Chapitre 1 : Croissant de lune
"Here them all singing -"
Ma tête battait la mesure de droite à gauche, les écouteurs sur les oreilles, le stylo en main, parcourant à toute vitesse le papier.
- Bella ! Ca fait une heure que je t'appelle !
Je levais la tête et rencontrais les yeux noisettes d'un quadragénaire, les poings sur les hanches, les cheveux grisonnants. Je coupai le son de mon engin et enlevai les écouteurs tout en m'excusant :
- Désolée papa, je ne t'ai pas entendu...
Il secoua la tête et regarda le stylo que je tenais toujours à la main, dans les starting-blocks.
- Même le dimanche, tu ne peux pas t'empêcher d'écrire...
Je fis la moue. Il savait pertinemment que je ne faisais absolument pas mes devoirs.
- Pas ma faute. Ca pullule là-dedans, dis-je en pointant ma tempe du doigt.
- Il faut que tu apprennes à maîtriser ce flux d'imagination, ma fille, bien que je serais très fier si un jour le fruit de cette imagination débordante est publié !
- Tu vois, tu râles mais tu es secrètement content que cette imagination soit en pleine forme ! dis-je en riant.
Il sourit et j'allais remettre mes écouteurs lorsqu'il continua, soudain beaucoup moins joyeux.
- Heu, Bella ?
- Hum ?
- Tu te souviens des Cullen ? me demanda-t-il inocemment.
Je plissais les yeux, essayant de fouiller dans mes souvenirs.
- La dernière fois que je les ai rencontrés, je devais être à l'hôpital, si je ne me trompe pas, répondis-je.
Il sourit une nouvelle fois, pas le moins du monde surpris.
- Je me souviens de mes nombreuses visites à l'hôpital et d'avoir eu Mr. Cullen en tant que médecin... Pourquoi ?
- C'est un assez bon ami à moi depuis peu et il organise une réception pour marier son fils, dit-il.
Je craignais le pire. Les mots "ami" et "réception" dans la même phrase ne laissaient présager qu'une chose...
- Et nous sommes invités.
Et voilà...
- Mais enfin papa, je ne les connais pas personnellement... Je cotoie leurs enfants au lycée, mais je ne leur ai jamais parlé, je ne sais même pas si j'ai vu toute la famille... Tu es sûr que ma venue est nécessaire ?
- Je dirais même indispensable. Carlisle m'a bien chargé de t'inviter pour qu'ils te voient en pleine forme et en bon état pour une fois !
Mon père haussa les sourcils, en attente d'une réponse de ma part. Je savais que la partie était déjà perdue. La vie pouvait se révéler très injuste par moments...
- Je suppose que je ne peux pas bénéficier d'une dérogation cette fois ? demandai-je avec des yeux que je voulais suppliants.
Charlie secoua négativement la tête, un sourire triomphant au coin de la bouche. Je soupirai.
- C'est quand cette réception ?
- La semaine prochaine.
Je fis un arrêt sur image et le regardai avec des yeux ronds.
- Dimanche prochain ? T'es au courant que je serai sensée réviser en vue d'un test de maths lundi prochain ? Oh papa, je pourrai pas plutôt rester à la maison ?
- Bien essayé ma fille, mais telle que je te connais, s'il y avait un quelconque test de prévu, tu plancherais déjà dessus plutôt que d'écrire tes fictions.
Zut. Pourquoi mon père me connaissait-il si bien ? Quelle piètre actrice je faisais...
- Et si j'avais inventé une sortie à Seattle avec Mike ?
- Ca aurait été encore plus incroyable ! répondit-il.
- Pourquoi ? C'est mon copain et il lui arrive de m'emmener quelque part pour qu'on passe un peu de temps ensemble ! protestai-je.
Pas de doute, le regard que me lança Charlie était le regard d'un père qui n'apprécie pas que sa fille sorte avec un garçon.
- Alors, comment tu te sens ?
Jasper toisa son reflet. Il rectifia le noeud de sa cravate et se tourna à demi.
- Comme un pantin, répondit-il en souriant à son frère aux cheveux cuivrés.
- Allons, si tu raisonnes comme ça, alors tous les hommes fiancés sont des pantins, répliqua-t-il gentiment.
Jasper se regarda de nouveau dans le miroir. Il plissa le nez.
- Edward ?
- Hum ?
- Je ne peux pas y aller en jean et chemise ?
Edward rit doucement. Il tapota l'épaule de son frère d'un air compatissant.
- Pour un mariage, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Surtout si c'est toi le futur marié.
- Je suis sûr qu'Alice ne serait pas gênée si on se marie en jean, protesta Jasper.
- Pense à tous les humains qui auront leurs yeux rivés sur toi !
Jasper lança un regard meurtrier à Edward.
- Tu sais que t'es très doué niveau remontage de moral ? dit-il avec un sourire narquois. Je rirai autant lorsque tu seras à ma place...
- Désolé vieux, je ne pense pas que ça arrive un jour.
- Aucune n'a pour l'instant trouvé grâce à tes yeux, j'avais oublié... dit Jasper en jouant le mélodramatique.
Jasper lança un dernier coup d'oeil à son reflet et, avec une grimace, s'enferma dans la cabine d'essayage pour revêtir en quatrième vitesse son habituel jean et son tee-shirt.
La vendeuse s'avança vers Edward et lui demanda :
- Est-il satisfait ?
- Il a l'air même s'il ne le montre pas... répondit-il nonchalament.
- C'est ça, continue de parler de moi comme si je n'étais pas là ! protesta Jasper en sortant.
La vendeuse sourit, et reporta son attention sur Edward. Elle venait visiblement de se remaquiller en douce avant de l'aborder, et elle avait réarangé son chignon.
- Au fait, je m'appelle Tracy... dit-elle en tendant la main.
Jasper s'empara du bras d'Edward en s'excusant auprès de la pauvre vendeuse.
- Ah désolé, mon frère ne s'intéresse pas beaucoup au sexe opposé, comprenez-le, il est tellement beau ! D'ailleurs ça fait des lustres que j'essaye de lui présenter des filles, mais à chaque fois il n'est pas satisfait, alors que voulez-vous ? C'est dommage, un si beau garçon... Mais c'est la vie. Et puis je pense qu'il est un peu trop jeune pour vous. Bon je vais peut-être vous le prendre finalement ce déguisement, débita Jasper d'une traite ou presque.
La vendeuse resta plantée, choquée. Elle rougit violemment.
- Costume, finit-elle par articuler en évitant le regard de pitié d'Edward.
- Pardon ? demanda Jasper.
- Vous allez acheter ce costume, rectifia professionnellement la vendeuse.
Edward acquiesça.
Lorsqu'ils sortirent, Jasper soupira de nouveau en contemplant l'étiquette comportant le prix du costume.
- Si je n'étais pas tombé fou amoureux d'Alice, crois-moi si je te dis que je me serais épargné tout ça...
- Finalement je ne suis pas tant à plaindre que ça ?
- Bah, le souci c'est que tu les rends toutes folles, mais qu'aucune n'a la faculté de te rendre fou. C'est assez problèmatique...
- Le mariage appartient à une autre culture selon moi. Et je ne veux pas sortir avec une fille pour rien, j'attends de tomber sur celle qui m'est destinée, sinon à quoi ça sert de faire des efforts ? expliqua Edward.
- Tu finiras moine. Et encore, je crois que tu rendrais les soeurs dingues !
- Moine ? C'est toujours mieux que de finir pantin !
Edward bondit juste à temps pour éviter un coup de sac.
Voilà ce qui m'est venu à l'esprit hier aux alentours de minuit, une bonne heure pour le développement de l'imagination... Hate de savoir ce que vous en pensez, sachant que je ne sais absolument pas quoi faire comme trame avec ça comme premier chapitre... J'avais imaginé que les Cullen n'étaient pas encore vampires, mais je ne pense pas que ce soit marrant... A voir.