Synospsis : Un petit mélange de tout, à la fois de mes aventure personnelles sur BG 1 et 2, avec une intrigue (on essaye) originale et originelle. Des petites choses modifiées (il se pourrait que les personnages soient plus de six dans le groupe, temporairement, par exemple), des lieux empruntés ou inventés, ainsi que des adjuvants. L'histoire débute peu après les évènements de BG1, Tales of the Sword Coast, où j'ai choisi la voie du Bien et donc ai tué Sarevok dans l'épisode final.
Baldur's Gate, tel que moi, Raynor, l'aurait vécu.
XXX Baldur's Gate : Bhaalspawn XXX
Seuls résonnaient dans la clairière les lourds ronflements de Raynor Asheron, fier rôdeur de la Côte des Epées, fils maudit de Bhaal le Seigneur du Meurtre, héros renommé jusqu'aux plus profondes terres de Amn, respecté, craint parfois… et aussi plus bruyant qu'un ours durant son sommeil.
Jaheira ne supporta qu'une poignée de minutes cette cacophonie nasale, et ne se fiant qu'à son exaspération grandissante elle se saisit d'une branche proche, probablement tombée d'un arbre durant une tempête violente. « Si tu veux de la musique, tu n'avais qu'à enrôler un barde ! » siffla-t-elle, levant la branche avec toutes les intentions de fracasser le crâne de Raynor.
Tout aussi souplement, la branche lui fut retirée des mains alors qu'elle allait la lancer. Jaheira se retourna, parfaitement consciente de qui était là, et qui l'avait empêchée de mettre un terme au vacarme.
« Khalid ! » cria la druidesse, s'empêtrant un peu dans sa couverture en se retournant. « Rends-moi cette branche ! »
Khalid, fraîchement réveillé par l'exclamation rageuse de sa compagne, secoua la tête d'un air endormi avant de jeter la branche plus loin. Puis le guerrier se rallongea et tenta de se rendormir, sans mot dire, ce qui énerva Jaheira d'autant plus.
« Ne fais pas la sourde oreille encore ! » dit-elle, fumant presque.
« Jaheira, » réussit-il à marmonner, « le soleil ne s'est levé que depuis une demi-heure… et avant même le petit déjeuner tu veux tuer quelqu'un. »
Le demi-elfe avait de moins en moins de problème de locution ; il s'exprimait de plus en plus clairement à voix haute, parfaitement à voix basse, mais se mettait à bégayer de manière incontrôlable quand il était nerveux ou effrayé. Jaheira estimait les progrès de son compagnon, ce qui à ce moment ne l'empêcha pas de vouloir le dépecer vivant.
Jaheira allait d'ailleurs lui en faire part lorsqu'un cri féminin de terreur retentit dans la clairière. Khalid, ne trouvant pas le temps d'enfiler son armure, bondit sur ses pieds en ramassant son épée longue qui traînait par là par miracle.
Aerie, l'elfe, était recroquevillée sous sa couverture et tremblait comme une feuille. Khalid scanna la clairière des yeux, mais non, aucun monstre ne s'y trouvait, et l'elfe n'était pas blessée. Qu'avait donc provoqué ce hurlement ?
« Que se passe-t-il, elfe Aerie ? » parvint la voix suave d'Anomen, et Khalid remarqua en roulant les yeux que le jeune paladin terminait de boucler les ceintures de son armure de plates. S'il doit se pomponner avant chaque combat, nous ne traverserons jamais le territoire, pensa amèrement le guerrier. Il savait que ses pensées étaient pour le moins mesquines, mais il espérait vraiment que Raynor botterait Anomen hors du groupe bientôt ; si cela n'arrivait pas, alors il n'aurait qu'à supporter le chevalier.
« Un… un bruit, » trembla l'elfe. « Un… un immonde grognement… u-une bête sans aucun doute… je suis sûre qu'elle nous observe… dans les buissons… On ne l'entend plus maintenant… »
Khalid jeta un coup d'œil à la forme allongée de Raynor ; le leader était maintenant allongé sur le dos, et était en effet silencieux. L'humain aux cheveux rouges bailla et leva une main pour se frotter l'œil, avant d'ouvrir les deux. Le leader se réveillait.
Aerie et Anomen regardèrent Khalid bizarrement quand le guerrier repose son épée et se rallongea, sa tête confortablement calée contre ses bottes. « Que faites-vous donc ? » demanda Anomen, sourcils froncés. « Ne voyez-vous pas que le danger nous entoure possiblement ? Vous fuyez en vous recouchant ! Allons, debout, vil faquin ! »
Khalid choisit d'ignorer le paladin, et fit comprendre d'un signe de main qu'il n'allait pas se lever pour rien. « Il n'y a pas plus de danger i-ici que de cervelle dans l'Ordre du Cœur Radieux tout entier. »
Il entendit le bruit d'une épée que l'on retire de son étui. « Comment osez-vous ! » grogna Anomen, le ton menaçant. « Insulter ainsi tout un ordre de preux chevaliers ! De serviteurs de la vertu ! De piliers de courage et de noblesse ! Et qu'est-ce qu'un bâtard peut bien y connaître, au courage et à la vertu ? »
Avant que quelqu'un ait pu l'en empêcher, Khalid était sur pieds et marchait vers Anomen. Le chevalier eut le souffle coupé par la surprise ; il avait souvent exprimé son mépris envers les demi races, et ayant à la fois du sang humain et elfe dans les veines Khalid ne supportait pas de se faire traiter de bâtard par ce paladin prétentieux.
La scène aurait pu tourner à la catastrophe si Raynor, désormais totalement réveillé, ne s'était pas mis dans le chemin de Khalid. « Du calme, » lui intima-t-il, retenant son camarade d'armes par les épaules. « Une petite querelle ne vaut pas une effusion de sang, range ton arme. »
Khalid considéra ces mots dans un silence frustré, puis rangea son cimeterre avec des gestes lents. La tension était si pesante dans la clairière que Raynor se sentit obligé de la briser. « Allez, c'est le matin, et j'ai faim. Vous pourrez vous tuer après le petit déjeuner. »
Khalid se détourna d'Anomen et alla se rasseoir à côté de Jaheira, qui le gratifia d'un regard noir.
Raynor s'assit sur un rocher, et bâilla à s'en décrocher la mâchoire sur les feuilles mortes en passant une main dans ses cheveux écarlates en brosse. « Où est Minsc ? » demanda-t-il en remarquant l'absence du rôdeur et de son rongeur.
« Parti chasser, » répondit Jaheira, lissant la couverture de Khalid sur le dos de ce dernier. « C'était un prétexte comme un autre pour échapper à tes abominables ronflements, Raynor. »
« Je ne ronfle pas ! » s'écria le rôdeur.
« Alors ça devait être un ours, » dit Khalid.
Raynor grogna. « Quand on ne peut pas aligner deux mots sans bégayer, on se tait. »
« J-je ne b-b-bégaie pas ! » siffla le demi-elfe. Quand tous les regards se tournèrent vers lui, il soupira. « Bon d'accord, parfois… m-mais ce n'est pas gentil de se moquer des gens qui ont un problème de locution. »
« Et c'est bien de se moquer des ronflements inexistants des gens ? » grogna Raynor. « Bon, qui fait la cuisine ? »
« Je l'ai fait hier, » dit Aerie.
« Et moi avant-hier, » répondit Jaheira, se rallongeant.
« Ce n'est pas la tâche qu'on m'a assignée, » fit Anomen.
« Vous vous plaignez toujours quand je cuisine, » bouda Khalid.
« Et ben moi, je peux pas vraiment cuisiner, et je ne sais pas d'ailleurs, » parvint une voix provenant de la couverture de Raynor.
Le rôdeur aux cheveux écarlates leva un sourcil et jeta un regard à Lilarcor, l'épée parlante, qui trépignait près de la couverture. « Toi, je ne t'ai pas sonnée ! »
« Mais tu poses la question ! » s'offusqua l'arme. « Alors je réponds ! Hey, je sais ! Si on allait tuer une bestiole ! Comme ça on pourrait la manger ! Allez, on va tuer quelque chose ! S'il te plaît ! »
« Toi et ton obsession ! Tuer, tuer, tuer, tu ne sais dire que ça. » Raynor saisit la lame et malgré les protestations de cette dernière, la jeta dans son sac. « J'ai plus que jamais l'impression d'être à la tête du groupe le plus loufoque de Féérune. »
« Des rôdeurs, hein ! » tonna Jaheira. Elle tenait par l'oreille Minsc et Raynor, qui grimaçaient. « Les plus fins traqueurs de la région ! Qui ont soi-disant 'exploré le périmètre', et à cause desquels on a dormi dehors ! »
Raynor allait rétorquer que, étant druide, Jaheira ne devait pas rechigner à être proche de la nature, mais il choisit de se taire pour ne pas aggraver son cas, et mettre en danger son existence. Certes, lui et le géant au hamster devaient vérifier les alentours, la veille au soir… mais cela ne voulait pas dire que leur tâche avait été soigneusement accomplie – et d'autant plus que, la fatigue aidant, Raynor n'avait pensé qu'à dormir.
Et après tout, qui aurait pu prédire que l'auberge de Brasamical se situait juste là, à cent pieds de leur campement ?
« On aurait pu dormir dans un vrai lit ! » rugissait toujours Jaheira, secouant les deux combattants par l'oreille. Minsc était si grand qu'il devait se pencher en avant. « On aurait pu manger un vrai repas ! Prendre un bain ! Mais non, bien sûr, monsieur l'a voulu autrement ! »
Khalid se gratta la tête, interloqué, avant de se rendre compte qu'il grattait son casque. « On peut t-toujours y aller, il est midi de toute m-manière. »
Raynor s'empressa de bondir sur la perche salvatrice si soudainement tendue. « Oui et si tu veux, on y reste tout l'après-midi et on repart demain matin ! D'accord ? » Mieux valait s'attirer l'ennui d'une après-midi que la colère destructrice de Jaheira.
La demi-elfe fixa Raynor, qui ajouta précipitamment : « Avec un bain, promis ! Si… si tout le monde est d'accord, bien entendu. » Le rôdeur leur lança un regard qui signifiait en somme « Dites non et vous êtes morts. »
« Mhm, ça me va, » dit Aerie. « Et il est vrai que nous avons tous besoin d'un bain. »
« C'est toi le chef, Raynor, » acquiesça Khalid, son bouclier en poids sur épaule.
« Je manque à voir l'utilité d'un repos si prolongé, mais nous n'avons pas vraiment le choix, » fit Anomen en haussant les épaules.
Raynor le foudroya du regard et s'empêcha de justesse de dire que, s'il avait son mot à dire, Anomen serait libre de passer autant de temps qu'il le voulait à l'auberge ou ailleurs… mais seul.
Minsc, l'oreille toujours pincée par Jaheira, serra les dents. « Minsc ne comprend pas pourquoi nous devons dormir encore, mais Bouh dit que Raynor est très sage, alors Minsc accepte. »
« Mhmm… allons-y alors. » Jaheira relâcha finalement les deux rôdeurs qui se frittèrent immédiatement l'oreille, endoloris.
« Quelle brute, » grogna Raynor entre ses dents.
« Bouh dit que Raynor a du talent avec les dames, » déclara Minsc, admiratif.
« Avec les dames je sais pas, mais avec celle-là je commence à avoir l'habitude. Mais quand même… pourquoi on a pas vu cette foutue auberge hier soir ? On se serait évité ça. »
Le rôdeur chauve se gratta le crâne. « Minsc ne sait pas, mais Bouh dit que même les meilleurs se trompent, parfois. Il ajoute que mieux vaut tard que jamais. »
« Tu sais Minsc, mon ami… il faudra qu'un jour tu arrêtes de donner à ce hamster tout le mérite qui te revient de droit. »
