Série : Harry Potter

Auteur : Lyrashin, alias la Mort Incarnée

Genre : Sérieux, si, si, je vous jure... Mystérieux... Un peu triste peut- être... Musical... Spoilers Tome V dans les chapitres suivants !!! La fic commence au milieu du Tome IV...

En fait, cette histoire est partie d'une image qui s'est imposée dans ma petite tête lorsque j'assistais au spectacle de Riverdance : Harry, habillé d'un pull vert et d'un pantalon noir (les couleurs des costumes du ballet à ce moment), seul dans une salle de classe, les yeux fermés, entièrement concentré sur la musique d'un vieux violon dont il joue avec passion.

Si quelqu'un est intéressé pour faire un fanart, qu'il n'hésite pas !

J'ai donc imaginé une histoire qui intègrerait cette vision... Et, au jugé du résultat : ma conclusion est donc qu'il faut absolument que j'aille plus souvent voir des représentations de danse comme celle-là parce que j'ai finalement abouti à un scénario totalement inédit !

Disclaimer : Sainte JK Rowling, pardonnez nos offenses en vous piquant vos personnages, comme nous pardonnons votre stupidité d'avoir tué Sirius...

Les sanglots longs des violons...
(P. Verlaine)

Prologue

La porte de la salle déserte s'entrouvrit, laissant passer un visage légèrement inquiet : il avait déjà la plupart des élèves de l'école sur le dos, alors, autant éviter de faire perdre des points à sa propre Maison... Sortir après le couvre-feu n'était pas la meilleure idée qu'il ait eue... Mais il n'arrivait pas à dormir avec tous ces évènements : d'abord son nom qui apparaissait dans la Coupe de Feu, et puis Ron qui ne le croyait pas...

Soupirant, le garçon pénétra dans la pièce : ici, au moins, on ne viendrait pas le déranger, et il avait emporté sa carte des Maraudeurs avec lui au cas où... Ses pas soulevaient une importante quantité de poussière, laissant sur place l'empreinte de ses chaussures sur le dallage sale... Visiblement les elfes de Maison n'avaient pas fait le ménage dans cette classe depuis quelques années... Mais Poudlard était une si grande institution : il était bien normal qu'il se trouve des locaux inoccupés ou des endroits désaffectés !

Les yeux émeraude observèrent tout autour de lui, examinant le mobilier avec attention. C'était bien ce qu'il pensait : les chaises, tout comme les tables, étaient en bois vermoulu, à moitié dévorées par les termites... Le tableau noir arborait encore quelques symboles écrits à l'aide d'une craie blanche posée sur le rebord du bureau, usée jusqu'aux trois quarts... Le jeune homme n'y connaissait pas grand-chose, mais il lui semblait déjà avoir aperçu des signes identiques, ou presque... Des notes de musique sur une portée... En clef de Sol si sa mémoire était bonne et si son enseignante de primaire ne s'était pas trompée...

Les murs montraient de veilles affiches, moldues et sorcières, de célèbres musiciens dont il n'avait jamais entendu parler jusqu'à ce jour... Les portraits sorciers étaient quasiment immobiles, aussi détériorés que le reste de la pièce les rares occasions où l'un d'entre eux remuait se cantonnaient à un bâillement sonore ou à un étirement des bras... Rien de bien intéressant...

Le Gryffondor s'approcha d'une vieille armoire vitrée aux nombreux carreaux brisés, déposant son sac sur le bureau du professeur... Il y avait encore quelques instruments à l'intérieur, ainsi que des feuilles de papier... Des cahiers de solfège ! Lorsqu'il était enfant, il aurait tout donné pour en avoir un comme les autres élèves de son quartier, mais les Dursley avaient prétendu qu'il s'agissait d'une dépense inutile dont la famille pouvait se passer... Pourtant Dudley avait eu le sien... Tout ce que Harry avait appris sur le sujet, c'était des informations grappillées tantôt à l'un, tantôt à l'autre de ses voisins peu enclins à l'aider de peur de se faire bousculer par la bande d'amis de son cousin... Autrement dit, il ne savait pratiquement rien des gammes, des arpèges, des croches ou des noires...

L'élève regarda à nouveau les différents instruments de musique exposés dans la vitrine, fasciné par leur diversité de forme et d'utilisation... Il savait bien sûr à quoi ressemblait un piano (Mrs Figg en avait installé un dans son salon autrefois), ou une flûte, ou même une trompette, mais jamais il n'avait pu admirer d'aussi près la finesse de la décoration d'une harpe, ni l'aspect rutilant d'un saxophone lorsqu'on l'époussetait délicatement... Il existait tant de merveilles dans cette salle : des flûtes de pan, des clavecins, des tambours, des clairons, des contrebasses, ainsi qu'une ancienne batterie aux cymbales ternes rangée dans une coin...

Le Survivant remarqua alors le reflet d'une petite tache de lumière venant de tout au fond du côté gauche de l'armoire. Avec précaution, il se saisit l'instrument et l'extirpa du vieux meuble, se cognant le front contre la porte au passage. Un violon. Un modeste violon, muni d'un archet d'environ soixante-dix centimètres... La caisse était faite d'érable, non laqué, et au niveau du chevalet, quatre fines cordes se tenaient prêtes, tendues à qui voudrait jouer avec elles... Un vieux violon dont personne ne se servait plus... Le garçon effleura du bout du doigt l'écriture argentée gravée, dans le bois même, osant à peine la toucher de peur de l'effacer. Ce n'était qu'un nom, un simple petit nom, mais il faisait de ce violon le plus précieux de tous les objets de la pièce aux yeux du jeune homme...

Lili Evans... Harry serra l'instrument contre son cœur en se demandant vaguement si ce n'était pas un rêve... Sa mère avait fait partie des étudiants en musique du Collège... Il balaya la classe du regard : elle s'était peut-être assise ici, à cette table ? A moins que ce ne soit celle- là ?! Il se trouvait sans doute à l'endroit même où elle devait se placer pour ranger soigneusement son violon à l'abri...

Le Gryffondor hésita : devait-il laisser reposer ce trésor là où il l'avait découvert ? Il avait un peu l'impression de piller une église... Un lieu où il pourrait revenir pour y honorer la mémoire de la musicienne... Avait-il le droit d'emporter ce qui n'était pas à lui ? Mais, d'un autre côté, le violon appartenait à sa mère... Il semblait logique qu'il en hérite... Oui, mais dans quel but ?! Il ne savait pas jouer et personne ne lui apprendrait... De toute façon, il ne voulait pas que qui que ce soit découvre cet objet...

_ Prends-le.

Le garçon releva vivement la tête, cherchant des yeux celui qui lui avait adressé la parole. Un portrait lui fit un petit signe de la main pour attirer son attention...

_ Prends-le. C'est la raison d'exister de tout instrument que d'avoir quelqu'un pour en jouer. Si tu le laisses ici, il finira par être oublié, et il disparaîtra, comme le font tous les items musicaux magiques...

Harry se sentit un peu honteux :

_ Je... Je ne sais pas m'en servir...

La peinture haussa les épaules et s'écarta pour lui montrer son propre instrument : un gigantesque orgue qui remplissait toute une cathédrale.

_ Tu crois que quelqu'un m'a appris, à moi ? La musique est quelque chose d'inné que tu dois dévoiler pas à pas...

Le jeune homme regarda à nouveau le violon... Serait-il capable de trouver cette étrange sagesse dont lui parlait le musicien ? Il n'en était pas totalement certain...

_ J'ai... J'ai l'impression de...D'être un voleur... Je ne sais pas si je réussirai à en jouer un jour... Alors si je l'emmène et que j'échoue...

Le portrait sourit : c'était un doute qu'avaient partagé de nombreux artistes avant lui. Le fait que le garçon soit incertain était révélateur de ses capacités : on ne devenait un bon musicien que si l'on respectait son outil de travail... Dans le cas contraire, c'était l'échec assuré... Et il pouvait presque voir la fascination qu'exerçait le violon sur l'enfant...

_ Commence par le tenir correctement : il faut caler la base de ton instrument contre ton cou, au niveau de ta clavicule... Mais non ! Pas de ce côté-là ! Dans l'autre sens...

Harry essaya maladroitement de mettre en application les conseils du tableau, coinçant la caisse entre son épaule gauche et sa gorge, l'archet dans sa main droite. Le maestro le fixa bizarrement... Il n'appréciait pas vraiment qu'on l'observe de cette manière, comme s'il était un phénomène scientifique du plus grand intérêt...

_ Qu'est ce qu'il y a ?

La peinture eut la grâce de paraître gênée... Visiblement, il ne s'était pas rendu compte qu'il le regardait comme une bête de foire...

_ Oh ! Ce n'est rien... Ta position est seulement l'inverse de celle de tous les violonistes classiques...

_ Hein ?

_ Tu tiens ton violon à l'envers : l'archet se tient normalement avec la main gauche !

Le Survivant haussa un sourcil en signe d'incompréhension : qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il ne tienne pas son violon dans le sens courant ? Il se sentait bien comme ça... Ce n'était pas grave !

Avec délicatesse, il releva la longue baguette et la posa sur les cordes de l'instrument en pinçant la troisième entre deux doigts. Un son doux, aussi léger qu'une plume s'éleva dans le silence de la pièce, réveillant les autres portraits sorciers qui le dévisagèrent sans bruit. Le jeune homme sentit quelque chose se briser en lui, comme une fissure dans un barrage, libérant un flot de sensations inconnues : il avait envie de faire courir son archet sur son violon jusqu'à ce qu'il n'ait plus la force de tenir debout il voulait extraire tous ses sentiments de son cœur, tous sans exception, pour les jouer... Chacune d'entre elles avait un rythme spécial, des accords particuliers, il le savait... Il souhaitait déverser toute son âme dans une musique endiablée que l'on écouterait, que l'on comprendrait...

_ Fais attention à toi, Petit. Ces choses-là sont dangereuses parfois.

Harry observa le tableau de la vieille femme à l'allure sévère qui venait de lui parler... Elle n'avait pas l'air très rassurée... Peut-être s'inquiétait-elle pour le violon ?

_ Je promets que j'apprendrais à me servir de mon violon ! Je réussirai à lui rendre un maître aussi passionné que celui qu'il avait avant moi !

Il ne savait pas pourquoi il avait déclaré ça, les paroles avaient paru s'échapper de ses lèvres sans qu'il y ait seulement songé... Mais, maintenant qu'il y pensait, c'était tout à fait ce qu'il ressentait... Cet instrument avait appartenu à sa mère, le moins qu'il puisse faire était d'apprendre à en jouer... De cette façon, il n'agirait pas comme un voleur... Et, pour être totalement honnête, il en avait vraiment envie !

Avec de multiples précautions, il cacha son violon dans son sac : il ne fallait pas l'abîmer, mais il ne voulait pas qu'on le découvre non plus... Puis, après avoir remercié le premier portrait, il jeta un rapide coup d'œil à la carte des Maraudeurs avant de quitter la salle abandonnée.

Une antique peinture représentant un jeune musicien du dix-septième siècle soupira en le voyant partir : il savait très bien ce que risquait le garçon aux grands yeux verts pleins d'innocence et de candeur. Toutes les toiles magiques, ici, le savaient... La vieille femme qui avait averti l'étudiant de faire attention se tourna vers l'homme à l'orgue, le visage furieux :

_ Tu es fier de toi, Sébastien ?! Tu sais pourtant ce qui arrive aux novices dans son genre !

Le tableau eut un sourire énigmatique qui eut pour effet d'exaspérer encore davantage la sorcière ridée : comment ce petit imbécile avait-il pu oser braver l'interdit imposé par le professeur Dumbledore ?!

_ Je te parle, Jean-Sébastien ! Tu es conscient que tu viens d'envoyer ce gamin à la mort ? Qu'il ne résistera pas à l'appel sans personne pour le guider ?!

_ Tu as tord Mathilde. Ce gosse a vraiment quelque chose de spécial : je pense sincèrement qu'il peut survivre...

La vieille dame se renfrogna... Elle n'aimait pas lorsque son confrère était si sûr de lui... Lentement, elle se détourna de lui en murmurant un bref commentaire:

_ Espérons que tu ais raison, cette fois !

L'organiste ne répondit pas, trop occupé à regarder par la fenêtre aux vitres si sales qu'elles en étaient devenues gris pâle... Là-bas, vers la forêt interdite dont les lumières qui valsaient et tourbillonnaient au travers des arbres à la lourde ramure alors qu'elles n'avaient pas repris leur danse surnaturelle depuis près de dix-sept ans... Depuis que la salle de Musique avait été fermée...

A Suivre...

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Notes explicatives :

Mathilde Schoenberg, née Zemlinsky, fut une célèbre compositrice du XIX° siècle qui dirigea des orchestres à Berlin avec son époux. Elle cessa sa carrière à la naissance de ses fils, mais elle continua néanmoins à aider son mari dans l'ombre jusqu'à sa mort.

Pour ce qui est de Jean-Sébastien... Franchement, vous en connaissez beaucoup vous des Jean-Sébastien connus dans le monde entier pour ses compositions allemandes baroques et son talent d'organiste du XVII° siècle ?!

Le prochain chapitre est dédié au premier reviewer qui me dira son nom !

Sinon, qu'est-ce que vous en pensez ? Je sais que c'est un peu différent de ce que j'ai l'habitude d'écrire, mais je vous assure que cette fic est la première du genre, du moins du côté français du Web !

Oh, il faut que je précise : comme je n'ai jamais joué de violon de ma vie, j'espère que les mélomanes me pardonneront si je commets des erreurs... Je fais de mon mieux et je me documente toujours sur le sujet, mais je ne suis pas à l'abri d'une bêtise... Donc, pardon d'avance !!!

Merci à Dod pour sa correction !

Une petite review pour m'encourager, SVP ?