Note de l'auteur

Je sais, je ne devrais pas commencer une nouvelle histoire alors que ma saga en est encore au tome 1, mais je n'ai vraiment pas pu résister. Cette histoire me trotte en tête sans discontinuer depuis deux jours. (J'ai d'autres projets, mais ils m'envahissent moins l'esprit que celui-ci ^^) Contrairement à La coupe du monde de Quidditch, cette histoire ne respecte pas le canon de JKR, ni les personnages originaux. Je n'ai pas autant développé le monde et les théories magiques que dans la saga et je n'ai pas non plus de plan détaillé, même si je sais ce que je veux et où je veux aller.

Il s'agit d'une histoire en un seul bloc (pas de tomes, comme dans la saga) et je pense que vous pouvez en attendre une quarantaine de chapitres (à vue de nez). Je n'ai pas non plus prévu de rythme de publication précis. J'espère que vous vous amuserez, cependant, et que l'histoire vous plaira ! Bonne lecture !

Résumé

Harry Potter ne semble pas être le Survivant. C'est Neville Londubat qui aurait mis un terme définitif à l'existence de Voldemort. Cependant, les idées du mage noir persistent et continuent à pourrir la société magique anglaise. C'est sans compter l'intervention d'une simple Cracmole, Arabella Figg, qui ne supporte plus ce monde hypocrite et perverti.


Introduction

Le 1er novembre 1980

Deux silhouettes se pressaient dans la sombre rue de Wisteria Walk, au milieu de la nuit. Leur allure étrange aurait pu éveiller la méfiance des habitants, mais ces derniers étaient profondément endormis et n'avaient pas la moindre idée des évènements majeurs qui s'étaient produits quelques heures plus tôt.

- M'avez-vous bien compris, Arabella ? Il est impératif que l'enfant soit ignorant du monde magique, au moins jusqu'à ses onze ans.

Arabella Figg, une femme à l'esprit vif et à la quarantaine bien sonnée, se pressait derrière Albus Dumbledore, l'un des plus grands sorciers du monde magique. C'était du moins ce que la plupart des sorciers pensaient de lui. Arabella pensait différemment, tout comme elle était différente. En tant que Cracmole, elle ne pouvait pas utiliser la magie - ou presque pas - et les sorciers la méprisaient pour cela. Albus Dumbledore également, mais il le cachait mieux que la plupart des gens.

- J'ai bien compris, directeur, affirma la femme d'une voix qui suintait l'humilité.

Une humilité feinte, certes, mais nécessaire pour conserver les bonnes grâces du vieil homme avide de pouvoir et de puissance.

Le grand sorcier s'arrêta bientôt devant une maison et se tourna vers elle. Elle planta son regard dans le sien en prenant soin d'ouvrir grand ses yeux de biche. Elle semblait à la fois effrayée et admirative, devant le directeur de Poudlard. Et s'il s'agissait d'une façade, l'homme ne s'en était jamais aperçu. Qui se souciait de l'avis d'une Cracmole, après tout ?

Elle avait appris à contrôler ses regards depuis l'âge de onze ans, quand elle avait compris que c'était pour elle le seul moyen d'apitoyer suffisamment les sorciers afin qu'ils lui donnent un morceau de pain ou une noise. Ses parents eux-mêmes l'avaient jetée dehors comme une malpropre, quand elle n'avait pas reçu de lettre pour Poudlard, à ses onze ans. Personne n'appréciait les Cracmols, ces erreurs de la nature.

Arabella s'efforça de chasser ses pensées parasites et redirigea toute son attention sur le directeur.

- Voilà votre demeure pour les onze prochaines années ! s'exclama le sorcier d'une voix joyeuse.

Elle se tourna vers la maison qu'il désignait de la main. Elle semblait en tout point identique à ses voisines, mais Arabella exagéra sa reconnaissance et son admiration, tout en balbutiant avec art. Elle écarquilla un peu plus les yeux, pour prouver qu'elle était impressionnée.

- Oh ! Monsieur le directeur, c'est… c'est… tellement…

Ses yeux ouverts au léger vent devinrent rapidement humides et elle en profita pour imiter un léger reniflement d'émotion, avant de se tourner vers le sorcier.

- Voyons, Arabella, dit-il d'un ton jovial. Ce n'est rien, je vous en prie. C'est la moindre des choses, pour le travail que je vous demande. Voulez-vous la visiter ?

- Merlin, murmura-t-elle humblement en perdant son regard sur la façade de briques. C'est déjà trop, je ne voudrais pas vous déranger.

- Pensez-donc ! contra Albus en balayant ses objections d'un geste de la main. Je vous demande seulement un instant.

Le sorcier sortit sa baguette et Arabella ne put s'empêcher de lui décocher un regard jaloux. Il jeta un sort mineur de protection sur la maison.

- Voilà, commenta-t-il. Je ne voudrais pas que vous ayez le moindre souci avec vos voisins.

Le sorcier s'avança vers la porte et l'ouvrit sans cérémonie. Elle le suivit. Cela faisait si longtemps qu'elle le suivait, malgré ses ressentiments.

Elle avait vécu huit longues années dans la rue, avant qu'Albus Dumbledore ne croise son chemin. Elle avait entendu tant de bien de lui qu'elle était alors en totale admiration devant lui. Quand il l'avait prise sous son aile, elle s'était donc sentie importante et spéciale. Elle avait cru qu'un si grand sorcier œuvrerait pour rétablir le statut des Cracmols dans le monde magique, pour améliorer leur terrible situation. Elle avait rapidement déchanté.

L'aide que cet homme lui apportait était exactement proportionnelle aux services qu'elle pouvait lui rendre. Elle ne doutait donc pas que le directeur lui reprendrait la maison dans onze années, très exactement. Albus Dumbledore ne désirait rien de plus que de voir le monde sorcier qu'il connaissait se perpétuer pour des siècles et des siècles. Les sorciers puissants devaient rester en haut de l'échelle et les Cracmols tout en bas, derrières les animaux magiques les plus inutiles et à peine devant les Moldus.

Cependant, il fallait bien survivre, en attendant de pouvoir agir et changer le monde. Alors elle le suivait.

- Vous êtes reliée au réseau de Cheminette depuis ce matin, dit Albus quand ils pénétrèrent le grand séjour au rez-de-chaussée.

Arabella joua l'émerveillement à chaque pièce qu'elle découvrait. Le directeur avait fait fort, pour s'assurer de sa loyauté. Un grand séjour, une belle cuisine moldue parfaitement équipée, trois chambres et une grande salle de bain. Si elle comptait le cellier et le garage, elle pouvait affirmer qu'elle n'avait plus habité une si grande maison depuis que ses parents l'avaient chassée de chez eux.

- Mes chats auront enfin toute la place qu'ils méritent ! s'exclama-t-elle d'une voix extatique.

Elle vit clairement le nez du sorcier se plisser. Elle savait que ses animaux, sans la moindre once de magie, la faisaient passer pour une excentrique aux yeux des sorciers. Une fois de plus, le directeur n'y faisait pas exception. Pauvres fous qui ne s'apercevaient pas de leur intelligence et de leur utilité.

- Vous allez pouvoir vous sentir chez vous, commenta Albus en reprenant le contrôle de son visage de grand-père affectueux.

Arabella se retint de grincer des dents quand elle vit le pétillement du regard du directeur redoubler. Elle haïssait cette fausse lueur de joie et de compréhension. Mais elle savait que le seul comportement qu'elle pouvait se permettre était celui de la reconnaissance éperdue : Dumbledore savait très bien qu'elle n'avait plus vécu dans une vraie maison depuis des dizaines d'années.

Le seul endroit qui pouvait ressembler plus ou moins à un foyer était le Chaudron baveur. Elle y avait parfois loué une chambre et payé un repas, quand elle avait les fonds nécessaires. Tom, qui tenait la petite auberge miteuse, était en effet l'un des rares sorciers à ne pas se soucier du statut de ses clients, tant qu'ils payaient.

- Je ne sais comment vous remercier, marmonna-t-elle avec une gêne et une honte feintes, tête baissée.

- Veillez bien sur le jeune Harry, recommanda-t-il. Hagrid doit me l'amener dans quelques instants.

Arabella releva les yeux et les plongea dans ceux du directeur, entièrement ouverte à sa légilimentie. Elle savait que le sorcier possédait ce pouvoir, même si elle avait rarement été victime de l'une de ses intrusions dans son esprit.

- Je vous jure de ne jamais le quitter du regard, directeur, affirma-t-elle, sincère pour la première fois de la soirée.

Albus Dumbledore afficha un air plus que satisfait. Arabella ne mentait pas. Ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle veillerait à ce que le directeur ne fasse pas du dernier héritier de la famille Potter un nouveau pion dans son échiquier.

- Merci de tout cœur, Arabella. J'ai toujours su qu'on pouvait compter sur vous.

Je n'en dirais pas autant, songea la Cracmole en baissant une nouvelle fois les yeux. Elle retint son souffle en sachant que le teint délicat de sa peau rougirait presque immédiatement.

- Ne rougissez pas, Arabella, ajouta le directeur d'une voix joyeuse. Je le pensais sincèrement.

Elle acquiesça timidement, sachant qu'elle venait d'amadouer l'homme en lui faisant croire qu'il la contrôlait entièrement.

- Directeur… Est-ce que… balbutia-t-elle en hésitant. Est-ce que je peux vous poser une question ?

- Je vous en prie, mon enfant, dit-il avec bienveillance.

Arabella se retint une nouvelle fois de grincer des dents. La fausse condescendance de cet homme lui sortait par les yeux. Sans compter qu'elle détestait quand il jouait le rôle du vieux sage plein d'amour pour ses « enfants ».

- Est-ce Harry Potter qui a vaincu v… v… Vous-savez-qui ? demanda-t-elle sans oublier de trembler devant le surnom idiot que les sorciers avaient donné à Voldemort.

Le directeur de Poudlard retira ses lunettes en demi-lune et passa lentement un mouchoir de tissu sur les verres correcteurs. Ils n'en avaient pas besoin, mais Arabella savait que le sorcier mettait ce temps à profit pour mesurer sa réponse. Lui répondrait-il, d'ailleurs ?

Tout ce qu'Arabella savait, c'était que les Londubat et les Potter s'étaient réunis ce soir pour l'un de leurs nombreux dîners entre amis, et que Voldemort en avait profité pour les attaquer. Quand Albus l'avait contactée, il lui avait simplement annoncé que les Potter et les Londubat étaient morts de la main de Voldemort et qu'elle devait se tenir prête pour leur plan.

Plusieurs semaines auparavant, le directeur de Poudlard lui avait fait part de la prophétie qui disait que l'un des deux bébés - Harry Potter ou Neville Londubat - causerait la disparition définitive de Voldemort. Albus Dumbledore avait décidé de laisser les familles Potter et Londubat accessibles aux Mangemorts et en particulier à Voldemort, pour précipiter le résultat de la prophétie. Peu lui importait si la visite du mage noir entraînait la mort des parents, tout ce qu'il voulait était de voir la menace entièrement détruite. Il avait réussi : Voldemort était mort. Les parents des bébés également. Mais cela, Albus Dumbledore l'avait prévu. Il avait planifié de confier la garde d'Harry Potter à sa tante moldue et celle de Neville Londubat à sa grand-mère Augusta, qui était totalement sous son charme et aurait obéi au moindre de ses ordres.

Restait un point que le sorcier n'avait pas prévu : la présence simultanée des enfants lors de la chute de Voldemort. Comment savoir lequel des deux était alors le vainqueur du mage noir ?

- Nul ne le sait, très chère, dit-il enfin. Je pense cependant que Neville Londubat est notre véritable héros ce soir.

Arabella se tortilla les mains et se mordit la lèvre, puis reprit la parole en donnant l'impression qu'elle avait honte de son culot.

- Puis-je vous demander pourquoi ?

- Des deux enfants, répondit Albus, il est le seul à porter une marque de sort. Il est également le seul à avoir fait preuve de magie ce soir. Or, vous savez comme moi que James et Lily Potter attendaient un signe de magie de leur fils depuis trois mois, sans résultat. Nous sommes nombreux à penser que le dernier héritier des Potter est un Cracmol, Arabella. C'est pour lui épargner toute souffrance que je préfère le placer dès aujourd'hui dans une famille moldue.

C'était surtout pour pouvoir un jour contrôler l'immense fortune des Potter, qu'il souhaitait éloigner le bébé du monde magique. Arabella en était consciente. Dumbledore avait toujours fonctionné ainsi. Il aimait qu'on lui soit redevable car il pouvait ensuite mieux contrôler les actes et les pensées de ses pions. Ainsi, quand il ouvrirait le jeune Potter au monde magique, qu'il soit Cracmol ou sorcier, il lui ouvrirait donc un nouveau monde fascinant. Et l'enfant ferait tout ce qu'il demanderait pour intégrer ce monde et s'y faire accepter. Comme elle l'avait fait. Comme elle le faisait.

- Et s'il fait montre de magie entre temps ? demanda Arabella.

- Alors il recevra une lettre de Poudlard à ses onze ans, répondit le directeur. J'aimerais toutefois que vous me préveniez, dans ce cas.

Arabella acquiesça, même si elle n'avait pas l'intention d'obéir à ce dernier ordre.

- N'ayez crainte, Arabella, Pétunia Dursley connaît le monde magique. Elle saura réagir en cas de manifestation magique. Cependant, veillez bien sur Harry : même si Voldemort est mort – Arabella frissonna violemment et délibérément – son mouvement et ses idées sont toujours bien en vie.

Et elles le resteront tant que vous tirez les ficelles du pouvoir, songea la Cracmole avec rancœur.

- Il ne faudrait pas que le jeune Potter tombe entre leurs mains et soutienne ce mouvement.

Qu'est-ce que cela changerait ? Les partisans de Voldemort prônent simplement ouvertement des valeurs que vous maintenez discrètement…

- Cela n'arrivera pas, monsieur le directeur, affirma Arabella. Je peux le jurer sur ma vie.

Je ne laisserai pas le jeune Potter se faire manipuler, comme tous les sorciers du monde magique. Jamais. J'y veillerai.

Cette fois, alors que le directeur s'éloignait dans la nuit noire pour confier le bébé de James et Lily Potter à Pétunia Dursley, Arabella ne le retint pas. Elle avait un nouveau devoir. Elle devait veiller sur Harry Potter, un enfant orphelin qui n'attendait que d'être plongé dans un monde de requins sans pitié. Et elle aimait déjà ce petit être qui, comme elle, n'avait jamais rien fait pour subir le destin cruel qui le frappait.