Vernis n°657 - Trafalgar

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Voilà. Nom original je l'espère pour une petite mise en bouche d'une fiction que risque de ne pas s'arrêter là. Peut-être plusieurs volets, je ne sais pas, à vous de me dire si vous en voulez plus ou non !

Petite information : le vernis n°657-Trafalgar existe vraiment, il vient de chez Dior.

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Disclaimer : Inclinez-vous devant la maîtresse suprême JKRowling. Maintenant.

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Le casino Le Majestic était bondé ce soir-là. Peut-être était-ce la petite soirée privée de chez Bulgari qui avait attiré encore plus de monde dans l'hôtel particulier situé au coeur de Monaco, mais en tout cas les invités venaient de plus en plus nombreux franchir les grandes portes. Tous étaient galamment habillés, secouant leur tête pour attirer l'attention sur leurs boucles d'oreilles ou hélant un serveur pour faire remarquer leur montre qu'ils avaient payés à un prix exorbitant. Ils avaient sortis pour l'occasion leurs robes de soirées et leurs costumes, qu'ils n'avaient jamais mis auparavant, mais lorsqu'on leur faisait un compliment, ils disaient d'une voix qui se voulait traînante : "Oh, très chère, j'avoue que j'avais été surprise par cette invitation... J'ai enfilé une robe qui se trouvait dans mon dressing, mais j'avoue que j'aurais pu faire un petit effort...". Tous portaient des bijoux les plus somptueux, affichant plusieurs marques à la fois, pour montrer que, eux aussi, ils étaient chics. Secrètement, ils espéraient que les paparazzis de passage les prennent pour des stars, et au cas-où ils seraient en première page d'un magazine people, essayer de tisser des liens avec des personnalités plus ou moins connues. Surtout que la soirée était masquée, il fallait mettre les bouchées doubles.

En réalité, derrière cette belle façade, tous se jugeaient et se jaugeaient. Il suffisait de mettre plusieurs invités galants dans une même pièce, un photographe, deux ou trois bouteilles d'alcool, et des rivaux/rivales, pour reproduire ce qu'il se passait tout les jours dans la savane. Pire que des lions en cage, ceux-là. Il fallait remarquer et être remarquée. On embrassait en souriant des personnes qu'on détestait ou inconnue, juste pour faire bonne impression. On annonçait que l'on allait se repoudrer le nez devant les hommes pour faire semblant d'être une dame, et l'on lançait des "Nous parlerons d'affaires plus tard, mon cher" en présence féminine pour passer pour un homme sur-booké et très demandé. On sortait les smartphones pour les plus jeunes, prenait des selfies pour les publier sur Internet, voulant crier au monde entier que, nous aussi, on pouvait s'amuser.

Amusée par ce petit manège artificiel, Hermione observait la scène depuis le balcon de la salle, ses mains délicatement posées sur la rambarde en marbre blanc. D'un coup d'oeil, elle vérifia son vernis à ongles. D'un rouge sang pétant, éclatant, il ajoutait une petite touche de couleur à sa robe en dentelle transparente noire. Seule une dentelle plus épaisse, formant un Y, dissimulait plusieurs parties stratégiques. Parée d'une rivière de diamants, et tout juste accessoirisée d'une petite pochette en argent, elle était absolument magnifique, jusqu'au bout des ongles. Désirable en étant détachée.

Elle jouait avec son masque vénitien, de velours noir, aux fils dorés, et aux longues plumes d'un sombre qui se mariait très bien avec la couleur de ses cheveux détachés. Elle faisait tourner dans sa main la tige qui maintenait son masque d'un air rêveur, ailleurs, bien qu'elle soit pleinement présente.

Son maquillage était simple, sans excès. Et contrairement à ce que l'on pouvait imaginer, elle n'avait pas des yeux de biches comme la plupart des demoiselles qui se trouvaient ici. Ils étaient froids, calculateurs, observateurs, en perpétuel mouvement. De là où elle était, elle notait les moindres détails mentalement, faisant le tri entre ce qui était utile ou non, décriptant tout sur son passage. Ses yeux ne restaient jamais en place. Ils survolaient la salle remplie de nobles représentants, comme si elle était indifférente à ces petites fourmis. Elle passait de cet homme d'affaire au ventre proéminent qui promenait sa main aux doigts tout boudinés dans bas du dos d'une jeune femme svelte, qui ne serait pas là si ce n'était pas pour l'argent; ou sur cette femme d'une quarantaine d'année qui lançait un regard furibond à son mari qui draguait ouvertement une jeune serveuse; ou encore cette jeune fille d'une vingtaine d'année qui discutait, un grand sourire aux lèvres, avec ce comédien, riant à gorge déployée et posant une main impudique sur son bras.

Elle repéra bien vite la personne qu'elle cherchait.

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres pulpeuses, et d'un pas léger, elle descendit les escaliers. Plusieurs jeunes hommes lui proposèrent une danse, qu'elle refusa avec politesse et d'une voix distante, comme blasée par toute l'attention qu'on lui portait. D'abord sa mission, l'appétit après. Cela dit, elle ne dirait pas non à un petit dessert, pensa-t-elle, un rictus gourmand sur ses lèvres. Elle traversa la salle, soutenue par des piliers en marbre gigantesques. D'un pas lent, elle passa à côté des couples, qui s'écartèrent d'elle avec respect. Les hommes hochaient la tête à son passage, comme une sorte d'hommage. Les femmes, quand à elles, étaient furieuses de voir leurs cavaliers dévier leurs attentions d'elles, ou bien étaient tout simplement bouche bée et admiratives, et fair play.

Elle se rapprocha du bar, sa cible toujours bien en vue. C'était un jeune homme qui se voulait élégant, qui frisait la trentaine, accoudé au comptoir, son buste au trois quart tourné vers l'activité de la piste de danse. Il portait, à l'instar des autres gentlemen, un costard blanc cassé, qui jurait avec le noir de son noeud de papillon et de la rose rouge à sa boutonnière. Son masque, retenu par un ruban de soie rouge, pendait à son cou. Ses cheveux, d'un noir d'ébène, étaient plaqués en arrière, et l'utilisation abusive de gel les rendaient brillants. Il n'était ni beau, ni moche, tout simplement banal, d'une beauté simple. Enfin, quand même, se dit Hermione pour elle-même, fallait la chercher, la beauté, là-dedans. Si les critères d'entrées était selon le physique, il serait recalé à peine au moment où il passerait les grilles du casino. Mais bon, à part l'argent, pour quoi d'autre serait-il là ?

Avec splendeur et décontraction, la jeune femme s'installa sur la chaise haute du bar, à côté de l'homme. Elle posa sa pochette et son masque avec désinvolture sur le comptoir, lui aussi en marbre, mais d'un vert sombre, cette fois-ci, et mis ses ongles bien en évidence. Le rouge Trafalgar se détachait nettement du revêtement, et Hermione se félicita sur la pose parfaite du vernis.

L'homme remarqua sa présence, et décrocha son attention des danseurs, pour le porter vers la jeune fille. Il promena son regard sur son corps, sans gêne. On pouvait cependant voir une petite étincelle de désir devant une femme aussi somptueuse s'allumer dans ses prunelles. Hermione s'efforçait de ne pas sourire. Elle faisait toujours cet effet-là.

- Je peux vous offir un verre ? demanda l'homme

Hermione tourna sa tête vers lui, faisant voler un moment ses boucles caramel, et fit semblant de ne pas l'avoir vu dès le départ. Elle eut un petit sourire, et répondit simplement :

- Donnez-moi ce qui vous fera plaisir.

Le brun, satisfait, héla le barman, et commanda un vodka martini, au shaker et pas à la cuillère. Hermione sourit intérieurement. Ah, ces moldus. A force de regarder des James Bond, ils demandaient maintenant que cela, pour faire croire que l'alcool, c'était chic, alors que c'était la cause de tous les problèmes, en vérité.

- Et pour le monsieur ici présent, ce sera un whisky Macallan.

Le trentenaire eut une ébauche de sourire, quelque peu étonné qu'une femme se connaisse aussi bien en alcool. Ce whisky là était juste délicieux, il le savait bien et elle aussi. La jeune tigresse se donna un bon point mentalement. A présent, elle avait les bonnes grâces de l'homme. Elle savait qu'il ne dirait pas non, c'était son péché mignon. Elle s'était bien entendue renseignée sur lui avant de venir à la petite fête. Alors que le barman déposait les verres devant eux, Hermione engagea la conversation.

- Nous n'avons pas été présentés, Monsieur ... ?

- Knowlton. Laurence Knowlton. Et vous êtes... ?

- Appelez-moi simplement Rose Noire, dit-elle en sirotant son verre.

Laurence leva un sourcil étonné. Et c'est parti pour une autre explication qui n'en finirait pas.

- Je suis banquière, répondit-elle à une question informulée. Mais voyez-vous, si nous sommes ici pour cette soirée déguisée, jouons pleinement le jeu, et donnons-nous de fausses identités.

Et pour couper court à toutes autres questions, elle lui envoya un sourire éclatant. Ils continuèrent à discuter, de tout, de rien. L'homme la dévorait du regard, admirant ce fruit interdit qu'il ne pourrait certainement jamais goûter. Elle s'efforçait de rire à ses allusions pas très fines, mais affichait cependant un masque impassible, détaché, blasé. Comme si elle voulait bien lui faire comprendre qu'il devait être honoré de sa présence. Hermione se réconforta sur un point. Elle serait bien payée à la fin de cette mission. Dieu, qu'elle n'en pouvait plus. Elle pensait avec délice à ce petit voyage à Venise qu'elle s'offrirait une fois que tout sera terminé.

Elle jeta un coup d'oeil à l'horloge Rolex accrochée au mur, derrière le comptoir. Minuit et quart tout pile. Elle se leva en soupirant, et se congédia, s'excusant de partir aussi vite.

- Laissez-moi vous raccompagner chez vous, demanda Laurence.

- Je ne crois pas, bien que votre offre soit alléchante. Voyez-vous, je suis venue en voiture personnelle.

- Laissez-moi alors vous accompagner jusqu'à ce que vous soyez installée, supplia presque le trentenaire.

Il s'accrochait à elle, étant donné que c'était presque la seule personne qui lui avait parlé de la soirée. Hermione accepta, et sourit encore plus intérieurement. Cela se déroulait exactement selon ses plans.

Elle se dirigea vers le vestiaire, et présenta un ticket jaune à la jeune serveuse derrière. Laurence continuait de lui parler, comme s'il voulait lui démontrer que l'histoire de sa vie vallait la peine d'être entendue et écoutée. Au bout de quelques instants, la jeune femme revint avec un manteau de fourrure blanc. Fourrure synthétique, je tiens à préciser. Hermione répugnait avoir de la peau d'animal sur le dos. Laurence, un peu impressionné, l'aida à l'enfiler.

Elle farfouilla quelques instants dans sa pochette en argent, puis sortit des clés de voitures, qu'elle tendit au voiturier. Ils sortirent sur le perron, où une fine couche de neige venait recouvrir les marches, ignorant superbement les caméras avides de presses à scandales et les flashs surpuissants des photographes qui crépitaient dans la nuit étoilée.

Soudain, un magnifique coupé de sport s'arrêta devant eux. Laurence siffla, encore plus impressionné. C'était une magnifique Maserati Chicane aux courbes futuristes, d'un gris acier somptueux. Le voiturier sortit, un léger sourire aux lèvres. Il est vrai que ce n'était pas tous les jours qu'on conduisait un tel bolide. Même la presse, agglutinée aux grilles du casino, cessèrent un moment de se disputer pour avoir la meilleure place et admirèrent avec envie la voiture de sport.

Hermione se tourna, et vit avec satisfaction que Laurence était toujours aussi stupéfait.

- Vous voulez faire un petit tour ?

Laurence se secoua un peu, et lui répondit qu'il adorerait, d'une voix qui se voulait détachée, mais elle voyait bien cette petite étincelle, ce rêve de gosse qu'elle avait allumée dès lors que le coupé avait engagé le virage autour de la fontaine en plein milieu.

A peine montés, qu'Hermione appuya sur l'accélérateur, et ils démarrèrent au quart de tour. Laurence était excité comme jamais. Il observait avec admiration le travail remarquable des sièges, le panneau de bord lumineux.. Hermione se retint de soupirer. Pour obtenir tout ce que l'on voulait d'un homme, il fallait une belle voiture de sport, une déesse, et de l'alcool. Jusqu'ici, Hermione avait rempli tous les bons points.

- Je suppose que c'est moi qui vous dépose chez vous, ricana Hermione.

Laurence lui indiqua une adresse, peut-être un peu honteux de l'endroit où il vivait, maintenant qu'il voyait bien qu'Hermione était faite de luxure.

Alors qu'elle s'arrêta en douceur devant l'appartement du jeune homme, il y eut un petit moment gêné. Pitié qu'il ne m'invite pas à boire un verre chez lui, pria Hermione intérieurement.

- Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Rose Noire, salua simplement l'homme.

Il ouvrit la portière, et s'arrêta un moment, indécis. Hermione le héla, et Laurence se baissa pour apercevoir le visage de son interlocutrice. On pouvait lire sur son visage un certain espoir, et peut-être un chouia de crainte de ce qui se passerai ensuite. Un petit pop retentit dans la nuit, et l'homme s'écroula sur le trottoir, avant que la Maserati s'éloigne en trombe. Hermione souffla la fumée qui s'échappait de son Walter PPK, et le rangea dans sa pochette, une main toujours sur le volant.

Elle sourit. Au moins une bonne chose de faite. A elle le pognon, maintenant. Regardant rêveusement les lumières des lampadaires qui coulaient le long de la carrosserie, elle ne put s'empêcher de penser que, décidément, son métier était le meilleur du monde.

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Hermione avait lâché sa robe de soirée. Celle-ci choyait sur un fauteuil, ainsi que ses escarpins. Elle avait revêtue une tenue beaucoup plus décontractée, c'est-à-dire un microshort et un débardeur tout simple. Ses cheveux étaient revenus en un chignon lâche. Clope à la bouche, elle était à demie allongée sur le lit de la chambre d'hôtel de luxe mise à sa disposition, et tapota sur son ordi posé à côté d'elle. Sa jambe était repliée et soutenait son bras nonchalant, qui faisait les allers-retours avec sa bouche, deux doigts autour d'une Morland Special, fabriquée avec une certaine espèce de tabac macédonien, mais cependant en taux allégé de goudron. Elle répugnait cela, à vrai dire. Fumer du bitume, quelle idée.

Soudain, le bruit d'une notification parvint à ses oreilles, et Hermione cliqua sur l'application, où un petit signet orange flottait par dessus l'icône. C'était un message de son employeur. Il la félicitait de sa mission accomplie, bla bla bla, puis en vint aux faits.

Anaconda lui avait trouvé un nouveau client, qui l'employait non pour un mais plusieurs meurtres. En lisant son nom, son sang ne fit qu'un tour, et elle demeura ainsi, stupéfaite, pendant quelques minutes. Elle ne sortit de sa torpeur que lorsqu'on vint frapper à sa porte, signe que le room service venait lui apporter son dîner (ouais, parce qu'elle avait beau boire à la fête, elle avait méga faim).

Saisissant son plateau, elle n'en revenait toujours pas.

Son client n'était autre que Drago Malefoy.

ET VOILA ! Fin de ce prologue..

J'espère que vous avez cliqué sur le lien parce que le nom était original, et j'espère en tout cas que cela vous a plu et que vous n'êtes pas déçu !

Bon, que va-t-il se passer ensuite ? Pourquoi Drago l'a-t-elle employée ? Et que fais réellement Hermione ? (Même si je me doute que vous avez déjà une idée...)

Reviews !

P.L.P