Voilà une nouvelle Fan Fiction, je délaisse temporairement ma fiction sur Nord et Sud et Elisabeth Gaskell pour un petit temps car je suis bloquée dans l'écriture, je n'ai toujours pas réglé certains soucis avec certains personnages et je préfère y voir plus clair avant de continuer… Je me rapproche de mon auteure préférée Jane Austen. Voici donc une Fan Fiction d'Orgueil et Préjugés. Je débute mon histoire à la fin de la version de Joe Wright, même si pour moi la seule véritable adaptation est celle de la BBC, je visualise plus mon Elisabeth comme Keira, et « mon » Darcy et bien, cela dépend certaines fois c'est le beau Colin, d'autres fois il s'agit de Matthew… L'histoire commence donc au moment des fiançailles de Jane et Bingley, et la fin de la Fic Fiction, et bien, on verra bien.
Bonne lecture, et n'hésitez pas à laisser vos commentaires, car cela m'encourage .
A très bientôt!
Chapitre 1- Révélations
- Oui…Oh mille fois oui Mr Bingley…
Jane laissait perler quelques larmes sur son si délicat visage pendant que Mr Bingley-toujours agenouillé devant elle- prenait ses mains dans les siennes pour y déposer un chaste baisemain. Jane rayonnait et lui n'était pas en reste non plus, tous deux savouraient ces quelques instants seuls à seuls dans le petit salon de Longbourn.
- Ne pleurez-pas Miss Bennet, je vous en prie, à moins que ce ne soient des larmes de joie comme je l'espère tant… Je vais aller parler à votre père si vous me le permettez, je ne puis attendre plus longtemps ! Sachez que vous faîtes de moi l'homme le plus comblé ma très chère Miss Bennet…
-Ne vous inquiétez pas de moi Mr Bingley, il s'agit de larmes de bonheur en effet. Faites donc monsieur, allez voir mon père, je vais aller apprendre la nouvelle auprès de ma mère et de mes sœurs.
Elle quitta le salon par une délicate révérence envers Bingley, encore trop habituée à ne le fréquenter qu'en simple connaissance et pas encore en tant que fiancé. Bingley croisa Lizzy agenouillée en bas de l'escalier en grande conversation avec Jane et la salua poliment en s'excusant de ne pas rester plus longtemps auprès d'elle car il devait aller parler à leur père. Lizzy n'aurait pu être plus heureuse que Jane en cet instant et elle exultait de voir qu'enfin sa sœur pourrait être réunie avec l'homme qu'elle aime depuis presque deux ans sans se l'avouer. Les deux sœurs continuèrent d'échanger quelques confidences, voulant profiter encore un peu de ce moment d'intimité avant de rejoindre leur mère et leurs autres sœurs, toujours en compagnie d'Hill dans la chambre de Mrs Bennet au premier étage.
Bingley quant à lui remit un peu d'ordre à ses vêtements mais surtout dans ses idées et se fit connaître auprès de Mr Bennet pour lui demander un entretien dans sa bibliothèque. Lorsque l'autorisation lui en fut donnée, il prit place auprès de son hôte et tous deux entendirent une explosion de rire et de satisfaction dans la maisonnée. Je pense que Miss Bennet a annoncé à sa mère la nouvelle se dit Bingley un doux sourire accroché au visage. Le regard plein de malice que lui adressa Mr Bennet lui laissait penser qu'il avait également une petite idée de la teneur de la discussion à venir.
- Mr Bennet, comment allez-vous par cette belle journée ?
-Je vais bien monsieur, je vous remercie de votre sollicitude, asseyez-vous je vous en prie… Vous me trouvez en pleine lecture comme vous le voyez. Mais je ne pense pas que vous soyez venu jusqu'ici pour vous entretenir de mes lectures, de ma bonne forme ou de la qualité de mon gibier monsieur. Il avait décidé de ne pas rendre la tâche facile à son interlocuteur et décida de jouer un peu avec les nerfs du jeune homme, qu'il pensait déjà être son futur gendre. Alors reprit-il, monsieur que nous vaut l'honneur de votre présence à Longbourn, j'avais cru entendre quelques rumeurs de votre départ définitif de Netherfield sans espoir de vous revoir au grand dam de la gent féminine locale, sûrement des rumeurs erronées monsieur...
-Et bien, en effet Mr Bennet, reprit le jeune homme en rosissant. Il ne s'agissait que de rumeurs effectivement monsieur, je suis revenu dans l'unique espoir de m'enquérir d'une mission de la plus haute importance… Cherchant quelque peu ses mots, le doux Bingley bredouilla plus qu'il ne parla…
-Et bien Mr Bingley, je suis tout ouïe, mais vous semblez avoir quelque mal à vous exprimer clairement, souhaitez-vous boire quelque chose, j'ai là un très bon vin.
-Oui je vous remercie Monsieur. Il humecta ses lèvres et but une gorgée du picrate que son hôte venait de lui servir. Et bien Monsieur, je suis à Longbourn dans l'unique but de vous demander humblement votre bénédiction pour votre fille et pour moi-même monsieur.
-Hmm…Mr Bennet grand adepte de la réflexion prit bien soin de marquer un silence avant de répondre à Bingley et s'amusait déjà de voir l'état de décomposition que ce silence infligeait à son interlocuteur… Ainsi, vous êtes décidé à épouser ma fille, et puis-je savoir à quelle fille vous faites référence mon cher Mr Bingley ? Car vous savez que j'ai l'illustre honneur d'en avoir plus d'une…
-Jane bien sûr ! Je veux dire Miss Bennet, votre fille aînée monsieur, reprit en rougissant Bingley.
-Et que vous a-t-elle répondu en retour si je puis vous poser la question ?
-Elle semble être d'accord, mais attend surtout votre opinion sur la question, et étant un homme d'honneur, je vous demande donc l'autorisation de courtiser votre fille aînée dans l'espoir de nous unir.
-Ma foi Mr Bingley, vous m'avez l'air d'être un homme de bien, humble malgré vos richesses et je n'ai jamais décelé d'orgueil trop déplacé chez vous qui aurait pu heurter ma douce Jane, je vous donne donc sans grande hésitation ni grande réserve ma bénédiction.
-Mr Bennet, merci infiniment, vous faites de moi un homme comblé. Bingley s'approcha alors du vieil homme en une poignée de main franche et chaleureuse que le vieil homme lui rendit avec joie.
-Je pense monsieur que vous faites partie des rares hommes avec lesquels je pourrai bien m'entendre, qualité somme toute assez rare pour être remarquée, même si l'essentiel est le bonheur de mes filles avant toute chose. Allez rejoindre votre fiancée monsieur, nous parlerons des détails plus tard, nous aurons bien le temps. Il me tarde de vous accueillir dans notre famille Mr Bingley.
-Il en va de même pour moi, répondit Bingley tout naturellement à son futur beau-père.
Bingley quitta les Bennet à regret après l'heure du thé, malgré l'invitation lancée par Mrs Bennet de conserver auprès d'eux son futur gendre à Longbourn pour le dîner, ce dernier ne pouvait rester. Jane eut néanmoins l'autorisation de raccompagner son fiancé sur le perron de Longbourn où son destroyer l'attendait fébrilement.
- Pourrais-je revenir demain ma douce Miss Bennet ?
-Oui avec plaisir, nous serions ravis de vous compter parmi nous, je veux dire j'en serai ravie et je n'ai pas d'engagement de pris, nous pourrons alors nous promener aux alentours de Longbourn si vous le souhaitez, je suis sûre qu'Elisabeth se fera une joie de nous chaperonner.
-Tant que je serai en votre compagnie, vous ne pourrez me trouver plus heureux ma très chère Miss Bennet.
-Oh Mr Bingley, je vous souhaite une bonne nuit, à demain donc lui dit-elle en rosissant de plus belle. La jeune fille semblait ravie de voir que l'obscurité pouvait parvenir à cacher ses émotions.
-Dormez-bien très chère Miss Bennet. Au plaisir de vous revoir demain donc.
Le jeune homme se permit alors un délicat baisemain à sa fiancée, s'attardant un peu plus que la convenance ne l'autorisait pour le bonheur d'apercevoir sa fiancée détourner les yeux lorsque leurs regards se croisèrent à la lueur de la chandelle de Jane. Tous deux auraient le bien le temps de se découvrir dans les prochains mois que dureraient leurs fiançailles et ils s'en réjouissaient déjà intérieurement. Jane retrouva Elisabeth plus tard dans la soirée, même si les deux jeunes filles ne partageaient plus leur chambre comme elles le faisaient lorsqu'elles étaient enfants, il leur arrivait encore de profiter que la maison soit endormie pour se retrouver dans l'une ou l'autre de leur chambre afin de refaire leurs journées et partager leurs impressions.
-Oh Lizzy, je suis si heureuse, je ne pensais pas qu'un tel bonheur puisse être possible, Jane semblait être véritablement extatique et avait conservé un doux sourire toute la journée depuis l'arrivée de Bingley.
-Ma chère Jane, je me dois de te reprendre, je ne pense pas qu'il soit possible d'être plus ravie que mère ne peut l'être aujourd'hui, reprit facétieusement Lizzy. « Vous rendez-vous compte, disait-elle en imitant Mrs Bennet, 5000£ de rente Mr Bennet, je savais bien que je ne l'avais pas faite si belle pour rien, oh ma belle Jane » ! Elisabeth reprit sa voix propre : il n'y avait guère que toi qui puisses douter de cette issue si favorable Jane. Dès qu'il a posé les yeux sur toi, j'ai su que le sort en était jeté pour le pauvre Mr Bingley. Il a succombé à tes charmes ravageurs et rien ni personne n'aurait pu l'écarter de toi, même s'il lui a fallu peut-être un peu de temps pour s'en rendre compte j'en conviens.
-Oh Lizzy, cesses de te moquer ! Notre pauvre mère, j'ai cru que ses nerfs auraient raison d'elle lorsque je suis venue lui apprendre la nouvelle… Ah, Mr Bingley, il est si… Parfait pour moi…
-Il l'est... Il l'est pour toi Jane. Intérieurement, Elisabeth priait pour que le fiancé de sa sœur ne lui ait pas appris pour l'intervention de Darcy. Est-il revenu sur la ou les raisons de sa fuite de Netherfield à l'automne dernier ? demanda-t-elle naïvement.
-Non il n'a encore rien dit sur ce point, mais il m'a dit que cette séparation pour ses affaires l'avait forcé à prendre conscience de la ferveur de ses sentiments pour moi. Mais nous n'avons pas encore eu trop le temps de nous épancher.
-Vous aurez tout le temps ma très chère Jane. Comme je suis heureuse pour toi, tu mérites amplement tout ce bonheur ! Tu ne pouvais trouver meilleur homme qui puisse autant te correspondre que Mr Bingley! Vous serez très heureux ensemble, j'en suis persuadée.
Elisabeth et Jane s'étreignirent pendant de longues minutes, avant que la première ne se décide à regagner sa couche en laissant sa cadette perdue dans ses pensées. Elisabeth était sincèrement ravie de voir un tel retournement de situation pour son ainée, même si elle savait bien que Bingley était fou d'amour pour sa sœur depuis plusieurs mois, elle n'était pas persuadée qu'il aurait pu faire fi de leur différence de fortune et s'opposer à ses sœurs et dans une moindre mesure à son grand ami Mr Darcy. Elle se reprit à penser à ces derniers mois remplis d'incertitude et de tristesse pour son ainée, et était ravie pour elle que tout ceci soit à présent balayé. Ces pensées lui remémorèrent bien malgré elle toutes les erreurs et les mauvais jugements qu'elle avait pu faire elle-même à l'encontre de Mr Darcy où leur relation n'avait été que malentendus, préjugés et incompréhensions.
Balayant ses propres idées noires, elle se prit à s'imaginer en train de jouer avec les enfants de Jane et Bingley dans un futur proche, et vivre avec eux loin de Longbourn, loin du Kent et loin de tous les préjugés qu'elle avait pu ressentir à l'encontre de Darcy. Elisabeth n'avait que peu pensé à son propre avenir, s'étant toujours imaginer qu'aucun homme ne pourrait avoir suffisamment d'esprit pour égaler le sien et surtout ne voulant se marier que par un amour profond et sincère, après tout une obscure position de gouvernante aurait pu faire l'affaire, et elle aurait pu partir loin du Hertfordshire et du Derbyshire et s'installer à proximité de sa sœur Jane qui, aurait réussi à épouser un bon parti fortuné.
Même si les sentiments de Lizzy pour Darcy avaient beaucoup évolué depuis leur rencontre, et cela en dépit du fait qu'elle ait su pour son intervention pour sauver la réputation de Lydia, elle n'avait pas tenté de le faire savoir au jeune homme, elle n'avait jamais osé retourner sa lettre qu'il lui avait remise en main propre à Rosings, et ne trouvant pas les mots adéquats, se sentait très mal à l'aise en sa présence. Ce dernier qui, invariablement accompagnait Bingley dans ses visites à Longbourn semblait toujours aussi peu à sa place dans la société des Bennet, et aucun des deux jeunes gens ne semblaient être véritablement à son aise de cette situation qui perdurait. Il arriva même que Bingley soit convié avec Darcy ou non à des repas chez les Bennet, et si Bingley brillait par sa bonne humeur, Darcy lui restait toujours en retrait et taciturne même s'il lui arrivait d'être plus aimable qu'à l'accoutumée et de tenter de placer quelques mots. Malheureusement pour Lizzy, Darcy était presque toujours positionné très loin d'elle pendant ces moments, et elle n'eut aucunement la possibilité d'entamer la conversation avec le jeune homme en toute discrétion loin de ses sœurs ou de ses parents. D'ailleurs pendant ces moments, Lizzy ne sentait pas de la part de Mr Darcy une réelle intention de lui parler ou même de la chercher du regard.
Lorsqu'elle sentait que son aînée avait besoin d'un peu d'intimité avec son fiancé, Lizzy tentait de passer plus de temps auprès de Darcy mais elle n'arrivait pas à voir de son côté un intérêt plus affirmé de rechercher sa compagnie, elle craignait même l'effet inverse : que le jeune homme ne soit plus que répugné par sa présence à elle. Néanmoins, elle était étonnée de trouver sa conversation et ses idées hautement intéressantes, plus qu'elle ne l'aurait cru, même si elle conservait toujours ses propres visions qu'elle ne se gênait pas de partager surtout pour aller à l'encontre du maître de Pemberley. Lizzy devait se l'avouer : les soirées sans lui, lui paraissaient bien fades, elle s'amusait toujours du ton enjoué de Mr Bingley qui n'avait d'yeux que pour Jane et qui semblait tout à sa place auprès de sa famille, mais lorsque son ami Darcy n'était pas convié, Lizzy se réfugiait souvent dans ses livres, comme absente et éteinte.
Non pas que le jeune homme, lorsqu'il était présent soit l'apanage de l'enthousiasme, mais sa conversation et sa présence lui réchauffait le cœur, même si elle ne se l'avouait pas encore, elle avait besoin de cette présence auprès d'elle. Aucune occasion ne fut donnée aux jeunes gens de se retrouver dans une situation où la confidence était possible entre eux, Lizzy se sentait bien impuissante pour révéler ce qu'elle savait à Darcy, elle se trouvait bien bête pour quelqu'un qui n'avait pas hésité une seconde plusieurs mois auparavant, à renvoyer le jeune homme dans ses derniers retranchements. Voyant qu'il ne semblait pas être particulièrement en quête de sa présence, elle était à présent convaincue de l'indifférence de ce dernier à son égard. Après tout, il était à Longbourn pour la saison de la chasse et pour rien d'autre, qu'espérait-elle donc à le voir quotidiennement, qu'il renouvelle sa demande en mariage de Hunsford ?
Non, je suis convaincue que je l'indiffère grandement, il ne me témoigne d'aucune attention particulière… Même s'il a sauvé notre réputation avec celle de Lydia il l'a certainement fait pour ne plus interférer dans la vie de son meilleur ami et ne pas l'empêcher d'épouser Jane, il ne doit rechercher que mon amitié ou ma compagnie et rien de plus, d'ailleurs nous ne parlons de rien en particulier et de personne si ce n'est quelques allusions à Georgiana. C'est un homme fort aimable, je consentirai assurément à lui donner ma sympathie et rien de plus si c'est ce qu'il semble souhaiter, se disait-elle plusieurs fois par jour de plus en plus résignée face à cette situation.
Des pensées similaires passaient par la tête de Darcy, lorsque le soir venu, il se retrouvait dans la solitude de sa suite à Netherfield :
William, mais qu'espères-tu donc, Miss Bennet n'est pas une jeune femme qui pourrait se satisfaire des bien maigres efforts que tu as pu faire ces derniers mois…Si seulement elle pouvait voir en quoi j'ai changé, en quoi elle m'a fait changer, peut-être que… Dans l'unique espoir de lui plaire uniquement à elle, si seulement elle savait… Elle n'a pas l'air de fuir ma compagnie en tous les cas, ce qui est déjà un bon signe, je vais m'en contenter pour le moment et continuer à converser avec elle. Avoir capté son amitié me convient tout à fait présentement, je ne devrais peut-être pas rechercher à en avoir plus pour l'instant. Peut-être qu'un jour qui sait, elle me verra différemment et ne rejettera pas le fait d'être autre chose que ma confidente, surtout si Bingley et moi restons toujours bons amis, nous serons amenés à nous revoir c'est certain après leur mariage, et à ce moment-là alors, je ne laisserai pas passer cette opportunité une nouvelle fois, mais soyons patient même si ce n'est pas la principale qualité de la famille...
Cela faisait plusieurs semaines à présent que les fiançailles de Janes et Bingley avaient été officialisées, et tout Meryton ne parlait que de ça. Toutes les demoiselles Bennet passaient leur temps auprès de Ms Bingley Darcy en promenade dans les environs, et cela n'était secret que pour la famille Bennet que d'un mariage on allait certainement en célébrer deux. Un soir, alors que le sommeil ne venait pas pour Elisabeth, toute la maisonnée fut réveillée par une visite des plus inattendues. Lizzy fut la première debout, et découvrit Hilary au rez-de-chaussée qui avait bien du mal à faire entendre raison et à repousser l'invitée. Reconnaissant la voix sèche de Lady Catherine de Bourg, Lizzy se précipita, enfila une robe de chambre et arrangea rapidement sa coiffure. Son père et sa mère déjà sur le seuil saluèrent leur invitée avec cérémonie.
- Votre jardin madame est très petit à ce que je remarque, et quelle bien piètre exposition que votre petit salon, plein est, as-t 'on idée, il doit y faire rapidement trop chaud en été et bien trop froid en hiver, sa dimension n'est pas des plus commodes également…
-Il est madame, de taille suffisante pour notre famille et la société de Meryton, bredouilla Mrs Bennet, mais je… Je…. Lizzy esquissait un sourire car ce fut l'une des rares fois où sa mère ne savait pas trouver les mots.
-Ah, vous voilà enfin Miss Bennet, je dois m'enquérir de votre présence toute affaire cessante, vous pouvez nous laisser Mr, Mrs Bennet. Allons donc dans ce petit salon Miss Bennet.
Devant le regard interrogateur de ses parents, la jeune fille pria l'invitée de la suivre dans le petit salon familial et répondit par un regard des plus surpris également à son père, ne sachant visiblement pas non plus la raison de cette intrusion intempestive mais sachant très bien qu'elle ne pouvait s'y soustraire.
L'entretien qui s'en suivit ne fut qu'humiliation et insultes à l'encontre d'Elisabeth à qui, Lady Catherine lui reprochait d'avoir osé séduire Darcy qui était promis à sa propre fille, la frêle et chétive Anne de Bourg. Lizzy se rappellerait toute sa vie durant la virulence avec laquelle Lady Catherine lui parla ce soir-là… Rien ne lui fut épargné : de son milieu modeste à l'impudence de croire qu'elle, fille pauvre du Hertfordshire puisse un jour devenir la maîtresse de Permberley, à ses stratagèmes de séductrices et de fausse ingénue à vouloir s'accaparer un titre et une fortune qu'elle ne pourrait jamais espérer gagner autrement…
De marbre et loin de se laisser abattre, Lizzy finit par lâcher à la harpie qu'elle n'était nullement engagée auprès de son neveu, et se demandait bien d'ailleurs d'où pouvaient provenir d'aussi étranges rumeurs. Cependant, Elisabeth se refusa tout bonnement de lui promettre de ne jamais accepter une telle demande si d'aventure le jeune homme lui proposait. Elle, jeune fille de gentleman osait braver avec impertinence l'impudence de Lady Catherine et pire encore la congédia de son salon. La réaction de l'invitée surprise ne se fit pas attendre, elle refusa de rester une seconde de plus dans cette maison, s'estimant outrageusement insultée par Elisabeth et partit aussi prestement qu'elle avait débarqué chez les Bennet quelques minutes auparavant. Les parents de Lizzy tentèrent bien d'en savoir un peu plus, mais ce fut peine perdue, la jeune fille se murait dans un mutisme douloureux tandis que les autres sœurs Bennet attendaient patiemment en haut de l'escalier espérant toutes en savoir plus. Même Jane ne savait visiblement pas de quoi il retournait. Lizzy remonta se coucher dans sa propre chambre sans s'arrêter auprès de son ainée et verrouilla sa porte sans dire un seul mot à quiconque. La maisonnée retomba pour quelques heures dans le silence.
Le lendemain matin, Mr Bingley vint comme à son habitude profiter de la présence de sa fiancée et demanda si Elisabeth pouvait les accompagner dans leur promenade quotidienne, personne ne fut contre, bien au contraire aux vues des évènements de la veille et Mrs Bennet accorda même à Kitty le privilège d'accompagner leurs ainées, le groupe partit de bonne heure pour déambuler dans la campagne environnante. Kitty demanda rapidement à Elisabeth à se détourner du groupe pour aller voir Maria Lucas et passer par Lucas Lodge, et une fois la permission donnée par son ainée, la cadette disparue du chemin. Elisabeth se retrouva seule plongée dans ses pensées confuses, l'air frais et cette balade lui faisait un bien fou car elle n'avait quasiment pas fermé l'œil de la nuit. Effectivement, la nuit fut terrible pour la jeune femme, jamais elle n'avait été insultée de la sorte, mais une part d'elle-même s'en voulait d'avoir osée répondre avec autant d'impertinence à Lady Catherine, elle savait qu'elle n'était pas n'importe qui dans la bonne société et aurait voulu revenir en arrière, elle maudissait son impulsivité et son applomb à cet instant précis. Tout en laissant un peu d'avance à Jane et Mr Bingley, Lizzy déambulait de son côté sur le chemin qui les emmenaient tous vers Netherfield.
Bientôt l'on put apercevoir Mr Darcy qui arrivait au loin, visiblement anxieux et perdu dans ses pensées, il se dirigeait vers le petit groupe d'un pas rapide. Il salua d'abord Jane et Bingley qui étaient toujours un peu en avant d'Elisabeth.
- Miss Bennet, comment vous portez-vous ce matin ?
-Mr Darcy, je vais très bien je vous remercie, lui dit Jane, nous étions étonnées de ne pas vous voir arriver en même temps que Mr Bingley ce matin, j'espère que vous n'êtes pas trop souffrant, vous semblez différent ce matin, mais Mr Bingley n'a pas soufflé mot des raisons de votre absence.
-Et bien, dit-il en regardant son ami, nous avons eu la visite surprise d'une parente hier au soir, et j'ai dû écourter ma nuit je vous l'avoue, j'espère ne pas faire trop peur à voir.
-Oh monsieur, vous m'en voyez désolée, j'espère qu'il n'est rien arrivé de grave, reprit Jane.
-Non ne vous inquiétez pas, tout va pour le mieux à présent Miss Bennet. Je vais saluer votre sœur à présent si cela ne vous dérange pas, nous serons derrières vous comme à notre habitude. Il s'inclina face à son ami et attendit d'être rejoint par Elisabeth.
-Miss Elisabeth, comment allez-vous, demanda-t-il en s'agenouillant face à Lizzy ?
-Oh Mr Darcy, veuillez m'excuser monsieur, je ne vous avais pas vu. Comment vous portez-vous ce matin ? Visiblement Lizzy toute aussi perdue dans ses pensées qu'au départ de cette marche, ne prenait conscience de la présence du jeune homme qu'à ce moment-là.
-Bien, bien, je vous remercie Miss Bennet, répondit-il visiblement gêné. Pouvons-nous marcher ensemble et laisser votre sœur et mon ami prendre un peu d'avance ?
S'en suivit un long silence entre les deux jeunes gens, aucun des deux n'ayant visiblement assez de courage pour rompre ce calme apparent. Ce fut la jeune fille qui se permit néanmoins au bout de quelques instants de reprendre la parole.
-Mr Darcy, je ne puis plus tenir… Lizzy vit l'air interloqué de Mr Darcy et tentait de remettre de l'ordre dans son esprit en reprenant: Cela fait plusieurs jours que j'attendais de pouvoir me trouver dans une situation similaire et pouvoir trouver les mots pour vous exprimer à quel point nous vous sommes redevables de tout ce que vous avez fait finit-t-elle par lâcher sans s'arrêter. Je parle au nom de ma famille monsieur et je vous remercie sincèrement de vos actions envers notre cadette Lydia ces derniers mois et dans une moindre mesure ce que vous avez dû faire pour rassembler Jane et Mr Bingley je présume… Elle n'osait même plus regarder devant elle à présent et fixait le sol fiévreusement.
-Miss Elisabeth, soupira un Darcy sidéré de l'aveu de sa compagne… Comment avez-vous su pour votre sœur cadette ?
-Et bien, promettez-moi de ne pas la blâmer, mais il s'agit de ma tante Mrs Gardiner, elle m'a tout expliquée monsieur…
-J'avais pourtant toute confiance en votre tante, peut-être n'aurais-je pas du…
-Je me permets de vous arrêter monsieur, mais tout ceci venait, vous vous en doutez bien, en premier lieu d'une maladresse de ma cadette Lydia qui m'a avouée votre présence à leur mariage…Darcy tentait de faire bonne figure et se reprit :
-Et bien oui j'étais présent car… Car je devais m'assurer que Wickham respecterait sa part du marché que nous avions mis en place avec votre oncle… Je voulais être sûr qu'il ne veuille pas fuir une fois encore ses responsabilités comme il l'avait déjà fait tant de fois par le passé. Je me devais de réparer mes fautes et c'est pour cela que j'étais présent en tant que témoin de leur union.
-Elles n'étaient pas vôtres monsieur Darcy, vous n'aviez rien à vous reprocher, implora Lizzy.…
-Si Miss Bennet… Si seulement je vous avais autorisé à communiquer la mésaventure de ma sœur à vos parents, vous auriez pu les avertir ce qui se tramait, tout ceci aurait pu être évité…
-J'ai tenté d'en informer mes parents-en gardant bien sûr toute la discrétion qui s'imposait pour Georgiana-, mais rien n'auraient pu les convaincre de refuser de laisser partir Lydia… Mais nous vous sommes grés de ce que tout ceci vous a coûté, jamais nous ne pourrons suffisamment vous remercier de votre bonté envers notre famille monsieur.
-Miss Bennet, je vous en prie, je me permets de vous arrêter à mon tour… Vous devez savoir que je n'ai fait cela que pour vous et non pour votre famille… Remerciez-moi pour vous et vous seule et non pas pour les vôtres. Après un court silence, il reprit et se permit de prendre la main de Lizzy : Miss Bennet, vous êtes trop bonne pour vous jouer de mes sentiments, si votre inclination n'a pas changé depuis Avril dernier, sachez que de mon côté, mes souhaits et projets demeurent intacts, un mot de vous suffira à me faire taire à jamais sur ce point si jamais vous ne…Elisabeth releva la tête vers Mr Darcy et plaça délicatement sa main sur l'autre déjà entre celle du jeune homme :
- Mr Darcy, si vous saviez… Mes souhaits… Mes sentiments ont beaucoup évolué. Si j'osais, je pourrai dire qu'ils sont tout à fait différents de ce qu'ils étaient alors.
Ils se regardèrent pendant un long moment, comme seuls sur ce chemin, en silence. Tous deux souriaient timidement et se regardaient, plongeant leur regard dans celui de l'autre. Ils reprirent enfin leur marche en silence, Darcy proposant son bras à Lizzy qui ne le lui refusa point.
-Miss Bennet, je me suis hasardé à vous dévoiler une nouvelle fois ces sentiments car j'ai reçu une visite des plus inattendues cette nuit-même…
-Je me doute… vous devez parler de votre tante j'imagine.
-En effet, reprit-t-il très embarrassé, elle m'a dit qu'elle était passée par Longbourn la nuit dernière…
-Elle est effectivement venue à Longbourn pour s'entretenir avec moi… Lizzy baissait à nouveau les yeux. Jamais je n'aurai pensé être la cible d'un tel flot de haine un jour, mais sachez bien que je regrette réellement mes paroles à son encontre également.
-Les regrettez-vous toutes ?
-Non pas vraiment dit-elle en esquissant un léger sourire.
Darcy s'arrêta et releva la tête de Lizzy en posant sa main ganté sous son menton.
-Miss Bennet, j'espère que vous pourrez me pardonner concernant toutes ses paroles désobligeantes…
Lizzy lui fit signe que tout allait bien et qu'ils pouvaient reprendre leur promenade, puis il reprit : Je vous l'accorde effectivement, elle peut être vindicative quand elle le souhaite. Elle m'a fait part de sa visite chez vos parents, et m'a reporté que vous lui aviez dit que vous vous opposiez à lui promettre de refuser une demande en fiançailles de ma part si jamais elle se présentait à nouveau…
-C'est vrai monsieur, je pense qu'elle a eu vents de rumeurs propagées par Mr Collins-Lizzy ne voyait que son cousin pour être capable de propager autant d'ineptie aux alentours- et elle voulait s'assurer que je ne cherche pas à vous séduire pour capter votre héritage.
-Je ne connais que trop bien votre franchise Miss Bennet, si vous aviez été décidée à me refuser une nouvelle fois et de façon définitive, vous lui auriez dit directement non ?
-Effectivement monsieur, vous supposez bien, jamais je n'aurai joué avec vos sentiments s'ils n'étaient pas partagés de mon côté, vous connaissez bien ma franchise…
-Malheureusement pour elle, je dois bien admettre que son intervention a eu pour bout de me redonner de l'espoir là où il n'y avait peut-être pas de raison d'en avoir auparavant…
-J'en suis ravie Mr Darcy, je ne suis pas convaincue qu'elle pourrait goûter convenablement à l'ironie de la situation, alors rions-en à sa place…
(…)
-Miss Bennet, je me dois de vous remercier pour vos paroles à Hunstford. Lizzy enleva ses mains, et le couple repris sa marche vers Mr Bingley et Jane qui n'avaient pas détourné la tête l'un de l'autre une seule seconde.
-S'il vous plaît monsieur, je suis confuse, je ne me souviens que trop bien des atrocités que j'ai pu dire, pitié, ne me les rappelez pas, comment pourriez-vous me remercier de ce que j'ai proféré…
-Mais vous aviez parfaitement raison Miss Bennet, moi et mon incorrigible orgueil, et ma vanité… On n'a jamais cherché à affiner mon caractère, on m'a appris à gérer mon domaine et à me comporter comme tout membre de la Gentry… Vos paroles ont eu plus d'effets sur moi que toute l'éducation que j'ai pu recevoir dans mon enfance. Je ne vous serai jamais assez gré de me les avoir fait entendre.
-Je suis néanmoins mortifiée par la violence de mes propos, vous ne les méritiez pas.
-Je pense que cette épreuve m'était nécessaire pour me faire entendre raison. Sans cela je n'aurai peut-être pas pris conscience de mon orgueil trop haut placé. Oh ma douce et tendre Miss Elisabeth.
Mr Darcy offrit cette fois-ci son bras à Elisabeth qui l'accepta bien volontiers, tous deux décidèrent de laisser toujours un peu d'avance à Jane et Bingley qui ne se doutaient pas une seule seconde qu'ils n'étaient plus les seuls fiancés de Longbourn. Tous deux déambulèrent sur le chemin, parlant de tout et de rien une fois ce malaise rompu, ils ne pouvaient être plus heureux l'un l'autre.
Bingley fut invité à rester pour souper, et Elisabeth insista auprès de sa mère pour qu'il en fut de même pour Mr Darcy, cette dernière n'étant qu'allégresse depuis une semaine accorda cette requête avec joie, même si elle n'appréciait que modérément ce désagréable ami de Mr Bingley et faisait bien peu d'effort pour être cordiale.
Jane et Bingley eurent l'autorisation de s'asseoir l'un auprès de l'autre avec leur statut de fiancé, mais le pauvre Darcy se retrouva coincé entre Kitty et Mrs Bennet, Lizzy plaignait réellement son fiancé, le sachant mal à l'aise en temps normal, il ne devait avoir qu'une seule hâte : se retrouver seul avec Elisabeth lors d'une future promenade. Tous deux se regardaient discrètement pendant le repas, Darcy s'essayait en de rares occasions de lancer la conversation et osa même une fois s'adresser à Mr Bennet pour parler d'un livre sur les plantes du Hertfordshire dont il lui recommandait la lecture et la félicitant pour la qualité du rôti.
L'occasion ne lui fut pas donnée de profiter de Lizzy car suite au repas, Kitty résolue à faire une partie de Whist entraina l'assemblée. La jeune fille invita alors Jane, Bingley et Mrs Bennet à se joindre à la table de jeu à son habitude Mr Bennet prit congés de ses invités et se retira dans son bureau. Elisabeth jeta alors un rapide coup d'œil entendu à Darcy qui, avait bien vu partir Mr Bennet et n'attendait qu'un seul signe de sa promise pour se mettre en action. Elisabeth pour ne pas attirer l'attention sur le mouvement de Darcy, se joint à la table de jeu alors que Kitty était en train de gagner, et que l'atmosphère gagnait en intensité et en animation.
Mr Bennet, assis tranquillement à son bureau, savourait un Brandy de sa réserve personnelle et ne s'attendait pas à être dérangé, si ce n'est peut-être par Mr Bingley. C'est pourtant Darcy qui frappa à la porte et demanda à être reçu.
- Entrez, fit le maître de Longbourn.
-Mr Bennet, s'inclina Darcy. Puis-je abuser de votre temps ?
-Et bien, si le maître de Pemberley se donne la peine de pénétrer mon antre, je me dois de lui accorder un minimum si ce n'est toute mon attention il me semble, allez-y installez-vous monsieur je vous en prie. Je m'attendais plutôt à voir entrer votre ami Mr Bingley.
-Je le pense trop accaparé par une partie de Whist auprès de votre épouse et de deux de vos filles. J'irai droit au but monsieur, je sais que ma démarche va certainement vous surprendre monsieur, mais je viens ici pour vous demander de m'accorder votre bénédiction.
-Plait-il… ?
-Je me sais aimé de votre fille, et je vous demande que vous nous accordiez votre bénédiction pour notre union.
-Monsieur, vous me voyez quelque peu surpris, bien sûr cela serait dans l'ordre des choses, mais voyez-vous, Kitty ne me semble pas assez mûre je le crains pour avoir une idée claire de ce que sont ses sentiments. Elle a 16 ans et est parfaitement en âge de se marier, mais…
Mon dieu, il pense que je suis venu lui demander la main de la cadette d'Elisabeth, s'il savait… Je dois me tâcher de ne pas sourire, il pourrait très mal le prendre et mon entreprise serait vouée à l'échec par la suite…
-Mr Bennet, permettez-moi de vous arrêter de suite, car je pense qu'il s'agit là d'un regrettable quiproquo, car il ne s'agit pas de Kitty, mais d'Elisabeth monsieur. Je nourris de tendres sentiments à son encontre, que je sais réciproques, et c'est auprès d'elle que je souhaiterais m'établir.
-Elisabeth, mais… Mais comment est-ce possible monsieur, vous sembliez vous détester profondément l'un l'autre… Veuillez excuser ce moment d'honnêteté de ma part, mais votre demande me surprend réellement.
-Et bien, votre réaction ne me surprend guère monsieur Bennet. Je ne pourrais que vous dire que nous avons appris à nous connaître mutuellement monsieur. Nous avons eu l'occasion de nous revoir lors de son voyage dans le Derbyshire avec Mr et Mrs Gardiner et avons appris à nous apprécier.
Ne sachant pas si Mr Bennet était au courant de sa demande catastrophique quelques mois plus tôt, il préféra passer l'épisode de sa rencontre à Rosings sous silence et attendait fébrilement la réponse du maître des lieux.
- Très bien monsieur, je serai franc. Ce n'est un secret pour personne, mais Elisabeth est mon enfant préférée et jamais je n'ai cru qu'un homme puisse lui être digne un jour, je pensais sincèrement qu'elle-même aurait cette même vision et qu'elle aurait beaucoup de mal à trouver un homme à la mesure de son caractère et de son esprit...
-Il faut croire qu'elle aura su voir au-delà de mes nombreux défauts pour y détecter quelques qualités Mr Bennet.
-Bien, bien, vous êtes de ces hommes à qui on ne peut réellement refuser quelque chose, je vous donne ma bénédiction monsieur non sans grand enthousiasme, vous le noterez je pense... Pourriez-vous toutefois m'envoyer Elisabeth je vous prie ?
-Oui Monsieur bien sûr.
Darcy n'avait pas osé sourire à l'accord pourtant octroyé par Mr Bennet, il n'était pas plus rassuré qu'en rentrant dans son bureau, certain d'avoir fait une erreur d'appréciation dans les réponses apportées aux questions de son hôte. Il aperçut Elisabeth en retournant dans le salon, où personne n'avait bien prêté attention au départ du jeune homme. Il lui fit signe de se diriger à son tour dans la bibliothèque de son père mais son visage ne laissait rien transparaître, Darcy prit sa place autour des joueurs de Whist et fit son possible pour s'intégrer à la conversation déjà bien animée.
- Alors, puis-je m'enquérir du gagnant de la partie ?
-Et bien dit Kitty, votre ami Mr Bingley fait visiblement tout pour que moi ou Jane gagne à son propre détriment ! C'est très drôle en effet, et je pense qu'il le fait sciemment ! Hihi, n'ai-je pas raison ?
-Non, Miss Kitty, je ne peux vous laisser dire ça ! C'est tout à fait inexact ! Vous allez froisser mon orgueil ! Je déteste perdre et je ne ferai ça sciemment même pour les yeux si animés de ma très chère Jane.
-Plaît-il monsieur, vous n'essayez pas de me laisser gagner, j'en suis fort désolée de l'apprendre , répondit Jane pour taquiner son fiancé.
Darcy était admiratif du comportement de son ami, visiblement si prompt à tisser des contacts auprès d'inconnus ou de personnes qu'il venait de rencontrer. Cela n'a pas l'air si complexe se dit le jeune homme, ma foi je devrais peut-être me faire violence pour m'intégrer auprès de cette famille, après tout elle deviendra aussi la mienne en quelque sorte, et je pense que vu l'entretien qui s'est terminé, je dois faire mes preuves...
Pendant ce temps-là dans le bureau de Mr Bennet :
- Voyons Lizzy avez-vous donc perdu l'esprit ?
-Pourquoi dites-vous cela père ?
-Épouser Mr Darcy… Épouser Mr Darcy, mais comment pouvez-vous songer à épouser le seul homme sur terre qui ne trouve à redire sur une femme que pour en faire la liste de l'ensemble de ses défauts ! Décidemment, vous me surprenez ma chère fille.
-Père, je me suis trompée sur son compte, susurra-t-elle…
-Vous le détestiez pourtant si ouvertement il y a peu de temps encore…
-Je me suis trompée père, il est si différent et j'ai appris à le connaître, je vous assure…
-Lizzy mon enfant, je ne peux croire que vos sentiments aient à ce point changés…
-Avez-vous donc la seule certitude de ma parfaite indifférence envers Mr Darcy père ?
-Et bien…
-Père si vous saviez à quel point il a aidé notre famille, vous ne seriez pas si prompt à nous juger… Il a tellement fait, dit-elle plus pour elle-même que pour son père.
Mr Bennet s'approcha de sa fille à cet instant.
-Et bien, qu'a-t-il donc fait pour mériter autant d'éloges de votre part mon enfant?
-Oh père, si vous saviez… Ce que je vais vous révéler ne doit pas sortir de votre bureau mais c'est lui qui a tout fait pour Lydia, il les a retrouvés elle et Wickham à Londres et à tenu à tout payer : une partie de ses dettes ici à Meryton mais aussi celles à Londres, le brevet de Wickham, si vous souhaitez vérifier mes dires, vous pouvez vous enquérir auprès de mon oncle Gardiner, il était dans la confidence également… Il les a littéralement traqués dans Londres et n'a pas hésité à dépenser beaucoup pour combler les ruines de votre gendre…
(…) Bouche bée, il fallut un long moment à Mr Bennet pour reprendre contenance et reprendre :
-Comment est-il possible, mais pourquoi n'en a-t-il rien dit alors ? Pourquoi nous laisser penser que tout venait de mon beau-frère ?
-Père, je ne sais pas, par pudeur j'imagine, il est réellement très timide, ce que j'ai pris pour de l'orgueil était uniquement une grande réserve de sa part, il n'est pas plus orgueilleux qu'un autre, pas plus orgueilleux que vous ou moi … C'est un homme profondément bon.
-Mais comment faire pour le remercier, et pour espérer pouvoir le rembourser un jour… ?
-Père oh non ! Il ne le souhaite pas, ne lui faites pas savoir que je vous en ai parlé, il préfère laisser tout ceci tel quel et que tout le monde pense que Mr Gardiner a tout arrangé en sauveur de notre famille. Il ne veut surtout pas endosser le rôle du héraut de la famille Bennet.
-Très bien, je n'en ferai rien alors et je respecterai ce choix… Revenons-en à ce qui nous importe pour l'instant, vous l'aimez, je vous demande d'être bien sûre de vous Lizzy, je ne voudrais pas que vous épousiez cet homme par pure reconnaissance envers ces actions pour notre famille. De toute façon, Mr Darcy est de ces personnes à qui on peut difficile dire non. Mais mon enfant, je ne peux vous laisser partir sans l'exacte certitude de votre bonheur futur, une fois tout ceci officialisé, aucun retour en arrière ne sera possible vous le savez mon enfant, vous ne pourrez-vous dérober si vos sentiments ne sont pas aussi fort qu'ils ne semblent l'être aujourd'hui...
-J'en ai pleinement conscience père ne vous inquiétez pas.
-Lizzy, vous pouvez partir mon enfant…
-Mais père...
-Faites venir Mr Bingley, Jane et Mr Darcy s'il vous plaît mon enfant.
-Bien père, bredouilla-t-elle.
Mr Bennet ne savait plus quoi penser, il était complètement déboussolé et tentait de remettre de l'ordre dans ses pensées. Bingley qui disparaissait pendant des mois laissant sa belle Jane au bord du désespoir, Darcy qui visiblement détestait sa fille préférée et qui revenait transi d'amour pour elle plusieurs mois plus tard… Dieu que les jeunes gens sont compliqués de nos jours pensait le vieil homme.
Lizzy refit surface quelques instants après, visiblement essoufflées, avec sa sœur, Darcy et Bingley.
- Mes filles, asseyez-vous, il faut que nous parlions avec vos fiancés.
A ce mot de « vos », Jane regarda Elisabeth, interloquée et mima la surprise teintée d'un ravissant sourire. Elisabeth quant à elle baissait les yeux, regardant fébrilement ses pieds et le sol et ne cessait d'arranger sa robe aux plis imaginaires.
-Mr Darcy, vous voulez épouser ma fille, tout comme vous Mr Bingley. Nous n'avons pas encore parlé des détails… Je pense qu'il est temps de mettre quelques petites choses au clair, messieurs.
-Bien sûr, répondirent de concert les deux hommes, placés à proximité de leurs fiancées, les mains derrières leur dos.
-Jane, vous êtes l'ainée et avez été courtisée en premier, vous devrez donc patienter 4 mois pour que le mariage puisse avoir lieu. Ce temps-là vous serez bien utile pour renforcer vos liens à tous deux. Les deux jeunes gens acquiescèrent. Lizzy, vous êtes la cadette, vous ne pouvez donc vous marier en même temps, cela ne serait pas convenable et je pense que votre mère aimerait grandement pouvoir tirer parti d'un premier mariage avant d'organiser le second. Vous devrez donc attendre un mois de plus, ce qui fait 5 mois pour vous unir à Mr Darcy…
Lizzy était un peu désemparée à la suite de cette annone mais jamais elle n'aurait avoué à son père que sa première demande en mariage remontait à bien plus longtemps que celle de Jane, 5 mois seraient excessivement longs, elle regarda Darcy qui restait impassible. Il avait décidé de ne pas contester la décision de son futur beau-père et tentait de rester stoïque en espérant que ses pensées profondes ne fussent pas révélées sur son visage, puis il regarda Lizzy tendrement en lui souriant pour la rassurer.
Si Mr Bennet avait donné un délai d'un mois de plus, je pense que j'aurai pu enlever Elisabeth et l'emmener à Gretna Green pour l'y épouser la semaine prochaine ! Enfin, il faudra être patient, après tout ce laps de temps nous permettra de mieux nous connaître et de me faire apprécier par sa famille, ce qui est semble-t-il loin d'être gagné… Patience est mère de vertu me disait mon père, il n'aurait jamais pensé si bien dire…
Si Mr Bennet ne nourrissait aucun doute légitime sur le profond et mutuel attachement qu'éprouvaient Bingley et son aînée, il n'en allait pas de même pour Darcy et sa cadette. Le facétieux vieil homme avait donc décidé que d'imposer aux deux couples des longues fiançailles ne pouvaient être que bénéfiques. Il pensait sincèrement que cette période de fiançailles pourrait l'aider à y voir plus clair dans les sentiments de ses deux filles et de leurs prétendants. Il trouvait le prétexte d'utiliser son épouse tout à son avantage pour une fois, en effet il valait mieux profiter de cette période d'allégresse le plus longtemps possible pour le renom de la famille Bennet à travers le Hertfordshire, et sur ce point il sait qu'elle ne le contredirait pas pour une fois. Comme il s'en doutait, Mrs Bennet était aux anges de pouvoir profiter de ces 5 longs mois à faire la pluie et le beau temps des potins de tout Meryton et des environs, et laisser un mois de plus entre les deux cérémonies revenait également à rester pour la famille encore un peu plus en lumière, sotte qu'elle était, elle approuva donc sans grande réserve les deux périodes de fiançailles rallongées.
Ce qui est certain, c'est que Mr Bennet n'aurait peut-être jamais accordé sa bénédiction à l'une ou à l'autre s'il avait pu ne serait-ce que présumer que Bingley fut si facilement frivole et influençable, et que Darcy n'ait pas déjà demandé la main de sa favorite plusieurs mois auparavant de façon inacceptable. Satisfait de ces décisions, le maître de Longbourn congédia les deux couples qui purent aller annoncer ces nouvelles aux joueuses de Whist. Passé l'effet de surprise des fiançailles de Lizzy et Darcy, les Bennet donnèrent un peu d'intimité aux deux couples et leur laissèrent un peu d'espace bienvenue au petit salon, Lizzy profitait enfin de la présence réconfortante de Mr Darcy, et lui pouvait sans gêne aucune pour ses sentiments prendre les mains de sa fiancée sans plus aucune réserve.
Voilà la fin de ce premier chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, toute critique est bonne à prendre et m'encouragera certainement...
