrent tandis que le courant électrique se répandait dans son corps. Une nouvelle fois, il sut qu'on s'insérait dans les méandres de son esprit, fouillant, pillant ses souvenirs et son savoir sans aucun état d'âme. Ianto se sentit souiller, humilier...
Rends-moi cet argent ! Petit salaud, viens ici !
Il serra les dents, jurant, tentant vainement de faire cesser ce calvaire. La voix alcoolisée et tonitruante d'Evan Jones résonna violemment. La peur le paralysa brusquement : malgré toutes ces années, la voix d'Evan continuait à l'effrayer. Son père était pourtant mort. Derrière ses paupières closes, il revivait la scène qui lui avait valu cette cicatrice à la jambe gauche.
Sale gamin, tu vas voir... Où est-ce que tu as caché le whisky, espèce de petit morveux !
Désespéré de revivre une nouvelle fois cette expérience, Ianto tira sur les liens qui le maintenaient fermement attaché à cette table métallique.
— Arrêtez !
Vaine supplique.
Le courant électrique se fit plus violent et sous la surprise, le Gallois se mordit la langue, répandant ainsi dans son palais un goût âcre qui lui était bien trop familier. Un hurlement franchit la barrière de sa gorge tandis qu'on forçait toujours plus loin dans ses souvenirs.
La douleur. La souffrance.
Toujours présentes, toujours.
Ianto ? Parle-moi, je t'en prie. Vous vous êtes encore battus, c'est ça ? Regarde dans quel état tu te trouves !
La voix de sa sœur remplaça celle de son père. Sa gorge se noua, le visage de Rhiannon lui apparut soudainement.
J'adore quand tu souris, ça te donne un air candide. C'est une des raisons pour lesquelles je t'aime.
Lisa. Il la revoyait parfaitement, souriant malicieusement devant une tasse de chocolat chaud à la terrasse d'un salon de thé à Londres.
Le courant se fit plus vif et passa plus rapidement certains souvenirs. Owen et son cynisme, Tosh et sa gentillesse discrète, Gwen et sa tolérante humanité. Il connaissait leurs états de service, leurs faiblesses, leur passé, leurs caractéristiques, points forts, points faibles. Quoi de plus normal quand on occupait un poste comme le sien au sein de Torchwood ?
Et c'est ce qu'ils voulaient de lui.
Ils plongeaient dans son esprit afin de s'emparer de tout ce qui touchait de près où de loin à Torchwood, à l'UNIT et même à ce fameux Docteur qui les avait tous sauvés d'une invasion imminente de Daleks.
J'ai vécu une longue vie, dans laquelle j'ai fait des tas de choses...
Le cœur de Ianto rata un battement effréné, sa gorge se noua douloureusement, alors que la voix du capitaine Jack Harkness retentissait soudainement. Ses poings se serrèrent davantage, ses ongles pénétrant ses paumes, rejetant aussi loin que possible l'image de cet homme qui l'avait transcendé plus que de raison. Penser à Jack lui était insoutenable.
Son sourire, ses yeux, son odeur, sa démarche, ses mains…
Je suis un point fixe dans le temps et l'espace, c'est ce que dit le Docteur. Donc j'imagine que c'est sans fin.
Ianto poussa un cri désespéré.
Les portes du laboratoire de la Time Agency s'ouvrirent brusquement afin de laisser passer Calen et John. Ce dernier, les mains dans les poches de son jean, arqua un sourcil intrigué devant l'étalage scientifique qui peuplait le nouveau laboratoire d'observation de l'Agence. Intrigué, il s'approcha de la table d'expérience, se penchant par-dessus les diverses fioles aux contenus plus que douteux. Tout ce matériel valait une véritable petite fortune et John n'était pas idiot, la ré-ouverture de l'Agence du Temps avait dû demander une somme d'argent astronomique... Il ignorait qui se tenait derrière cette entreprise et quand il posait la question, Calen lui mentait éhontément. Ses sourcils se froncèrent, puis il se redressa, fixant un instant le dos de celle qui était désormais son patron.
Quand Cal' l'avait retrouvé pour lui proposé un poste au sein de la nouvelle Agence, John n'avait pas hésité une seconde. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il s'ennuyait. Et il ne détestait rien de plus que l'ennui, que la directrice lui mente ne l'intéressait pas plus que ça. Tant que Calen le laissait boire, baiser et tuer à sa guise, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait.
— Du nouveau, Riwett ? Demanda celle-ci en s'approchant des écrans de contrôle.
John continua sa petite observation des lieux, tout en gardant un œil sur Calen. Le scientifique hocha la tête et activa le zoom sur l'un des écrans dévoilant en grand plan une créature que Hart n'aurait jamais cru voir de son vivant. Il s'approcha, les yeux écarquillés d'incrédulité...
— C'est... c'est un cauchemar-monstrueux ! S'exclama-t-il, ébahi, en admirant la créature. Je croyais qu'elles avaient été exterminé lors de la Guerre du Temps !
— De toute évidence, c'est pas le cas, répliqua le scientifique, cynique. Le sujet H457 vient encore de montrer des signes de rebellions, à croire que rien ne peut le faire craquer.
Calen esquissa un léger sourire mi-satisfait, mi-impressionné.
— Depuis combien de temps l'avons-nous privé de nourriture et d'eau ? Questionna la jeune femme.
— Aujourd'hui ça fait un mois et deux jours, répondit Riwett d'une voix légèrement enthousiaste.
— Un mois sans boire, ni manger, ni dormir... Et il vit toujours. Fascinant.
— C'est incroyable ! Nous le scannons régulièrement, son corps ne faiblit pas, c'est comme s'il n'avait pas besoin de manger, de boire ou de dormir. Pourtant tous les signes vitaux extérieurs montrent qu'il en a besoin. C'est comme si son corps et son cerveau fonctionnaient indépendamment l'un de l'autre. Et il y a encore plus intéressant... Regardez ça…
Riwett Isla pianota rapidement sur son clavier, plongeant la salle dans des rayons ultraviolets, John quitta des yeux la créature hideuse pour s'attarder sur une silhouette qui ne lui était pas inconnue. La surprise puis l'incrédulité passèrent sur son visage...
— C'est impossible, murmura-t-il en reculant d'un pas. Qu'est ce qu...
— Qu'est ce que c'est ? Reprit Riwett en lui accordant un rapide regard derrière ses lunettes. Aucune idée. Depuis que nous l'avons ramené à la vie grâce aux caissons de résurrection, il est entouré par cette espèce de fumée noire, on ne la voit qu'aux rayons ultraviolets. Je crois que c'est pour ça qu'elles ont toutes peur de lui. C'est la vingtième créature qu'on place dans la même chambre, et elle réagit comme les autres... elle est terrifiée par le sujet H457.
— Je crois que le capitaine Hart parle de tout autre chose, expliqua Calen un sourire narquois aux coins des lèvres. Je me trompe, John ?
Le regard fixé sur l'écran, John n'en menait pas large, comment cela était-il possible ? Owen Harper était mort sur Terre, au xxie siècle, que faisait-il dans les locaux de la Time Agency quelques millénaires plus tard ?
— Tu croyais pouvoir me prendre pour une conne encore longtemps ? Demanda Calen en se plaçant face à lui. Je sais que tu l'as vu, je sais aussi que c'était pendant ton petit séjour sur la Terre du xxie siècle... Le capitaine Jack Harkness, c'est ça ?
John la toisa un instant avant qu'un grand sourire amusé ne fende ses lèvres. Il haussa les épaules et eut une moue boudeuse.
— T'es trop forte, je suis démasqué.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Parce que je voulais le garder rien que pour moi, riposta John goguenard. Sans te vexer, chérie, j'avais pas envie que tes petites mains de putes se posent sur lui.
L'instant suivant Calen lui administra un violent coup de poing en pleine pommette. John éclata de rire, sa main essuyant le filet de sang qui s'écoulait le long de son menton.
— T'es toujours aussi tordu ! Tu sais que c'est ta jalousie qui l'a fait fuir ?
Hart arqua un sourcil et recula de quelques pas, les bras légèrement écarté.
— T'as toujours été jalouse de ce qu'il y avait entre lui et moi. Trêve de plaisanterie, comment tu sais tout ça ?
La jeune femme plissa ses grands yeux noirs, croisa les bras sur sa poitrine et le dévisagea un instant.
— Mes informations viennent d'un certain Mr. Ianto Jones. Un jeune homme tout à fait surprenant, son esprit est un vrai condensé de savoir... Riwett ?
— Tout de suite madame.
La seconde suivante, le moniteur principal affichait trois images différentes et John les reconnut sans mal.
— Owen Harper, Toshiko Sato et Ianto Jones. Dis bonjour à ta nouvelle équipe, John.
L'information mit quelques secondes avant d'atteindre son cerveau.
A suivre...
