Bonjour !
Me voici de retour avec une mini-fic qui comprendra 3 chapitres. J'espère vous l'apprécierez !
Bonne lecture. On se retrouve en bas !
HOLLYWOOD COFFEE
Chapitre 1
C'était encore une de ces journées pourries. Je l'avais su dès l'instant où j'avais posé le pied par terre ce matin ou plutôt quand j'avais trébuché en sortant précipitamment de mon lit, en retard d'une demi-heure pour mon premier cours.
— Mademoiselle, je peux ravoir du café ? demanda un grand type en costume sombre en agitant sa tasse au bout de sa main.
— J'arrive Monsieur, grommelai-je.
Je jetai les assiettes sales dans la grande bassine blanche calée sur ma hanche et passai la lingette humide sur la surface de formica ébréchée en pestant contre ces types qui exigeaient que je sois à leur disposition dans la seconde alors que j'avais encore trois tables à débarrasser, et surtout qui ne prenaient même pas la peine de dire « s'il vous plaît ».
— Mademoiselle ! insista lourdement l'homme en question pendant que je finissais de desservir la dernière table.
— Oui j'arrive ! m'énervai-je.
Je poussai les portes battantes rageusement et claquai ma bassine pleine de vaisselle sale à côté d'Emmett qui faisait cuire du bacon et des œufs sur le grill en fonte.
— Bella, qu'est-ce qui se passe ma puce ? me questionna-t-il devant mon air agacé.
— J'en ai marre de ce boulot Em', râlai-je
— Je sais, tu me le dis tous les jours ! Mais au moins toi, tu n'empestes pas le graillon tous les soirs, remarqua-t-il en cassant un œuf sur la plaque chauffante.
— Peut-être, mais toi, tu n'as pas besoin de te pavaner dans cet accoutrement, rétorquai-je en rajustant mon short sur mes cuisses nues.
— Encore heureux ! Je ne me suis pas épilé les jambes, plaisanta-t-il en retournant un morceau de bacon.
J'éclatai de rire en plongeant la vaisselle dans le bac d'eau savonneuse et m'essuyai les mains sur un torchon qui traînait. Dieu bénisse Emmett et ses réparties décalées et hilarantes ! En deux phrases, il venait juste d'embellir ma journée.
— Tu sais, ces mini shorts, c'est pratiquement la seule raison qui me pousse à continuer de bosser ici, me glissa-t-il sur le ton de la confidence en agitant ses sourcils.
— Obsédé ! m'insurgeai-je en souriant alors que je pénétrai de nouveau dans la salle de restaurant bondée de Californiens stressés, le pot à café à la main.
Je fonçai tout droit sur le type au costume et lui remplis sa tasse avec mon plus beau sourire factice. Puis je continuai mon service.
Quand à dix-neuf heures, Rosalie Hale poussa la porte du Hollywood Coffee, je lâchai un soupir de soulagement. Mon service prenait fin dans trente minutes. Je lui fis un clin d'œil qu'elle me rendit avant de se diriger vers les vestiaires.
Un soda gingembre cannelle, deux cafés au lait sans lactose, trois hamburgers végétariens et douze dollars cinquante-neuf cents de pourboire plus tard, j'avais enfin fini ma journée. Enfin, ma deuxième journée… car avant, je m'étais rendue sur le campus de l'Université de Californie où j'étudiais la médecine depuis maintenant deux ans.
En traînant mes pieds enflés, je soupirai à la pensée que je devais encore réviser mon cours d'anatomie pour la dissection du lendemain matin, et je pénétrai dans les vestiaires. Je tombai sur Rosalie et Emmett, en grande conversation chuchotée.
Assis sur un banc, Emmett avait posé ses énormes mains sur l'arrière des cuisses parfaites et bronzées de Rosalie qui, debout et penchée sur lui, lui murmurait des choses à l'oreille avec le sourire aux lèvres. En les regardant si proches, je fus certaine qu'eux-aussi mourraient d'envie de réviser leur cours d'anatomie, mais pas pour les mêmes raisons…
Je me raclai bruyamment la gorge et ils s'écartèrent l'un de l'autre rapidement.
— Salut Bella, me lança Rose avec un grand sourire sur son visage sans défaut.
Car en plus d'être belle, Rosalie était grande et mince comme une liane, tout en arborant fièrement des rondeurs judicieusement placées aux endroits stratégiques, ce qu'Emmett n'avait pas manqué de remarquer.
En la regardant rejeter ses longs cheveux blonds et brillants en arrière pour les attacher en queue de cheval, je me dis que les fées qui s'étaient penchées sur son berceau avaient vraiment été injustes.
En plus d'être d'une beauté scandaleuse, cette fille savait tout faire. Jouer du Mozart au piano, cuisiner un gombo délicieux, broder au point de croix et même jusqu'à la vidange de sa voiture ! Alors que moi j'avais du mal à réchauffer des plats au micro-onde, je trébuchai sans cesse sur mes propres pieds et j'étais incapable de souffler dans un harmonica… Vraiment, la vie était injuste !
— Tu nous rejoins ce soir au Twilight Club ? demanda-t-elle avec espoir tout en feuilletant distraitement un magazine people.
— Non, je dois bosser sur mes cours.
— Oh ! Décroche un peu Bella ! Quand tu ne sers pas ces têtes de cons, tu t'enfermes dans ta chambre pour réviser ! Quand est-ce que tu prends du bon temps ?
— Je vais disséquer un cadavre demain matin, je ne vois pas ce que je peux demander de plus, fis-je ironiquement.
— Rosalie ! hurla une voix grave qui provenait de la cuisine. Bon Dieu ! Mais qu'est-ce que tu fabriques ?
— J'arrive ! répondit Rose en soufflant furieusement, puis elle me regarda d'un air plein de reproches.
— Tu aurais pu sortir avec lui ! Au moins il aurait été de bonne humeur, me reprocha-t-elle.
— Rose, je ne vais pas sortir avec lui uniquement pour qu'il soit de bonne humeur ! En plus tu sais bien que je n'ai pas le temps pour ça et encore moins quand il s'agit de mon patron. Et puis j'ai mes partiels dans deux mois. Il faut que je bosse !
— Mais Jacob est fou de toi ! Ca se voit dans sa façon de te regarder, comme si tu étais un cupcake nappé de chantilly ! Et puis il est beau garçon ! Et tu as vu ses bras ? Je suis sûre qu'avec un homme pareil, ça doit être fabuleux au lit, glissa-t-elle avec un regard en biais vers Emmett.
— Si tu le dis… grinçai-je.
Ca me faisait du mal de l'admettre mais c'était vrai que Jacob était plutôt pas mal. Ce que j'aimais le plus chez lui c'était sa peau lisse et dorée et son sourire diaboliquement séducteur. Mais en dépit de son indéniable charme, il était évident que mon attirance pour lui n'était que physique. Car c'était un véritable crétin.
Hormis ce détail, Rosalie avait raison sur un point : Jacob avait de superbes bras, et cela faisait un moment que de tels bras ne m'avaient pas enlacée.
En regardant Emmett ôter son tee-shirt maculé de graisse, je bloquai un instant sur son torse large et bronzé. Je le vis comme au ralenti, jeter son vêtement au sol en contractant ses abdominaux saillants et les muscles luisants de sueur de ses pectoraux. Mes yeux s'agrandirent tandis que ma bouche s'ouvrait pour laisser s'échapper un gémissement idiot, en même temps qu'un filet de bave.
Le coup de coude que Rosalie me flanqua dans les côtes me ramena illico à la réalité.
— Pas touche, il est à moi celui-là ! rugit-elle comme une lionne.
— Désolée… grognai-je, honteuse.
— Bella, il faut que tu sortes ! Trouve-toi un de ces acteurs nombrilistes et désaxés pour t'offrir une nuit de folie ! Tiens comme celui-là ! Il joue dans ce film de vampire ! cria-t-elle en ouvrant son magazine sur la page centrale.
— Non merci ! appuyai-je sans même jeter un œil sur la photo en question. Et puis tu sais bien que je déteste les acteurs !
— Hum, je t'assure que tu peux faire une exception pour celui-là, remarqua-t-il d'une voix gourmande avant de reprendre, plus virulente que jamais. Il faut que tu voies du monde Bella, sinon tu vas devenir débile !
— Pardon ?
— Le regard hagard, c'est le premier symptôme du manque de sexe, m'apprit-elle, bras croisés en hochant la tête pour appuyer ses paroles.
— Ah oui ?
— Hum, hum, acquiesça-t-elle sérieusement. La première phase, tu n'as envie de rien, mais tu as envie de tout en même temps, tu tournes en rond et tu deviens capricieuse, irritable. En fait, ta cervelle commence à se dessécher, mais ça, ce n'est que la première phase…
— Et la deuxième ?
— C'est beaucoup plus effrayant, je t'assure ! Tu n'arrives plus à penser à autre chose qu'au sexe, et à chaque fois que tu formules une phrase avec le mot chaud, dur ou profond, tu te mets à transpirer comme un veau. Puis tu mates l'entrejambe des hommes sans aucune pudeur et tu ris comme une dinde rien qu'en les entendant prononcer le mot « fourchette », sans oublier que tu te dandines en ondulant du bassin comme une dévergondée de seconde zone.
— Oh mon Dieu, Rosalie !
— Mais ce n'est rien à côté de la troisième et dernière phase, où ton cerveau desséché s'est ratatiné sur lui-même et que tes neurones ont grillé. Partis en fumée. Là, tes ovaires en surchauffe ont pris le contrôle et tu entends presque ton vagin murmurer « prend-moi sauvagement contre cette porte » quand tu es à côté d'un mâle. Alors tu deviens hystérique et tu essayes de réhydrater ton cerveau en buvant des litres de tequila, mais tout ce que tu arrives à faire, c'est de te mettre une sacrée cuite et de te réveiller à poil avec un geek imberbe et boutonneux dans une chambre d'hôtel sans le moindre souvenir !
— Cela ne m'arrivera pas, je t'assure !
— Crois-moi, mieux vaut te faire un acteur.
— Jamais de la vie !
— Viens ce soir, je draguerai un mec pour toi, m'assura-t-elle.
— Tu es cinglée, tu le sais ça ? lui lançai-je alors qu'elle sortait du vestiaire pour prendre son service.
— Elle le sait, approuva Emmett.
Je lui tapai sur le bras en riant, non sans remarquer la dureté de ses biceps.
— Dis-moi Em', c'est toujours d'accord pour ce truc… hum enfin, tu sais, le truc dont nous avons parlé hier ? lui demandai-je en me triturant les doigts.
— Pas de soucis ma belle, je t'ai mis ça dans l'arrière-cuisine sur l'étagère du haut.
— Merci. Vraiment. Je ne sais pas comment je ferais sans toi !
— C'est rien, allez, file !
Je l'embrassai rapidement sur la joue et partis d'un pas alerte en direction des cuisines. Je fis une halte devant le bureau vitré de Jacob, attendant qu'il ait le nez sur ses papiers pour passer, puis je me faufilai dans l'arrière-cuisine.
En coinçant ma langue entre mes dents, j'essayai vainement d'atteindre l'étagère du haut, mais même sur la pointe des pieds je n'y parvins pas.
« Bon Dieu Emmett ! Tout le monde ne peut pas mesurer deux mètres comme toi ! » râlai-je intérieurement.
En faisant le tour de la petite pièce, j'avisai un carton dans un coin et le glissai sous l'étagère afin de grimper dessus. J'avais enfin atteint mon but quand la porte claqua brutalement. Je tournai la tête, honteuse de m'être fait prendre aussi bêtement la main dans le sac et lâchai mon paquet qui s'écrasa à terre. Mais l'homme qui se tenait devant moi n'était pas un employé.
— Qui êtes-vous et que faites-vous là ? articulai-je en tentant de ne pas perdre l'équilibre.
Il me regarda sans rien dire un court moment où ses yeux reflétaient une frayeur intolérable, puis il sembla se détendre imperceptiblement.
— Je vous en prie, ne dites rien, supplia-t-il. Je ne vous ferais rien, je vous le promets, mais ne dites à personne que vous m'avez vu !
— Co… comment ? bégayai-je, toujours perchée sur mon carton.
— S'il vous plait…
— Je suis désolée, cet endroit est réservé au personnel. Vous ne pouvez pas rester là.
— Elles arrivent ! chuchota-t-il avec des accents de panique dans la voix quand il entendit des bruits dans le couloir. Mon Dieu, elles arrivent !
— Qui arrive ?
Je ne sais pas pourquoi j'avais moi-même chuchoté, mais à l'expression de son visage, il me semblait que cet homme courait un grave danger. Il paraissait perdu et aux abois en regardant partout autour de lui. Alors je ne réfléchis pas.
— Cachez-vous là ! lui ordonnai-je en lui montrant le dessous d'une étagère où l'on stockait les pommes de terre.
Il grimpa dans l'énorme caisse poussiéreuse et se recroquevilla sur lui-même. Je n'eus pas le temps de réaliser ce que je venais de faire que la porte s'ouvrit de nouveau avec fracas.
Je sursautai sur mon carton et faillis chuter mais je me retins de justesse à l'étagère cependant qu'une dizaine de femme se pressait à la porte de l'arrière-cuisine.
— Où est-il ? hurlèrent-elles de concert.
— Vous n'avez pas le droit d'être ici, cette pièce est interdite aux clients, vociférai-je en m'agrippant à l'étagère.
Je devais bien admettre que ces filles me faisaient peur. Elles avaient toutes une expression de folie aveugle sous l'épaisse couche de maquillage qui recouvrait leur visage, et toute poitrine dehors, elles tournaient la tête dans toutes les directions en se bousculant les unes les autres. On aurait cru un troupeau de pintades piquées aux œstrogènes.
— Je l'ai vu entrer ici… j'en suis sûre ! piala l'une d'elle avec une voix de crécelle.
— Ca suffit, je vous demande de sortir d'ici tout de suite où j'appelle la police, les menaçai-je au bord de la panique.
— Où est-il ? hurla une femme hystérique aux cheveux rouges et à l'embonpoint manifeste.
— Ecoutez, je ne sais pas qui vous cherchez, mais qui que ce soit il n'est pas là.
— Edward ! On cherche Edward !
— Attendez, ce ne serait pas un grand brun avec les cheveux en pétard ? m'écriai-je soudain.
— Evidemment que c'est lui ! cria une petite brune aux lèvres trop maquillées.
— Oh mais je l'ai vu ! Il est sorti par la porte de service. Je lui ai d'ailleurs dit que c'était interdit, mais il ne m'a pas écoutée.
Aussitôt, tel un ouragan furieux, les filles partirent dans un hurlement collectif strident et se ruèrent vers la sortie aussi vite que si elles avaient le diable aux trousses.
La porte se referma lentement et j'attendis encore une minute, le temps de reprendre mes esprits et mon souffle, avant de descendre de mon carton pour entrebâiller la porte. Je jetai un œil furtif de chaque côté, ce qui ne manqua pas de me faire penser à l'Inspecteur Gadget, puis je me retournai.
— C'est bon, elles sont parties. Vous pouvez sortir, dis-je en refermant soigneusement la porte.
Il s'extirpa souplement du cageot à patates et s'épousseta rapidement. Je remarquai alors qu'il était grand et mince, parfaitement proportionné.
— Merci de m'avoir aidé. Sans vous, je crois qu'elles m'auraient fait la peau !
— Vraiment ? m'étonnai-je.
— C'est fort possible…
— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elles ont après vous ces filles ?
Son visage prit une expression abasourdie et il me regarda comme si je venais d'une autre planète, puis rapidement, il se reprit et m'offrit un sourire à tomber à la renverse.
— Vous n'avez aucune idée de qui je suis, n'est-ce pas ? fit-il en s'avançant vers moi tandis que je reculais.
J'avalai ma salive avec peine alors qu'il plongeait ses yeux dans les miens. Je soutins son regard, émerveillée par le vert opalin de ses prunelles amusées. Mon dos heurta la porte et je me trouvai bloquée avec cet homme devant moi. Ce n'est qu'alors que je remarquai sa beauté saisissante.
Sur la peau fine et lisse de ses joues, creusées par deux adorables petites fossettes, et sa mâchoire anguleuse, volontaire, courait une barbe de trois jours, et je devais bien avouer que ce petit côté négligé le rendait vraiment séduisant. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire en coin, faisant pétiller ses yeux de malice.
— Pas la moindre, non, mais à l'instant même je souhaite de tout cœur que vous ne soyez pas un pervers… articulai-je difficilement.
Son rire s'éleva dans la petite pièce et je soufflai l'air que j'avais bloqué inconsciemment dans mes poumons. Son front haut surplombant ses sourcils bien dessinés se plissa légèrement quand il constata mon air paniqué, alors il recula d'un pas.
— Non, rassurez-vous, je ne suis pas un détraqué ! Je m'appelle Edward.
— C'est ce que j'ai cru comprendre… Bella, fis-je en serrant la main qu'il me tendait.
— Eh bien Bella, je vous dois une fière chandelle !
— Oh, ce n'était rien. Qu'est-ce qu'elles vous voulaient toutes ces filles ?
— Euh… eh bien… commença-t-il en s'éclaircissant la gorge. Hum, en fait…
Je le vis se passer une main nerveuse dans les cheveux et je fronçai les sourcils, intriguée.
— Je leur dois de l'argent ! s'écria-t-il soudain. Voilà, c'est ça ! Je leur dois beaucoup d'argent !
— Ah d'accord, dis-je en le regardant furtivement des pieds à la tête.
Vêtu d'un jean troué et d'un tee-shirt usé jusqu'à la corde, il n'avait pas l'air de rouler sur l'or… Sûrement devait-il galérer dans la vie, comme moi, et cette simple constatation réveilla mon côté Saint Bernard, mais sans le tonnelet à goutte…
Je me penchai pour ramasser mon paquet et lui fit un petit sourire timide.
— Le cuisinier est un bon ami et il me garde des restes, si tu veux on partage, lui proposai-je en le tutoyant derechef, après tout entre compagnons de galère…
Edward me regarda un instant sans comprendre, puis de nouveau, il se passa une main dans ses cheveux décoiffés en souriant. Ce devait être un tic… En tout cas, c'était foutrement sexy !
— Pourquoi pas, je meurs de faim.
— Oui, moi-aussi. Je viens de terminer mon service et je n'ai rien avalé depuis ce matin ! Viens, je connais un endroit sympa.
Je le vis hésiter en se mordant la lèvre.
— Je ne sais pas, il se pourrait qu'elles reviennent…
— Je t'assure que là où je t'emmène elles ne te trouveront pas !
— Et où se trouve-t-il au juste cet endroit ? s'inquiéta-t-il.
— Tu verras bien !
— Bella, sans vouloir te vexer, je commence à me demander si ce ne serait pas toi la détraquée…
— Et tu aurais raison ! Si tu savais ce que je suis capable de faire avec un corps humain… insinuai-je.
— Ok, je te suis ! répondit-il avec entrain.
J'éclatai de rire devant son enthousiasme et me rendis compte que cela faisait vraiment longtemps que je n'avais pas ris comme ça. Je me sentais même presque étrange d'être si détendue avec un parfait inconnu !
Nous sortîmes de l'arrière-cuisine à pas de loups, et en pouffant nous courûmes jusqu'à la porte de service qui donnait derrière le restaurant. Une fois dans la rue, Edward chaussa ses lunettes noires et baissa la tête.
Nous marchâmes en silence côte à côte et je remarquai son regard verrouillé sur ses converses usées. Les poings serrés dans ses poches, il marchait d'un bon pas, si bien que j'avais parfois du mal à le suivre.
— C'est encore loin ? demanda-t-il d'une voix tendue.
— Non, nous sommes presque arrivés.
Je lui montrai un chemin escarpé au bord de la plage de Santa Monica et nous l'empruntâmes rapidement. Le sentier était étroit et bordés de hauts cèdres dont les racines s'enchevêtraient au sol, semant des pièges insurmontables pour une maladroite telle que moi.
Mon pied buta contre une pierre et je perdis l'équilibre. Avec un hoquet étouffé, je me préparai à la chute, mais le bras d'Edward s'enroula autour de ma taille et me retins.
— Merci, soufflai-je, alors que sa main s'attardait dans mon dos.
— De rien.
Je me mordis la lèvre, vaguement troublée par cet homme dont je ne savais rien mais qui inexplicablement éveillait chez moi une profonde sympathie. Finalement, au bout d'une dizaine de minutes, nous débouchâmes sur une minuscule crique déserte enserrée par les rochers aiguisés, baignant dans l'eau limpide de l'océan.
— Bella, cet endroit est tout simplement magnifique ! s'écria Edward en contemplant le soleil au loin qui rougeoyait comme des braises ardentes.
— Oui, c'est mon havre de paix. J'aime venir ici après le boulot. Et puis c'est très tranquille. Ici tu es sûr de ne pas tomber sur une meute de filles hurlantes, plaisantai-je.
Il me sourit en s'asseyant dans le sable. Je l'imitai et ouvris le paquet que m'avait donné Emmett.
— Hum, ce sera pancakes rassis et bacon froid…
— Ca me va très bien, me rassura-t-il en attrapant une petite crêpe qu'il porta à sa bouche.
Je mordis dans un morceau de bacon et détournai les yeux de son beau visage pour contempler l'océan embrasé, quand le ténor d'Edward s'éleva.
— Pourquoi tu m'as aidé Bella ?
— Je ne sais pas, soupirai-je. Sûrement parce que tu semblais réellement désespéré.
— Oui, c'est vrai, je l'étais ! reconnut-il en riant.
— Et puis tu me l'as demandé gentiment et cela n'arrive pas souvent.
— Ah non ?
J'attrapai un pancake et en découpai un morceau.
— Les gens d'ici ont coutume d'exiger. Aucun d'entre eux ne dit jamais « s'il vous plait » et toi tu l'as dit. C'est sûrement cela qui m'a décidé.
— Tu travailles dans ce café depuis longtemps.
— Hum, hum. Depuis trop longtemps… déplorai-je.
Il hocha la tête, hésitant à reprendre la parole. Finalement au bout d'un moment où nous mangions en silence alors que le soleil disparaissait dans l'océan, je finis par lui demander ce qui piquait ma curiosité depuis que je l'avais rencontré.
— Et toi, depuis quand galères-tu ?
— Depuis toujours, je crois, répondit-il après une longue pause où il semblait réfléchir intensément.
Il me regarda en souriant et quelque chose se serra dans mon ventre. Cet homme que je connaissais à peine m'émouvait, je ne saurais trop dire pourquoi, mais quelque chose chez lui me remuait les tripes. Sûrement son insolente beauté, où la fragilité que je lisais dans ses yeux…
— Moi-aussi je dois de l'argent à ma mère, repris-je. Pas mal d'argent. Elle habite en Floride et elle ne voulait pas que je vienne ici…
— Pourquoi es-tu venue à Los Angeles Bella ? Pour le rêve Hollywoodien ?
Je laissai s'échapper un petit rire nerveux.
— Tu penses que j'ai tenté ma chance comme toutes ces starlettes sans cervelle ? fis-je en écarquillant les yeux.
— C'est le rêve de la plupart des filles, me fit-il remarquer. Et puis, vu ton physique, tu as toutes tes chances.
— Arrête de me flatter Edward !
— Ce n'est pas de la flatterie ! Tu es très belle Bella, appuya-t-il en me regardant intensément.
Est-ce que j'étais en plein rêve ou cet homme sublime était en train de me draguer ? Je déglutis avec difficulté et chassai une mouche invisible devant moi.
— Alors c'est ce que tu crois ? Que je me suis retrouvée à servir des hamburgers parce que je n'ai pas pu devenir actrice ? repartis-je d'une voix un peu enrouée.
Il haussa les épaules sans répondre, néanmoins il continuait à me regarder avec autant d'intensité.
— Eh bien, tu te trompes. De plus je déteste les acteurs !
— Ah oui ? s'étonna-t-il en arquant un sourcil. Pourquoi ça ?
— Parce qu'ils mentent tout le temps ! Il suffit qu'un idiot crie « action » pour qu'ils te fassent croire qu'ils éprouvent des émotions alors qu'il n'en est rien ! Ils ne font que réciter ce qui est écrit sur un bout de papier. Et ils pleurent même sur demande !
— Mais, c'est leur métier, non ?
— Justement ! Comment être sûr qu'un acteur est sincère puisque son activité principale est justement de mentir !
— Hum, j'avoue que c'est assez cohérent comme raisonnement, concéda-t-il avec une petite moue craquante. Mais c'est quand même excessif comme réaction ! C'est sympa un bon film, non ?
— Oui, je te l'accorde. C'est juste que… je ne supporte pas le mensonge…
Je me mordis violemment la lèvre pour me forcer à ne pas en dire plus. Ne pas dire qu'on m'avait menti pendant de longs mois. Manipulation psychologique, avait dit mon psy… Qui était mieux placé que mon petit-ami pour ça ?
Je secouai vivement la tête et essayai de retrouver le sourire. Tout cela était loin derrière moi et je voulais profiter de ce moment tellement grisant avec Edward.
— Parfois, certains viennent au café et ils sont justes détestables ! repris-je avec moins de véhémence tout de même. Ils se déplacent comme si la terre entière était à leurs pieds et exigent toujours des trucs impossibles, et puis c'est leur regard qui est le plus dur à supporter.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, soupirai-je, chaque fois, j'ai l'impression d'être un microbe insignifiant, ou un cheveu dégoutant dans leur café. Tu comprends, ils me font me sentir comme de la merde, et je déteste ça !
Je jetai un œil à Edward qui ne disait rien, mais se mordait la lèvre. Lèvre qu'il avait très sexy d'ailleurs…
— Tu as raison, c'est exactement ça, confirma-t-il sombrement.
— Tu côtoies des acteurs toi-aussi ?
— Tous les jours ! Je travaille pour le cinéma. Je suis l'assistant du deuxième assistant opérateur aux studios de la Century Fox. Autant te dire qu'à part porter les caméras et aller leur chercher des sandwiches, je ne sers pas à grand-chose…
J'hochai la tête en réalisant que lui et moi, on avait pas mal de choses en commun.
— Tu sais, quand un client rentre au restaurant, je sais tout de suite s'il est acteur ou pas, même s'il essaye de rester incognito. Je les reconnais toujours ! repris-je en riant.
— C'est vrai ?
— Oui ! Rosalie dit que j'ai une sorte de radar !
— Qui est Rosalie ?
— C'est mon amie. Elle travaille au café avec moi.
Edward étendit ses longues jambes devant lui et resta un moment silencieux.
— Alors si ce n'est pas pour devenir actrice, pourquoi as-tu quitté la Floride en empruntant l'argent de ta mère. Et je suppose que ce n'est pas pour faire carrière chez Hollywood Coffee.
— Non, tu as raison. Ce n'est que temporaire. Juste le temps de finir mes études.
— Quel genre d'études ? s'enquit Edward.
— Je suis en deuxième année de médecine. J'ai d'ailleurs un cadavre à disséquer demain matin.
— Hum ! Charmant !
Une sonnerie retentit et Edward extirpa de la poche de son jean un Black Berry rutilant. Je fronçai les sourcils alors qu'il rejetait l'appel.
— Il se fait tard. Je ferais d'ailleurs mieux d'y aller, lui dis-je en époussetant mes mains pleines de sable.
— Attends Bella, reste encore un peu.
— Je ne peux pas, je dois réviser mon anatomie.
Je le vis sourire dans la pénombre, puis son regard descendit sur ma poitrine, mon ventre, il longea mes jambes nues dans mon short court avant de remonter vers mon visage. Puis il se pencha lentement vers moi. Je sentis ses longs doigts dégager les cheveux derrière mon épaule, puis se fut son souffle tiède et rapide qui chatouilla mon cou. Un long frisson me parcourut et ses lèvres effleurèrent mon oreille.
— Je parie que ce serait ma matière préférée, chuchota-t-il.
Aussitôt, je me sentie en feu. L'air qui entrait avec peine dans mes poumons me parut brûlant et je dus avoir l'air perdu car son sourire s'accentua de plus belle. Me mordant la lèvre, je m'exhortai à réfréner mes pulsions. Le désir rugissait dans mon ventre, et je m'humectai les lèvres desséchées. Comment cette conversation innocente avait-elle pu dériver de la sorte ? Et pourquoi l'idée de me jeter sur Edward ne me paraissait-elle pas saugrenue ? Ca aurait dû pourtant, non ?
— Si j'étais toi, je ne parierai pas là-dessus, souris-je d'une voix éraillée.
Edward caressa lentement ma joue de la pulpe de ses doigts et je fermai les yeux pour mieux profiter de sa peau douce et fraîche sur mon visage en feu.
— Il faut vraiment que j'y aille, dis-je en attrapant doucement sa main pour la repousser de ma joue.
Je me levai et ramassai le papier vide que je roulais en boule dans ma main.
— J'aimerais beaucoup te revoir Bella.
Je lui fis un sourire heureux et partis au petit trot vers le sentier.
— Tu sais où me trouver… lui lançai-je.
Puis je souris dans le noir et m'engageai dans l'étroit chemin qui menait à la ville.
Voilà pour la 1ère partie, en espérant que cela vous ai plu.
Je vous souhaite à toutes (et à tous) d'excellentes fêtes de fin d'année et je vous retrouve la semaine prochaine pour la suite !
En attendant... reviews ?
Bises,
Sophie.
