The True One

Officiellement, Iroh était l'oncle paternel de Zuko. C'était toujours ainsi qu'il se désignait lorsqu'on lui demandait de spécifier quel était son lien avec le prince déchu.

Officieusement, ce n'était pas tout à fait le rôle qu'il occupait.

Iroh n'aurait pas demandé mieux que d'avoir au moins trois enfants. Hélas pour le Dragon de l'Ouest, lui et son épouse avaient eu le plus grand mal à concevoir. Le mariage n'avait contribué qu'à une seule naissance viable sur six grossesses.

Quand Iroh repensait à son fils, il ressentait un étrange mélange de désespoir intense et de bonheur d'avoir pu être son père pendant dix-huit années merveilleuses.

Lu Ten avait été la prunelle de ses yeux jusqu'à son dernier souffle pris sur les murailles de Ba Sing Se. Ce qui rendait le Général totalement incapable de cautionner les agissements d'Ozai envers Zuko.

Comment son frère cadet pouvait-il ainsi traiter sa chair et son sang ? Alors qu'Iroh serait mort cent fois plutôt que de toucher à un seul des cheveux de Lu Ten.

Zuko était privé de son père alors que celui-ci était vivant. C'était pire que si Ozai était mort, car au moins son souvenir aurait pu être idéalisé. Mais là, il y avait la réalité. Et elle faisait mal.

Vu sous cet angle, la transition avait été des plus naturelles : Iroh était un père qui avait perdu son enfant, et Zuko n'était qu'un enfant dont le père ne voulait pas.

Iroh ne savait plus très bien depuis quand Zuko avait cessé de n'être que son neveu. Peut-être depuis l'instant où il avait décidé de le suivre dans sa chasse à l'Avatar, peut-être depuis l'instant où il s'était assis au chevet de l'adolescent qui venait à peine d'être défiguré. Il n'était pas sûr.

Tout ce dont il avait la certitude, c'était qu'il avait adopté Zuko. Sans rien dire à personne, sans même le reconnaître à haute voix, le garçon était devenu son deuxième fils.

Alors, à chaque fois que les gens faisaient la confusion au salon de thé, il s'autorisait un petit sourire avant de les détromper. Parfois.

Parfois, il ne disait rien. Il les laissait faire l'erreur et ne les corrigeait pas.

Un mensonge, certes, mais l'étincelle de fierté qu'il ressentait lorsqu'il regardait Zuko était tout ce qu'il y avait de plus vraie.

Un père n'est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile. Un père, c'est celui qui donne l'amour. – Denis Lord