Héroïne
Genre : Romance/Drama (?)
Disclaimer : Tout est aux CLAMP.
Rating : Disons T, pour mention de drogue (même si c'est pas dit clairement).
Un OS très court en attendant la suite des Brûlures de Londres. Léger yaoi KuroFye. Assez spécial.
La chambre était faiblement éclairée par la lumière extérieure des lampadaires.
On était trop fauché pour penser ne serait qu'un instant à acheter des rideaux opaques.
Je me redressai sur le lit, seul. Ça faisait deux jours que Fye n'avait pas fermé l'œil.
Je le trouvai dans la cuisine, assis sur la table en formica, un verre dans la main droite et un thermomètre dans la gauche.
Il se tourna lentement vers moi et me tendit fièrement le second. Ses traits étaient tirés et il tremblait.
Je pris l'objet. 37,8.
-J'ai presque plus de fièvre, Kuro-chan.
Il n'essayait même plus de sourire. Je m'assis à ses côtés.
-T'es là depuis quand ?
-J'en sais rien, mais ça doit faire un bout de temps. Quand tu es allé te coucher, j'avais encore 38,5. J'ai vomit deux fois, et la boîte d'Imodium Lingual est vide.
-Fye…
-La ferme.
Sa voix tremblait. Il se leva brusquement et finit son verre d'un trait.
-Qu'est-ce que tu bois ?
-Qu'est-ce que ça peut bien te foutre…
Il ouvrit le frigo et en sortit une bouteille. Du Whisky, sans doute. Je lui arrachai des mains.
-Conard.
-T'as raison, Fye. Défoule-toi, si ça peut t'aider.
Il se calma brusquement. Son regard se radoucit et il s'assit contre le mur, recroquevillé sur lui-même. Il avait l'air perdu, déboussolé.
Je me penchai et embrassai ses cheveux. Les larmes commencèrent à perler sur ses joues blanches. Ses doigts se crispèrent sur mon t-shirt.
-Comment tu te sens ?
-Un peu…mieux… Excuse-moi, Kuro-chan, mais c'est…
-Le manque, je sais. Je ne t'en veux pas. Ça fait combien de jours ?
-Deux ou trois, je sais plus.
Je l'aidai à se relever et pris sa main. Elle était tiède et moite. Il me suivit jusqu'à la chambre, en silence. Il s'assit sur le lit défait et essuya ses larmes du revers de la main.
Il ne portait qu'un t-shirt blanc trop grand pour lui et un jean usé et délavé. Il avait perdu trois kilos en une semaine et tenait à peine sur ses jambes.
-Si tu n'y arrives pas maintenant, tu peux toujours réessayer plus tard…
-Non, Kuro-chan. Je peux le faire.
Il eut un sourire faible et continua, d'une voix plus calme, confiante.
-Même si ça prend des mois, voire des années… Si tu es là, j'y arriverai.
-Je n'ai pas l'intention de partir.
-...Tu crois que tu pourras me supporter encore longtemps ?
-Fye, c'est toi mon héroïne.
Il rit doucement. Durant quelques secondes, ce n'était plus un drogué en manque. Il était à nouveau mon ange blond, il avait retrouvé sa beauté et son insouciance.
Ce fut bref, bien sûr. Son rire se brisa violemment et il se précipita vers la salle de bain. La douleur me submergea. Je serrai les dents pour ne pas hurler.
Mais je n'avais pas le droit de craquer. Il était penché au-dessus de la cuvette. La sueur perlait sur son front. Je fis couler un bain brûlant et l'aidai à se déshabiller.
Il était trop faible pour le faire lui-même.
L'eau chaude l'apaisa un peu. Il se détendit et posa sa tête contre le bord de la baignoire. Il respirais lentement et ses tremblements cessèrent.
Je l'embrassai longuement et m'allongeai sur le sol glacé. Il ne dormit pas plus d'une demi-heure, d'un sommeil agité.
La fièvre retomba rapidement. Nous passâmes le reste de la nuit, avachis sur le canapé, à manger du pop-corn et du nutella.
Fye avait raison. Tant pis si ça prenait des mois, voire des années.
Il y arrivera.
Note de la fin :
Je vous avais prévenu, c'est vraiment spécial. Joyeuses fêtes à tous =D