Me voilà lancée dans une nouvelle aventure sur l'univers de Captain Tsubasa, tous droits réservés à Yoichi Takahashi. Cette fois, l'histoire est sans aucune prétention mais j'espère qu'elle vous plaira. Ayant terminé de la rédiger entièrement, je peux vous promettre un rythme de publication régulier (enfin!) d'un chapitre par semaine. N'hésitez pas à me donner vos avis ! Bonne lecture à tous !
Chapitre 1
L'annonce
« Lorelei, viens voir ! » l'appela Chiaki.
Lorelei se faufila à travers la foule entassée devant le panneau d'affichage. Quand elle rattrapa son amie, cette dernière tapota une affiche.
« L'équipe de football recherche deux jeunes filles pour remplir la fonction de manager, lut Lorelei à voix haute. Tu as l'intention d'y participer ?
— Je pensais plutôt à toi, répondit Chiaki. Mais ça pourrait aussi m'intéresser… Si tu es ma partenaire !
— Oh la, non merci, refusa Lorelei. Hors de question de me soumettre à l'esclavagisme des footballeurs ! »
Ceci étant dit, elle fit chemin arrière, très vite suivie par son amie, laquelle soupira profondément.
« Tu ne vois que les mauvais côtés des choses, lui reprocha-t-elle. En plus, être manager n'a rien à voir avec l'esclavage. Regarde, on en a bien, nous !
— On est des basketteuses, rappela Lorelei.
— Et alors ? rétorqua Chiaki. Qu'on soit basketteuse ou autre, ça ne change pas au fait qu'on a nous aussi des managers et que ça fonctionne plutôt bien. En quoi sont-elles nos esclaves ?
— Nous, on est des filles et nos managers le sont aussi…
— Tu oublies Akihira Danno. C'est un garçon, lui.
— Et vois ce que cela donne : au lieu d'être utile à nos partenaires. Ce sont elles qui se mettent à son service ! Et toi aussi, d'ailleurs…
— Oui, bon, coupa Chiaki, embarrassée. Mais ça ne veut pas dire que les managers sont des esclaves au joug des joueuses…
— Parce qu'on est des filles ! rappela Lorelei. Maintenant, prends donc exemple sur les basketteurs et vois ce que cela donne… »
Chiaki poussa un autre profond soupir sans contredire l'argument de son amie. Sur ce point, elle n'avait pas tord. L'équipe de basket masculine profitait largement des deux managers qui leur étaient assignées. Ces dernières ne se plaignaient cependant pas de leur sort. Au contraire, elles semblaient très ravies de s'occuper de leurs joueurs préférés. Chiaki appuya donc son argumentation sur ce point. Elle n'obtint pour tout résultat qu'un sourire amusé mais exaspéré de sa partenaire.
« Lorelei, salut !
— Salut vous deux !
— Toujours fourrées ensemble !
— Salut tout le monde ! » répondit joyeusement Chiaki.
Elles posèrent leurs affaires sur leur table respective et rejoignirent leurs amis. Lorelei entama tout de suite la conversation avec Dosan Fuyutsuqu qui faisait partie de l'équipe masculine de basketball et avec lequel elle était allée voir deux matchs professionnels l'année précédente.
Quelques minutes plus tard, le professeur d'Histoire entrait et les élèves retournèrent à leur place. Lorelei sortit un gros dictionnaire sur sa table qu'elle utilisait à chaque fois qu'elle hésitait sur l'écriture d'un kanji. Venue d'Allemagne il y avait de ça près d'un an, elle n'était pas encore familière avec tous les caractères japonais, ce qui était préjudiciable pour ses résultats scolaires en cas d'erreurs.
Lorelei était le fruit d'un mariage entre un japonais et une allemande. Elle avait d'ailleurs hérité du prénom de sa grand-mère maternel et du nom de famille de son père. De son père, elle apprit un japonais oral et, de fait, était obligée de faire des heures supplémentaires pour apprendre les kanjis.
L'Allemagne lui manquait. Même si elle s'était fait de bons amis au Japon, elle espérait un jour retourner dans son pays natal. Ses anciens amis, ses endroits préférés, ses activités extrascolaires, son ancienne maison, son voisin, sa famille maternelle… Tout ça lui manquait terriblement. Cependant, elle n'avait pas eu le choix quand son père avait été muté au Japon et était venue avec sa famille habiter ce pays lointain qui l'avait autrefois fait rêver. Et si elle aurait préféré de loin être restée en Allemagne, la vie au Japon ne lui déplaisait pas.
- oOo -
À la fin de la matinée, Chiaki, quelques amis de classe et Lorelei se rendirent au réfectoire pour déjeuner où on ne manqua pas d'évoquer la nouvelle affiche qui commençait à faire grand bruit. Bien que peu populaire au Japon, l'équipe de football de la Toho attirait toutes les convoitises. Tout le lycée supportait en chœur leur équipe et beaucoup se rendaient quotidiennement aux matchs de football que la Toho disputait. Bien évidemment, les rencontres les plus attendues étaient toujours celles opposant la Toho à Nankatsu. Les deux grandes rivales ! Lorelei participait à l'enjouement général avec plaisir. À Hambourg, d'où elle venait, le football était un sport très populaire et elle avait connu plusieurs joueurs du club junior de la ville.
Takeshi, qui jouait à la Toho en temps que milieu de terrain, demanda aux filles présentes si elles étaient intéressées par le poste de manager. Chiaki en profita pour titiller son amie.
« Lorelei ne veut pas qu'on appose notre candidature, affirma-t-elle. Elle dit que c'est de l'esclavagisme !
— Ce n'est pas tout à fait exact, intervint celle-ci alors que Takeshi s'indignait d'un "Quoi ?". J'ai dit que je ne voulais pas y participer. Ce qui ne t'empêche pas, Chiaki, de le faire.
— Hors de question de le faire sans toi, déclara Chiaki d'un ton catégorique.
— Et pourquoi donc ? l'interrogea Dosan.
— Parce qu'avec Lorelei en temps que manager, aucun garçon n'osera profiter de nous ! répondit Chiaki.
— Qu'entends-tu par là ? demanda Takeshi en fronçant les sourcils.
— Que les managers que vous allez engager seront traitées comme des esclaves, expliqua Lorelei.
— N'importe quoi ! s'offusqua Takeshi.
— Regarde donc l'équipe de basket masculine et ce qu'ils font faire à leur manager !
— Et alors ?
— Et alors, Dosan, c'est de l'esclavage. »
Et comme toute la table, hormis le joueur concerné, était d'accord sur ce point, un grand éclat de rire suivi ce bout de conversation. Puis, Takeshi reprit :
« Sérieusement, les filles, ce n'est pas comme ça qu'on considère le rôle de manager.
— Est-ce que les managers seront supposés vous apporter les serviettes pendant votre entraînement ? demanda Lorelei.
— Ça pourrait être sympa, oui, affirma le footballeur.
— Et l'eau pour vous désaltérer ? enchaîna Chiaki en se prenant tout de suite au jeu.
— Ça permettrait qu'on ne perde pas trop de temps…
— Devront-elles ranger le matériel, comme les ballons utilisés, et tout, pendant et après l'entraînement ? l'interrogea Ine Kano, une fille de leur classe qui faisait partie du club de photo du lycée.
— Je pense que ça fait partie de leur fonction, acquiesça Takeshi.
— Est-ce que vos managers font toutes ça ? demanda finalement Lorelei à Dosan.
— Oui, répondit ce dernier. Et c'est très utile, il ne faut pas croire !
— Conclusion : elles seront vos esclaves, acheva l'Allemande.
— N'importe quoi ! s'énerva Takeshi. Une manager doit tout faire pour aider l'équipe. Pendant l'entraînement, elle doit aider à arbitrer les matchs ou à aider les joueurs dans leurs échauffements. Mais c'est dans les matchs qu'elles sont capitales…
— Oui, oui, le coupa Lorelei. Ça, on connaît bien, c'est ce que font les nôtres. »
Elle lui lança un clin d'œil mais Takeshi, vexé, détourna le regard et planta sa fourchette si fort dans son poisson qu'elle dérapa sur l'assiette en émettant un bruit strident. Grimaçant, les autres décidèrent d'arrêter de taquiner leur ami.
« Pour tout te dire, reprit Lorelei. Si je ne participe pas, c'est pour deux raisons : je ne me vois pas du tout dans ce rôle et puis je fais partie de l'équipe de basketball. Même si nos entraînements ne sont pas tout le temps au même moment, je n'ai pas envie de me disperser dans deux activités sportives. Surtout que je détesterai être inactive.
— Ce n'est pas être inactif que d'être manager, rétorqua Ine. Je trouve qu'au contraire, elles ont beaucoup à faire. Surtout quand elles managent une équipe masculine…
— Oh ça va, on a compris le message ! grommela Dosan que la plaisanterie visait particulièrement.
— Je crois comprendre ce que veut dire Lorelei, affirma Chiaki. Même si elles ont beaucoup de travail, c'est dur de s'imaginer rester sur la touche et seulement observer alors qu'on pourrait être sur le terrain à jouer…
— Au football ? termina Takeshi sur un ton moqueur. Les filles ne jouent pas au football.
— Ça, c'est un cliché, rétorqua Lorelei. Il y a des équipes féminines de football et des championnats. En Europe, en tout cas…
— Ouais, ben, j'imagine bien le niveau ! railla le footballeur.
— Moi, je dis que tu n'en sais rien du tout, répliqua Chiaki. Ça pourrait même te surprendre…
— J'attends alors de voir ça ! » affirma ce dernier en se redressant avec orgueil.
Dosan, Chiaki et Lorelei se jetèrent un bref regard avant d'éclater de rire. Ine suivit le mouvement, bien qu'elle ne fût pas très certaine de savoir ce qui était aussi drôle, au fond. Takeshi se contenta de sourire.
- oOo -
Le soir, Dosan, Chiaki, Takeshi et Lorelei se rendirent au complexe sportif. Là, ils se séparèrent et, tandis que Takeshi se dirigeait vers les vestiaires des footballeurs, les trois autres se rendirent au gymnase. Avant cela, ils aperçurent les candidates au poste de manager et remarquèrent également qu'il y avait pas mal de garçons. Les trois basketteurs imaginèrent en rigolant la tête des footballeurs si leurs managers n'étaient pas des filles. Arrivés au gymnase, Dosan quitta les filles pour rejoindre son équipe dans le vestiaire des garçons tandis que les deux amies retrouvaient leurs partenaires dans le leur.
En entrant dans la pièce, Lorelei chercha du regard Kaede Inema, leur capitaine, sans la trouver. Les deux basketteuses avaient beaucoup de mal à s'apprécier. L'année précédente, Lorelei avait du se battre pour la forcer à l'intégrer dans l'équipe. Kaede ne supportait pas l'idée que Lorelei puisse être meilleure qu'elle. Pour elle, se faire battre par une Ganjin[1] était la pire des humiliations. Il lui fallut longtemps pour accepter le fait qu'elles deux jouaient dans la même équipe et que, de ce fait, elles allaient devoir collaborer ensemble. Et bien que Lorelei s'en défendît, elle n'avait pas non plus fait beaucoup d'effort pour arranger la situation. Il faut dire qu'elle avait très mal supporté sa situation de Ganjin, la mettant inévitablement en marge de la société. Le fait qu'elle venait de l'étranger et, qui plus est, qu'elle n'était pas à cent pour cent japonaise avaient toujours été unes des raisons pour lesquelles Lorelei préférait l'Allemagne. Là-bas, au moins, son métissage ne l'isolait pas.
Quand elle était arrivée à la Toho, un mois était déjà passé depuis la rentrée scolaire d'Avril[2] et son arrivée avait fait grand bruit dans tout le lycée. Ses camarades de classe l'avaient approché comme on approchait une bête sauvage, avec un mélange de curiosité et de crainte mal placées. Si on lui faisait des sourires et si on lui parlait avec sympathie, la plupart restaient pourtant à l'écart, comme s'ils craignaient qu'elle ne les contamine avec elle-ne-savait-trop-quoi. Ce ne fut que lorsqu'elle parvint à intégrer l'équipe féminine de basket et qu'elle se révéla plutôt douée qu'on commença à mieux la considérer. Chiaki et elle se lièrent d'amitié puis ce fut le cas avec Dosan et ensuite Takeshi et Ine. À force, ses camarades de classe avaient commencé à se décoincer et aujourd'hui, ça allait bien mieux. Il fallait dire également qu'elle avait fini par s'y habituer et l'écart que les gens mettaient entre eux et elle dans la rue ne la gênait presque plus.
- oOo -
Elle chercha encore la présence de Kaede avant de demander ce qu'il en était à une des joueuses.
« Kaede ? s'étonna celle-ci. Elle a fini le lycée à présent.
— Oh ! s'exclama Lorelei. C'est vrai que l'année se termine en février !
— Mais tu sais quand même que tu es en première maintenant, hein ? plaisanta Chiaki.
— Très drôle ! »
Lorelei roula en boule son foulard qu'elle lança sur son amie. Cette dernière n'eut aucun mal à l'attraper au vol et le posa près de ses propres affaires en riant. Après quoi, toutes deux se dépêchèrent de se changer et de quitter les vestiaires. Elles saluèrent leurs partenaires et potentielles candidates – ce jour étant celui où tout le monde pouvait candidater pour les postes laissés vaquant par les anciens terminales. C'était essentiellement des secondes.
« D'ailleurs, ça me fait penser qu'avec le départ de Kaede, on va devoir choisir une nouvelle capitaine, remarqua Chiaki. Ce serait cool si ça pouvait être toi !
— Et pourquoi pas toi ? rétorqua Lorelei néanmoins flattée.
— J'avoue que ça me plairait bien, dit-elle, rêveuse. Mais il faut être réaliste : tu es une bonne joueuse et tu sais comment motiver tes partenaires. Tu le faisais déjà l'an dernier.
— Ouais, approuva Kiyo Ko, la défenseuse à laquelle Lorelei s'était précédemment adressée. Et c'est bien ce qui faisait rager Kaede !
— On verra bien… »
Elles furent rejointes par leurs deux managers, toutes deux à présent en terminale. Puis le coach, monsieur Masafumi, arriva à son tour. Il entama un discours de bienvenue et expliqua sa conception du basketball et ce qu'il attendait de ses joueurs. Puis, il détailla le déroulement des sélections et ordonna à tout le monde de s'échauffer, en commençant par quelques tours du gymnase. Elles croisèrent alors l'équipe masculine, ce qui fit roucouler bon nombre de filles. À l'étage, qui était relié à l'enceinte du bâtiment central de l'école, quelques spectateurs se regroupaient pour assister aux tests et en voir les résultats. Ils se composaient principalement d'élèves de seconde, bien que quelques premières et quelques terminales assistaient également à la séance, sans doute à cause du poste vaquant de capitaine de l'équipe féminine.
Lorelei s'interrogeait sur son envie d'être capitaine. Il était vrai qu'elle essayait toujours de motiver ses coéquipières, surtout quand elle voyait que ça n'allait pas fort, mais elle ignorait si elle souhaitait vraiment endosser une telle responsabilité. Depuis qu'elle était arrivée au Japon, et bien qu'elle s'impliquait dans ce qu'elle faisait, elle n'avait jamais vraiment fait de choix décisifs. C'était comme si elle se réservait pour son retour en Allemagne, si encore elle y retournait un jour. Pour le moment, ses projets restaient assez vagues. Elle voulait seulement terminer son lycée à la Toho et repartir faire ses études en Allemagne. Du reste, elle ne savait pas si ce serait possible ni dans quoi elle voudrait se lancer.
Une fois tout l'échauffement terminé, le coach déclara qu'il allait partager les joueuses en deux camps. Il y avait alors six candidates et seulement deux postes de libre. Il départagea celles-ci en deux et demanda à quatre autres joueurs de s'intégrer.
« Chiaki et Kiyo, vous allez avec ces trois-là, affirma-t-il. Mariko et Atsuko, avec les trois autres. Nanoko, tu vas arbitrer ce match. Nari et Lorelei, vous restez de côté et vous observez bien le jeu de chaque équipe. C'est clair ?
— Oui coach ! »
Lorelei sortit du terrain tandis que Nanoko prenait un ballon dans le panier et retournait au cercle central en attendant que chaque équipe s'organise. L'Allemande était une peu frustrée de ne pas jouer. Le ballon fut lancé et l'équipe blanche, composée notamment de Chiaki et Kiyo, l'attrapa, lançant la première attaque. Les deux titulaires menaient clairement le jeu de leur équipe mais Lorelei remarqua que l'une des candidates parvenait souvent à se démarquer et très vite, elle se révéla un allier de poids. La défense de l'autre équipe était solide, ce qui était principalement dû à Mariko. Cette dernière jouait très bien au poste d'arrière-meneur. Chiaki, elle, était une excellente ailière et de fait un appui de taille pour les offensives. Atsuko évoluait également en temps qu'ailière. Quant à Kiyo, elle jouait souvent en temps qu'intérieur et ses tirs étaient redoutables. Après Nanoko, qui jouait au poste de pivot, elle était la plus grande de l'équipe.
Nari était une joueuse redoutable car elle pouvait aussi bien être arrière qu'ailier fort. Sa remarquable endurance et sa maîtrise de la technique faisaient très vite la différence en plein match. Elle se destinait plus tard à intégrer une équipe professionnelle et de fait, le poste de capitaine pourrait fort bien lui convenir. Il aurait très bien pu écarter Nari pour rendre le jeu plus équilibré.
Lorelei, elle, jouait souvent en intérieur mais son véritable poste de convoitise était celui de meneur. Plus petite que les autres joueuses, elle avait néanmoins un très bon sens de l'observation et de l'analyse. De fait, il n'était pas tellement étonnant que le coach lui eut demandé de se placer en retrait, pour mieux observer le jeu des candidates…
Le match dura plus d'une demi-heure. Au bout du compte, l'équipe de Chiaki remporta la victoire. Le coach proposa à toutes les joueuses de prendre une pause pendant laquelle il délibèrerait. Il demanda également à Lorelei et à Nari de lui donner les conclusions de leurs observations. L'Allemande laissa sa partenaire donner son avis et comprit que leurs avis divergeaient radicalement. Alors que Nari avait choisi deux joueuses de l'équipe de Chiaki Lorelei penchait plutôt sur une joueuse de chaque.
« Et toi, Lorelei ? demanda le coach une fois les conclusions de Nari terminées.
— Je crois que la candidate numéro trois, de l'équipe de Chiaki, est une bonne joueuse mais elle n'anticipe pas très bien les mouvements de ses adversaires et de fait créé de sérieuses brèches dans la défense de son équipe. En revanche, sa partenaire qui porte le numéro un, est plus posée. Elle attaque moins bien mais a une bonne anticipation du jeu, surtout quand elle défend et elle lance la balle loin. Bien sûr, je pense qu'il faudrait qu'elle rajuste la précision de ses lancées et tirs mais elle a du potentiel.
— Et pour la seconde ?
— Je dirais la joueuse numéro deux de l'équipe de Mariko, conclut Lorelei. Elle est rapide et adroite. Ses tirs sont précis, même si elle ne semble pas très à l'aise avec les tirs à longue portée. Les deux autres sont trop hésitantes en attaque. Elles ont à plusieurs reprises commis des erreurs qui ont coûté cher à leur équipe laquelle, sans ces fautes, aurait très bien pu l'emporter.
— Je suis surpris par ce second choix mais très bien, affirma le coach. Merci les filles, vous pouvez à présent aller rejoindre vos coéquipières. Je vais encore réfléchir sur le sujet et je vous en parle ensuite. Pendant ce temps, faites ce que bon vous semble !
— D'accord Coach, » acquiescèrent-elles en chœur avant de s'éloigner.
Masafumi s'écarta du terrain pour réfléchir tandis que les deux joueuses rejoignaient leurs amies. Pendant dix minutes, elles s'entraînèrent en formant des équipes de trois pour faire des duels sur chaque panier. Chiaki, Kiyo et Lorelei se confrontèrent à Nari, Nanoko et Atsuko. Le combat fut rude et il était difficile de les départager. Nari réussissait tous ses tirs à longue portée et était redoutable dès qu'elle s'approchait du panier pour récupérer le ballon. Lorelei équilibrait le jeu en distribuant efficacement le ballon, ce qui n'empêchait pas Atsuko de l'attraper au vol et de le redonner à Nanoko, toujours placée à proximité du panier. Kiyo était la seule qui était apte à l'empêcher de pivoter et de faire panier à tous les coups.
« Bon, les filles, arrêtez donc de jouer et venez me voir ! » cria leur coach en revenant vers elles.
Toutes les joueuses obéirent et se dirigèrent vers lui. Les candidates se regroupèrent face au coach. Ce dernier annonça les sélectionnées sans plus de discours. Lorelei découvrit avec joie que le choix du coach se révélait les mêmes que les siens. Ainsi, la joueuse numéro un, du nom d'Aona Ginnojo, et la joueuse numéro deux, Harumi Ashitare, furent sélectionnées. Mais, en plus, il décida d'intégrer également la joueuse numéro trois qu'avait proposé Nari et qui s'appelait Isami Karuko. Il y eut de grands éclats de joie à l'annonce des trois nouvelles joueuses et de déception pour celles qui n'avaient pas été acceptées. Les titulaires serrèrent les mains des nouvelles arrivantes pour leur souhaiter la bienvenue. Le coach ne s'arrêta pourtant pas et se plaçant face à ses joueuses, il déclara :
« Comme vous le savez toutes déjà, Kaede Inema a terminé ses études et est donc partie de notre lycée. Ce qui veut dire que nous allons devoir nommer votre nouvelle capitaine. J'ai déjà deux noms de candidates en tête mais j'ignore encore à laquelle je vais donner ce précieux poste. Je pense à Nari, qui est une de nos meilleurs éléments. »
Celle-ci regarda autour d'elle avec fierté, se voyant déjà dans le rôle de capitaine. Atsuko et Nanoko lui sourirent en guise de soutien.
« Je pense également à Lorelei qui a déjà fait ses preuves en temps que meneuse et soutien à toute l'équipe, » continua le coach.
Chiaki tapota l'épaule de Lorelei en lui soufflant à l'oreille un "Tu vois ?", auquel Lorelei répondit avec embarras. « Arrête, rien n'est décidé. ». Kiyo lui sourit avec joie tandis que Mariko inclina la tête en signe de respect.
« De fait, je vais profiter des prochains entraînements pour vous départager et faire mon choix, conclut le coach. En attendant, j'attends de vous le plus grand fair-play.
— Oui, Coach, répondirent les deux concernées.
— Et maintenant, je veux que vous remuiez vos fesses, que vous m'organisiez deux équipes et que vous commenciez aussitôt à vous entraîner ! Allez ! »
Étant à présent dix joueuses, le partage fut rapidement fait et le match d'entraînement débuta. Lorelei et Nari se mirent immédiatement dans le bain, comprenant l'enjeu de toutes leurs prochaines confrontations. Nari n'épargna pas sa partenaire et lui força plusieurs fois la main. Lorelei manqua à plusieurs reprises de se faire renverser en se faisant prendre le ballon et comprit rapidement qu'elle allait devoir donner le meilleur d'elle-même pour ne pas se laisser écraser.
Dans les vestiaires, Chiaki se plaignit à cœur joie du niveau imposé par ses deux coéquipières.
« Eh ben, nos prochains entraînements promettent si vous y allez comme ça !
— Ça ne te ferait pas trop de mal de bouger un peu plus ton popotin et de parler un peu moins, railla Nari.
— Nari, commence pas, veux-tu ? soupira Lorelei. On n'est juste des candidates au poste de capitaine, certainement pas des adversaires.
— Ça, c'est ce que tu crois, » rétorqua Nari en allant dans les douches.
Lorelei secoua la tête avec dépit, attrapa sa serviette et la suivit. Chiaki et Kiyo arrivèrent peu après.
« Promets-moi que tu vas devenir notre capitaine, lui souffla Chiaki. Je n'ai pas du tout envie d'être sous le joug de cette garce…
— Ce n'est pas à moi d'en décider, répliqua l'Allemande. En plus…
— Quoi, « en plus » ?
— Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de devenir capitaine de l'équipe, avoua-t-elle.
— Tu n'es pas sérieuse ! s'exclama Chiaki. Ce serait génial. »
Mais Lorelei n'en était pas convaincue.
« En plus, tu es notre nouvelle meneuse puisque Kaede n'est plus là, rajouta Kiyo. Être capitaine est juste la suite logique…
— C'est là où tu te trompes, intervint pour la première fois Mariko qui les rejoignait. Nari peut très bien jouer en temps que meneuse et je crois bien qu'elle en a l'intention. Je pense que le coach attend qu'elles fassent leur preuve pour décider qui serait à même de prendre ce poste clé.
— La barbe ! »
Chiaki n'avait jamais trop apprécié Nari. Leurs caractères ne concordaient pas, étant trop opposés. Chiaki avait tendance à beaucoup parler, même en jouant, et ses plaisanteries n'étaient pas appréciées par tout le monde. Nari, elle, était si concentrée dans le jeu et prenait tellement le basketball au sérieux qu'elle ne supportait pas d'entendre sa partenaire parler de ce sport avec légèreté.
Une fois douchées et changées, les joueuses commencèrent à quitter le gymnase. De leur côté, les garçons en faisaient de même et Dosan les rejoignit à l'extérieur.
« Alors ? demanda aussitôt Chiaki. Ces nouvelles têtes ?
— Très prometteuses, affirma-t-il. On en a un qui est vraiment doué… et ça commence à inquiéter plus d'un.
— Quoi, vous avez peur de perdre votre place de titulaire ? se moqua Chiaki.
— Tu rigoles mais c'est précisément le cas ! Il est vraiment bon…
— Il joue à quel poste ? demanda Kiyo.
— Pivot ou intérieur, affirma Dosan.
— Pas bon pour toi ! » s'exclama Chiaki en donnant une tape amicale à l'épaule du basketteur.
Ce dernier leur retourna la question et Lorelei lui présenta leurs nouvelles recrues avant d'aborder la question du poste de capitaine. Dosan l'écouta parler sans l'interrompre et se contenta de la féliciter. Puis, le quatuor se dirigea vers la sortie de l'école. Au passage, ils croisèrent le stade de football où les joueurs avaient repris leur entraînement. On voyait également à leur côté leurs nouvelles managers qui se hâtaient d'apporter les serviettes.
« Qu'est-ce que je disais ? rigola Lorelei. Des esclaves ! »
[1] Ganjin : est un terme péjoratif pour désigner les étrangers.
[2] Au Japon, l'année scolaire commence en Avril et non pas en Septembre.
