en gras: paroles
en italiques: pensées
auteur : altena
beta lectrice: chawia
note de l'auteur: une histoire dont le couple venant d'un jeu débile...XD. défi qui consistait à mettre en avant le couple Suguru et Tohma. Bonne lecture.
Tohma rendait visite à son cousin qui avait eu un malaise lors du tournage du dernier clip de Bad Luck. Il pensait, dès son retour à la NG, les punir sévèrement : mais quelle idée de faire une vidéo promotionnelle sous des cascades. Même si le thème de la chanson était la liberté, K aurait pu proposer la liberté urbaine. Il entra dans la chambre où Suguru devait se reposer mais il trouva un lit complètement vide et des infirmières inquiètes. Tohma allait parler mais ce fut le docteur en charge de soigner Suguru qui demanda l'état des lieux.
Je suis vraiment désolée, s'excusa l'infirmière. Je ne l'ai quitté un instant des yeux et il a disparu.
Aucune trace de lui dans la chambre, déclara la seconde infirmière. Je l'ai cherché partout mais je ne le trouve pas.
Tohma soupira lourdement et sortit de la chambre pour réfléchir à l'extérieur. L'évasion de Suguru le surprenait beaucoup car il était du genre calme et rationnel. Cela l'intriguait : est-ce que quelqu'un l'aurait enlevé ? Cette hypothèse n'était pas à exclure car depuis peu, Suguru commençait à recevoir des lettres de fans au contenu des plus insolites. Certaines lettres contenaient des déclarations d'amour, des compliments mais aussi des mots d'intimidations, de menaces. Seguchi était plongé dans ses pensées quand il sentit un petit caillou tomber sur sa tête. Il se retourna, levant la tête vers le ciel, et vit une ombre grandir sous ses yeux. D'un coup, il se retrouva allongé sur le sol et Suguru se frottait le derrière car il avait bien mal. Il était habillé d'un simple polo blanc et d'un pantalon noir.
Purée, c'est quoi ce coussin mal rembourré ? Il n'a même pas amorti ma chute.
Su… Suguru ?
Ah. Oups… mais pourquoi êtes-vous sous moi, monsieur Seguchi ?
Tu es assis sur moi Suguru ! Pousse-toi, t'es lourd !
Ah… je suis désolé, monsieur Seguchi.
Tu peux m'appeler Tohma. Après tout, en dehors de NG, je ne suis pas ton patron. Toi alors, tu t'es enfui par les toits et ensuite tu as sauté. Vraiment Suguru, je ne te comprends pas.
Je n'ai pas besoin que tu me sermonnes, cousin ! Après tout, je suis assez grand pour savoir ce qui est bien pour moi, non ?
Pendant que les deux cousins se disputaient pour des broutilles, une infirmière cherchait Suguru pour le ramener dans sa chambre. Tohma appela la dame pour lui dire que le malade était à coté de lui. Mais Fujisaki, ne voulant pas retourner dans sa chambre, chercha à faire passer Seguchi de son coté.
Il est ici, madame ! répondit Seguchi.
Attends, fit Suguru.
Désolé mon petit, mais je suis du genre à ne rien faire si cela ne me rapporte rien de bon.
Attends une minute, Tohma.
Je suis ton cousin : je m'inquiète pour ta santé alors pourquoi ne pas retourner sagement dans ta chambre et y rester ? Ou y a-t-il une raison particulière qui me ferait changer d'avis ?
Il lui fallait trouver une raison. Suguru ne savait pas comment il pourrait convaincre son aîné en si peu de temps. De plus, Seguchi pouvait très bien qualifier toutes ses raisons d'injustifiées ou de puériles. Puis il eut un éclair de génie, seulement, cela risquait de mettre dans l'embarras Tohma. Tant pis, il devait essayer. Il tira sur la manche du manteau de Tohma pour attirer son attention et se rapprocha de son visage. Quand il fut assez près, il sentit Seguchi le repousser en lui disant de se cacher. Le cousin s'exécuta et se camoufla dans le feuillage des buissons. L'infirmière arriva et Seguchi lui adressa un sourire commercial.
Monsieur Fujisaki où êtes-vous ?
Il n'est pas là.
Monsieur Seguchi ? Est-ce que vous avez vu monsieur Fujisaki ?
Je ne l'ai pas vu depuis hier… j'étais venu lui rendre visite aujourd'hui mais il avait déjà quitté sa chambre.
Mais pourtant, vous avez dit que…
Oh, je suis vraiment confus mais c'était pour vous remercier, déclara Seguchi en baisant la main de l'infirmière. Je vous ai vue lors de ma dernière visite ici et je n'ai pas pu m'empêcher de vous regarder faire votre travail avec tant de cœur. Vous veillez avec tant de soin sur les malades que vous devez être un ange.
Monsieur Seguchi… vous me flattez… je suis gênée…
Vous ne devriez pas. Après tout, je ne suis qu'un homme qui est sensible aux choses nobles. Vous êtes une excellence infirmière. Vous devriez reprendre votre travail sinon je ne pourrais me pardonner si quelqu'un surprenait votre inattention pendant le service alors que vous n'y êtes pour rien…
Oui, vous avez raison. Au plaisir de vous revoir, monsieur Seguchi
Suguru regarda avec attention la scène et quand il ne vit plus l'infirmière, il sortit de sa cachette. Seguchi se grattait la tête en réfléchissant à ce qu'il venait de faire. Son cousin, surpris par ses talents de séducteur n'hésita pas à le lui en faire part.
Comment tu as fait marcher cette fille… sous tes airs angéliques, tu es un vrai démon et un pervers en plus…
Suguru, c'est comme ça que tu exprimes ta gratitude attitude envers moi ? demanda Tohma très froissé par la remarque déplaisante de son cousin. Je devrais en dire autant de toi, étant donné que tu t'es échappé de l'hôpital.
Euh…pardon… atchoum !
Suguru se mit à trembler car il avait froid. Ne pouvant pas le laisser ainsi, Tohma enleva sa veste, la mit sur Suguru. Puis posa son chapeau sur la tête de son cousin pour éviter d'une part que quelqu'un le reconnaisse et d'autre part pour empêcher son mal d'empirer. L'adolescent fut touché par l'attention de l'adulte et se réchauffa dans ses vêtements. Une étrange impression s'empara de son cœur quand Tohma lui prit la main pour l'emmener hors de l'enceinte de l'établissement hospitalier.
Suguru ne voyait que son cousin de dos. Dans ses plus lointains souvenirs, il ne voyait que le dos de Tohma. Toujours à être occupé, à discuter avec les adultes, même lorsqu'il étudiait le piano avec lui, il avait eu toujours l'impression de le voir de dos. Quand il était avec lui, Fujisaki ne voyait que son dos comme s'il lui cachait quelque chose. Même quand il était en face de lui, la première image qu'il avait de lui c'était son dos. Suguru aurait aimé avoir une autre image de lui mais ce dos si grand mais fragile restait gravé dans ses souvenirs. Il ne se souvenait pas d'avoir vu un sourire sur le visage de Seguchi même pendant ses lives à la télévision, concerts ou autre présentation. En ayant assez de marcher derrière lui, Suguru prit les devants et se mit en face de son cousin. Tohma s'arrêta et croisa les bras.
Qu'est-ce que tu veux ?
Eh bien… je voudrais qu'on soit ensemble aujourd'hui…
Pas question ! J'ai du boulot qui m'attend à la NG et puis je dois prévenir tes parents que tu t'es enfui de l'hôpital mais que tu es entre de bonnes mains. Tu resteras chez moi, jusqu'à ce soir.
Non, je ne veux pas… je ne veux plus voir ton dos…
Quoi ? Suguru, tu as passé l'âge des caprices ! Obéis, ou je te reconduis à l'hôpital et t'y fais attacher. C'est compris ?
Fujisaki eut beau utilisé tous les moyens pour persuader Seguchi de rester avec lui, le président de NG ne flancha pas. Devait-il à nouveau avoir recours à son ultime argument ? Suguru avait peur de la réaction de son cousin s'il l'apprenait. Cela devait rester un secret pour lui mais cela pesait trop sur son cœur. Le blond sentit son cousin à bout de nerfs et décida de se résigner.
Nous allons rentrer ensemble chez moi. Je vais demander à Sakano et à K de déplacer tous les mes rendez-vous de la journée, déclara Tohma d'un ton neutre. Il faudra que nous nous excusions auprès d'eux, surtout toi, mon petit.
Oui, monsieur… euh je veux dire…Tohma.
Les deux garçons montèrent dans une voiture noire qui démarra quelques instants après. Pendant tout le trajet, Suguru resta muet pour ne pas déranger Seguchi qui conduisait avec une grande prudence. De temps en temps, son regard se posait sur le conducteur mais toujours, il voyait d'abord son dos puis un visage impassible. Pourquoi Suguru voyait-il son cousin de dos à chaque fois qu'il le regardait?
Qu'est-ce que tu as, Suguru ?
Rien, c'est juste que je te remercie pour tout à l'heure….
Qu'est-ce que tu veux faire ?
Pardon ?
Dois-je te le dire plus clairement ? demanda Tohma en actionnant le levier de la boite de vitesse. Tu ne peux pas retourner à NG aujourd'hui et je t'ai dit que je passerai le reste de la journée avec toi. Tu préfères que nous restions chez moi ou bien voudrais-tu faire quelque chose de particulier ? termina-t-il en s'arrêtant à un feu rouge.
Oui, je voudrais changer de vêtements. Non pas que je n'aime pas les tiens mais je ne sens pas moi-même dedans, répondit Suguru d'un air gêné.
Très bien, tu as un endroit particulier pour le shopping ?
Pas particulièrement, allons au centre commercial.
Dès que le feu autorisa la voiture de Seguchi à repartir, Tohma prit le chemin d'un complexe commercial connu pour sa diversité en mode. Dans un magasin, Suguru trouva son bonheur et voulut l'avis de Tohma mais comme toujours, Tohma lui montrait son dos. Ce dos, pourquoi le lui montrait-il alors qu'il avait décidé de passer la journée avec lui ? Cette partie du corps l'empêchait de voir le véritable visage de son cousin. Pour quelle raison Tohma cherchait-t-il à l'éloigner de lui quand il était proche? Suguru tendit la main vers Tohma qui se retourna. Il avait toujours cette expression neutre qui le caractérisait et faisait de la peine à son cousin.
Tu as trouvé quelque chose ? demanda le blond.
Suguru hocha la tête et montra à son cousin ses trouvailles. Seguchi les trouva bien à son goût et proposa à Fujisaki de les essayer. Quelques minutes plus tard, Suguru sortit de sa cabine, vêtu d'une chemise dont la couleur dominante était le beige mais il y avait une bande rose violacée sur le devant. Le col était aussi foncé et les manches étaient fermés par des cordelettes mais la chemise se fermait avec des boutons. Ses jambes étaient couvertes par unjean avec des motifs plutôt originaux, blanc avec des espèces de "vagues" bleu marine ... celui ci allait bien au pianiste, d'autant plus qu'il lui moulait un peu. En se regardant dans le miroir, il fut content de sa nouvelle tenue. Tohma le trouvait bien mignon mais il était un peu voyant et certaines clientes du magasin posèrent discrètement leur regard sur Fujisaki.
S'ils te plaisent, je te les offre. Tu peux les garder sur toi. Tu es très beau, Suguru.
Merci, …cousin. Pourquoi tu me tournes toujours le dos ?je te fais honte ou bien tu me caches quelques chose ? J'aimerais bien le savoir…Ouh ma tête…
Suguru commençait à avoir la tête qui tournait. Il ne savait pas ce qu'il avait mais il devait rester debout sans inquiéter son cousin qui risquait de l'emmener à l'hôpital. Suguru fit de son mieux pour suivre le rythme de Tohma mais il avait l'impression de marcher si vite qu'il s'éloignait de plus en plus de lui. Suguru tendit la main vers Tohma pour essayer de le rattraper mais il finit par s'écrouler au sol en tenant dans sa main un pan du manteau de son patron. Seguchi se retourna et vit que Suguru tremblait comme une feuille.
Bonjour Suguru. Moi, c'est Tohma, je suis ton cousin. Tu es vraiment mignon.
Ce garçon qui se présentait comme mon cousin, était très beau et j'aimais beaucoup son visage d'ange. Je tendis les mains pour qu'il me prenne dans ses bras mais il se retourna et ne fit plus attention à moi. J'avais beau crier, pleurer pour être dans ses bras mais ce fut toujours ma mère ou mon père qui me prit. Même quand je voulus être dans les bras de Tohma, il s'excusa pour dire qu'il partait. J'aurais tant voulu qu'il me prenne lui aussi.
Pardon ? Oui je comprends… Suguru, je suis désolé mais je vais rentrer chez moi. Tu viens me faire un bisou pour me dire au revoir?
Quand il venait me rendre visite, je jouais toujours dans ma chambre seul) et j'étais intimidé quand il était avec moi. Je mettais un certain temps pour comprendre les choses et dès l'instant où j'avais compris qu'il partait, je le voyais de dos. Je n'osais pas le rattraper car j'avais peur qu'il se fâche contre moi parce que j'étais impoli avec lui. Parfois, c'est moi qui lui rendais visite. Je le voyais sur son siège en train de jouer du piano. C'était agréable à écouter. J'aimais entendre sa musique. Je me cachais derrière la porte pour qu'il ne me voit pas ou plutôt pour le déranger le moins possible. Mais toujours, il me voyait et me parlait le dos tourné.
Suguru… ça te dirait de jouer du piano avec moi ?
J'ai compris bien plus tard que c'était mon reflet sur le piano qui te disait que je te regardais en cachette. Cette phrase, elle m'a émue au cœur car depuis toujours je cherchais un moyen de t'atteindre sans y arriver. Par cet instrument, nous avons passé beaucoup de temps ensemble mais jamais je n'ai réellement vu ton visage, mon cousin. Dans mes souvenirs, je ne vois que tes mains blanches qui effleurent les touches bicolores du piano. Ton visage, je n'en ai aucune trace, seule ta voix est restée gravée dans ma tête
A partir d'aujourd'hui, tu vas intégrer le groupe Bad Luck.
Cette voix qui m'avait offert mon premier travail, elle était froide. Je ne la reconnaissais pas. Ton visage était si impassible que cela me glaçait le sang. En voyant ton visage qui contrastait avec mes souvenirs, j'ai réalisé que tu avais changé. Mon cœur fit un grand bond : j'avais fait de nombreux efforts pour voir le visage de celui dont je ne voyais que le dos mais Tohma avait changé. Il n'était plus le cousin que j'admirais et que j'aimais. Ce jour là m'a beaucoup marqué mais depuis, tu ne m'as jamais montré que ton dos. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ne puis-je pas te regarder en face ? Tohma, tu es le seul à pouvoir fournir une réponse à ma question : pourquoi refuses-tu de me regarder en face ?
Suguru ouvrit doucement les yeux. Il vit en premier lieu un plafond blanc qui ne lui disait rien. Soudain, il eut peur d'être retourné à l'hôpital. Il se releva et sentit un tissu humide sur son corps. Il tourna la tête et remarqua son cousin assoupi à son chevet. Comme toujours, Fujisaki ne voyait pas son visage. Sa chevelure blonde cachait tout et un sentiment de honte s'empara du pianiste malade. Tohma se réveilla et vit son cousin retenir ses larmes. Fujisaki revint à lui et se cacha sous la couverture pour ne pas montrer un visage aussi lamentable à son cousin. Seguchie ne comprit pas la cause de son comportement mais tenta d'entamer une discussion avec lui.
Tu te souviens de ce qu'il s'est passé avant que tu t'évanouisses ? demanda Seguchi toujours d'un ton neutre
Non, répondit Suguru d'une voix étouffée par les draps.
Tu as perdu connaissance dans la rue à cause de ta fièvre. Je t'ai amené à mon appartement de fonction où tu as dormi pendant plus de deux heures. Tu ne peux pas fuir l'hôpital toute ta vie. Je vais appeler un médecin et te faire soigner.
Non… ne pars pas, Tohma…
Suguru sortit rapidement des couvertures et serra contre lui son cousin comme s'il avait peur qu'il parte loin de lui. Ses mains s'agrippèrent à la chemise de Seguchi, et Suguru pleura contre ce dos qu'il avait maintes fois vu. Pour la première fois de la vie, il sentait la présence de Tohma près de lui. C'était une sensation agréable, douce et chaude à la fois. Pour la première fois, Fujisaki était heureux, heureux de sentir la chaleur de son cousin. De son coté, Seguchi était surpris par cette étreinte qui le figeait sur place. Il réalisa que pas une seule fois, Suguru et lui n'avait partagé un tel contact physique. Cette étreinte, il ne pouvait pas la comparer à celle que Mika, Eiri ou ses parents lui donnaient. La chaleur de Suguru dégageait quelque chose d'unique. Le pianiste de Nittle Grasper posa sa main sur celles de Suguru et se retourna pour voir le visage en pleurs de son cousin. Suguru tenta avec peine d'essuyer toutes ses larmes mais elles coulaient à flots que le baiser de Tohma sur son front les fit tarir. L'adolescent rougit et détourna le visage.
C'est ça que tu essayais de me dire depuis l'hôpital ? demanda Seguchi d'une voix douce.
Oui, répondit Suguru en hochant la tête. Je ne supportais plus de ne voir que ton dos… je voulais voir ton visage, cousin… snif… à chaque fois que je te vois, je ne vois que ton dos comme si tu voulais me cacher quelque chose ou que tu voulais t'éloigner de moi. Depuis mon enfance, je me souviens que de ça en pensant à toi… c'est pourquoi je…
Doucement, Suguru, calme-toi sinon ta fièvre remontera, fit Tohma en prenant son cousin dans ses bras.
Tout ce que je voulais c'était simplement être dans tes bras au moins une fois. C'est bête, je sais mais je n'y peux rien. Tu es bien plus qu'un simple homme, qu'une star, qu'un génie du piano, qu'un cousin pour moi : tu es la personne qui occupe toutes mes pensées. Je ne pense qu'à toi, Tohma…je … je…
Je comprends… mais Suguru, je n'ai jamais voulu que tu te rapproches autant de moi, au contraire, je voulais t'éloigner de moi parce que tu es la personne la plus précieuse pour moi.
A cette révélation, Suguru leva la tête pour voir si cela était un mensonge. Non, Tohma avait un visage si tendre, angélique et doux que Suguru se laissa submerger par l'aura qui l'entourait. Le blond caressa doucement les cheveux de son cadet. Suguru ferma les yeux et frémit à cette caresse.
Si toi, tu avais l'impression que je te rejetais et que ceci constituait ta volonté pour te rapprocher de moi, moi, je faisais tout pour t'éloigner de moi, car tu ne mérites pas la vie que je mène maintenant. Je ne veux pas que tu marches sur mes traces,… mais sa phrase fut coupée par l'étreinte de son cousin.
Qu'importe, tout ce que je veux, c'est rester près de toi. J'ai toujours dit aux autres que je voulais te dépasser mais, je me rends compte aujourd'hui que c'était un moyen pour que tu me voies. Je ne veux plus être invisible à tes yeux. Tohma, tu es ma raison de vivre… alors s'il te plait, regarde-moi…
Suguru… ça va aller maintenant… tu m'as plus besoin de me dire quoi que ce soit… je vais te regarder où que tu sois, je te regarderai et tu me sentiras près de toi… Suguru ? Suguru ?!
Son cousin haletait pour pouvoir respirer car sa fièvre était remontée. Tohma le fit allonger dans son lit et chercha sur la table de chevet de l'aspirine pour faire diminuer la douleur. Suguru se redressa sur ses avant bras, prit les cachets et essaya de les avaler en buvant un verre mais il les recracha incapable de les avaler. Seguchi prit les médicaments dans ses mains et réfléchit à un moyen pour que Fujisaki prenne ses médicaments. Il les mit dans la bouche de Suguru et les fit avaler en insufflant un souffle. Suguru ouvrit doucement les yeux et rougit à ce délicieux contact. Il avala sans peine ses cachets mais il sentit autre chose de plus chaud. Il ne savait pas ce que c'était mais c'était agréable. Quand son cousin le fit allonger, Suguru ferma les yeux et s'endormit en tenant près de lui la main de Seguchi. Tohma s'écarta doucement du visage de son cousin et caressa son visage.
Pardon, je ne voulais pas que cela se passe comme ça… mais ce n'est pas plus mal en fin de compte, conclut–il avant de s'endormir à son tour au chevet de Suguru.
Une semaine plus tard, Seguchi convoqua Suguru dans son bureau. Cependant Bad Luck avait un enregistrement en direct pendant toute la journée et ce n'était que le soir aux horaires de fermeture que le groupe rentrait. Fujisaki apprit par la secrétaire personnelle de son patron qu'il voulait le voir dans son bureau et qu'il avait déplacé tous ses rendez-vous pour être tranquille avec lui. Le pianiste fut surpris de l'apprendre mais aussi peiné car Seguchi l'attendait depuis des heures. Sur le coup, il eut peur de revoir ce dos qui le paralysait sur place
Fujisaki, vous devriez monter… fit Sakano.
Monsieur le directeur vous attend… rappela la secrétaire.
Oui, répondit-il d'une voix qui laissait paraître sa peur.
Sortant de l'ascenseur il toqua trois fois à la porte mais personne ne répondit. Il toqua à nouveau mais aucune réponse. Il posa sa main sur la poignée et la porte s'ouvrit. Fujisaki entra en espérant de ne pas trouver un Tohma fâché, mais le bureau était vide. Fujisaki regarda un peu partout et découvrit son cousin, endormi dans le petit salon aménagé pour les négociations. Il sourit à la vue de ce visage paisible, s'installa à son chevet et le regarda dormir. Un véritable ange, pensa Suguru en le voyant aussi paisible. Puis son attention se porta sur des feuilles étalées sur la table basse. Il en prit une au hasard et découvrit une lettre au contenu des plus explicites et insolites. Et toutes les feuilles parlaient de la même chose : elles déclaraient un amour sans bornes pour Fujisaki Suguru. Puis il trembla en sentant une main inconnue caresser ses cheveux. Il n'y avait que Tohma allongé derrière lui qui pouvait le toucher mais ce n'était pas sa chaleur. Elle était plus froide et plus terne. De plus, l'écriture sur ses lettres n'était pas celle de Tohma.
Tu vois Suguru, je suis prêt à tout pour t'approcher et te sentir auprès de moi…
Non… ce n'est pas la voix de Tohma… ce n'est pas lui qui est derrière moi… un stalker ? Mais ces lettres… ce sont les mêmes que j'ai reçues ?! Non… il est derrière moi…
Suguru… Suguru… Suguru !!
Suguru émergea de son sommeil. Il haletait pour respirer, et il entendait beaucoup de bruit autour de lui. Il avait mal à l'avant bras et des vêtements lui serraient la poitrine. Sakano tenta de le calmer, mais Suguru avait peur et recula dans son lit pour se protéger.
Je suis où ?
Vous êtes à l'hôpital Fujisaki. On vous a transporté en urgence. Vous vous êtes fait agresser dans le bureau du directeur mais vous n'avez rien de grave. Juste quelques hématomes. Heureusement pour vous que vous avez vite compris que c'était un stalker : il nous avait complètement bluffés mais nous avons appris la vérité lors de votre accident.
Accident ?
Oui… heureusement que monsieur Seguchi est intervenu sinon vous seriez gravement blessé.
Tohma m'a sauvé ? Alors je n'ai pas rêvé ? Il est où ? Où est Tohma ?
Ecoutez, Suguru, je suis au regret de vous annonciez que votre cousin risque d'y passer…
Non… vous mentez ! Je veux le voir !
Calmez-vous, Fujisaki.
Mais Suguru était une vraie tête de mule et sortit de sa chambre. Il avait mal à la tête sa blessure s'étant rouverte. Il ne pouvait plus faire grand-chose. Puis il sentit une ombre s'étendre sur lui.
Suguru ? Qu'est-ce que tu fais par terre ? Tu devrais être dans ton lit.
Fujisaki leva la tête et reconnut son vrai cousin, Tohma Seguchi. Le blond le prit dans ses bras pour le porter jusqu'à son lit et pria Sakano de sortir pour être tranquille avec lui. Quand la porte claqua, Suguru se mit à pleurer en frappant de son poing le torse de Seguchi pour bien vérifier qu'il s'agissait de son cousin bien aimé.
J'ai cru… j'ai cru un moment que… je ne veux plus voir un dos quand je pense à toi !
Suguru, ne pleure pas. C'est fini maintenant.
Je veux rester avec toi… je veux sentir cette chaleur que tu as en toi. J'ai besoin de ça pour vivre. Je ne veux plus… je ne veux plus voir ton dos quand tu es avec moi…
Promis, plus jamais tu ne le verras… promit Seguchi en le tenant fermement dans ses bras. Allons calme-toi, réconforte-toi dans mes bras que tu languissais de toucher…
Ai shiteru, Tohma… ai shiteru…ai shiteru…
Moi aussi… je t'aime…
A partir de ce jour, je n'ai plus fui les hôpitaux. A chacun de mes séjours, Tohma était là pour veiller sur moi. Quand je sortais, je le voyais, souriant me tendant les bras pour que je puisse m'y blottir. Quand je suis à la NG, il m'appelle souvent pour discuter de musique mais aussi pour que je puisse me sentir près de lui. Quand nous le pouvons, nous nous retrouvons devant l'entrée pour partager un moment de détente entre cousins. Avant, je voyais son dos qui s'éloignait mais aujourd'hui, c'est avec un visage souriant et les bras ouverts qu'il me reçoit. Plus son dos, mais ses bras que je vois.
