Interdiction

Bonjour, Bonsoir!

(ça dépend de l'heure, j'ai cru comprendre que certains d'entre vous lisaient des fictions à des heures impossibles XD)

Bon... Petite introduction à cette nouvelle histoire:

D'abord, étant rentrée en prépa depuis peu, je risque d'avoir très peu de temps pour écrire (je ressens déjà le manque de temps, en fait...) donc je ne peux pas garantir des chapitres réguliers. Et je m'en excuse (éwè).

J'avais commencé cette fiction l'année précédente et je viens de la reprendre il y a peu.

Entrons donc dans le vif du sujet:

Bon, pas d'inceste cette fois-ci, même si les reviews de "Ne me quitte pas" ont été assez généreuses (merci mille fois, ça m'a fait super plaisir).

Cette fiction se base encore sur un amour interdit, cela dit (je dois avoir un problème psychologique en ce moment). Mais j'y suis allé molo tout de même! Pour une fois que je sombre pas dans les extrêmes!

Je préviens, ceci est une fiction Rated M, ce qui laisse entendre qu'il y aura des choses que M. le Curé n'apprécierait pas.

C'est du Fruk (originale, comme toujours XD)

Et les personnages ne m'appartiennent toujours pas.

Bon, je ne vais pas m'étendre davantage, vous êtes là pour le chapitre.

Sur ce, bonne lecture!


Chapitre I :

Mains en poche, sourire aux lèvres, Francis avançait sur le trottoir grisonnant avec toute la délicatesse et la beauté que son éducation trop bourgeoise lui avait enseignée. Sa journée commençait si bien qu'il ne pouvait s'empêcher d'être heureux et de le montrer. Par un effet domino totalement naturel, certaines personnes le croisant semblaient agréablement curieuses de voir une telle joie de vivre. Celle-ci avait tout de même parfois un côté bien contagieux puisque Francis réussit à faire sourire une jeune adolescente ayant l'air quelque peu déprimée. Le stress des études, peut-être.

Quoiqu'il en soit, l'insouciant jeune homme continuait sa route sous ce soleil splendide de printemps.

Au détour d'une rue, il aperçut au loin le café où il avait rendez-vous et s'arrêta assez brusquement. Une sorte d'empressement naissait dans sa gorge en même temps qu'il commençait à angoisser. Des sentiments bien paradoxaux qui ne témoignaient absolument pas de l'immense joie qu'il éprouvait néanmoins à retrouver une certaine personne. Et pourtant, une forte inquiétude se mettait à le ronger, la même qu'à chaque fois.

Mais qu'est-ce que je fais ici, bon sang !…, pensait-il. Ce n'est absolument pas une bonne idée. Autant pour lui que pour moi ! Je ne devrais pas y aller ! Et il ne devrait pas m'attendre dans ce café ! Ça ne se fait pas ! Je ne devrais pas… C'est… immoral.

Il lança un coup d'œil apeuré au café lumineux.

Les vitres gigantesques permettaient de voir à l'intérieur sans aucun effort. Hélas pour Francis et ses démons intérieurs, il le vit au premier coup d'œil. A croire que ses yeux et son cœur n'étaient qu'attirés par lui, quoiqu'il fasse.

Assis à l'une des tables, un jeune homme blond aux pupilles émeraude fixait la rue avec un regard vide, perdu dans ses pensées. Ses doigts fins jouaient avec sa tasse de thé, dont il devait très certainement avoir oublié l'existence. Dans ses allures d'adolescent, il semblait entièrement mature et réfléchi, surtout si on en jugeait ses épais sourcils froncés, preuve d'une réflexion intense.

Francis passa une main nerveuse dans ses longs cheveux blonds, glissant les mèches sur le dessus de son crâne avant qu'elles ne retombent de part et d'autre de son visage « angélique », comme l'avait répété maintes et maintes fois sa nourrisse et quelques autres individus lambda quelconque.

S'il était si « angélique », il ne serait pas en train de commettre un tel crime.

Mais qu'y pouvait-il ? Il était… amoureux.

Amoureux d'un adolescent de huit ans son cadet. Encore mineur. Alors que lui avait fini ses études depuis quelques années et s'élançait déjà dans le monde du travail depuis quelques temps.

Arthur, ce bel adolescent aux manières ronchonne, poursuivant sa seizième année alors que Francis, éditeur de profession, venait de fêter ses vingt-quatre ans.

Et ils étaient en couple.

Dans une relation purement illégale et immorale. Tant par leur âge que par leur sexe, si on restait axé sur le traditionalisme occidental.

Parfois, Francis se demandait comment il en était arrivé là.

Ils s'étaient tous deux rencontrés dans le restaurant du père de Kiku Honda, meilleur ami d'Arthur. Connaissant bien le père Honda depuis quelques années, Francis y avait organisé un diner professionnel avec une de ses auteures afin de discuter des avancements littéraires de celle-ci. Cette réunion avait eu lieu exactement le même jour où Kiku avait invité son meilleur ami à diner avec lui au restaurant familial.

Au moment même où Francis et Arthur s'étaient regardés, une sorte de curiosité était née et qui, plus tard, avait évoluée en amour.

L'adolescent était alors âgé de tout juste quinze ans.

Une bien étrange rencontre.

Francis était entièrement convaincu que c'était de sa faute, qu'il avait joué avec le feu et qu'il était en train de se brûler sans s'en rendre compte. Le moment où il sentirait enfin la chaleur infernale, lorsqu'elle arrivera, lui laissera forcément un goût amer dans la bouche.

Mais il ne pouvait s'en prendre qu'à son foutu caractère de joueur.

Se sachant attiré par les deux bords, il n'avait jamais été contre un petit flirt visuel, ce que lui avait proposé silencieusement Arthur en le bouffant du regard le premier soir où ils s'étaient vus. Naturellement, Francis avait commencé à le « séduire » gentiment, juste pour tenter l'expérience. Mais finalement, ce combat de regard l'avait plus émoustillé qu'il ne le pensait et il avait passé la nuit suivante à songer à Arthur. Et comme le hasard est un enfoiré, il avait fait de nouveau en sorte que leurs chemins se croisent. De fil en aiguille, ils en étaient maintenant arrivés là.

Mais leur relation n'avait rien de sexuelle. En réalité, Francis avait énormément de scrupule à le faire, trop conscient de leur différence d'âge et des conséquences possibles si jamais la chose s'ébruitait.

Mais Arthur lui faisait toujours subtilement comprendre qu'il n'attendait que ça.

C'était un adolescent, après tout.

Le problème c'était que, à ce rythme, Francis allait abandonner ses valeurs. Or, il voulait attendre qu'Arthur atteigne sa majorité avant toute chose. Mais chaque jour était une torture. Même les baisers étaient censurés, entre eux. Sauf quand Arthur se jetait littéralement sur lui ou que Francis le jugeait beaucoup trop mignon pour résister.

Bref, voilà où ils en étaient depuis ces quelques mois de relation platoniques aussi délicieuses que dangereuses.

Avec un semblant de lucidité, Francis se disait, avant chacun de leur rendez-vous, qu'il fallait mieux arrêter cette folie tant qu'ils n'étaient pas trop amourachés l'un de l'autre (ce qui était déjà, en soit, trop tard). Mais c'était trop dur.

A chaque fois, c'était un échec. Arthur était trop adorable et trop épris de lui pour qu'il ose lui briser le cœur. Surtout que le sien aussi serait brisé de devoir mettre un terme à ce bel amour naissant.

C'était le fait de devoir se cacher pour le moindre baiser qui était insupportable. Et ça, Francis le lisait toujours dans les yeux de son jeune amour. L'adolescent attendait tellement plus. Il rêvait de confiance, de partage et d'union, là où il ne recevait que quelques marques d'affections et un rendez-vous de temps à autre.

Parce que n'oublions pas que le boulot d'éditeur prend du temps, au point où Francis dormait parfois au travail. Heureusement, il restait les messages pour qu'ils puissent discuter. Mais là encore, ils n'avaient pas rentré le vrai nom de l'autre dans leur répertoire téléphonique (trop risqué), et encore moins de « mon amour », « mon cœur » ou autre. Ils effaçaient tous deux leurs messages une fois qu'ils les recevaient, pour ne pas laisser de traces, et se téléphonaient uniquement lorsqu'ils étaient sûrs d'être complètement seuls.

Cette situation était fortement déplaisante pour les deux.

L'adulte prit son courage à deux mains et entra dans le café. Arthur ne semblait pas l'avoir remarqué puisqu'il se contentait de fixer le trottoir comme si quelque chose pouvait en sortir fantastiquement.

Le plus jeune sursauta lorsque son amant caché s'assit en face de lui, sans crier gare.

« Francis !

_ Bonjour, Arthur. Comment vas-tu, cher amour ? »

Arthur rougit immédiatement à l'entente de ce surnom affectif qu'il n'assumait pas aimer (question d'orgueil, s'il-vous-plait) puis il détourna le regard vers l'extérieur, l'air de penser à autre chose qu'à son amant.

Francis, habitué à le voir se dissimuler lorsqu'il était gêné, ne se formalisa pas de cette absence de réponse et posa nonchalamment son menton sur ses mains, les coudes solidement ancrés sur la table, de façon à bien montrer à Arthur qu'il n'avait d'yeux que pour lui et qu'il était au centre de toute son attention.

« Je remarque que tu es très en avance, cher amour. Nous avions rendez-vous à 10h et il n'est que 9h30. Tu m'attends depuis longtemps ?

_ Non, non, dit-il alors que Francis savait automatiquement que cela signifiait la réponse inverse. C'est juste que je me suis réveillé plus tôt donc, comme je m'ennuyais, je suis directement parti ici. C'est tout. Je veux dire… je n'étais pas spécialement pressé de venir ou quoique ce soit, bien sûr. Pur hasard ».

Cette mauvaise foi qui aurait fait fuir n'importe qui avait le don d'attiser la flamme de Francis, qui se régalait d'entendre les justifications bancales de ce jeune adolescent. Il était adorable quand il mentait. Et Francis se sentait puissant d'être une des – si ce n'est l'unique – personne capable de déceler les entourloupes d'Arthur.

« Ta boisson doit être froide, s'enquit l'adulte. Je vais te commander une autre tasse. Garçon ! »

Interpellé, le serveur s'avança vers leur table, brandissant élégamment son bloc-notes et son stylo, prêt à entendre la commande.

« Un thé pour mon camarade et un café serré pour moi.

_ Tout de suite, monsieur ».

Le serveur repartit et Arthur rougit en le remerciant.

Un petit silence doucereux les prit. Francis souriait simplement, les yeux plongés sur son compagnon intimidé. Refusant de le regarder dans les yeux, l'adolescent jouait avec sa touillette dans son ancienne boisson refroidie par l'attente.

Ils reçurent finalement leurs commandes, toujours dans un calme respectueux.

« Comment se passe le lycée ? demanda curieusement Francis en portant sa tasse à ses lèvres avec une allure raffinée.

_ Bien mais sans plus. Kiku et moi avons un dossier de littérature à rendre pour la semaine prochaine, une de nos camarades de classe est portée disparue depuis huit jours pour une raison qu'on ignore, je me fais emmerder par un troupeau de six connards qui cherchent désespérément un souffre-douleur et notre professeur de sport a décidé de venir en cours tous les 36 de chaque année bissextile. Voilà tout.

_ Comment ça, tu te fais emmerder ?! Mais ils se prennent pour qui, ces sales gosses ?

_ Laisse tomber, je ne les calcule même pas. De toute façon, je ne suis pas seul contre eux. Kiku et les jumeaux Jones se sont récemment lancés dans une pseudo-guerre. Enfin… quand je dis les « jumeaux », c'est surtout l'un des deux qui a trouvé le moyen de convaincre son frère qui, soit disant passant, est un exemple de pacifisme et de gentillesse. En ce qui concerne Kiku, il est intraitable lorsqu'il est énervé et qu'on s'en prend à ses proches. Je ne l'avais jamais vu frapper quelqu'un.

_ Il a frappé un des gosses ?! Kiku Honda ? Non… Sérieusement ? Son père doit être…

_ … enragé ? Déçu ? En colère ?

_ … fou de joie ! Il désespérait de voir un jour son fils agir normalement. C'est très bien d'être poli mais y a des moments où il faut se libérer de la pression. Tu féliciteras bien ton ami de ma part.

_ Les adultes ne sont-ils pas supposés interdire aux « enfants » de se battre.

_ Y a des fois où c'est mérité ».

Ils rigolèrent ensembles de cette conclusion immorale par rapport à tout ce que les gens « sensés » devraient dire. Ça leur faisait du bien d'en rire, ils se sentaient moins en marge.

« Et toi, Francis ? Comment ça va au travail ?

_ Eh bien, ce n'est malheureusement pas aussi animé qu'à ton lycée car personne ne frappe personne mais sache que l'on assiste régulièrement à des engueulades près de la machine à café à moitié pétée. Un plaisir pour les oreilles. Puisqu'on bosse comme des taureaux dans un champ, on se fatigue, donc on se drogue au café, donc on est beaucoup plus énervés et donc… on est à fleur de peau. Les disputes et les cris arrivent vite. D'ailleurs, certains ont la mauvaise idée de crier sur nos écrivains quand ils ne respectent pas les délais. Je ne te raconte pas l'ambiance après ça.

_ C'est violent, le monde du travail.

_ Tu t'imagines pas à quel point, cher amour ».

Cette fois-ci, Arthur sourit à l'entente de ce surnom affectif. Il reconnaissait sans gêne que dans ces moments de complicité, il goutait à la plus belle définition qu'il connaissait de l'amour et du bonheur. Personne d'autre que Francis n'était capable de lui faire autant de bien juste en existant simplement. Dans une période tortueuse où Arthur subissait beaucoup de stress et de problèmes, Francis était une bouée de secours en plein océan.

« Et chez toi, ça va mieux ? s'inquiéta Francis avec un air adorablement attristé.

_ Non. Je déteste toujours autant mes connards de frères. Ils m'empêchent de respirer à toujours vouloir contrôler ma vie, c'est un supplice de vivre ça au quotidien. Tu n'imagines même pas tous les mensonges que j'ai dû inventer rien que pour venir ici.

_ A ce point ?

_ Oui… Parce que « je vais à un cours particulier de littérature avec un bon prof qui a accepté de m'aider », ça passe infiniment mieux que « je vais retrouver mon amant secret », tu vois ?

_ Un bon prof ? Quel honneur tu me fais.

_ Comme tu es éditeur, je me suis dit que le mensonge, s'ils le vérifiaient, pouvait tenir la route. Surtout que tu as été à Science Po, comme tu m'as dit.

_ Poussé par mes parents grâce à un généreux chèque sous la porte, certes.

_ Mais tu étais réellement doué pour ça puisque tu en es sorti avec un dossier en or.

_ Je me disais que c'était toujours mieux que de faire médecine, et qu'il fallait donc que j'y mette du mien. Heureusement que ma mère s'est fait à l'idée que j'exécrais la biologie et l'étude du corps humain. Je n'aurais pas supporté de faire médecine comme mon grand-père. Ce n'est pas du tout pour moi.

_ Alors tu vas reprendre la maison d'édition de ton père à sa retraite ?

_ Peut-être, oui. Si j'en ai les capacités.

_Je suis sûr que tu les as.

_ Tu es un ange, Arthur ».

Ils rougirent tous les deux en lancèrent d'un même mouvement leur regard à travers la fenêtre, étrangement intéressés par le monde extérieur. Francis sentait le sujet sensible de leur relation pointer, et il savait bien qu'il n'y échapperait pas, c'était totalement justifié de la part d'Arthur, qui a besoin d'être rassuré. Mais Francis n'était pas du tout sûr de lui. Certes, il aimait follement ce jeune adolescent, mais cette relation n'était pas approuvable du tout. Immorale. Combien de temps allaient-ils vivre cachés dans leur crime ? Combien de temps tiendraient-ils surtout ? Il suffisait que cela s'ébruite et ils auraient des problèmes.

« Et… Et après ? Qu'est-ce qu'on fera… tous les deux ? »

Ça y est. L'incertitude d'Arthur venait de l'émouvoir. Le jeune adolescent semblait perdu et triste, comme s'il s'attendait aux pires nouvelles possibles. Peut-être attendait-il que Francis lui dise quelque chose comme « justement, à ce propos, on va s'arrêter là parce que je pense qu'on a assez joué ensembles ». Or, ce n'était absolument pas ce que voulait Francis.

« Lorsque tu auras dix-huit ans, on sera libres.

_ Si tu m'aimes jusque-là, annonça tristement le plus jeune.

_ Arthur, s'il-te-plait. Tu sais bien que je t'aime sincèrement. L'amour ne disparait pas en un claquement de doigt.

_ Mais je ne suis qu'un gosse face à toi. Tu vas te lasser avant que j'apprenne à vivre pleinement. Tu en sais tellement plus que moi en matière d'amour et d'expérience… Je ne te convaincrais pas longtemps de ma passion pour toi.

_ Ne sois pas si défaitiste, je ne suis pas un vieux croulant, non plus. Sept ou huit ans d'écart, ce n'est pas non plus quinze, vingt ou trente ! Et ce que j'aime chez toi n'a rien à voir avec l'expérience que tu as de l'amour ou quoi. Celui que tu es au naturel me suffit amplement et, crois-moi, je n'ai pas besoin de plus pour être heureux à tes côtés.

_ Même pas d'amour charnel ? »

Le deuxième sujet sensible venait d'être abordé. Francis grimaça.

« Tu sais bien que je veux attendre ta majorité pour ça, ce serait un crime autrement.

_ C'est déjà un crime de s'aimer, on n'est plus à ça près.

_ Ne complexifions pas les choses plus qu'elles ne le sont.

_ J'ai la majorité sexuelle, Francis. J'ai donc le droit d'avoir des relations sexuelles avec qui je veux.

_ Légalement et pénalement parlant, c'est vrai que ce n'est pas le plus gros soucis, bien que si un juge ou un policier l'apprend, il nous feront des remontrances et me regarderaient mal. C'est surtout d'un point de vue moral que ça gêne...

_ Je ne peux définitivement pas concevoir qu'un homme ne ressente pas de désir corporel…

_ Mais j'en ressens, qu'est-ce que tu penses ? Le problème, c'est que si je te goûte une fois, je ne pourrais plus m'empêcher de te faire l'amour à toutes les occasions, jusqu'à rêver de t'arracher à ton lycée pour t'enfermer dans ma chambre des journées entières. Tu peux donc concevoir que ce soit une très mauvaise idée ?

_ … Des journées entières ? »

Francis se tut, conscient qu'il s'était un peu laissé emporter par son fantasme. Celui-ci sembla cependant faire très plaisir à Arthur qui semblait soudainement plus rêveur et mélancolique. Francis se demandait ce qu'il venait de réveiller chez son amant et si les demandes d'union charnelles n'allaient pas augmenter suite à cet aveu.

Mauvais ça. Très mauvais.

D'autant plus qu'Arthur avait retiré ses chaussures pour glisser gentiment son pied sur son mollet. La caresse fit trembler la main de Francis qui s'empêcha de lui sauter dessus en plein milieu du café.

Ohhh… Mauvais ça. Très mauvais.

Avec un regard charmeur, Arthur croqua un carré de sucre en souriant comme un malin.

Petit diablotin, va.

Lorsqu'Arthur eut remonté son pied jusqu'à la cuisse, Francis le lui attrapa, provoquant chez le plus jeune un petit sursaut d'incompréhension. Puis, avec un sourire railleur, l'adulte lui chatouilla la plante du pied sans honte.

« Ahahah ! Non ! Stop ! Non ! Arrête ! Ahahah ! Noo ! Francis ! P-please ! Ahahaha! »

Satisfait de sa vengeance, il lui rendit son pauvre pied meurtri alors que l'autre reprenait son souffle du mieux qu'il pouvait, les joues rouges de plaisir.

« Pour la suite de notre rendez-vous, je te propose d'aller au chenil avec moi.

_ Au chenil ? Pourquoi ?

_ Eh bien, ça fait plusieurs fois que j'y vais dans l'espoir d'adopter un chien et je me disais qu'on pourrait en choisir un ensemble. Tu en avais un quand tu étais plus jeune, n'est-ce pas ?

_ Oui, mais mes frères voulaient pas me laisser jouer avec lui donc je n'ai pas pu me faire beaucoup de souvenir.

_ Celui que je vais acheter sera pour nous deux, d'accord ? Alors choisissons ensembles, comme en gage d'amour ».

Pour peu, Arthur en aurait ronronné de plaisir. Francis lui offrait un magnifique cadeau, dont ils s'occuperaient ensembles comme un vrai couple. C'était exactement de ce genre de petites attentions dont il avait besoin. Même si ça semblait égoïste, Arthur ressentait un profond désir de reconnaissance, dû à sa relation très conflictuelle avec ses frères et sœurs. Il voulait être aimé et qu'on s'occupe un peu de lui, car son père, malgré tout l'amour qu'il lui portait, le délaissait beaucoup à cause du travail et, surtout, parce qu'il en avait marre de gérer les disputes de la fratrie.

Plus seul que jamais, Arthur avait un incommensurable besoin d'amour et d'affection.

Ils quittèrent donc le café ensemble et grimpèrent dans la voiture de Francis, en route pour le chenil. Ce fut une sympathique balade qu'ils entreprirent et qui les fit passer par des routes à l'allure campagnarde. En effet, le chenil était à l'extérieur de la banlieue, là où l'air était plus pur pour les animaux.

Arthur s'endormit en chemin, au point où il ne sentit pas la voiture s'arrêter lorsqu'ils atteignirent leur destination.

N'ayant pas le cœur à le réveiller, Francis patienta une bonne heure à ses côtés. Pour faciliter son sommeil, il descendit discrètement leurs deux sièges afin de se mettre en position allongée. La tête sur son bras, l'adulte fixait son amant endormi, se disant qu'il était sans doute en face d'une des plus belles choses que la terre ait jamais portée.

Il s'efforçait de ne pas céder à la tentation de toucher ce corps qui lui disait pourtant « oui » sans embarras. Bien sûr qu'il le voulait. Si Arthur ne pouvait que lui appartenir à lui et à lui seul, il en serait comblé.

Cependant, un être humain n'est pas un objet que l'on peut s'approprier, et bien qu'il ait parfois du mal à contrôler sa jalousie, Francis devait continuer de considérer Arthur comme il était : libre.

On ne possède pas les gens. Ce n'est pas bien. Et pas raisonnable.

Francis était bien trop attaché à sa morale et à ses mœurs pour son propre bien. Cette culture bourgeoise du « correct » l'entravait plus qu'il ne le pensait et pouvait mettre en péril sa relation avec Arthur. Mais toutes ces règles de bienséances étaient solidement ancrées dans sa tête, comme une fable qu'il se racontait nuit et jour. Un vrai lavage de cerveau, finalement.

Il maudissait ses parents à ce moment précis.

Tient-toi droit.

Pas de coude à table.

Trouve-toi une femme, de préférence de bonne famille.

Ne coupe pas ta salade, c'est impoli.

Ne ris pas à gorge déployée.

Ne côtoie pas tes deux pauvres amis prolétaires du lycée.

Ne vis pas. Ne respire que si on te l'autorise. Sois notre esclave. N'écoute que nous. Ne développe de l'amitié que pour ceux que l'on jugera digne de toi. N'aime que celle que l'on te choisira.

Et surtout : ne refuse pas.

Obéis.

Francis sortit de sa rêverie, le front en sueur et la poitrine compressée sous un poids abstrait. Il épongea son visage puis respira une longue bouffée d'air pour se calmer. A côté de lui, Arthur continuait de dormir silencieusement, comme un enfant. Et pourtant, il n'en était déjà plus un. Même s'il préservait une part d'innocente relativement touchante.

Francis se permit de glisser ses doigts contre cette joue chaude, appréciant la chaleur de ce corps juvénile et vivant. Lui se trouvait parfois mort, ou affaibli par ses démons intérieurs. Trop sensible.

Arthur sembla, dans son sommeil, reconnaitre sa main, et tourna la tête vers elle pour y apposer délicatement ses lèvres, dans un baiser silencieux et doux. Ce geste si tendre acheva la morale de Francis qui s'effrita subtilement.

Il avança alors vers le bel endormi et vola ses lèvres.

S'il existait bien une chose que Francis adorait plus que tout, c'était d'embrasser Arthur, dont les lèvres semblaient n'exister que pour se mouler aux siennes. Chaudes et douces, elles le tentaient sans cesse, lui plaisaient, l'appelaient par ses rires.

Puis une main se saisit alors de ses boucles blondes pour approfondir le baiser, tandis qu'une autre s'amusait déjà à remonter contre son dos vouté. Arthur ouvrit un peu sa bouche, laissant passer sa langue qui s'attaqua à son homologue. Passionnés, ils s'embrassèrent à en perdre haleine, jusqu'à ce que l'adulte glisse sur le corps de son compagnon, comme s'il en était la couverture.

Bien que ce fauteuil de voiture ne soit pas du tout confortable, les corps n'hésitaient pas à onduler ensembles, dansant au rythme de leurs battements de cœur. Arthur se montra de plus en plus suggestifs dans ses gestes, allant jusqu'à descendre sa main sur le fessier de son amant. Celui-ci attrapa sa hanche fermement, l'immobilisant contre lui de façon à ce qu'ils puissent tous deux sentir à quel point leurs corps irradiaient l'un contre l'autre. Mais si Francis s'excitait des avances alléchantes de son compagnon, il devait avouer que ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour ça. Il devait donc stopper Arthur avant que celui-ci ne se mette à tenter des choses plus audacieuses comme par exemple…

Leurs lèvres se décrochèrent brusquement, car l'adolescent eut la soudaine envie de descendre ses lèvres contre la mâchoire, puis la joue, puis le cou de Francis, qui n'était plus qu'à deux doigts de flancher.

« Arthur… Stop…

_ Huuum… »

Il n'en avait strictement rien à faire.

Alors Francis attrapa ses deux bras pour le plaquer solidement au siège de la voiture, se réappropriant ses lèvres dans une caresse à la fois douce et sensuelle.

Privé de sa liberté de mouvement, Arthur râla mais ne put que se noyer dans l'océan bleu de ses yeux. Assis sur ses hanches dans une friction délicieuse et osée, Francis lui rappelait les plus belles peintures d'Adonis. La beauté à l'état pur. A ses yeux, il ne pouvait qu'être parfait.

Francis s'approcha de son visage à nouveau, déposa un léger baiser sur ses lèvres émue.

« Allons donc adopter cette pauvre bête qui nous attend impatiemment ».

Puis un autre baiser s'en suivit.

Sans crier gare, Francis se détacha de ce corps qui, décidemment, le tentait beaucoup trop, pour sortir rapidement de la voiture, invitant son amant à en faire de même. Se mordillant les lèvres comme pour savourer l'illusion que Francis y était encore accroché, Arthur remonta les deux sièges en silence, non sans lancer à son compagnon un regard tendancieux, qui traduisait bien ce qu'il pensait de ce petit moment de laisser-aller entre eux. Bien sûr, il en aurait voulu plus.

Francis aussi mais… la morale…

Il détourna les yeux vers le chenil qui dépassait derrière quelques arbres, soucieux de ne pas regarder Arthur dans les yeux. Il se sentait lâche de ne pas assumer pleinement son amour pour cet être si adorable et fort. Si seulement il pouvait laisser tomber toutes ses idées préconçues pour s'accepter ouvertement. Tant qu'il continuera à se voiler la face, il rendra l'adolescent malheureux. Et ce n'est pas un flirt dans une voiture qui allait remplacer l'appel de la chair et de la passion. Ou de se prendre par la main dans la rue.

Pourtant, c'était tout ce que Francis voulait.

S'il pouvait arracher Arthur à sa famille pour l'enfermer chez lui, il le ferait, tant pis pour la morale et pour son éducation. Surtout que l'adolescent était très clairement éprouvé par ce qu'il vivait au quotidien, tant chez lui qu'à l'école. Fuir tout ça lui ferait tellement plaisir que l'idée de le kidnapper continuait rythmiquement de chatouiller l'esprit de Francis, jusque dans ses rêves.

Il était vraiment trop tordu.

Et le pire dans cette histoire, c'était qu'elle était tout à fait faisable et acceptable pour eux deux.

Ils voulaient s'arracher de leurs vies. Parce que même passé dix-huit ans, leur couple serait toujours montré du doigt.

Francis était trop… réputé pour cacher un amant secret. Et puis « le cacher », quoi… Quel manque de respect pour Arthur. Lui aussi avait le droit de vivre à l'air libre et de voir du monde.

D'un côté, personne n'approuverait qu'un homme du rang de Francis soit en couple avec un garçon – imaginons le scandale – et de sept ou huit ans son cadet qui plus est ! Ce serait intolérable pour la famille si réputée des Bonnefoy, ayant bâti leur fortune dans les livres et tenant une des plus grande chaine de distribution de la littérature en occident, que de voir le jeune et bel héritier, petit ange parfait depuis sa plus tendre enfance, s'amouracher d'un – et ne mâchons pas nos mots face à ces petits dégoutants de prolétaires – pauvre gosse sans histoire ni intérêt et complétement déconnecté de ce qu'est la réalité du monde.

La famille Bonnefoy était facile à résumer : les grands-parents étaient de vieux coincés conservateurs, sauf le grand-père maternel qui avait tendance à vivre sa vie au jour le jour, quitte à se faire haïr du reste de la famille les parents étaient riches et fiers de l'être, même s'ils étaient complètement passés à côté de l'amour qu'aurait pu leur donner leurs enfants et ces derniers étaient des faux bourgeois, occupés à faire semblant de soutenir l'idéologie de leurs parents pour cacher le fait qu'ils s'en battaient littéralement les couilles – pour reprendre l'expression d'un des fils – de cette richesse qui ne faisait que brider leurs rêves.

Mais entre Feliciano, Lovino (les deux petits frères) et Francis, c'était ce dernier qui était le plus atteint par l'influence de ses parents. Sans doute parce qu'il était l'ainé, ses parents avaient eu plus de temps pour le lobotomiser.

A l'inverse, les deux cadets respiraient la liberté. Quelle injustice, au sein de la même génération, dans la même famille qui plus est !

Arthur s'échappa du tas de ferraille et claqua la portière, recoiffant malhabilement ses cheveux désordonnés. Reprendre un peu de sérieux ne lui ferait pas de mal, même s'il était tout à fait charmant lorsqu'il était débraillé.

Alors qu'ils marchaient tous les deux côte-à-côte en direction du chenil, Francis nota la grande proximité de leurs deux mains, se frôlant à l'occasion dans une petite caresse alléchante. Francis hésita jusqu'au bout à se l'approprier mais échoua dans sa manœuvre sous le poids de ses remords. Il n'arrivait pas à être naturel avec lui lorsqu'ils étaient potentiellement observés.

Cependant, et pour rester poli et avenant, il lui ouvrit la porte pour le laisser passer en premier. Arthur le remercia pour cette attention et pénétra en premier dans le refuge.

Quelques aboiements enthousiastes les accueillirent, ainsi que la gérante, qui abandonna un instant les caresses qu'elle offrait à un de ses animaux.

« Bien le bonjour, messiers. Que puis-je faire pour vous ?

_ Nous voudrions adopter un chien. Pouvons-nous jeter un œil ? demanda élégamment l'adulte avec un sourire plaisant.

_ Mais bien sûr, c'est de ce côté-là, juste derrière le coin réservé aux lapins. Ma collègue vous guidera dans votre choix si vous faites appel à elle.

_ Très bien, je vous remercie ».

Arthur à sa suite, l'éditeur arpenta les couloirs boisés du chenil, jusqu'à atteindre leur but.

« Alors, mon amour ? As-tu une idée particulière ?

_ Chiot ?

_ J'osais à peine te le demander ».

Ils se sourient, toujours heureux de constater qu'ils avaient des goûts en communs.

« Un chiot qui deviendra un gros chien, proposa Francis. Comme ça, il fera peur à ma mère et elle cessera de venir chez moi pour voir comment je me « débrouille » dans la vie active. Je crois qu'elle a oublié que j'étais adulte.

_ Pfff… Je suis bien d'accord. Et puis, j'aime aussi les gros chiens, de toute façon ».

Francis lui frotta affectivement les cheveux avant de commencer à observer les chiots qui jouaient entre eux. Certains, se sentant observés, vinrent se précipiter vers les bords de leur aire de jeu, au plus proche de Francis, dans l'espoir de recevoir une caresse. Bientôt, ce fut une invasion de chiots qui tenta d'attirer son attention. Il fallut beaucoup de force de caractère à Francis pour ne pas fondre sur place. S'il le pouvait, il les aurait tous pris, mais sa raison lui rappela que, non, ce n'était définitivement pas possible.

Un gros chien, donc ? enfin… futur gros chien, plutôt.

Peut-être un Husky… C'était typiquement le genre de chien qui ferait peur à sa mère…

Francis se retourna pour se concerter avec son amant, mais s'immobilisa lorsqu'il le vit au loin, assis sur une petite chaise en bois prêtée par le magasin, un bébé Berger Allemand qui jouait dans ses bras à poser sa patte sur son visage. Arthur relevait la tête quand il voyait la patte arriver, esquivant le contact pour suivre le jeu du chiot. Un rire simple suspendu à ses lèvres, l'adolescent commençait à chatouiller sa victime, qui couinait en tentant de lui mordiller la main.

Arthur avait réellement l'air heureux, loin de ses problèmes de famille, et cela réchauffait le cœur de Francis, fier d'avoir pu lui offrir ces quelques instants de bonheur.

Le plus âgé avança vers son protégé, jusqu'à ce que celui-ci remarque sa présence et tourne la tête vers lui. Le chiot, également intrigué, émit un petit aboiement vers Francis qui lui caressa la tête avec la plus grande douceur.

« Ecoute Francis, je… je crois que…

_ On le prend, Arthur. Tu m'as convaincu.

_ Mais j'ai même pas encore argumenté ! »

Francis rigola et alla chercher la vendeuse pour qu'elle lui donne toutes les consignes à respecter pour élever et prendre soin au mieux d'un chien. Ils passèrent près d'une heure dans la boutique, tant ils étaient absorbés par la vivacité d'esprit de la vendeuse, qui semblait en connaitre un rayon sur les Berger Allemand. Elle leur décrivait tout ce qu'elle savait avec une telle passion dans le regard qu'ils ne purent que l'écouter parler. Voyant qu'elle prenait tout de même pas mal de temps, elle finit par leur donner quelques références bibliques d'ouvrages qu'ils devaient absolument lire pour tout savoir.

Les deux grands passionnés de littératures s'échangèrent un regard complice, sachant déjà qu'ils allaient faire un petit saut à la bibliothèque avant de rentrer.

Un peu plus tard, ils se retrouvèrent tous les deux dans la voiture, le chiot dans un panier rembourré à coup d'oreillers, posé sur les genoux d'Arthur.

« Je passerais après les cours pour le voir, chantonna Arthur en jouant avec son nouvel ami. Sauf si je te dérange.

_ Pour rien au monde tu me dérangerais, mon amour. Passe quand tu veux. Pour ma part, je vais me mettre au télétravail deux ou trois jours par semaine pour pouvoir m'occuper de lui à la maison sans le laisser seul. Et puis, ça me fera respirer un peu. J'en ai ras-le-bol d'être solliciter sans cesse pour des broutilles. Là, mes collègues me foutront la paix et ça les obligera à bosser seul.

_ Tu peux faire du télétravail ?

_ Je suis le fils du grand patron. Par définition, je peux égoïstement tout me permettre, même si, connaissant mon père, il l'aurait accordé à n'importe qui. Du moment que le travail est bien fait, ça ne pose aucun problème. Et puis, ma fonction n'implique pas que je sois forcément au bureau. Je peux appeler les auteurs, les imprimeurs et nos actionnaires depuis chez moi, voir les inviter en cas de réunion. On gagnera du temps par rapport au bureau, où on doit descendre voir la secrétaire pour trouver une éventuelle salle de libre. Mon salon peut suffire.

_ C'est vrai que, vu sous cet angle… Tu me diras quand tu reçois des gens ? Pour que je ne te dérange pas en pleine réunion.

_ Je te donnerais les clefs de chez moi et tu passeras par derrière pour voir le petit, si tu veux.

_ Tu plaisante ?

_ J'ai l'air de plaisanter ?

_ Tu me passerais… les clefs de chez toi ?

_ Sans hésiter. De toute façon, ça arrivera bien un jour ».

Arthur rougit puis baissa la tête vers le chiot endormi. Vivre sous le même toit. Francis désirait donc bien rester avec lui le plus longtemps possible. Il était prêt à lui passer un double de ses clés… Ce simple fait lui réchauffa le cœur.

Ils s'aimaient.


Et après la fic sur l'inceste, je vous sors la fic avec les perso qui ont pas le même âge! Yolo!

Sérieux, faut que j'aille en thérapie, là! XD

Bon, j'espère que le sujet n'est pas trop sensible (seize, vingt-quatre ans, c'est pas la mort... je crois... O.O)

Pour l'instant, ça reste très "love/love" mais les sujets sensibles arrivent bientôt (Gniark)! Torturer mes personnages, c'est mon kiff dans la vie!