LES ENFANTS DU DESTIN
Chapitre 1 – La confusion des sens
Le train venait de démarrer. On pouvait entendre des voix surexcitées provenant des multiples compartiments. Les élèves s'y étaient agglutinés juste après le départ, retrouvant leurs amis et leurs habitudes.
Chaque premier septembre, ils prenaient le Poudlard Express. Chaque premier septembre, il les conduisait au même endroit : Poudlard.
Pour certains, comme Harry Potter, il s'agissait de la septième année, la dernière. Il frissonna. C'était si étrange pour lui de se dire qu'il l'empruntait pour l'avant-dernière fois. Dans dix mois, le Poudlard Express le déposerait à Londres et il n'y remettrait plus les pieds. Il soupira. Il songeait à ce qu'il ferait à la fin de ses études. Il n'en avait aucune idée. Il était évident qu'il ne retournerait pas chez les Dursley, car il était à présent majeur.
Le jour de ses 17 ans, il avait fait ses adieux à ce qui restait de sa famille de sang et était allé retrouver les Weasley, ainsi qu'Hermione Granger, qu'il considérait comme sa véritable famille… celle qu'il s'était choisie. Pour eux, il n'avait jamais été Harry Potter, simplement Harry. Il aimait voir dans leur regard l'amitié et l'amour tendre qu'ils lui portaient, et non l'admiration et la vénération que manifestaient ceux qui le nommaient le Survivant.
Il avait passé un fantastique mois d'août au Terrier. Il avait assisté avec bonheur à la naissance de la relation entre ses deux meilleurs amis. En effet, Hermione et Ron s'étaient enfin révélés leurs sentiments, au grand contentement de tout leur entourage.
Ils avaient bien essayé tous les deux de convaincre Harry de se trouver une petite amie, mais celui-ci ne se sentait pas prêt. Il pensait au fond de lui qu'assez de gens, qu'il aimait, étaient en danger à cause de lui. Il ne voulait pas offrir à Voldemort une autre cible privilégiée.
Il préférait attendre.
Attendre quoi, il n'en savait strictement rien. Mais, c'est ce qu'il leur avait dit, et ils l'avaient cru.
'Cru', oui, car Harry n'avait pas été d'une franchise absolue avec ses amis… Ce n'était dans un sens qu'une excuse, valable certes, mais quelque peu erronée. Il ne se sentait pas 'prêt' pour avoir une relation telle que ses amis l'entendaient pour la simple et bonne raison qu'il avait dû admettre au fil du temps qu'il était bien plus attiré par les hommes, que par toutes les midinettes qui lui couraient après.
Il l'avait remarqué l'année précédente alors qu'il venait d'être bombardé Capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Il avait dû, un jour peu de temps après la rentrée des classes, fuir tout à fait honteusement les douches des vestiaires. Fort heureusement, personne ne l'avait remarqué. Il avait été assez vif pour sortir précipitamment au moment où une érection douloureuse avait soudain fait son apparition alors qu'il avait posé ses yeux sur le corps nu d'un des nouveaux batteurs qu'il venait de sélectionner.
Il n'est pas difficile de comprendre qu'Harry avait été tourmenté durant de nombreuses semaines. Jamais il n'avait imaginé qu'il puisse être gay. Pendant des années, il avait côtoyé ses camarades de chambrée dans les douches ou encore dans les dortoirs, et jamais rien n'avait pu présager cela. C'était la première fois qu'il regardait un autre garçon en éprouvant du désir, et non plus en le considérant comme un simple camarade. Il avait été effaré de penser à ça. Mais il savait qu'à présent il allait devoir faire preuve de prudence face à tous les garçons qui pourraient être susceptibles de lui plaire.
Il prenait donc ses douches seul après les entraînements, prétextant avoir des choses à ranger ou encore des plans d'attaque à établir… Tout, pour que surtout personne ne s'aperçoive de ses 'penchants', comme il les appelait.
Cependant il avait fini par accepter ce fait, même s'il s'était bien gardé d'en parler autour de lui. Il n'avait pas envie de partager ça. Tout le monde savait tant de choses à son sujet, et il voulait garder quelque chose pour lui seul. Il préservait ainsi son petit jardin secret depuis presque une année et cela même aux yeux de ses meilleurs amis. Ils n'étaient pas prêts pour comprendre cela, Ron encore moins qu'Hermione…
Il les avait donc laissés s'amuser à lui présenter de jolies jeunes filles, lui arrangeant des rendez-vous. Ce qu'il regretta amèrement par la suite ce n'était que du temps perdu, bien que cela lui ait quand même servi à renforcer ses convictions et sa position : il était clairement homosexuel, aucune de ces filles ne l'attiraient, pire, elles l'ennuyaient.
Il n'avait cependant trouvé personne à qui il puisse s'intéresser. Pas un seul malheureux gars qui serait susceptible de lui plaire. Il se croyait presque maudit, car après tout il était pour le moins étrange que, même parmi les centaines d'étudiants qui l'entouraient, il n'était pas arrivé à en trouver un seul qui lui plaise ne serait-ce qu'un tout petit peu.
Ses amis se posaient bien des questions à son sujet. Et lui, encore bien plus… Il ne se sentait pas capable de le leur dire, bien que lui-même l'ait tout à fait accepté. Il attendait simplement de tomber sur la perle rare et de n'avoir plus d'autre choix que d'en parler alors à ses amis.
Il leva les yeux au ciel. Merlin ! cette perle rare se faisait attendre… Il commençait à être las de constater que personne n'arrivait à lui plaire vraiment. Y avait-il une personne sur cette planète faite pour lui ? Il se maudit.
Ginny et Neville, qui lui faisaient face main dans la main dans le compartiment, se moquèrent de lui gentiment. Leur ami semblait, une fois de plus, perdu dans ses pensées. Il se parlait à lui-même, marmonnant d'une voix inaudible, levant les yeux au ciel, s'énervant dans le vide, et ce sans même remarquer l'amusement que son comportement provoquait chez son entourage.
Il se conduisait très souvent de la sorte ces derniers temps et ils s'étaient tous mis d'accord pour le laisser tranquille et lui éviter d'avoir à répondre à des questions éventuellement embarrassantes. Quand il se sentirait prêt, il se confierait, pensaient-ils.
Mais là, Ginny ne put s'empêcher de le taquiner.
« Harry ? »
Le brun sursauta légèrement, mais cacha rapidement son trouble.
« Mmmhhh ?
- Ça va ? Tu avais l'air perdu dans tes pensées.
- Oh… Je me disais juste que c'était une des dernières fois que j'emprunterai le Poudlard Express… », mentit-il puisqu'il venait d'essayer d'imaginer à quoi ressemblerait l'homme qui lui ravirait son cœur et qui lui offrirait le sien. « C'est ma dernière année… je réfléchissais à ce que je ferai par la suite.
- L'année prochaine tu veux dire ?
- Oui. J'avais pensé que j'irais peut-être à Square Grimmaurd les premiers temps… »
Ginny et Neville eurent l'air étonné, mais cachèrent rapidement leur surprise. Harry n'était pas retourné là-bas depuis la mort de Sirius, et bien qu'il ait hérité de l'endroit et du reste des possessions de son parrain, il n'avait plus voulu remettre les pieds dans la maison que Sirius avait tant détestée.
« Alors, tu veux y retourner ? », lui demanda Ginny sur un ton très doux.
- « Oui. Je pense que ma place est là-bas. C'est dans cette maison qu'il vivait, et même s'il s'y sentait enfermé, c'était son chez-lui et donc mon chez-moi.
- Tu as raison. Cela te fera du bien. Tu verras, on l'a bien arrangée maintenant, elle est beaucoup moins morose et sinistre. Maman voulait que tu puisses t'y sentir à l'aise si tu avais l'envie d'y vivre.
- Ah ? Merci. Je ne savais pas. »
Ils se turent alors et laissèrent à nouveau place au silence et à la rêverie d'Harry.
oooOOOooo
Ron et Hermione venaient de revenir de leur réunion des préfets à l'avant du train. La jeune femme avait été nommée préfète en chef. Ils s'assirent dans le compartiment sans même qu'Harry ne les remarque. Comme à son habitude il semblait plongé dans ses pensées. Ginny leur fit un clin d'œil et un sourire de connivence qu'ils lui rendirent.
Harry ne se rendit compte de leur présence qu'une bonne demi-heure plus tard, alors qu'ils partageaient avec Neville et Ginny les nouvelles concernant Poudlard.
« Et devinez donc qui est préfet en chef…», leur lança Ron avec amertume et ironie.
- « Malfoy », dit Harry qui avait soudainement pris part à la conversation et ressentit un élan de rage intérieur.
- « Tout juste Auguste…
- Ahhh…. Ce mec m'agace au plus haut point. Une vraie plaie, ce gars, je me demande pourquoi Dumbledore s'obstine à pousser ce type en avant. Il ne le mérite pas et on sait tous que notre directeur n'est pas du genre à se laisser amadouer par l'argent… Alors pourquoi ? Ça me dépasse. Il est né pour être Mangemort, non ? », s'énerva Harry ne laissant à quiconque le temps de répondre. « Il ne fait aucun doute qu'il va le devenir, si ce n'est pas déjà fait…
- Ouais… Avec l'emprisonnement de son père l'année dernière, il y a de fortes chances que ce soit déjà le cas et que la fouine ait pris sa place auprès de leur Maître. », rétorqua le rouquin.
Ils laissèrent le sujet en suspens. Parler du Serpentard avait toujours la conséquence d'énerver Ron et Harry profondément. Ils essayèrent de se calmer. Ginny et Hermione enchaînèrent donc sur les résultats des Buses que Ginny venait d'obtenir quelques jours plus tôt. Elle avait eu de très bonnes notes, dépassant de loin son frère et son meilleur ami et s'approchant presque du nombre de Buses obtenues par Hermione. Son amie l'en félicita grandement.
Quelques heures passèrent jusqu'à ce qu'ils entendent des échos d'une dispute au fond de leur wagon. Ron et Hermione s'en étonnèrent, ils venaient de faire leur ronde et n'avaient décelé aucune tension quelconque.
Ce qu'ils virent alors les cloua de stupéfaction sur place. Malfoy, qui semblait avoir été beaucoup plus prompt qu'eux à réagir, courait vers le compartiment en question. En deux secondes, il semblait avoir réglé le problème. Sa simple présence avait fait taire les voix qui émanaient de l'endroit de la discorde. Ils en avaient tous le souffle coupé. Depuis quand la fouine réglait-elle les problèmes ? Il était bien plus de ceux qui les créaient plutôt que de ceux qui les apaisaient.
Harry, pour sa part, était lui complètement paniqué et perturbé, mais pas un seul de ses amis ne le remarqua. Ils étaient trop absorbés par le comportement stupéfiant du Serpentard.
Harry était à bout de souffle, il suffoquait, son cœur s'était soudain emballé après qu'il ait aperçu la ligne élégante du blond qui avait couru précédemment dans le couloir. Il avait terriblement chaud et étouffait dans ses habits. Il ouvrit rapidement quelques boutons de sa chemise, ce qui le soulagea à peine.
« Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? », pensa-t-il, sa vision se troublant soudainement.
oooOOOooo
Hermione arrêta Malfoy alors qu'il revenait du fond du wagon et retournait vers son propre compartiment.
« Que s'est-il passé, Malfoy ?
- Rien. Je n'ai pas besoin de ton aide, Granger, tu penses sans doute être indispensable à tous ? »
Sa réplique fut amplement suffisante à hausser la température dans la pièce de quelques degrés et les quatre amis, qui ne s'étaient toujours pas rendu compte du malaise d'Harry, se dressèrent soudainement devant lui, baguette à la main. Mais celui-ci ne semblait pas les prendre en compte.
« Hey, Potter, qu'est-ce qu'il t'arrive ?... Respire !... », lança le blond.
C'est à ce moment que tous se retournèrent vers Harry et ouvrirent les yeux en grand.
Harry était complètement apoplectique. L'air autour de lui s'était condensé en une étrange vapeur dorée, une sorte de brouillard ambré qui entourait son corps.
Il leur sembla même que l'ensemble pulsait. Cette vapeur tournoyait autour du Gryffondor à une allure insensée et Harry donnait l'air de vouloir défaillir dans l'instant.
oooOOOooo
Ce fut en entendant les paroles du blond qu'Harry crut que son cœur allait exploser.
Il n'avait plus d'air. Il ne voyait plus rien en dehors du blond qui le fixait avec une sorte de mépris confus et de stupéfaction, le reste lui apparaissant complètement flou.
Il leva une dernière fois les yeux sur Malfoy et sentit qu'il perdait conscience.
oooOOOooo
« Harry ?... Harry ! »
Il entendit soudain la voix lointaine d'Hermione qui l'appelait. Il ressentit une douleur vive. Que lui voulait-on ? Qu'on le laisse là où il se trouvait ! Il s'y sentait si bien…
« Harry ! », cria presque Hermione avec énervement. « Ce n'est pas possible ! Réveille-toi ! »
Elle lui administra une seconde claque. Et cette fois-ci, il émergea de sa léthargie.
« Aïe !… Mais ça va pas ?
- Je suis désolée, Harry, je ne voulais pas te frapper, mais ça fait dix minutes qu'on te secoue pour te faire reprendre conscience.», déclara-t-elle avec un soupir de soulagement.
- « Ça va ?
- Euh, oui… Pourquoi ça n'irait pas ? Je me sens parfaitement bien.
- Ben, tu étais tout rouge, tu semblais manquer d'air et il y avait ce drôle de brouillard autour de toi, lui répondit Ron.
- Hein ? »
Il paniqua. Il venait de se rappeler de ce qu'il s'était passé.
« Oh non ! … C'est pas vrai ! Ce n'est pas possible ! »
Il se leva brusquement, prit un de ses sacs avant que qui que ce soit n'ait le temps de bouger et courut avec empressement dans le couloir. Il entendait les appels de ses amis alors qu'il ouvrait la porte du wagon suivant, continuant sa course jusqu'à ce qu'il atteigne les derniers compartiments du train. Il n'en restait que deux de vides. Il pénétra dans l'un d'eux, sortit la cape d'invisibilité de son père et s'en recouvrit. Il se recroquevilla tout au fond du compartiment contre la vitre et regarda la pénombre s'installer au-dehors. Ils arriveraient à Poudlard d'ici une heure ou deux.
« Grrhhh ! C'est quoi ce bordel ? », pensa-t-il si fort qu'il lui semblait l'avoir crié. « Non, non, je ne veux pas… pas lui ! Il ne voudra jamais… et … et moi je ne le veux pas non plus ! »
Il venait de réaliser ce qui lui était arrivé.
Il trouvait cette manifestation de son corps bien étrange, il n'y comprenait strictement rien, mais dans les méandres de la confusion qui l'avait envahie, il avait décelé quelque chose. Un drôle de sentiment s'était soudain imposé à lui : Malfoy lui faisait horriblement de l'effet ! Et pas de la haine ou encore de la rage cette fois-ci… Merlin ! Il désirait le Serpentard ! Il le désirait comme il n'avait jamais rien désiré de sa vie. Il le voulait. Il voulait le faire sien.
Pendant que ce brouillard l'avait enveloppé, un rêve, ou plutôt une étrange vision lui était apparue. Il avait vu son corps nu. Des mains l'avaient frôlé. Des mains sublimes, suivies du corps auquel elles étaient rattachées, puis il avait vu un visage, des cheveux blonds comme le blé, soyeux, longs, des yeux, si profonds et si intensément gris… Harry s'était perdu dans leur brouillard… et c'était là qu'il avait perdu conscience.
Il se rappela qu'il lui avait semblé avoir continué de rêver. L'homme de ses songes l'avait embrassé, caressé, lui avait fait subir mille tourments de plaisir… jusqu'à ce qu'il soit brutalement réveillé et qu'il voit la tignasse brune de sa meilleure amie à quelques centimètres de lui.
Il soupira. Il ne voulait pas croire ce que lui révélait son cœur.
« Non, ce n'est pas possible… Pas lui ! Pourquoi lui ? Et pourquoi maintenant ? »
Il se maudit et souffla à demi-mot :
« Pas Drago Malfoy… »
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Et bien voilà… Une nouvelle fic… J'espère que cela vous aura plu. Je sais ce n'est pas raisonnable avec tout le travail que j'ai, mais que voulez-vous… quand on aime on ne compte pas…
Je vous préviens cependant que les prochains temps je ne posterai pas plus d'une fois par mois. Je me concentre en tout premier lieu à finir 'Histoires de Sang', et tant qu'elle ne sera pas finie (trois chapitres encore), je posterai à un rythme un peu lent…
Je vous recommande les fics de Myschka, ma Beta, que je remercie grandement pour ses corrections et conseils avisés.
Si cela vous tente, venez également faire un tour sur mes deux autres fics ('Histoires de Sang' et 'La Toile Enchantée' que je coécris avec Samaeltwigg sous le nom de Cyzael, leurs prochains chapitres seront prochainement en ligne…), cela m'enchanterait d'avoir vos impressions.
J'espère que vous prendrez trente petites secondes pour me laisser vos avis, cela m'aiderait beaucoup, je dois bien le dire.
Je vous remercie d'être passés par ici, à très bientôt, je vous embrasse.
Votre Cyz'.
PS : texte édité et recorrigé le 18.05.15. Merci à p0em pour son aide et ses corrections !
