Μεγάλο Μήλο
Coucou tout le monde,
Voici une nouvelle histoire de voyage, un peu plus légère que « La Merveille des Merveilles ».
Je voulais surtout me lancer le défi d'un Crossover : romantique à souhait, avec sa petite pointe de mythologie, qui sied si bien à ma plume.
Veuillez dès lors attacher vos ceintures. Je vous souhaite un excellent vol à bord de Thea-Airlines, ainsi qu'un agréable séjour new-yorkais en compagnie de nos héroïnes préférées.
Je vous remercie pour votre confiance, ainsi que pour vos commentaires.
Bonne semaine à tous
PROLOGUE
Le char d'Hélios disparut à l'horizon, plongeant l'aéroport Elefthérios-Venizélos (1) dans la pénombre du soir. Le ciel orangé se reflétant encore quelques minutes dans les eaux bleues marines donnait à la ville millénaire une apparence scintillante unique, comme tout droit sortie d'un récit d'Homère
C'était pour ce genre de tableau que les deux femmes assises aux commandes avaient choisi ce métier, alors que même au vingt-et-unième siècle on considérait encore et toujours la profession de pilote comme un métier d'homme. Leur tandem était de ce fait plutôt inhabituel, mais rares étaient les passagers qui s'en plaignaient. Les critiques face à une femme pilote et une femme copilote sur le même vol émanaient généralement plus du personnel et de la hiérarchie des différents aéroports qui les recevaient, particulièrement les destinations d'Orient.
L'intrépidité et son côté rebelle, avait jadis coûté à Persa une place dans le programme civil. Mais ses acuités physiques, ses réflexes et son sens inné des proportions et des distances lui avaient ouvert la porte de l'académie de Larissa en sa Thessalie natale.
Emma avait un parcours encore plus chaotique. Enfant surdouée ballottée d'une famille d'accueil à l'autre où personne ne remarquait ses aptitudes. Mal dans sa peau et en manque d'affection et de stimulation scolaire, elle avait fini à la tête d'un gang qui sévissait dans les rues d'Athènes, avant de se retrouver incarcérée pour vol à la tir à l'âge de seize ans.
C'est là que Mary Margaret, bibliothécaire au centre de redressement pour mineurs l'avait remarquée et l'avait aidée à décrocher son bac par correspondance. David, son flic de mari, s'était ensuite engagé auprès de sa hiérarchie pour que son casier judiciaire redevienne totalement vierge.
Trouver de vrais parents à l'âge adulte était chose rare, et Emma s'appliqua pour décrocher rapidement son brevet de pilote, s'engageant cinq ans auprès de la Croix-Rouge, l'organisation humanitaire l'ayant aidée pour payer une part de sa formation fort onéreuse.
La route des deux femmes se croisèrent – sans pour autant se rencontrer - une première fois sur le champ de bataille, lors d'une mission en Libye qui s'était avérée fort périlleuse et de si lourdes conséquences pour Persa.
Lorsque l'Organisation des Nations Unies avait décidé d'intervenir dans la guerre civile qui secouait le pays depuis bien des années, l'aviation grecque avait été chargée aux côtés des ses alliés européens de maintenir la flotte de Kadhafi au sol et d'empêcher tout appareil n'appartenant pas aux forces de l'ONU d'entrer dans l'espace aérien libyen.
Un escadron du dictateur avait cependant trouvé le moyen de décoller depuis une piste dans le désert et mettre tout le monde – aides humanitaires et escadron grec - en position délicate. En se repliant selon les ordres, Persa avait observé comment l'armée attaquait sa propre population, ainsi que les secouristes. Avec ses compagnons, elle avait alors décidé d'engager le combat, malgré les ordres.
Le reste demeurait obscur dans sa mémoire, puisqu'elle s'était réveillée à l'hôpital militaire que plusieurs jours plus tard, après avoir dû finalement s'éjecter de son appareil.
Les forces alliées avaient exigé son renvoi pour désobéissance, mais les grecs la considéraient comme une héroïne ayant sauvé une ville de taille moyenne, ainsi qu'une dizaine de villages, sans oublier les forces humanitaires au sol, protégés par la convention de Genève, ce qui selon eux, justifiait amplement cette désobéissance. Bien que non poursuivie en cour martiale, les pressions internationales eurent néanmoins raison de sa hiérarchie.
Aussi Persa avait rejoint l'aviation civile depuis un an, alors qu'Emma y avait fait toute sa formation, hormis le temps pour ses missions humanitaires ponctuelles. Elles profitèrent largement. Singapour, Pékin, Los Angeles, Le Caire, Paris, Helsinki, un tour du monde perpétuel.
Une destination nouvelle tous les trois-quatre jours, mais rien n'était aussi beau qu'un atterrissage sur la mer Égée, que ce soit dans les îles ou sur Athènes. L'oiseau métallique se posa en douceur et les traditionnels applaudissements retentirent jusqu'au cockpit.
- Autant de finesse commandant, ça ne vous ressemble pas.
- Ta gueule Emma. Ce n'est pas de ma faute si ce coucou est aussi malléable qu'un F-16.
Sa copilote à la crinière blonde, de vingt-huit ans à ses côtés, rit de plus belle. Nombreux pilotes ne supportaient pas de faire équipe avec la ténébreuse jeune femme, l'ancien colonel de la Polemiki (l'armée de l'air grecque), mais Emma avait su la percer à jour et voir plus loin que cette image d'insensibilité, de rudesse, de colére et de d'indifférence émotionnelle que Persa s'efforçait de montrer à son entourage. Aussi la direction d'Olympic avait-elle décidé de les associer sur la plupart des vols.
- Alors, qui t'accompagne demain soir?
- Personne. Déjà qu'on est coincé trois jours sur place à cause de ce fichu règlement, je ne vais pas encore me coltiner quelqu'un accroché à mes basques.
- Toujours en mode déesse des enfers lorsqu'il s'agit des vols « cockpit ouvert » pour nos proches. Pourquoi ne pas emmener Markôs… non attends, le dernier en lice… cet Ulysse, je suis sûre que ça lui plairait?
- T'es malade, c'est pas parce qu'on est sortis deux trois fois que je vais l'emmener en week-end à l'autre bout du monde.
- Un amant dans chaque aéroport. Quand vas-tu grandir un peu?
- Je pensais que mon mètre huitante était suffisant, mais si tu insistes.
Emma secoua la tête en parcourant les longs couloirs de l'aéroport.
- Peut-être n'es-tu juste pas faite pour tous ces machos qui bandent à la simple idée de coucher avec une femme pilote, mais qui ne supporte pas de t'attendre pour envisager une véritable histoire avec toi.
- Et qu'est-ce que tu proposes ? Que je joue dans le même bac à sable que toi ?
- Pourquoi pas, oui ! Qu'est-ce qui t'en empêche ?
Persa ferma les yeux quelques secondes, se remémorant ce passé si douloureux qu'elle n'en avait jamais rien dit à personne.
- Rien, je suppose… si ce n'est, termina-t-elle dans sa tête… Et toi, tu emmènes comme toujours ta Regina?
- Effectivement ! Vint la réponse, accompagnée d'un sourire s'étirant jusqu'à ses oreilles. Ça nous donne quelques week-ends en amoureuses par année. Et je suis ravie de pouvoir lui offrir par ce biais un peu de repos, loin des citoyens toujours à harceler leur Maire pour le moindre petit truc.
Comment pouvait-elle, à son jeune âge, parler avec autant de conviction d'amour et de week-end en amoureuses, alors qu'elle était sensée profiter de la vie et de ses plaisirs à pleine dent ? Cela échappait totalement à sa conception en matière de relations humaines. Elle qui après maximum une semaine avec la même personne s'ennuyait à mourir.
- Et Henry junior ?
- Avec ses grands-parents. David lui a promis de l'emmener à une convention de Science Fiction, et Mary Margaret flippe totalement à la perspective de rencontrer Kate Mulgrew qui y sera l'invitée d'honneur.
- Et je parie que tu n'as absolument aucune idée qui c'est ?
- Bah, j'ai vu des photos, mais...
- Mais tu es plus Dr. Elisabeth Weir que Capitaine Kathryn Janeway. (2)
- Exacte, les belles brunes, il n'y a que ça de vrai.
Persa rit en repensant combien cela avait fait les choux gras de la presse grecque durant des semaines, lorsque le Maire Mylos, veuve d'un premier mariage, s'était affichée avec la jeune femme de six ans sa cadette, en début de son second mandat.
- Je doute que quelqu'un puisse me supporter plus de trois jours. Les êtres humains sont comme les îles grecques, tous plus beaux les uns que les autres. Comment me contenterais-je d'une seule personne? Autant demeurer seule que mal accompagnée.
- Persa... Persa... à force de t'obstiner à ne voir que les îles, tu risques de passer à côté de la seule qui compte vraiment...
Elles se quittèrent d'une accolade amicale comme après chaque vol partagé. Durant l'heure de trajet à bord du métro numéro trois qui menait Persa à travers la cité vers le Pirée où elle avait son pied-à-terre, la femme pilote réfléchissait aux dernières paroles de sa très prometteuse copilote.
- A force de t'obstiner de ne voir que les îles, tu risques de passer à côté de la seule qui compte vraiment... la mer Égée.
1) Aéroport international d'Athènes.
2) Héroïne de Stargate Atlantis et de Star Trek
Je remercie Not gonna die pour sa si précieuse relecture, ainsi que pour son Amitié à mon égard. Déjà bien des aventures partagées ensemble et j'espère que ça va continuer. Je cherche néanmoins un suppléant, car elle est très prise ces temps, alors si quelqu'un a envie de se dévouer (surtout des fautes d'orthographe et d'étourderie), merci de me contacter par PM.
TBC:
