Disclaimers : Haikyuu ne m'appartient pas.

Hellou, voici une fic que je publie avant les deux chapitres de L'étincelle des porte-bonheurs. Il s'agit de la fic la plus personnelle que j'ai écrite vu qu'elle parle de mes propres ressentis concernant le syndrome d'Asperger et les troubles de bipolarité type 2 dont je suis sujette. Ce n'est pas pour autant une fic dramatique, juste un cri du coeur. Pour illustrer le propos, j'ai pris Kageyama pour le SA et Bokuto pour la bipolarité. Bonne lecture :)

Partie 1 : Tobio Kageyama :

Tobio Kageyama avait eu son diagnostic à quatre ans, peu avant de rentrer à la maternelle, à la demande de ses parents. Il ne s'agissait que d'une vérification de routine pour voir si leur enfant allait bien mentalement parlant mais lorsque le psychologue leur avait dit qu'il avait le syndrome d'Asperger, une dérivation de l'autisme, sa mère avait longtemps hésité avant de le mettre à l'école, ressentant une grande culpabilité.

Elle avait passé énormément de temps à lui expliquer que sa vision des choses serait sensiblement différente de celle des autres, qu'il risquerait d'aimer des choses excessivement plus que d'autres en point d'en faire une passion obsessionnelle, que le moindre changement lui ferait très peur et que certaines choses lui seraient difficiles d'accès, notamment ce que tout le monde appelait les codes sociaux. "Si jamais tu as quelque chose que tu ne comprends pas au sujet de ce que dit ou fait quelqu'un, n'hésite pas à m'en parler pour que je te l'explique."

Bien sûr, Tobio n'avait pas compris ce qu'elle voulait dire. Tout le monde appelait un chat, un chat, non?

Il y avait aussi une chose que sa mère lui avait dit et qui fut pour l'enfant qu'il était une énigme : "On dit que les personnes atteints d'Asperger sont insensibles aux émotions, qu'ils ne ressentent rien. C'est faux, Tobio. S'il y en a pour qui c'est le cas, pour les autres, c'est tout le contraire. Nous ressentons trop. Au point que nous ne pouvons pas l'exprimer, au point que nous les enfermons au fond de nous." Sa mère avait pleuré ensuite. "Pardon, Tobio."

C'était à ce moment-là que Tobio comprit qu'elle était aussi Asperger.

En grandissant, le noiraud avait trouvé une passion qui avait littéralement envahi sa vie : le volley. Cela avait commencé à sept ans, quand il était entré à l'école Akiyama et depuis, cela ne l'avait plus quitté. Il pensait à ce sport continuellement, en décryptait son fonctionnement pour se perfectionner au point de maitriser la balle avec aisance et rien que le fait d'en parler le rendait heureux.

C'était d'ailleurs son principal, pour ne pas dire son seul sujet de conversation.

Malheureusement, les autres enfants s'étaient éloignés de lui à cause de ça, le trouvant bizarre, différent. Tobio entendait les murmures derrière lui. Des fois des remarques, tantôt des méchancetés.

Il ne comprenait pas.

Je ne leur ai rien fait alors pourquoi ils m'en veulent? Ce n'est pas logique et pourquoi ils ne me le disent pas directement? Je ne vais rien leur faire, on dirait que je suis un monstre pour eux.

Tobio avait alors demandé à sa mère d'une manière perplexe : "Pourquoi les autres me traitent comme si j'étais un monstre, maman? Est-ce parce que je suis un Aspie?

- Les gens détestent toujours ce qu'ils pensent ne pas être normal, répondit tristement sa mère, mais même si tu as le syndrome d'Asperger, cela ne te définit pas, Tobio. Tu es toi avant tout. Ne l'oublie jamais."

Tobio gardait ces mots gravés dans sa mémoire. Il avait donc passé ses années écolières seul, avec sa passion pour seule compagne. Puis, quand il était arrivé à Kitagawa Daiichi, il s'était mis à faire des recherches pour mieux comprendre le Syndrome d'Asperger, de mieux se connaitre lui-même car, même si cela ne le définissait pas, c'était quand même une partie de lui.

Ainsi, il comprit que niveau communication, cela serait extrêmement difficile pour lui et que, curieusement, contrairement à certains Aspergers, il avait un contact visuel et non fuyant. Il avait donc abandonné l'idée d'avoir des amis, même s'il avait caressé l'espoir qu'il trouverait des personnes qui aimeraient autant le volley que lui au club mais la plupart des garçons présents ne semblaient pas être autant passionnés et il se sentait encore isolé...Parce qu'il jouait trop bien.

Encore une chose qu'il n'avait pas compris.

Ils peuvent bien jouer eux aussi s'ils mettaient plus de coeur à l'ouvrage, avait-il pensé, c'est à la portée de tout le monde.

Et cela le frustrait. De plus en plus.

Quand l'entraineur lui avait dit qu'il serait passeur, Tobio avait eu l'impression que c'était le plus beau jour de sa vie. C'était son poste préféré, celui qui coordonnait les attaques près du filet.

Il avait donc vu en Oikawa-san, le passeur titulaire de Kitagawa Daiichi aussi bien que son capitaine, le parfait modèle pour se perfectionner davantage. Malheureusement, lui aussi l'avait rejeté...Parce qu'il jouait trop bien.

Il avait même essayé de le frapper et il n'avait pas compris pourquoi.

Oikawa-san était, selon ses critères, un très bon joueur. Tout le monde disait qu'il était un bon passeur, même lui le pensait alors pourquoi lui en voulait-il? Il se souvint qu'à ce moment-là, il avait ressenti toute sa rage et sa frustration de plein fouet, comme une douleur acérée qui lui avait empoigné le coeur.

L'empathie.

C'était de ça que sa mère lui avait parlé.

C'était aussi pour cette raison qu'il évitait de se faire toucher mais quand une émotion était trop forte, il ressentait quand même.

En tous cas, même si Iwaizumi-san avait calmé le jeu en disant à Oikawa-san qu'une équipe, c'était avant tout six joueurs.

Tobio se demandait constamment pourquoi lui avait-il dit une chose aussi...logique?

Puis ses senpais étaient partis et il était devenu titulaire, ce qui avait été pour lui une expérience particulièrement frustrante.

Tout d'abord, Kindaichi n'arrivait pas à rattraper ses passes, il ne sautait pas assez haut et peu importe le nombre de fois qu'il le disait, il ne comprenait pas.

C'est simple ce que je dis, non? Alors pourquoi il n'écoute pas?

Puis ce fut autour de Kunimi qui ne faisait pas non plus ce qu'il disait.

A croire que lui aussi n'a pas envie de jouer sérieusement. Je suis le seul à aimer le volley ou quoi?

Puis vinrent ce surnom railleur lors des conversations entendues malgré lui dans le vestiaire.

"Franchement, j'en ai marre d'obéir aux ordres de sa Majesté. Tout ça parce qu'il est le meilleur, il faut qu'il se la raconte."

C'est parce que je joue plus sérieusement que vous qui prenez tout à la rigolade. Franchement, ce n'est pas si compliqué.

"Que veux-tu? Kageyama-sama s'est autoproclamé Roi du Terrain depuis qu'Oikawa-senpai est parti."

Roi? Je n'en ai pas la prétention. Il y a plus fort que moi, Oikawa-san en est la preuve.

C'est lui que je dois surpasser.

Ses dents se serrèrent.

Pourquoi? Pourquoi ne jouez-vous pas avec autant d'ardeur que moi? Vous aimez le volley, oui ou non? Je...

Tobio donna un coup de poing rageur dans la porte du casier à vestiaires.

Je ne comprends pas.

La première fois qu'il rencontra Hinata, Tobio s'était énervé contre ses cadets qui rabaissaient l'équipe adverse. Un de ses principes fut la notion d'égalité, aussi bien dans la vie que dans le volley même si, pour lui, les deux étaient presqu'indissociables et cela avait énervé de voir ces gamins de ne pas le respecter.

La première fois qu'il vit Hinata donc, Tobio y voyait un joueur chétif qui jouait probablement au volley pour s'amuser mais bon, il jouerait sérieusement comme il avait toujours fait...

Sauf que Hinata l'avait défié, en lui disant qu'il resterait plus longtemps sur le terrain.

Il avait ressenti la même rage de vaincre, le même désir de gagner à tout prix, la même détermination dans ses yeux de braise.

Quelqu'un qui était comme lui, non, quelqu'un qui disait être mieux que lui...

...Cela l'avait blessé dans son amour-propre, il s'était senti piqué à vif car il sentait au fond de lui que cela pouvait être possible.

Pour la première fois, il s'était senti menacé face à ce gamin haut comme trois pommes.

Cela l'avait encore plus motivé à disputer ce match qui n'en était pas réellement un tant l'équipe de Kitagawa Daiichi prenait de l'avance...Mais Kindaichi avait encore du mal à rattraper ses passes, cela l'énervait davantage et ensuite...

...Ce petit capitaine avait réussi à attaquer à partir d'une passe ratée.

Tobio avait été témoin de ses réflexes et de sa rapidité.

Cela le subjuguait autant que cela le frustrait.

Il a tout pour être un ace. Non, pas un ace, un feinteur plutôt...Tout ce potentiel...Putain, pourquoi le gâche-t-il?

"Qu'est-ce que tu as foutu durant ces trois dernières années?"

Tobio n'avait pas compris le regard vide qu'avait Hinata ce moment-là. De toute façon, le match était terminé et il ne le reverrait probablement plus...Sauf que le petit l'avait rattrapé lui criant les larmes aux yeux que la prochaine fois, il le vaincrait.

Au fond, il ne l'avait pas pris au sérieux, les pensées déjà focalisées sur le match suivant.

Le match de sa débâcle.

L'équipe l'avait abandonné, le coach l'avait envoyé sur le banc.

Un nouveau changement, des certitudes brisées, un coeur brisé.

C'était comme si le coach lui avait dit :"Tu ne mérites plus de jouer au volley."

Il n'avait servi à rien. Son équipe avait perdu de justesse par sa faute à lui.

Le Roi.

Je ne suis pas le Roi! Arrêtez de m'appeler comme ça. C'est pour l'équipe que...

Personne ne le comprendrait de toute façon et rien que d'entendre ce suenom le mettait en colère.

Parce que ce surnom symbolisait le fait qu'il était incompris.

Tobio voulait simplement faire les choses parfaitement. C'était pour cette raison qu'il avait passé sa primaire à étudier de manière très approfondie le volley pour mieux le mettre en pratique. Ce qu'il trouvait bien, il l'assimilait, ce qu'il trouvait nul, il le refutait.

C'était logique, non?

Le soir de sa défaite, il avait tout expliqué à sa mère qui comprit sa douleur. La plupart des Aspies développaient un talent pour la chose qu'ils aimaient, résultat d'un travail qu'ils avaient développés à partie de la théorie la plupart du temps pour perfectionner la pratique ensuite.

C'était ce que Tobio avait fait pour le volley. Le problème venait qu'il avait sa propre vision de la perfection et que cela ne correspondait pas nécessairement à tout le monde.

Ce n'était pas nécessairement une manière d'imposer les choses mais juste une volonté de trop bien faire et cela, peu de gens le comprenait, ce qui était normal. Lire entre les lignes était souvent difficile pour tout un chacun et des fois l'empathie peut être trompeuse là-dessus.

De toute façon, une personne ayant le Syndrome d'Asperger était une personne ayant le syndrome d'Asperger, chacun pouvait le ressentir et le percevoir différemment.

Elle lui expliqua ceci bien qu'elle savait qu'il faudrait probablement qu'il expérimente le concept pour qu'il comprenne.

Les années lycées arrivèrent et Tobio choisit d'aller à Karasuno après avoir échoué à l'examen d'entrée de Shiratorizawa qu'il avait trouvé bien difficile. Il avait été tenté d'aller à Aoba Jousai mais vu que les anciens de Kitagawa Daiichi étaient là-bas et comme sa réputation l'avait amèrement précédé, le noiraud avait décidé d'aller au lycée où se trouvait l'entraineur Ukai, le seul après Washijou qu'il jugeait interessant pour s'améliorer davantage.

Hinata était là aussi. Il ne se souvenait plus de son nom à l'époque et s'était mis à le surnommer "volleyeur du dimanche".

Et il s'était mis à le défier. Et à cause de lui, le capitaine les avaient viré du club.

Tobio avait eu la trouille de sa vie lorsque Sawamura lui avait dit qu'il ne serait plus passeur, si ce gamin et lui perdait ce match que tous deux avaient proposé.

Puis l'affaire s'était réglée de manière plus ou moins conflictuelle et le passeur avait découvert au fil des temps ce que voulait dire être dans une véritable équipe et d'avoir des amis.

Sugawara-san et Ennoshita-san lui avait ouvert les yeux sur le fait d'essayer de comprendre et de s'adapter aux autres, lui qui était resté coincé dans son unique point de vue.

Il s'évertuait aussi à faire en sorte que Hinata exploite pleinement son potentiel, notamment en tant que feinteur, l'encourageant dès qu'il faiblissait dans sa volonté, le grondant dès qu'il commettait la moindre erreur, tel un professeur trop exigeant.

Tobio s'était mis malgré lui l'admirer puis un nouveau sentiment avait fleuri dans son coeur.

Un sentiment qui lui faisait paraitre un Hinata plein d'affection ou bien cela venait de lui.

En amour, sa mère lui avait dit que les personnes atteintes d'Asperger en avaient des fois une vision idéalisée, idyllique et puis le roux l'accepterait-il? Pour la première fois, Tobio se souciait de ce que tout le monde pensait comme un handicap.

Seul Sugawara-san était au courant et il avait été soulagé qu'il eut quand même accepté sans le moindre jugement mais Hinata...?

Tobio eut peur.

Shouyou trouvait Kageyama étrange ces derniers temps. Il semblait de plus en plus stressé et plus enclin à la colère aussi, comme si quelque chose le tourmentait. Le roux s'était attaché au numéro 9 plus que de raison, cela l'inquiétait de le voir ainsi.

Le numéro 10 prit donc la décision de lui parler après l'entrainement, une fois que tout le monde serait parti du local. Shouyou refusa donc la proposition de Sawamura pour les brioches à la viande au grand étonnement de tout le monde et amena Kageyama à part.

"Qu'est-ce qu'ils ont?,se demanda un Tanaka curieux, c'est bizarre de les voir partir comme ça.

- Et si on les espionnait?, s'enquit malicieusement Nishinoya, il y a anguille sous roche."

Tous deux les suivirent en compagnie de Tsukishima et Yamaguchi avant que Sugawara ne puisse dire quelque chose. "Suivons-les, soupira Daichi.

Shouyou s'assit à coté de Tobio sur la pente menant à la rive après avoir posé son vélo à coté de lui. Il fut étonné que le numéro 9 fut si coopératif. De plus, il était bien calme ce soir. "Qu'est-ce qui ne va pas, Kageyama?, lui demanda-t-il, tu peux tout me dire, tu sais?"

Le noiraud regarda un moment les prunelles ambres pleine d'inquiétude avant de répondre. Cela n'allait pas être facile, il avait cette sensation que cela se bloquait dans sa gorge. Pourtant, la main rassurante de Shouyou sur son épaule l'apaisait un peu. "Il y a quelque chose que tu ne sais pas sur moi, il y eut une courte pause, je...J'ai le syndrome d'Asperger, c'est une forme d'autisme et c'est génétique. Beaucoup disent que c'est un handicap mais moi, je ne considère pas ça comme ça et..." Il se tut en fixant la rivière qui coulait au loin.

"En quoi ça consiste au juste?"

Tobio fut soulagé d'entendre cette question. Hinata ne le rejetait pas, il souhaitait le connaitre et le comprendre.

Au fur et à mesure que Shouyou entendit les explications du noiraud, il commençait à comprendre sa façon de voir les choses, surtout concernant le volley. Malgré tout, il considérait Tobio tel qu'il était, peu importe ce qu'il avait. " Tu es incroyable, Tobio. Tu te donnes sans relâche au volley et tu fais tout pour que j'y arrive à mon tour et puis, il lui prit la main, Tobio est Tobio et c'est tout ce qui compte pour moi."

Le numéro 9 lui donna un baiser impulsivement, suivi d'un "Je t'aime" tout aussi direct. Il ne savait pas comment l'exprimer autrement et ses sentiments étaient tellement forts, cela débordait tellement que cela en était effrayant. Shouyou le rassura en lui offrant un petit sourire. "Moi aussi, Tobio. Nous avancerons ensemble, hein?"

Tobio hocha la tête en souriant et tous deux admirèrent le ciel étoilé, main dans la main.

Le reste de l'équipe resta bien silencieuse en observant le couple. "Le mieux que nous puissions faire, murmura Sugawara pour ne pas qu'ils les entendent, est de les soutenir."

Tous hochèrent la tête, même Tsukishima. En écoutant Kageyama et Hinata, ils avaient reçu une leçon de vie sur l'acceptation de soi et de l'autre.