Tony s'était lamentablement endormi. Sur le siège de sa limousine. Alors que Clint et Bruce l'encensaient sur la cérémonie de fermeture de la Stark Expo. Il n'y pouvait rien. Il avait tout tenté pour garder les yeux ouvert. Mais il avait beau essayer de sincèrement s'intéresser à son entourage, il le trouvait ennuyant et insipide. Et ce n'était pas nouveau. Depuis que les éclats de Shrapnels ne menaçaient plus son cœur, en fait. Ça faisait donc huit ans. Huit ans que le génie, play-boy, milliardaire et philanthrope Tony Stark se détachait lentement de tout ce qui l'entourait.
_ Non mais il le fait exprès ou quoi ? S'agaça Clint en fusillant l'endormi du regard.
_ Clint, le tempera Bruce. Laisse-le dormir, il en a besoin, ça fait bien deux mois qu'il prépare cette exposition.
_ Mais y a des limites ! J'ai l'impression qu'à chaque fois qu'il est avec nous il finit par s'endormir comme si on était... ennuyant à mourir.
_ Regarde-le, il a bien dû perdre vingt kilos ces trois dernières semaines alors je n'imagine même pas le nombre d'heure de sommeil qu'il a au compteur.
Clint abandonna en grimaçant. Bruce avait raison. Il était comme ça, Tony. Il disparaissait trois mois sans prévenir personne. Et débarquait, la peau sur les os, d'effrayantes cernes sous les yeux, avec un nouveau bouclier pour Steve ou de nouveaux gants à chocs électriques pour Natacha quand ce n'était pas un prototype qui révolutionnerait tel ou tel domaine. Puis il disparaissait encore quelques semaines pour revenir remplumé et reposé. Et ça recommençait. Et plus le temps passait, et plus les gens s'éloignaient.
Stark Industries rayonnait. Toujours plus productive. Toujours plus innovante. L'entreprise avait toujours eu une longueur d'avance sur les autres mais, aujourd'hui, elle les écrasait littéralement. Comme si le génie à sa tête en avait décidé de suivre son propre rythme lassé d'attendre les autres. Tony avait un jour repris une citation de Louis Aragon : Le propre du génie est de fournir des idées aux crétins une vingtaine d'années plus tard. Mais le monde en convenait, ce n'était pas vingt ans d'avance qu'avait le génie.
_ Messieurs, nous sommes arrivez, signala l'accent anglais désincarné de JARVIS le majordome virtuel de Tony. Ne réveillez pas Monsieur, je vous prie, il serait regrettable qu'il ne profite pas d'un repos bien mérité.
_ Merci JARVIS, fit poliment Bruce avant de s'enquérir, mais comment vas-tu le mener dans ses appartements ?
_ Monsieur en possède au Garage, il y sera plus au calme que dans ceux de la Penthouse. Agent Barton, Docteur Banner, bonne nuit.
La porte de la longue limousine se referma sur la silhouette endormie de Tony, le laissant seul dans le véhicule. JARVIS avait remplacé Happy quand il avait décidé de suivre Pepper. Happy et Pepper. Les premiers à s'être éloignés. Pepper avait cru que tous s'améliorer après l'opération. Ça avait bien commencé : Tony avait arrêté de boire. Mais il n'avait pas qu'arrêter de boire. Il avait aussi cessé de s'alimenter et de dormir si on ne lui rappelait pas. Il avait toujours était comme ça lorsqu'il travailler sur un projet. Mais là, c'était permanent. Depuis leur rencontre le milliardaire avait était dépendant d'elle. Mais au point de se laisser dépérir sans même sans rendre compte ? Pepper avait pris peur, Pepper était partie. Happy aussi. Et lorsque l'état de son créateur avait été plus qu'alarmant, JARVIS était intervenu.
Tony avait tous vu. Il n'avait rien dit. Lui non plus ne comprenait pas. Il n'avait pas faim. Il n'était pas fatigué. Et il n'avait pas eu mal à leurs départs. Bien sûr, il aimait Pepper et Happy. C'étaient des personnes importantes pour lui... Et il ne comprenait pas pourquoi, il ne souffrait pas de leur départ. Pourtant il reprit sa vie, désormais rythmé par les rappels de JARVIS.
_ Bonjour Monsieur, fit JARVIS en voyant que son créateur s'éveillait doucement.
_ Bonjour JARVIS, sourit Tony en s'étirant.
_ Butterfingers vient de finir votre déjeuner.
_ Je ferais peut être mieux d'y aller avant qu'il ne nous face une nouvelle crise.
_ Effectivement, le Débile et Toi n'ont toujours pas réussit à effacer les traces de la dernière fois.
Il sortit de la chambre en riant. Le Débile bipait joyeusement en balayant. Même s'il éparpillait plus la poussière qu'autre chose. Butterfingers émit un long bip de contentement. La présentation de son déjeuner lui semblait parfaite. Toi roulais à toute vitesse entre les voitures en émettant des bips agacés. Il avait sûrement perdu des pièces en cours de route. Tony eu un sourire tendre. Il aimait arriver dans une pièce et surprendre ses robots en pleine occupation.
Les trois bras métalliques se retournèrent vers lui. Et lui dirent bonjours à l'unisson. De leur langue à mi-chemin entre le morse, le binaire et le solfège. Tony leur répondit. Il ne pouvait pas bipper alors il sifflait. C'était naturel. Comme lorsqu'il répondait en anglais à JARVIS. Butterfingers lui chanta presque le menu de son petit-déjeuner. Le Débile se pressait contre ses genoux. Toi oubliait ses pièces perdus et venait exprimer son mécontentement. JARVIS tentait de ramener un peu de calme.
Et le génie ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi il préférait cette cacophonie de bips et de voix désincarnée à des voix pleine d'émotions et de chaleur.
Et JARVIS lui rappelait qu'il était préférable qu'il mange avant que ça ne refroidisse s'il tenait à ce que le Garage ne soit pas à nouveau dévasté par un Butterfingers vexé. Même s'il n'avait pas faim, il mangea. Et il ne comprenait pas parce qu'il n'avait jamais faim.
Les Avengers, presque au complet, se tenaient dans le salon de la Penthouse. Il y avait même plus que les Avengers. Après tous, on ne fête pas cinquante ans tous les jours. Il ne manquait plus que la star de l'événement : Tony Stark. Il n'allait pas tarder. JARVIS, qui leur avait promis de garder le secret cette petite fête surprise, venait de leur indiquer que le tout juste cinquantenaire était dans l'ascenseur. Et quelques minutes plus tard, Tony apparaissait.
Un faux haussement de sourcil pour la surprise puis un faux sourire gêné. Tony était un génie. Il avait deviné. Depuis longtemps. Et personne ne vit rien. Il déballa ses cadeaux. Il sera les mains. Aussi bien celle de Bruce et Happy que celle de Loki. Il embrassa les joues. Autant celle de Pepper et de Maria Hills que de Natacha. Et il ne comprenait pas. Il avait toujours était rancunier. Alors il ne comprenait pas comment il pouvait traiter Natacha et Loki comme il traitait tout le monde. Il n'était plus en colère. N'avais plus de ressentiment. Pourtant l'une l'avait trompée puis trahi. L'autre avait essayé d'asservir son esprit et de le tuer. Il n'avait pas pardonné. Il n'avait pas oublié. Mais il ne ressentait rien. Il ne comprenait pas. Et il commençait à avoir peur.
Qu'il n'ait pas l'envie de dormir ou de manger, qu'il préfère la compagnie de ses robots à celle de son entourage humain, n'était pas si dérangeant. Il avait toujours était comme ça. Mais que sa rancune s'atténue ? Non. Ce n'était pas possible. Il avait toujours était rancunier au possible. Puéril même. Alors il avait peur.
_ Tu vas bien Tony ? S'inquiéta Steve alors que le génie vacillait et que l'attention se tournait vers lui.
_ Je crains que Monsieur ne fasse un malaise dut au surmenage, intervint JARVIS alors que Steve aidait Tony à s'asseoir. Bien que ce soit aujourd'hui l'anniversaire de Monsieur, il aurait peut-être était plus opportun d'attendre qu'il se soit remis de la charge de travail qu'il a dû fournir pour la Stark Expo.
_ On va te laisser te reposer, souffla Bruce en tirant Thor et Steve qui envahissait l'espace vital de l'ingénieur.
Tony se retrouva seul. Butterfingers, le Débile et Toi ne tardèrent pas à apparaître. Il avait eu une bonne idée d'installer un accès direct entre le Garage et ses appartements du Penthouse. Le froid du métal l'apaisa bien mieux que la main chaude de Steve. Il ne comprenait pas pourquoi. Il aurait dû préférais le contact humain.
Tony Stark ne se comprenais plus. Pourtant il avait toujours eu une idée de ce qui se passer dans sa tête. Mais là rien. Alors la peur le gagnait. De quoi avait-il peur ? De cette différence grandissante avec les autres. Il avait toujours été différent. Mais jamais à ce point. A se demander s'il était lui-même humain.
_ JARVIS, prépare une voiture, on va au manoir Stark.
_ Une préférence, Monsieur ?
_ La plus rapide.
Tony ouvrit la porte du manoir glacé par la terreur. Il n'avait pas de dégoût. Pas de tristesse. Pas de haine. Pourtant, cet endroit était marqué par tant de souvenirs. Il ne pouvait pas y être indifférent. Et pourtant. Il revoyait sa mère en haut des escaliers à attendre son retour. Il revoyait Edwin Jarvis, lui tendre le bras pour récupérer son sac d'école et son manteau. Il revoyait son père émergé de son laboratoire juste pour lui lancer un sourire avant d'y disparaître à nouveau... Et la seule chose qui l'agitait n'était ni la tristesse d'avoir perdu les deux premiers, ni la colère que lui inspiré le dernier mais bien la terreur. Pure. Simple. Et dure. Il ne comprenait pas. Mais son père lui avait peut être laissé la solution. Comme il l'avait fait pour le palladium. Son orgueil ne s'en froissa même pas.
Il poussa la seule porte du manoir qu'il n'avait jamais franchis. Il n'était pas excité. Ou effrayé. Ou inquiet. Ou même quoi que ce soit. Il était terriblement indifférant. Il ne sursauta pas lorsqu'un projecteur se mis en route. Il avait deviné que ça arriverait. Sans douleur ou rage, il vit apparaître Howard Stark.
_ Anthony si tu vois cette vidéo, c'est que je suis mort sans avoir le courage de t'en parler. Mais il y a deux cas de figure pour que tu sois ici : soit tu ne peux réussir à synthétiser le nouvel élément soit ton corps l'a rejeté d'une manière ou d'une autre. Mais d'abord, il faut que je t'avoue quelque chose, Anthony. Comment expliquer ça ?
La peur qui enserrait Tony s'apaisa un peu. Il allait comprendre. Il le devinait.
_ La grossesse de ta mère a été compliqué, tout comme l'accouchement mais vous vous en êtes sortis tous les deux. Tu étais prématuré alors je n'ai pas fait attention les premier jours, il était évident que tu aurais besoin d'aide pour respirer les premiers temps mais... Tu ne t'es jamais mis à respirer seul, tu n'as jamais manifesté ta faim, ni même ouvert les yeux. Les médecins me disaient que c'était normal qu'il faudrait plusieurs jours encore mais il y avait un problème, je le savais. Je t'ai fait un encéphalogramme. Plat. Mort cérébral. Sur le coup, je me suis dit que Maria n'y survivrait pas. La grossesse ne s'était vraiment pas bien passée. Si l'on te perdait, elle n'y aurait pas survécut. Mais moi non plus, maintenant que j'y réfléchis. Alors j'ai tenté quelque chose de fou. J'avais un projet en cour. Une idée révolutionnaire pour laquelle le monde n'était pas encore prêt. Je travaillais sur une intelligence artificielle. La Folie du désespoir. La folie du génie. Je ne sais pas comment appeler ça. Je ne sais même pas comment j'ai fait, comment j'ai réussi. Le fait est que quelques heures plus tard tu respirais seul. Et tu braillais. Un peu trop même.
Tony retint son souffle. S'il comprenait bien, il était une...
_ Oui, Anthony, au départ tu étais une intelligence artificielle. Maria ne sait rien, j'ai toujours pensé que ce serait à toi d'en décider. Je ne m'excuserais pas, je n'ai pas de regret. Si je devais le refaire, je n'aurais aucune hésitation. Mais maintenant, venons-en à ta visite d'aujourd'hui. Si mes calculs sont bon, et ils le sont toujours, ton corps devrait mettre une quarantaine d'année à consommer l'élément que j'ai réussi à synthétiser avec un processus digne d'un roman de Mary Shelley... Sans l'élément, je ne sais pas ce qui t'arrivera. Je ne peux qu'espérer que tu réussiras à le synthétiser ou alors que la technologie te permette une quelconque issue. Au cas où tu n'aurais pas su trouver, mais j'en doute fortement, les indications pour trouver ce nouvel élément, mes notes sont dans le coffre derrière le portrait de famille. Tu devineras le code, je n'en doute pas. J'aurais aimé t'aider à traverser cette épreuve. Et quoi que tu penses, je ne t'ai jamais considéré comme un cobaye. Tu es mon fils. Tu es Anthony Edward Stark. Ce que tu étais au départ ne compte pas. C'est ce que tu es aujourd'hui qui compte. Et tu seras toujours mon fils et celui de Maria.
Le film se coupa. Tony sentait les larmes couler. Sûrement de soulagement. La peur l'avait quitté. Il comprenait maintenant. Il n'était pas choqué. Ni en colère. Juste indifférant. Et ça ne l'inquiétait plus. C'était normal de la part d'une IA de ne pas avoir de sentiment, non ?
Mais maintenant, il devait choisir.
Il pouvait aller repêcher le réacteur ARC au cœur modifié et réapprendre ce qu'il avait perdu ces dernières années si tant est que ça suffise à pallier son besoin de cet élément qu'il n'avait toujours pas nommé. Mais pourquoi ? Il n'avait plus personne. Pepper, Happy, Rhodes et les Avengers ne lui apportait qu'un intérêt poli. Parce qu'ils avaient été amis. Qu'il y avait toujours un certain attachement. Et qu'avoir un génie milliardaire dans ses contacts pouvait toujours servir.
Bien que Bruce semblait sincèrement se préoccupé de lui.
Ou il pouvait encore se construire un nouveau corps et tentait d'y transférer sa conscience actuelle. Il n'aurait rien à construire d'ailleurs. Juste à adapter. Iron Man était une partie de lui après tout.
Il pouvait aussi ne rien faire et voir où ça le mènerait. Peut être à la mort. Peut-être pas. Qui sait ?
Il n'avait plus la curiosité pour ça. Mais peut-être était-ce le mieux. Pour lui. Pour les autres. Mais JARVIS et ses frères se retrouveraient seuls.
Tony prit la bobine et quitta le manoir. Tout en regagnant la Tour, il énuméra ses possibilités à JARVIS. Dans l'espoir qu'il l'aide à choisir.
_ Nous serons toujours avec vous, Monsieur, quoi que vous choisissiez.
Tony sourit. Il ne savait pas encore pour quelle solution il opterait. Mais si JARVIS, Butterfingers, Toi et le Débile étaient avec lui, il ferait le bon choix. Il le devinait.
Coucou,
J'ai enfin eut le temps de vérifier l'orthographe avec ma LadyPirate et je me suis pris une de ces hontes ! Je m'excuse sincèrement et ne vous promettrais plus un OS posté rapidement au détriment de son orthographe.
Granotte : Ravie que ce soit un bon bizarre, j'avais moi-même un doute ! Quant à notre Butterfingers adoré c'est non seulement parce que je ne trouvais pas la traduction « officiel » de son nom (d'ailleurs Doigt de Fée ne me convint pas) et que je préférais le garder en anglais pour que le nom de chaque robot soit composé d'un seul mot. Pour le Débile et Toi, si je les traduis c'est une habitude prise je ne sais pourquoi…
Quant à ma bêta, elle n'était pas disponible à ce moment-là et je m'en excuse.
Merci de continuer à me suivre et à bientôt !
