Entre les ailes du Faucon
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Un être habite mes pensées.
Un homme investit mes aspirations.
Quelqu'un de spéciale a pris sa place.
Sa place à côté de moi.
Moi qui pensais demeurer seul jusqu'au restant de ma vie. Un homme se loge dans mon esprit.
Lui. Le seul qui ait attisé ma curiosité, lui je l'ai convoité.
Pour la première fois depuis que je suis né je peux me reposer sur quelqu'un d'autre que moi. Un homme de confiance. Il la détient largement.
Mon général, mon bras armé, mon épée.
Lui que je sens tout contre mon dos pendant nos batailles. Ses muscles se tendent pour fusionner avec son arme gigantesque. Sa force brute, il me l'offre comme un cadeau. J'en use et en abuse à ma guise. Cette soif de tuerie, cette faim de survie je m'en abreuve à sa source pour solidifier les fondations de mon rêve.
Car grâce à ce combattant hors norme je le touche enfin. Mon but. Bientôt ce mirage ne sera plus flouté par les vapeurs de mon cerveau. Il se concrétisera et lui aura contribué à m'élever au-delà des hommes. Je me hisserai en haut de cette colline inaccessible et prendrai la couronne qui m'est due.
Dans mes rangs nombreux sont les vaillants qui se jettent à corps perdus dans le combat. Sans connaître son issue. Mais ils me suivent, ils sont là. Je peux compter sur eux. Et encore plus sur lui.
Il obnubile mes pensées, centre de tout. En l'espace de peu de temps, il est devenu nécessaire à ma vie. Je m'appuie sur ses capacités, me sers de sa rage pour me desservir moi et uniquement moi.
Mon rêve unique, je réussis à le lui imposer. Peut être ne voit-il pas les mêmes choses que moi, ceci est sans importance. Du moment que la certitude de sa présence comble mes doutes, cela suffit à ma quiétude.
Une part de lui restera insoumise, il est aussi libre que moi. Si ce n'est plus. L'on ne peut enchainer un loup assoiffé de vengeance, de fureur pure. Il ne se bat que pour lui, pour avoir le droit de respirer le jour d'après.
Et moi je lui vole un peu de cette rage pour le canaliser et étancher mon besoin de conquête. Quand je le vois pourfendre nos ennemis sur le champ de bataille, quand je capte son regard teinté de folie barbare, quand la lame de son épée découpe les chairs et que son corps se meut dans une danse macabre, les frissons s'emparent de mon être. Je ressens cet instinct bestial aussi fort que s'il me scindait lui-même.
Viens avec moi, entre dans mon songe. Je t'y invite. Je ne te laisserais pas sur le bas côté pour la simple et bonne raison que tu m'appartiens. Depuis que nos chemins se sont rejoints, tu es à moi. Pour toujours. Je déciderai où et à quel moment tu mourras entre mes doigts. Tu ne peux m'échapper, je ne le permettrai pas.
Le soir, après le combat j'entends ton rire sonore se disperser entre les tentes. Il vient jusqu'à moi pour me baigner de ta vie, de ta joie.
Nos hommes t'admirent maintenant, tu le mérites amplement. Le sais-tu ?
Le sais-tu que moi aussi j'éprouve ces mêmes sentiments envers toi ? Le seul, l'unique qui peut se permettre de gagner mon estime. C'est toi.
Toi que je veux de tout mon être, toi dont je me languis la nuit.
Les flammes du feu de camp illumine ton visage et colore tes yeux d'un cinabre flamboyant, ils scintillent des étincelles de victoire. Même au repos tu penses à ton prochain massacre. Car ton utopie à toi, c'est la lutte pure, propre. Elle te suffit.
Je ne ferais jamais le poids contre ton désir d'assouvissance.
Guts, tu me tues autant que tu me combles. Reste encore à mes côtés, je te le demande implicitement, je t'accueillerais au creux de mes ailes.
FIN
