"Les mains d'Elsa", Louis Aragon.


Mars 1691

Cher Kakashi,

J'espère que tu te portes bien depuis la précédente lettre que nous avons échangé. Je t'écris parce que j'ai besoin de me confier à toi. J'irais droit au but. Quelque chose se passe. Et non, je ne suis pas folle. Bien sûr, le pain de la boulangerie est toujours excellent, les notables sont toujours aussi riches, et le ciel n'a jamais été plus clair qu'en ce printemps... mais je le "sens". Quelque chose ne va pas, Kakashi. Il va se passer quelque chose. J'imagine que tu dois avoir un air sceptique sur ton visage en lisant mon petit bout de texte. Et je pense que tu dois sûrement te demander comment j'ai réussi à voler le papier et l'encre nécessaire pour t'écrire trois fois les deux derniers mois. Mais que puis-je dire? Les soirées sont fraîches et belles, et Monsieur le Juge aime sortir avec sa femme chaque Mardi... laissant son bureau à la merci du moindre malfrat de passage...

Quoiqu'il en soit, j'espère que je me fais du soucis pour rien. J'espère que rien de terrible n'arrivera. Mais Kakashi... as-tu déjà vu des corbeaux aux yeux rouges?

Ta très chère et estimée personne.

S.H


Août 1691

Cher Kakashi,

Comment vas-tu? Et surtout, comment se fait-il que tu ne m'aies envoyé que deux lettres en cinq mois?! Ne représenterais-je donc plus rien pour toi? Je suis secouée par cette baisse de régime de l'arrivée de tes lettres. Dois-je m'en inquiéter? Vois-tu en secret une autre que moi, mon amour? Une des ces colombes anglaises brunes aux yeux bleus en amande et à la peau très pâle? Je ne l'accepterais pas. Je ne tolèrerais pas une autre, Kakashi.

Par rapport à ce que tu m'avais répondu dans ta précédente lettre. J'en suis navrée mais j'ai parlé de mes doutes à ma nouvelle amie. La voisine qui a aménagé récemment dans la maison en face de la mienne. Je me sens plus en sécurité à présent. Elle a su trouver les mots justes pour m'apaiser. Et je ferais remarquer, pour ta gouverne, qu'elle ne m'a pas prise pour une hystérique comme tu pensais si bien qu'elle le ferait!

Je n'ai plus vu les corbeaux dont je te parlais précédemment. Mais nous sommes à présent envahit par des hiboux! Le crois-tu? Ils sont nombreux mais étonnamment très "dociles" par manque de meilleur terme. J'ai cru apercevoir une lettre entre les pattes d'un, alors qu'il passait près de la fenêtre. Mais je ne m'inquiètes pas de ces "choses" pour le moment.

Quand rentreras-tu ? Tu me manques, mon chéri. Je sais que tu as du travail avec cette révolution dont parle les anglais, mais j'ai de plus en plus froid dans notre lit. J'ai envie de me blottir dans tes bras. J'ai envie de sentir ta peau chaude contre la mienne tous les soirs. Mais tout est froid. Et je suis lasse. Reviens-moi vite.

Ta bien aimée,

S.H .


Septembre 1691

Cher Harry,

Je me sens toute revigorée depuis que je me suis installée à Charlestown. Qui aurait pensé qu'une ville aussi petite serait un endroit si agréable où vivre? Mais je pense qu'on devrait se faire plus discret. Je pense que ma voisine a un sixième sens. Il n'est pas très développé, certes, mais elle a pu sentir les résidus de magie qui ont suivi ton combat avec la Sorcière de Minuit. Elle m'a dit qu'elle avait un mauvais pressentiment à l'époque. Mais n'aies crainte. Ses doutes sont apaisées à présent, je m'en suis assurée.

Cependant, elle m'avait dit avoir vu des corbeaux aux yeux rouges. Je pense qu'elle croyait que j'allais la traiter de folle, mais j'étais intéressée. Penses-tu qu'il soit en Amérique, Harry? Je mène des recherches dans ce sens mais inutile de te dire que les informations pertinentes se font rares...

J'aimerais donc que tu vérifies s'il est sur le territoire et si le groupe l'accompagne. De Salem, tu devrais avoir plus d'informations que moi. Je suis désolée de ne t'en parler que maintenant, mais je cherchais vraiment toutes les informations nécessaires afin de ne pas créer une vaine vague de fausses assertions.

C'est tout ce que j'avais à te dire d'urgent. Sinon, viendras-tu pour Noël? Ron et les autres t'accompagneront-il?

Passez une bonne semaine.

H.G


Novembre 1691

Mon chéri,

Je suis tellement ravie que tu rentres le mois prochain! Je suis partie à Salem pour me faire confectionner une lingerie de qualité que tu aimeras, je n'en doutes pas. Est-ce que je te donne encore plus envie de revenir? Si tu es sage, j'achèterais probablement des friandises...

Ah, j'ai vu ta femme à Salem. Elle a l'air si misérable... Penses-tu qu'elle soit malade? Je l'ai aidé à faire ses courses, et elle semblait si faible. Un peu "bizarre" également. Elle a fait tomber 3 fois son sac avant qu'on ne rentre dans votre maison. Je lui ai fait de la soupe, elle semblait si déstabilisée... j'espère qu'elle ira mieux bientôt. Je n'aime pas particulièrement la voir dans cet état. Ma rivale se doit d'être en bonne santé!

Kakashi, j'aimerais que nous ayons une discussion quand tu me rejoindras. Je t'en parlerais à ton arrivée car je suis sûre que tu fuiras si je te le dis maintenant.

J'ai hâte de te revoir, trésor.

S.H

.

.


Kakashi soupira en rangeant la lettre pour la énième fois de la journée dans la poche de son costume. Il était sur le Discovery, un navire anglais qui était réutilisé pour transporter les hommes d'Angleterre jusqu'en Virginie. Il devait y passer 3 jours pour affaire avant de rentrer chez lui à Salem pour la première fois depuis 1 an. Le voyage dans le navire qui l'amènerait de la Virginie à Salem durerait une journée au maximum si le vent faisait des siennes.

L'homme arrangea sa collerette et songea à la beauté exotique qui l'attendait, quelques kilomètres plus loin. Comme il aurait aimé la voir dès son arrivée. Mais si elle avait raison et que sa femme avait des problèmes de santé, il devait tenir son rôle de mari et être à ses côtés jusqu'à son rétablissement.

―Sakura ne va pas aimer ça..., souffla-t-il plus pour lui-même qu'autre chose.

La jeune femme lui ferait assurément la grève du sexe pendant plus d'un mois s'il ne rentrait pas la voir dès son arrivée. Il se trouvait dans une situation délicate. Kakashi sourit en se rappelant une des lettres que sa bien aimée lui avait envoyé quelques mois plus tôt. Comment pouvait-elle penser qu'il puisse en voir une autre qu'elle? Il ne voyait qu'elle. Les nuits, lorsque l'envie était trop forte, il se masturbait en pensant à elle. Uniquement à elle.

―Sakura...

Sakura et ses yeux verts si pures. Sakura et ses cheveux blonds auréolé d'un rose atypique. L'univers avait été extrêmement généreux avec certaines personnes, et elle en faisait inévitablement partie. Cette merveille avait accepté d'être courtisée par un vieil homme tel que lui. Elle n'avait que 24 ans et lui 47. Elle avait accepté de lui donner sa précieuse fleur , faisant de lui le premier -et le seul, il l'espérait- homme à partager son lit. Cela faisait 4 ans que leur liaison durait et la femme ne s'était jamais plainte, même au lit.

Surtout au lit.

Une vraie tigresse. Il était loin l'époque où elle rougissait au moindre contact. Kakashi déglutit difficilement en inspirant profondément pour calmer les battements excités de son cœur. Il avait tellement envie de la voir. Il savait qu'il était mal de désirer une autre que sa femme. Il savait très bien qu'il devait tôt ou tard s'occuper de fonder une famille avec celle avec qui il avait accepté de partager le restant de ses jours... mais il ne connaissait pas Sakura à l'époque. Et maintenant, il ne s'imagine pas sans elle.

Au diable sa femme! Il avait envie de voir Sakura et ses belles robes blanches. Sakura, et son sourire en coin coquin. Sakura, et son sexe déjà frétillant d'impatience mais à des centaines de kilomètres de lui.

Il ferma un instant ses yeux, la salive lui montant à la bouche.

Et il succomba à ses désirs.


2 semaines après,

Kakashi sourit en voyant la porte en bois si familière se dresser devant lui. Il ne l'avait pas prévenu qu'il était arrivé depuis 5 jours en Amérique. La lettre lui serait assurément parvenue mais il voulait que l'effet de surprise soit totale. Il voulait qu'elle se jette sur lui comme si elle voulait le manger en entier. Il toqua à la porte.

―J'arrive, cria une voix féminine à l'intérieur.

Kakashi sourit en entendant sa voix cristalline. Il se perdit dans les souvenirs de leur dernière soirée ensemble. Ils n'avaient pas fait l'amour. Ils s'étaient embrassés jusqu'à l'aube sous l'âtre chaud de la cheminée. C'était à ce moment là qu'ils s'étaient avoués leur amour. Il n'y avait pas eu de pleurs, ni de discours enflammés. Juste les deux amants se regardant droit dans les yeux avec tendresse.

Il sourit plus grandement avant de tourner brusquement sa tête vers la maison à côté. La fenêtre était vide. Il aurait juré avoir sentit un regard peser sur lui.

―Qui est-ce?, demanda Sakura en le ramenant sur terre tout en ouvrant la porte.

Elle se figea.

―Ka... Kakashi?, bredouilla-t-elle d'une voix remplie d'émotions.
―Sakura, murmura-t-il d'une voix rauque en se rapprochant.

Il était prêt à la serrer dans ses bras mais il se souvint qu'ils étaient à l'extérieur et que ce n'était guère le meilleur choix à faire pour préserver son honneur. Il se contenta de s'incliner respectueusement. Il vit qu'elle avait comprit son manège lorsqu'elle se contenta de lui sourire, les larmes aux yeux, en lui faisant de la place pour qu'il rentre à l'intérieur.

À peine la porte refermée, Sakura l'attrapa par la collerette de sa chemise dans le plus enflammé des baisers qu'ils aient jusque là partagé.

―Mon amour...
―Sakura...

La danse de leurs langue continua. Bientôt, ce ne fut plus suffisant. Ils s'étaient tellement manqués. Ils avaient besoin de plus de contact. Ils avaient besoin de sentir que l'autre était à portée de main. Tout près.

Kakashi la souleva brusquement, lui faisant écarquiller les yeux de surprise. Sakura lui sourit par la suite et enroula ses jambes et ses mains autour du corps de l'être qu'elle aimait si profondément.

―Tu m'as manqué, lui chuchota-t-il dans le creux de son oreille.

L'homme sentit le frisson de délice qui parcourut la forme féminine qu'il tenait dans ses bras. Il sourit, heureux de sentir qu'elle avait autant envie de lui que lui d'elle. Il avait tellement angoissé, se disant qu'une aussi jeune femme devait avoir déjà succombé à un riche homme de passage. Un riche homme plus jeune que lui.

―Trésor..., souffla-t-elle en se laissant guider vers la chambre à coucher.
―Chut, laisse moi prendre soin de toi, ma Sakura, murmura-t-il sans ralentir. Tu m'as tellement, tellement, tellement manqué. Ma chérie... Mon amour...

Il lui murmura des mots doux tout le long du chemin, et en la déposant sur leur lit d'amour, il fit une pause pour contempler la beauté devant lui. Elle avait les joues rouges et elle luttait désespérément pour reprendre son souffle. Le regard mi-charbon mi-rubis de l'homme -effet secondaire d'une conjonctivite aigüe mal traitée- se posa sur sa poitrine qu'il savait ronde et ferme sous la multitude de tissu qui la recouvrait.

Elle portait une jolie robe rose pale qu'il ne lui connaissait pas. Mais en même temps, quelle donzelle d'une certaine classe n'achèterait pas de nouveaux vêtements pendant toute une année? Il traça du bout de ses doigts le corset qui enserrait les deux morceaux de chairs tendres.

―Je ne me retiendrai pas, Sakura, dit il, les yeux fixés calmement sur le corset qu'il caressait d'un air lointain.
―J'aime quand tu ne te retiens pas, répliqua-t-elle en le regardant impatiemment à travers ses longs cils.

Ce fut tout ce qui suffit pour le faire réagir.

A suivre...


Extrait du prochain chapitre :

Elle se sentit observée et leva brusquement sa tête. Elle croisa alors le regard d'Hermione qui la regardait fixement, les bras croisés, du haut de sa fenêtre de l'autre côté de la rue. Sakura déglutit et tenta de sourire et de lui faire un maigre signe de la main. La brune la fixa encore quelques secondes avant de réciproquer le geste, plus lentement, presque mécaniquement avant de s'éloigner de la fenêtre.

Sakura ne fut jamais aussi contente de s'éloigner de sa ville natale.