Enfin ! Ma première fanfiction sur le couple Aioros/Saga. J'ai toujours éprouvé une certaine curiosité quant à ce couple très peu représenté. J'espère que la vision très personnelle et sombre que je m'en fais vous interpellera et vous intriguera, à votre tour. Enjoy !

P.S. : Celle qui trouve d'où vient le titre aura droit à un bonbon ! :')

C'était une de ces matinées où le soleil semble avoir changé de galaxie… Le ciel grisâtre semblait fusionner avec la mer en un fondu pluvieux. Les nuages qui s'amoncelaient au dessus de la Méditerranée étaient menaçants et cet amas gloubiboulgesque ne laissait rien présager de bon. Pourtant, la mer d'ordinaire d'un bleu limpide et apaisant, était réputée pour sa clémence et sa température agréable en toutes saisons. Grâce à ce berceau aquatique voluptueux, la Grèce était une destination de premier choix pour les touristes du monde entier. Mais à elle seule, cette première semaine de novembre aurait suffit à faire mentir cette réputation de carte postale idyllique.

Ces derniers jours, l'eau était si agitée que la mer ressemblait à une entité vivante désireuse d'extérioriser sa colère trop longtemps dissimulée. Les vagues boueuses venaient mourir contre les falaises de calcaire, les creusant à tel point qu'elles donnaient à la côte grecque un aspect squelettique et morbide. Même les rouleaux d'écume contribuaient à cette image maussade, ressemblant à s'y méprendre à des spectres livides et tourmentés.

C'est bien simple, si votre brave Futae ne vous certifiait pas sur l'honneur que l'histoire se déroule au pays de l'Olympe, vous ne la croiriez pas !

Parce que là quand même, ça ressemble méchamment à la Normandie en plein mois de février !

Bref, revenons à nos moutons parce que sinon je vais finir par recevoir des lettres de menaces de l'Office de Tourisme de Grèce ! (à ce propos, la Grèce, c'est LE BIEN, MANGEZ-EN CET ETE !)

Sur la plage abandonnée (sans coquillage, ni crustacé) marchait à pas rompus un brun athlétique au teint hâlé qui semblait indiquer que le jeune homme était plus habitué au soleil bénéfique des Balkans qu'à ses très rares caprices.

Les vagues venaient lécher possessivement ses pieds chaussés de sandales en cuir usé, effaçant toutes traces de son frais passage.

Aioros semblait déambuler sur la plage déserte sans but. Mais il n'en n'était rien. Sa présence ici n'était pas le fruit du hasard. Il faisait un temps à ne pas laisser un chat dehors et pourtant, il avait choisi de son propre chef de sortir. Affrontant vents et marées, surtout ces dernières en fait, le Grec avait mis le cap sur le… Cap Sounion, justement. Lors de ses récents entrainements avec son jeune frère Aiolia du Lion, il avait remarqué que le Cap qui avait conservé sa nature sauvage et indomptable par rapport au reste de la Méditerranée, était anormalement dangereux depuis quelques jours. Aioros avait même été contraint d'abandonner une de ces cessions dominicales d'entrainement et avait été sommé par la mer colérique de plier bagages au plus vite.

Contrairement à ses frères d'armes qui ne voyaient la mer que comme une source de détente après la rudesse de leur entrainement quotidien, Aioros en avait fait un outil pédagogique pour inculquer à Aiolia la toute puissance d'une nature indomptable par la main de l'Homme. Evidemment, la paisible Méditerranée semblait bien mal se prêter à cette leçon, mais le Cap Sounion et ses cryptes rocailleuses serties de falaises coupantes comme des griffes de lynx, suffisaient à faire passer le message. Les vagues pouvaient y atteindre plusieurs mètres de hauteur et parfois même des tourbillons meurtriers naissaient au sein de cet endroit mythique, qui gardait jalousement les secrets du temple de Poséidon. Et cela avait du sens quand on y réfléchissait bien. Ce lieu unique en Grèce ne dépendait plus de la juridiction d'Athéna la pacifiste, mais bel et bien du belliqueux Poséidon, dieu des Océans. Comme s'il clamait sa propriété sur le cap, le roi des mers semblait prendre plaisir à faire s'y affronter les éléments.

Aioros avait remarqué cette évolution inquiétante de la situation et sur les conseils du Pope, il s'était rendu au cap pour surveiller cela et peut-être, trouver la cause de ce ballet mortel et fascinant. Immédiatement, les deux hommes avaient imaginé le pire. Cette manifestation puissante pourrait être révélatrice de l'imminent réveil du dieu marin. Mieux valait donc ne pas prendre cet avertissement à la légère et se tenir prêt à agir en cas de déclaration de guerre. Aioros était sur le qui vive, mais au fil de son inspection, ce n'était plus ce sentiment d'alerte et de crainte qui s'était emparé de son cœur, mais plutôt une étrange sensation de mélancolie et de déprime.

Pourtant, au sein du Sanctuaire, Aioros était l'incarnation de la bonne humeur et de la volonté, mais il avait suffit qu'il pose un pied sur le sable froid et humide du cap ce matin-là, pour se sentir aussi triste et vide que la mer qui chantait son désespoir. Il prit place sur le sable sale et il scruta l'horizon. Il ne redoutait plus Poséidon. A vrai dire, il aurait pu le croiser en personne à cet instant, il n'aurait même pas combattu. Il ferma les yeux, laissant cette sensation de néant étouffante, mais étrangement réconfortante, prendre possession de son âme…

Un moment, il crut que son cœur allait se laisser volontairement dévorer par les ténèbres qui régnaient en maîtres ici. Mais la présence d'Athéna au fond de lui, veillant sur lui comme il veillait sur elle, le tira de son agonisante torpeur. Il leva les yeux vers la falaise où les vagues venaient éclater en un vacarme grondant.

Et…

…ce fut à cet instant que sa vie bascula.

Pendant une fraction de secondes, ses yeux accompagnèrent la chute de l'ange sombre qui allait provoquer bien plus tard, sa propre déchéance.

Sans même y réfléchir ou ordonner à son corps de le faire, Aioros se leva précipitamment. La forme gracieuse s'écrasa dans l'océan, échappant au regard choqué du brun.

Et elle ne refit pas surface.

Ni une, ni deux, n'écoutant que son courage, le vaillant sagittaire paniqué arracha à moitié ses sandales en les enlevant, se débarrassa à la hâte de sa tunique lacée et il plongea dans la mer inhospitalière. Il nagea à contre courant, s'épuisant contre les vagues qui semblaient tout mettre en œuvre pour l'éloigner de l'objet de sa convoitise. Regardant partout autour de lui tel un prédateur à la recherche de sa proie, Aioros chercha en vain à localiser l'ange qui était tombé du Paradis. Ne le trouvant pas, il comprit que ce dernier venait d'amorcer son voyage vers le Cocyte. Un voyage dont on ne revient jamais. Immédiatement, le Grec prit une profonde bouffée d'air et il plongea, essayant de trouver ce qu'il cherchait. Il faut croire que malgré toute l'énergie que semblait déployer Poséidon pour l'en séparer, Athéna fut plus forte ce jour-là et lui donna sa bénédiction.

Aioros attrapa une main qu'il ne lâcha plus, nageant inexorablement vers la surface, sans jamais se retourner. C'était peut-être de la superstition et le contexte était complètement différent, mais il ne tenait pas à jouer les Orphée. S'il se retournait, il avait bien trop peur que son Eurydice ne lui glisse entre les doigts…

Il nagea ensuite jusqu'au rivage et à bout de souffle, il secoua l'ange à ses pieds. Pas de signe de vie. Mauvais signe. Aioros posa alors son oreille contre cette poitrine ferme et il n'y entendit aucun battement rassurant. Décidé à ramener l'autre parmi eux, il n'hésita pas deux fois avant de se lancer dans un bouche à bouche qui, en plus d'être salvateur, aurait fait fondre la banquise. Il ne lésina ni sur l'oxygène offert, ni sur les vigoureux massages cardiaques et grâce à sa dévotion, il ramena à a vie l'inconnu qui gisait sur la plage peu accueillante du cap.

Et la Terre cessa de tourner quand il ouvrit ses grands yeux d'un bleu profond…

Jamais Aioros n'avait vu quelqu'un d'aussi beau. C'était véritablement un ange. Ses longs cheveux emmêlés retombaient en une cascade des boucles sur ses épaules. Son visage de porcelaine avait la finesse des traits d'une femme et le caractère d'un homme viril. Sa mâchoire carrée et prononcée contrastait avec l'éclat doux de ses grands yeux calmes. Il fixait Aioros d'un air épuisé et perdu et ce dernier lui souriait tendrement.

Pourtant… le sagittaire n'était pas dupe.

Il savait bien…

Il savait très bien même.

Que son ange avait fait le grand saut pour plonger dans les bras d'Hadès.

Normalement, après ce sauvetage in extremis qui aurait pu leur coûter la vie à tous les deux, il aurait sèchement sermonné la malheureuse victime !

Mais pas son ange.

Il avait volé à son secours, comme l'aurait fait tout chevalier d'or (bon, ok, pas tous, mais les plus dignes, disons…), mais en réalité, ce n'était pas du tout par altruisme ou par devoir qu'il avait fait cela.

Non, c'était par pur égoïsme.

Il n'avait pensé qu'à lui et rien qu'à lui, sans savoir que cet unique et ultime geste d'égocentrisme allait déclencher sa propre perte…

Il ne s'était même pas posé la question de savoir s'il n'aurait pas été préférable qu'il respecte la volonté de l'ange en le laissant mourir. Impensable pour Aioros ! Toute vie est précieuse aux yeux du sagittaire et ne mérite pas qu'on la jette ainsi, quelle qu'en puisse être la raison. Chaque problème a sa solution ! C'était une vision des choses bien irréelle et utopiste, mais le brun y croyait dur comme fer. Sauf que là non plus, il n'avait pas agi ainsi juste pour être en accord avec ses convictions.

Mais parce qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner de délicat être de lumière.

Oui, il le voulait pour lui.

Et comme si son ange acceptait d'être le captif consentant de son cœur, il ne le quittait pas des yeux comme pour lui signifier qu'il lui appartenait. Il ne cherchait pas à fuir, ni même à se justifier. Tout était dit, déjà, tout était d'accord.

Naïvement, instinctivement, Aioros se pencha pour embrasser chastement le jeune homme. Un baiser, un simple baiser sans arrière pensée… Une voix à l'intérieur de lui criait qu'il ne devait pas faire cela, que ça n'avait pas de sens ! Il ne le connaissait même pas ! L'avoir secouru ne lui donnait aucun droit de récompense ! Il était un chevalier, il faisait cela pour l'honneur, rien d'autre !

Oui, mais la gloire personnelle a ses limites. Et Aioros voulait plus. Il voulait au moins savourer sa bonne action en cueillant le fruit (défendu) de son dur labeur. C'était tout ce à quoi il pensait en cet instant, sa seule obsession était de goûter l'autre homme étendu sous lui. Et le fait qu'il s'agisse d'un homme justement, et pas d'une innocente damoiselle, ne l'effleura même pas. En tant normal, jamais il n'aurait été capable de cela. D'abord, parce qu'il aurait été trop énervé contre ce maudit suicidaire qui n'avait rien trouvé de mieux à foutre que d'essayer de se foutre en l'air sous son nez et en pleine tempête ! Et ensuite, parce que le sagittaire était trop fier et idéaliste pour s'octroyer une récompense. Surtout quand celle-ci était en nature…

Pourtant, ces sages considérations semblaient à des cosmos de lui !

Ses lèvres se posèrent enfin sur celle de l'ange… Et ce fut très différent du bouche à bouche qu'il lui avait prodigué, même si celui-ci était déjà assez osé… Il avait l'impression de toucher pour la première fois cet être supérieur. C'était bon. Bon comme l'interdit, bon comme le sacrilège. Il avait l'impression de le souiller par ses lèvres, une impression étrange mais galvanisante lorsque l'on a pour habitude de réfréner ses propres désirs au nom d'une éthique bien éloignée de la réalité des besoins d'un homme en pleine force de l'âge. Cependant, jamais dans l'esprit d'Aioros il n'y eut d'amalgame. Cette démarche était foncièrement romanesque, sans aucune pensée peu louable. Il s'agissait d'un simple baiser, comme ceux que les princes donnent à leur princesse éveillée.

Pourtant…

Très vite, le rêve se brisa autour de lui et le conte laissa place à la réalité, plus brutale, plus crue.

Aioros sentit une main sur sa cuisse droite. Une main qui ne resta pas posée là comme par accident et qui se mit en marche, caressant lentement les muscles du sagittaire encore durcis par l'effort. Et alors qu'il prenait conscience de la tournure que prenaient les évènements, son protégé ne trouva aucune meilleure façon d'exprimer sa gratitude qu'en approfondissant le baiser. Leurs langues se trouvèrent et joutèrent ensemble avec agilité, mais pas seulement. Il y avait de la rancœur dans ce baiser, un goût amer de domination et de faim. Se laissant littéralement submerger et par cet océan d'envie et par l'océan salé qui cherchait toujours à les engloutir dans son ventre, Aioros ne résista pas. Il n'était même pas sûr de comprendre jusqu'où cela irait.

Et il ne le voulait pas.

La proie, c'était lui. Les rôles venaient de s'inverser même si le changement était si subtil au premier abord qu'on ne pouvait le remarquer. Peut-être était-ce la peur de la mort… Ou l'instinct de survie, tout simplement, car l'ange sans nom continua son exploration buccale presque agressive et dirigiste, mais chargée de désir hormonal.

A quoi bon lutter lorsqu'il est si facile de se laisser aller ? A quoi bon se battre lorsque l'on n'a qu'une seule envie, perdre ?

Aioros avait perdu dès lors qu'il avait croisé ces yeux clairs emplis de détresse.

Il y avait laissé bien plus que son honneur de chevalier.

Il s'était perdu lui-même…

Et désormais, rien ne pourrait plus le sauver…

L'ange se redressa légèrement et sa main curieuse et hyperactive n'attendit pas pour poursuivre sur sa lancée. Son objectif semblant tout désigné, elle s'attela à défaire le pantalon trempé du Grec avec un certain savoir faire. Et cette aisance, cette détermination dans le geste auraient du mettre la puce à l'oreille d'Aioros, si seulement il n'avait pas été atteint d'une grave surdité à cet instant.

Bien-sûr, il fut très surpris et presque choqué. Son cerveau essaya bien de lui ordonner de mettre fin à cette impudique rencontre, mais impossible pour son corps de capter l'information et de la mettre à exécution. Il savait que c'était mal au fond de lui et que ce n'était pas ce qu'il voulait. Pas ici, pas comme ça, pas maintenant… Mais l'ange semblait si affamé et lui était si désireux de le posséder même l'espace d'un court instant qu'il laissa l'autre homme agir à sa guise. Et l'autre ne perdit pas de temps, il glissa sa main au touché de plume sous le tissu et trouva ce qu'elle cherchait depuis le départ et sans détour. Le message était absolument clair et Aioros répondit par un gémissement qu'il avait compris. Aucun malentendu possible alors que l'autre main fine était occupée à masser les biceps bronzés du Grec.

Les vagues explosaient contre leurs deux corps enlacés et le sol était dur, froid, peu désireux d'être le lieu de leurs ébats passionnels. Mais peu importe, ce n'était pas ce qui allait arrêter les jeunes gens qui n'avaient toujours pas rompu leur baiser vampirisant. Mentalement, l'intoxication d'Aioros était totale puisque même sa raison semblait avoir abandonné le navire, noyée dans ce dédale d'émotions contraires. Il ne voulait pas cela…

Non…

…stop…

… continue…

…. Ne t'arrête surtout pas…

…. Plus bas… c'est si bon… encore… touche-moi…

…. Je veux te sentir… Je veux ne faire plus qu'un avec toi…

Alors que les langoureuses caresses s'intensifiaient et que le sagittaire commençait enfin à délaisser son rôle passif pour un rôle plus actif et impliqué, il dévoila une cuisse blanche et ferme. La victime portait une tunique longue très facile à écarter pour…

Ils n'allaient pas s'embêter à se débarrasser de tous les vêtements respectifs (quoi que pour Aioros, cette étape était déjà bien entamée), il l'avait compris dès le départ. L'envie était trop forte et nécessitait d'être satisfaite immédiatement sous peine d'implosion. Ils en avaient autant besoin l'un que l'autre, se retenir n'était plus une option, il fallait tout évacuer et prendre le contrôle de soi. Quelle meilleure façon qu'en s'unissant à travers la chair ? Même si cela ne durerait que quelques minutes, Aioros voulait s'oublier complètement dans les bras de ce parfait inconnu si entreprenant.

Il n'avait plus conscience de rien, pas même du temps, des vagues, du froid ou de la chaleur bien nichée au creux de ses reins. Seuls les gémissements ou tout autre son discret sortant de la bouche de son compagnon tournaient en boucle dans sa tête. Il n'y avait plus que lui qui comptait.

Aioros ne savait même pas s'y prendre. Il ne réfléchissait pas, il n'écoutait même pas son instinct. En fait, ce fut comme s'il avait toujours su… tout se faisait automatiquement, machinalement, aisément.

C'était la première fois qu'il perdrait le contrôle de son corps ainsi. Ce dernier semblait suivre sa propre volonté qui était inconnue au sagittaire, ce dont il se moquait royalement !

C'est alors que cela arriva…

A la valse du vent et de l'eau, succéda celle des corps impatients et enflammés.

SA première fois.

Elle arriva plus vite qu'il ne le réalisa tant son cerveau était embrumé dans cet épais brouillard extatique. Avant qu'il n'ait pu réaliser l'ampleur et la « gravité » de son geste, il était déjà dans ce douillet cocon de chair si étroit, si chaud, si doux, si serré, si hypnotique.

L'ange laissa échapper un râle rauque et il griffa l'épaule du Grec. La morsure de ces ongles électrisa Aioros, agissant comme un signal de départ pour lui. Tel le coup de feu précédent une course de galop, ce geste activa la machine corporelle du sagittaire et elle se mit en branle immédiatement.

Les coups de reins pour se frayer un passage dans ce corridor de velours se mirent à pleuvoir de plus en plus assurés et secs. Prisonnier de cet écrin paradisiaque, Aioros n'avait d'autre choix que de le tailler à sa mesure. N'ayant toujours pas rompu le baiser, il avait de plus en plus de mal à respirer… et l'ange ne l'aidait pas, semblant lui voler l'oxygène directement à la source, comme toute à l'heure. C'était une vraie sangsue qu'il avait accroché à ses poumons et le fait qu'il semble avaler les gémissements du brun également sans se décrocher de ses lèvres, rendait étrangement Aioros de plus en plus excité. La tête lui tournait. Il avait chaud. Il avait faim. L'ange écarta bien ses cuisses comme pour faire de la place à son fougueux sauveur, et il les passa autour de sa taille comme pour l'empêcher de filer en douce avant qu'il ne l'ait totalement rempli d'amour…

Une vague un peu plus forte que les autres manqua bien de les noyer, mais ils ne semblèrent même pas la sentir ! Leurs vas et viens brûlants avaient creusé dans le sable un trace de leur passage que la marée ne semblait pouvoir effacer. Et même si elle y parvenait, ce dessin resterait gravé dans leurs corps juvéniles et irresponsables…

Jamais ils n'avaient ressenti quelque chose d'aussi dangereusement fort et addictif. Ils ne voulaient plus, ne pouvaient plus se décrocher l'un de l'autre, comme la dague plantée dans la chair d'un animal blessé et ne désirant plus s'en déloger à peine de mort.

Pourtant, le corps entêté d'Aioros montra rapidement ses limites et après un départ fulgurant, le grand final tant attendu, le feu d'artifices, ne fut qu'un pétard mouillé dans l'immensité de l'océan des désirs sauvages.

Epuisé, pantelant, le sagittaire sentit son cosmos trembler tout comme son corps et, foudroyé en pleine gloire sexuelle, il se répandit dans le corps de l'ange de façon toute à fait incontrôlée et inélégante. Ecrasant de toute sa masse l'autre, sa vision se flouta et il ferma les yeux pour ne les ouvrir à nouveau que quelques heures plus tard…

Les piaillements des mouettes le ramenèrent sur Terre.

La colère de Poséidon s'était dissoute, comme par magie.

Le soleil perçait timidement à travers les nuages qui s'éloignaient vers la mer.

Il avait froid.

Et il était seul…

Peut-être était-ce un rêve… ?

« Un beau rêve, alors » ! Lança le sagittaire en souriant, levant les yeux vers le soleil si clément dans lequel baignait son visage.

C'était du Aioros tout crâché. Plutôt que de se prendre la tête, il préférait voir le côté optimiste de la vie, en toutes circonstances. Et comme il était réellement persuadé que c'était un rêve, il n'alla pas chercher plus loin…

Pas même en découvrant ses vêtements éparpiller sur la plage encore témoin d'une certaine scène…

Considérant que le danger potentiel était écarté, il se décida à rentrer au Sanctuaire et la première chose qu'il fit après s'être rhabillé décemment, fut d'aller faire son rapport au Pope.

« Entre Aioros, je t'attendais ».

Avant même qu'il n'ait frappé à la porte de la salle du trône, le Pope avait deviné sa présence. Et l'objet de sa visite aussi ? Décidément, le représentant le plus proche d'Athéna ne cessait d'étonner le fringuant Aioros. Au Sanctuaire, il était très à l'écoute de ses chevaliers et même si l'on ignorait sa véritable identité à cause du masque qu'il portait en permanence, le Pope faisait office de figure paternelle pour tout le monde. Le sourire aux lèvres, rassuré, Aioros entra dans l'immense salle.

Mais ce qu'il vit le laissa interdit.

Ou plutôt, QUI il vit !

« Aioros, laisse-moi te présenter Saga. A partir d'aujourd'hui, vous serez frères d'armes car Saga vient de terminer son entraînement de chevalier et de remporter avec succès l'armure d'or des Gémeaux. Je compte sur toi pour lui faire visiter le Sanctuaire, puisque tu as effectué ton entraînement ici et que tu connais bien les lieux».

L'ange qui se tenait à côté du Pope esquissa un sourire franc et s'avança pour serrer la main du sagittaire en constatant que ce dernier était pour le moins… immobile et très peu concerné par la politesse.

« Enchanté, Aioros ».

Il s'inclina respectueusement, avec la grâce et l'élégance qui le caractérisaient.

« J'ai entendu beaucoup de bien de toi… J'espère que nous deviendrons de bons amis ».

Il prit la main bronzé dans la sienne et la caressa légèrement.

Impossible ! Putain, c'était pas croyable ! Non, ça ne pouvait pas être vrai ! Il ne pouvait pas avoir b… avoir fait… « ça »… avec un autre chevalier sans deviner sa véritable nature quand même ? Aioros avait toujours été naïvement convaincu que si un jour il devenait un peu plus… intime avec un confrère, il le sentirait ! Il verrait son cosmos ou un truc du genre ! Et là, il s'était fait avoir comme une débutante ! Et merde ! Comment le regarder droit dans les yeux après CA ? Et pourquoi LUI, il y arrivait ?

« Quelque chose ne va pas, Aioros » ? Demanda le Pope, toujours très observateur.

« Non, c'est… je suis fatigué, c'est tout. Ca ira sûrement mieux demain ».

« Va te reposer, dans ce cas et tu feras visiter le Sanctuaire à Saga demain, d'accord ? Je compte sur toi ».

« Bien, Grand Pope ».

Il était estomaqué, mais ne voulait pas que sa gêne se remarque et puis… peut-être qu'il avait VRAIMENT imaginé tout ça… Il avait peut-être choppé une insolation, s'était endormi comme une merde sur la plage et avait RÊVE tout ça ! Mais oui, c'était LA SEULE explication !

Soulagé, il sortit et soupira, suivi de Saga. Aioros s'en voulut d'avoir cru des trucs aussi déplacé à propos de ce brave chevalier qui ne semblait absolument pas le connaître. Bon en même temps, comme si, si tout cela était bien arrivé, Saga l'aurait clamé devant le Pope ! Mais ça ne vint même pas à l'esprit d'Aioros en fait, tant il était CONVAINCU que tout cela était le fruit de son imagination pas très sage…

Ce ne fut que quand Saga s'approche pour lui serrer amicalement la main à nouveau pour lui souhaiter bonne nuit, qu'Aioros remarqua qu'il avait les cheveux mouillés…

Bon ok ! Ca arrive les coïncidences, non ?

Et il sentait le sel, l'air marin…

Bon d'accord, il était peut-être venu en bâteau, hein !

Mais le doute ne fut plus permis quand il nota que les ongles courts de sangs étaient imbibés de sang frais.

Oui, mais peut-être que… et puis MERDE, NON, PAS CETTE FOIS !

C'était forcément SON SANG, car il l'avait griffé pendant leur… première rencontre !

Aioros eut un mouvement de recul que Saga prit pour de la fatigue et il recula à son tour.

« Bonne nuit, Aioros. A demain ».

Le jeune homme descendit alors les marches vers son propre temple, laissant un Aioros complètement déboussolé sur le pas de la salle du Pope. Le cœur du brun battait si fort dans sa poitrine qu'il menaçait d'exploser sa cage thoracique pour s'enfuir en courant !

« Putain. C'est la dernière fois que je joue les Superman avec des inconnus canons, ça c'est clair »… jura le sagittaire rougissant, alors qu'il observait la constellation des Gémeaux, particulièrement brillante ce soir.