J'arrive pas vraiment à me décider sur la nature de cette histoire. Une fic centrée sur Suède ? SuFin ? Les Nordic 5 ? Probablement les trois à la fois. On va dire que c'est une fic sur les Nordiques du point de vue de Suède, donc logiquement on a pas mal de SuFin (et un peu de DenNor pour la forme). Voilà.

22 chapitres déjà écrits, je pense en poster un par jour :)

Fanart : けさ

Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent au grand Himaruya Hidekaz.

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Il y avait beaucoup de choses que Suède ne comprenait pas dans ce monde.

Son père adoptif, Scandie, ne semblait pas vraiment accorder beaucoup d'importance à ce genre d'interrogation existentielle. Pour lui, la vie était essentiellement constituée de mystères. Ce n'était pas quelque chose qui pouvait apaiser le petit esprit à la fois curieux et troublé de Suède, loin de là.

Ainsi, il se forçait à regarder ses frères sans trop se poser de questions. Et par frères, il entendait les deux personnes avec qui il partageait environ quatre-vingt-dix pour cent de son temps libre, à savoir Danemark et Norvège. Hauts comme trois pommes, ils avaient appris dès le départ à vivre en parfaite harmonie, même si aucune d'eux n'était lié aux autres par le sang. Ils pataugeaient dans la même culture depuis leur plus jeune âge, et ça en grande partie grâce à l'éducation de Scandie et au fond, ils se considéraient comme des frères, peu importe leurs véritables origines. Lorsque Suède avait observé le grand Germanie –il ne l'avait vu qu'une seule fois– il se disait que, peut-être, il s'agissait de son véritable père. Un rien lui donnait l'irrésistible envie de s'interroger sur ce qui l'entourait, encore et encore. Mais une fois le frère de Scandie parti, Suède avait mis fin à cette série de doutes en se disant que franchement, non, il était bien trop proche de Danemark et Norvège pour songer une seule seconde que leur lien ne soit que factice. Pour lui, ce n'était peut-être pas un lien de sang, mais ça l'était de cœur, et c'est ce qui comptait.

Scandie lui-même était étroitement lié à Suède.

-Pourquoi tu as cette marque sur le visage ?

Encore l'une de ses incessantes questions. Scandie sourit tristement à l'adresse de la petite nation qui s'est éclipsée d'une partie de cache-cache avec les deux autres.

-Je me suis encore battu avec mon frère.

-Pourquoi ?

-Il n'est pas vraiment d'accord avec certaines de mes idées…c'est pour ça que je préfère rester ici, tout seul.

Suède baisse le regard, songeur.

-Mais ça ne veut pas dire que je ne veux plus vous voir ! reprend Scandie sur un ton un peu plus enjoué. Toi, Norvège, Danemark…pour moi, vous êtes ce qui me pousse à continuer. A aller de l'avant. Vous donnez un sens à ce que j'aime entendre par « l'union fait la force ».

Il pose une main réconfortante sur les cheveux couleur paille de Suède. Celui-ci demande à en savoir plus, comme à son habitude.

-Mais qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ? Tu ne veux pas essayer de partir, et découvrir le monde ? Ça te changerait d'ici…

-C'est vrai, répond Scandie avec un petit rire. Tu n'as pas tort, ça me ferait peut-être du bien. Mais…comment dire…mis à part Germanie et les filles, je ne connais pas beaucoup de gens. J'ai un peu peur de ce que je peux trouver si jamais je m'aventure plus loin…c'est bête, hein ? Il y a des fois où je maudis ce côté un peu trouillard et solitaire de ma personnalité.

Suède se tait. Il a encore plein de questions à lui poser mais, quelque part, il préfère laisser Scandie tranquille.

Un jour, c'est sûr, il allait lui-même partir et découvrir de nouveaux horizons comme il en rêvait.

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Avoir Scandie pour père adoptif était une chose. Avoir deux énergumènes dégénérés pour frères en était une autre.

Danemark et Norvège étaient ses plus proches amis. Ensemble, ils inventaient de nombreux jeux qui constituaient à s'éloigner de l'endroit où ils avaient l'habitude de rester, chaque fois un peu plus. Suède était le plus discret des trois, toujours à profiter de ses instants de solitude pour découvrir de nouvelles terres à sa manière. Quant aux deux autres, ils étaient beaucoup plus…bruyants.

-Hey, Norge ! Regarde un peu ce que j'ai trouvé !

Danemark revint ce jour-là avec une grosse épée en ferraille dans les mains. C'est à peine s'il arrivait à la soulever de terre, laissant une grande trainée dans la petite couche de neige qui recouvrait la végétation. Les yeux de Norvège s'illuminèrent à la vue de sa trouvaille.

-Mais c'est génial ! Tu l'as eue où ?

-Je l'ai trouvée dans un buisson, un peu plus loin. Tiens ! Je te la donne.

Norvège était aux anges, et Suède était content d'assister à ce spectacle. Il n'avait pas affiché le moindre sourire, mais c'était normal chez lui : alors que son visage n'exprimait rien de bien particulier, son cœur était toujours empli de joie, une joie qu'il gardait bien enfermée au creux de sa poitrine. Ce n'était pas par choix, mais plutôt pas incapacité à s'exprimer.

-Avec ça, je serai imbattable ! s'était exclamé Norvège. En route pour l'aventure !

-Tu viens, Sverige ?

Sverige, c'est comme ça qu'on l'appelait. Il répondit positivement à Danemark et s'élança en compagnie de ses deux amis, prêt à explorer de nouveaux lieux.

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Sa rencontre avec Saami était une autre question qui ne trouvait pas de réponse. Suède en avait parlé à Scandie, et il avait découvert quelque chose d'étonnant : Saami, c'était l'une des « filles » que son père connaissait. Et Suède était tombée sur elle, comme par hasard, alors qu'il s'était éloigné lors d'une de ces grandes parties de cache-cache.

-Tu es perdu ?

Saami semblait avoir à peu près le même âge que Scandie, ou peut-être un peu plus jeune. Elle portait de jolis vêtements très colorés et ses cheveux étaient noués en plusieurs tresses.

-Non, répondit sincèrement Suède. Je pense pouvoir retrouver mon chemin.

Et il était repartit en vitesse.

Cette rencontre ne lui aurait pas parue aussi importante s'il n'était pas retombé sur la même personne, seulement quelques jours plus tard. Et il put faire connaissance avec cette Saami, qui lui apparaissait comme la femme la plus douce, la plus compréhensive, la plus gentille qui puisse exister. Suède n'en avait pas connu beaucoup, c'est vrai, mais il était convaincu de se tenir face à une véritable déesse. Il adorait se retrouver en sa compagnie pour discuter un peu, c'est pourquoi il lui rendit souvent visite dans les mois qui suivirent. Et, très vite, elle devint comme un modèle pour lui. Une présence rassurante à qui il pouvait se confier, tout comme il le faisait avec Scandie.

-Dis, tu connais mon père ? avait demandé Suède, sans l'ombre d'une quelconque émotion.

Pourtant, en lui, l'excitation d'en apprendre plus était grande, si grande qu'il était véritablement impatient d'entendre la réponse. A sa grande surprise, Saami eut un drôle de soupir.

-Oui, on s'est vus quelques fois. Je ne crois pas qu'il m'aime beaucoup.

Suède pencha la tête sur le côté.

-C'est-à-dire ?

Saami lui sourit, sans un mot. Suède n'insista pas, mais c'était clair et net : il s'agissait encore d'un grand mystère qui ne demandait qu'à être résolu.

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-Scandie n'a pas l'air très heureux…

-Vous croyez qu'il s'est passé quelque chose ? Il n'aurait peut-être pas dû s'en aller…

-Ce n'était qu'un petit voyage, je me demande ce qui a bien pu lui arriver…

-Peut-être que c'est à cause de son frère ?

Norvège et Danemark s'étaient tournés vers Suède, incapables de répondre à sa question. Un peu plus loin, près de l'océan, Scandie était installé sur un rocher. Plusieurs minutes passèrent avant que les trois jeunes nations ne prennent la décision de venir lui parler directement.

-Germanie, leur explique Scandie. Il n'est pas très sympa avec moi en ce moment…

-Il est trop nul, dit Norvège en gonflant les joues. Den, Sverige et moi, on va aller lui faire sa fête et il regrettera vite de t'avoir traité comme ça !

-Ouaaaais ! s'exclame Danemark.

-Hahaha, merci beaucoup de me défendre…mais quelque part, je l'ai aussi cherché. Toujours à rester dans l'ombre, comme si ça allait changer quelque chose…

-Qu'est-ce qu'il t'a dit comme méchanceté ?

Scandie semble hésiter à répondre à la question de Suède. Il se frotte le menton, un peu gêné.

-Eh bien…des tas de choses, mais c'est pas très important.

-Alleeeeez, dis-nous ! insiste Danemark.

-Je crois qu'il veut juste me protéger…après tout, c'est mon frère, alors c'est normal qu'il s'inquiète. Il a peur que je devienne comme ce fameux Empire Romain, que je tombe dans l'alcoolisme et que je reste célibataire toute ma vie…mais franchement, il ne s'est pas vu lui !

-Ça c'est sûr ! Il exagère !

Danemark et Norvège partent alors dans une série d'insultes à l'adresse de Germanie, répétant qu'il mérite une bonne raclée. Scandie ne peut s'empêcher de rire devant tant d'énergie et de naïveté. Mais Suède, lui, en profite pour en apprendre un peu plus sur cette histoire.

-Empire Romain était vraiment alcoolique et célibataire ?

-Je ne l'ai jamais rencontré, mais on dit de lui qu'il passait son temps à se battre, à boire du vin et à fréquenter de jolies demoiselles…et en aucun cas je ne lui ressemble. Mais quand même, Germanie insiste et me répète que je ferai mieux de me sociabiliser et me trouver une épouse au lieu de me limiter à un amour à sens unique.

Suède cligne des yeux.

-Une épouse ?

-Oui. Une femme, quoi.

-C'est-à-dire ? Qu'est-ce que ça signifie exactement, avoir une femme ?

Il est encore une fois piqué d'une curiosité sans nom.

-Une femme, c'est quelqu'un qu'on aime de tout notre cœur, ça c'est sûr. Je suis pas un spécialiste en la matière, mais ce que je peux dire, c'est que la personne que l'on choisit pour femme est notre favorite. Tiens, par exemple, je choisirai bien Aestii.

-Pas Saami ?

-Hein, quoi ? Saami ? Haha, nooon. Elle et moi, on est juste de très bons amis.

-Mais tu l'aimes, non ?

-Je l'aime bien. Choisir quelqu'un pour femme, c'est tout autre chose…car cette personne, on aimerait rester avec elle pour toujours. Et réciproquement, elle non plus ne veut pas nous quitter. C'est un amour mutuel et sincère, tu comprends ?

Non, c'était une énième chose que Suède ne comprenait absolument pas. Sûrement des trucs d'adultes. Danemark et Norvège, eux, n'avaient rien suivi à la conversation et continuaient de pousser des petits cris d'apprenti vikings.

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Suède s'était aventuré un peu trop loin ce jour-là. Armé d'une épée beaucoup moins grande que celle que Danemark avait offert à Norvège, il était en train d'explorer la taïga quand soudain, son pied rencontra le vide, et il glissa le long d'une pente pour se retrouver sur les fesses. Heureusement pour lui, il n'était pas tombé sur de grosses pierres qui auraient pu le blesser mais bien sur un petit tapis d'herbe moelleux. Sa chute avait donc été amortie. Il se redressa, le dos endolori après avoir glissé le long de cette butte de terre. Il s'apprêtait à la remonter lorsqu'un bruit attira son attention, juste un peu plus loin derrière les buissons. On aurait dit quelqu'un qui chantonnait. Suède s'approcha un peu plus de la source de cette voix, méfiant, en prenant bien soin de rester caché dans les fourrés.

Au centre de la clairière qu'il avait sous les yeux, un petit garçon blond courait un peu partout en cueillant fruits et fleurs, accompagné d'animaux qui ressemblaient beaucoup à des rennes. Probablement une nation…mais que faisait-elle toute seule dans un endroit pareil ? C'était dangereux de s'exposer ainsi à une éventuelle attaque, et elle n'était même pas armée ! Suède fronça les sourcils. Il ne pouvait pas lui dire, non, il ne connaissait même pas cette personne, et c'était la première fois qu'il en voyait d'aussi petite…encore plus petite que lui…était-elle des leurs ? Etait-ce son « frère », tout comme l'étaient Norvège et Danemark ? Les questions se bousculaient.

Sans s'en rendre compte, Suède resta là à l'observer pendant plus d'une heure. L'inconnu avait mangé ses fruits, joué avec les rennes, et s'était assoupi dans l'herbe. C'était un peu risqué, mais Suède en profita pour s'approcher un peu plus, s'allongeant au même niveau que lui. Il avait l'air tout ce qu'il y avait de plus inoffensif.

De temps en temps, il émettait de petits ronflements disgracieux. Suède trouvait ça fascinant.

Encore plus fascinant que le filet de bave qui prenait forme au coin de sa bouche.

Suède aurait pu rester allongé à cet endroit pendant des heures si le soleil ne menaçait pas de se coucher. La route allait être beaucoup plus difficile de nuit, c'est pourquoi il décida à contrecœur de repartir. Et puis, il ne fallait pas que les autres s'inquiètent de son absence.

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-Eh les gars, vous le sentez cet appel ? Celui de l'action, de la découverte, de cette force qui nous guide vers ce que l'on appelle notre raison de vivre ? C'est là, droit devant nous ! C'est l'aventure !

Norvège et Suède étaient tout aussi heureux que leur frère de se lancer dans ce voyage. Ils étaient tous les trois à l'avant d'un bateau, en quête de sensations fortes. Suède ne s'était jamais senti aussi vivant qu'à cet instant précis.

-On va réaliser notre rêve ! s'exclama Norvège en brandissant son épée.

Danemark sautillait sur place et, même si Suède ne le montrait pas, il était lui aussi très enthousiaste à l'idée de partir explorer le monde, lui qui avait soif de connaissance. Son frère avait raison : ils allaient enfin pouvoir réaliser leur rêve.

-Anko, tiens-moi mon chapeau deux secondes.

-A vos ordres, chef !

Suède les regarda faire, légèrement en retrait. Danemark obéissait toujours au doigt et à l'œil de Norvège, c'était amusant à voir. Mais quelque part, il devait avouer qu'il se sentait un peu seul. Il ignora ce détail et se mit en tête de profiter de ce voyage en compagnie de ses deux amis de toujours. Car avec eux, Suède en était persuadé, il pouvait aller jusqu'au bout du monde sans jamais se lasser.

C'est à leur retour que tout s'effondra.

Certes, leur longue exploration leur avait permis de gagner beaucoup d'expérience. Ils avaient découvert de nouvelles terres et avaient fait plusieurs rencontres, ce qui les avait amenés à gagner quelques centimètres, si bien qu'ils avaient maintenant l'apparence d'enfants de dix ans. C'était donc l'esprit joyeux qu'ils étaient rentrés chez eux, dans leur contrée natale, fiers de ce qu'ils avaient accomplis. Ils n'arrêtaient pas de parler de leurs aventures et n'avaient qu'une hâte, celle de tout raconter à leur père adoptif qui devait sûrement les attendre, assis sur son rocher favori.

Mais Scandie était introuvable.