Et une de plus! Une! Bonne lecture!
Le soleil se levait à peine sur le Terrier et pourtant, toute la maison était en effervescence. Toute la maison ou presque…
Car au dernier étage, sous les combles, là où le bruit des goules ne pouvait être étouffé par le va et vient des pas, un jeune homme de 17 ans tentait de se laisser espérer qu'il avait encore quelques minutes de répit devant lui. Oui mais voilà, à peine avait-il passé la tête sous son oreiller que la porte de sa chambre s'ouvrit dans un fracas. Il grogna, par habitude, sachant pertinemment qu'il n'aurait pas le dernier mot face au monstre d'énergie que déployait Molly Weasley.
- Ronald, tu veux nous mettre en retard !
- Nan 'man…
- Et bien heureusement que tu me le dis parce que ce n'est pas flagrant !
Ron soupira et enfonça un peu plus sa tête dans l'oreiller dodu. Mais malgré ça, il arrivait encore à voir la silhouette de sa mère. Elle était là, debout les mains sur les hanches, fixant le capharnaüm de la chambre du cadet de ses fils.
Alors, totalement démuni, il ne put que sentir la couverture quitter son corps pour le laisser en caleçon sur son lit. Plus rapidement qu'il aurait cru pouvoir le faire, il se redressa alors et posa rapidement son oreiller sur ses cuisses tout en grognant :
- 'man !
- J'en ai vu d'autre Ronald… Dis-moi, tu as bien fais ta valise n'est-ce pas ?
- Mais oui ! Je ne suis plus un gamin tu sais !
- Alors pourquoi reste-t-il encore autant de chose sur le parquet de ta chambre ?
Le jeune homme posa ses yeux sur l'amas de vêtements que sa mère fixait et répondit d'une voix dénuée d'entrain :
- C'est ce que je dois faire rentrer dans ma valise… Mais elle est faite tu vois ! Se pressa-t-il de rajouter.
- En effet… Pour ton information, Ginny a déjà fait la sienne et est déjà prête à prendre le portoloin… Je compte sur toi pour ne pas trop nous faire attendre.
Une nouvelle fois, la porte de sa chambre claqua tandis que Molly quittait les lieux, laissant derrière elle un grand dadet d'un mètre quatre-vingt grimaçant en essayant d'imiter sa mère.
A peine eut-elle fermé la porte que l'oreiller que Ron tenait toujours sur ses cuisses fit un vol plané jusqu'au mur opposé.
Oui mais voilà, une nouvelle fois la porte s'ouvrit et le moins que l'on pouvait dire, c'est que la personne qui y apparue n'était pas des plus souhaitée.
- Ron tu…
La jeune fille s'arrêta soudainement, semblant seulement se rendre compte de l'état non habillé de son meilleur ami. Elle aurait sans doute remarqué que Ron lui-même était bien plus rouge qu'elle si encore elle n'avait pas subitement mis la main sur le côté de sa tête pour éviter de croiser le regard du jeune homme.
Dans un bond, le Gryffondor qui était encore endormi quelques minutes auparavant, se leva et enfila un pantalon à la hâte, tentant de reprendre un semblant de naturel.
- 'Mione. Déjà arrivée ?
- On est censé partir dans une demie heure Ron… le portoloin ne nous attendra pas ! Je suis montée voir si tu avais besoin d'aide pour ta valise… Ta mère vient de nous dire que tu ne l'avais pas encore faite.
- C'est faux je…
- … je vois…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un « failamalle » venait de sortir de la baguette de Hermione et rassembler ses affaires dans sa valise.
- J'aurais pu le faire…
- Sans doute…
La jeune fille souffla sur les quelques mèches qui venaient taquiner son front et d'un geste vif, rangea sa baguette dans sa poche. Enfin, et pour la première fois depuis son arrivée, elle osa tourner son regard vers Ron.
Un regard qui ne dégageait plus cette même chaleur qu'auparavant. A vrai dire, on n'y distinguait même plus ce grain de malice qui était sien quelques mois avant. La guerre était à son apogée et commençait à laisser ses empreintes.
- Tu crois qu'il va venir ?
Ron leva sa tête des chaussures qu'il était en train de lacer pour la baisser presque aussitôt. La vérité était qu'il n'en savait fichtrement rien. Il aurait voulu pouvoir affirmer haut et fort que oui Harry allait faire cette dernière année en leur compagnie mais malheureusement, il n'avait pas les dons de Trelawney.
- Je ne sais pas Hermione.
Il sentit le matelas s'affaisser à côté de lui et n'eut pas besoin de lever la tête pour savoir qu'elle venait de s'y asseoir.
- Ca ne sera plus jamais comme avant hein ?
Ron resta figé un moment. Il n'avait jamais été bien doué pour ce genre de conversation. A bien y réfléchir, il n'avait jamais été bien doué avec les conversations tout court… lorsque son interlocutrice était Hermione.
- Bah… c'est toi qui disais que chaque instant était unique non ?
- Oui… Tu as peut-être raison.
Une nouvelle fois, Ron se figea… venait-elle de dire qu'il était probable qu'il ait dit un truc de censé pour une fois ? Il secoua machinalement la tête. C'était tout bonnement impossible.
D'un geste vif, il fixa le dernier nœud de son lacet et se redressa en posant son regard sur la silhouette de Hermione. Le regard dans le vide et le vague à l'âme, elle représentait le portrait typique d'une personne que la guerre affectait. A vrai dire, la guerre affectait tout le monde… Mais Hermione n'était pas tout le monde. Non, Hermione était la plus courageuse sorcière qui lui avait été donné de rencontrer. Alors sans surprise, il la vit le fixer à son tour et sourire distraitement.
Il se força à en faire de même et d'un geste mal assuré, porta son bras autour des épaules de la jeune fille et l'invita à se lever dans un :
- Aller viens on va être en retard… Maintenant que le Poudlard Express est mis à la retraite, on va devoir supporter un voyage en portoloin.
- C'est surtout dû au fait que c'est un moyen bien plus sûr qu'un rassemblement de sorciers dans une gare moldue. Enfin si on en oublie la quatrième année et le voyage de Harry dans un certain cimetière.
- Tu es sûr ? Je jurerais avoir entendu dire que les locomotives se rebellaient contre leur patron pour cause qu'elles voulaient leur premier septembre…
Hermione esquissa un sourire tandis que Ron la laissait passer devant lui et traînait sa valise d'un geste nonchalant.
Ce premier jour de septembre fut celui où Ron réalisa soudainement, qu'avoir une conversation avec Hermione sans la mettre en colère, n'était pas plus compliqué que de se lever un matin sous les cris de sa mère.
