Titre : Le Lien du Cœur ou "Torquis cordis"

Auteur : Ankoyume

Catégorie : Harry Potter

Genre : Romance et aventure

Pairing : Sirius / Severus (Vous êtes prévenus !)

Rating : T (il n'y a rien de vraiment choquant, même dans le dernier chapitre …)

Disclamers : Les personnages et le monde d'Harry POTTER ne m'appartiennent pas évidemment. De plus, j'ai remodelé quelques trucs (tant que ça n'en change pas l'esprit !) ; et j'occulte totalement le tome 7 (que je n'avais pas lu quand j'ai commencé à l'écrire) et le fait que Sirius soit mort, bien sûr.

Résumé : Severus n'a jamais espéré être aimé en retour, mais ne compte pas négliger de protéger celui qu'il aime, à n'importe quel prix ; ce collier pourrait bien l'y aider …

Notes de l'auteur : Voilà ; je publie enfin une fic qui me tenait à cœur depuis un moment (je suis une femme très occupée, moi ! lol). J'ai eu l'idée en découvrant ce couple surprenant ; c'était un délire au départ puis je me suis prise au jeu (c'est donc moins léger que ma 1ère fic pour ceux qui connaissent). Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire et j'espère que vous aimerez.

Au fait, j'ai mis deux chapitres d'un coup, parce que je préfère le deuxième au premier ; d'ailleurs, le reste est mieux aussi, enfin je crois (j'espère que le 1er chapitre ne vous découragera pas, j'ai dû le refaire 15000 fois sans trouver satisfaction, mais bon …). Du coup, j'ai découpé mes chapitres en petites parties pour me laisser le temps de taper tout ça et de faire des retouches (et puis parce que j'aime inventer des titres LOL !).

Bonne lecture !

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Chapitre 1 : Exil solitaire

Dans la brume du matin, les premiers rayons du soleil parvenaient à peine, à esquisser les silhouettes changeantes des arbres. Le vent soufflait sévèrement parmi les branches, faisant gémir, de manière lugubre, ces fantômes centenaires de la Forêt des Âmes Egarées.

Surgissant de nulle part, une ombre plus mouvante que les autres sembla se détacher de la triste population des cèdres. D'un pas cadencé, malade, un homme grand et fin avançait droit sur l'horizon, à peine ralenti par le poids qui semblait le lester. Sa robe frissonnant au vent lui donnait l'allure fantomatique de ceux parmi lesquels il évoluait.

L'ombre sortit enfin du bois et fut violemment éclairée par la lumière à présent plus vivace de l'aurore, révélant ainsi son profil. Des cheveux longs et opaques comme la nuit, contrastant étrangement avec la pâleur du teint. Un nez imposant, et fier, aussi, un œil perçant à la pupille sombre, des lèvres fermement serrées en un pli amer…

Soudain, un brusque dénivelé le surprit et troubla son allure, révélant davantage sa démarche boiteuse. Le visage fermé se crispa alors et un gémissement de douleur s'échappa des lèvres closes. L'instant d'après, il avait retrouvé sa froideur.

Puis, l'homme arriva en vue d'une grotte dans la montagne ; une lueur de soulagement éclaira son visage l'espace d'un instant. Mais quand il pénétra dans la grotte, ses traits étaient redevenus impassibles.

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Sur les parois de la grotte, une ombre inquiétante dansait doucement au rythme des flammes qui mouraient lentement. Perdu dans ses pensées, l'homme habillé de noir se souciait bien peu du feu à ses pieds. La silhouette frêle allongée dans un coin remua doucement attirant son attention. Il posa sa main sur le front de l'adolescent puis, rassuré, s'affaira aussitôt à redonner de la vigueur au feu.

Le temps s'écoulait lentement alors qu'il s'efforçait de ne penser à rien, concentré sur le lapin qui fondait doucement au dessus du feu. Mais comment ne pas y penser, environné par un tel silence, le silence inquiétant qui peuple les montagnes, un silence lourd de solitude…

Draco avait dormi deux jours et trois nuits, d'un sommeil agité par l'évènement qui semblait l'avoir traumatisé, et le hantait, même endormi. La veille, l'adolescent avait même pleuré dans son sommeil. Cela avait duré des heures, lui avait-il paru. Dans la matinée pourtant, la fièvre était tombée et il avait semblé plus calme, presque apaisé.

Mais à présent, son garde malade n'ayant plus à le veiller en permanence, le corps du garçon, ainsi étendu sur le sol dur de la caverne, ne cessait de lui rappeler ce qu'il avait fait…

« TU AS TUE DUMBLEDORE, criait sans arrêt une voix dans sa tête. TU L'AS TUE ! »

Il se souvenait encore de son regard … Le vent hurlait sur la tour d'astronomie. Draco était pétrifié, horrifié de devoir le tuer, horrifié de ne pas pouvoir le tuer. Dans son dos, trois mangemorts lui mettaient la pression, l'encourageant à achever le mage, désarmé et affaibli. Ne voulait-il pas sauver la vie de ses parents et la sienne ?, semblaient vouloir lui rappeler leur yeux injectés de sangs. Qu'aurait-il pu faire alors ? Le laisser seul face à un tel dilemme était inconcevable. C'est donc là qu'il avait surgi de nulle part, et qu'il avait croisé une dernière fois le regard du mage. Un regard triste et résigné. Des yeux brillants d'un adieu douloureux. Alors il l'avait tué. Et il s'était enfui avec Draco.

« - Parrain ?, s'étonna Draco en ouvrant un œil. »

Surpris, Severus reporta aussitôt son attention sur l'adolescent au teint pâle.

« - Bois ça, ordonna-t-il simplement, impassible et pourtant soulagé de le voir enfin réveillé, après tant d'heures passées dans une semi inconscience.

- Mais où sommes-nous ?

- Dans une grotte, répondit-il, laconique. »

Draco le regardait toujours de côté, les yeux grands ouverts. Severus sentait venir des questions auxquelles il n'était pas encore prêt à répondre : il préféra prendre les devants.

« - Il n'était pas pensable que je te ramène entre les griffes du maître des Ténèbres. Tu en as déjà assez souffert.

- …

- De plus, le manoir Malfoy était aux mains des Mangemorts et … je n'ai aucun autre chez-moi que Poudlard. »

La voix était sourde, presque un murmure ; on aurait pu y déceler une pointe de tristesse si elle n'avait appartenu à Severus.

Après un silence lourd d'amertume contenue, les pupilles de Draco s'élargirent soudain et une expression d'horreur déforma ses traits. Sa pâleur maladive soudaine parut d'autant plus inquiétante qu'il s'exprima dans un souffle, la voix blanche :

« - Dumbledore ! Il est mort… Dumbledore est … est mort !

- Non, infirma aussitôt Severus, contre toute attente. Il n'est pas mort. »

Draco avait l'air à présent complètement déboussolé.

« Je croyais que tu me connaissais mieux. Je ne l'aurais jamais tué pour obéir à un ordre du Seigneur des Ténèbres, ajouta-t-il d'un air vexé, épatant de vraisemblance. J'ai utilisé un sort tronqué de ma composition. Ils n'y ont vu que du feu ! »

Il avait réagi sans réfléchir : Draco n'était pas prêt. Et il ne pouvait pas se permettre de le voir replonger dans un mutisme inquiétant …

Les traits du garçon se détendirent de soulagement et il s'allongea lentement sur la couverture, ne tardant pas à se rendormir. Il y avait cru facilement, parce qu'il avait besoin d'y croire pour l'instant. De toute façon, il lui apprendrait la vérité quand le moment serait venu.

Draco l'ayant de nouveau abandonné, ses pensées l'assaillirent de plus belle.

Qui pourrait lui pardonner à nouveau ? Tout le monde allait le détester cette fois. Et Sirius encore plus … Il était pourtant devenu un homme presque respectable, grâce au soutien d'Albus. Et voilà que tout lui glissait entre les doigts.

Il attisa un peu le feu et un nuage de fumée plus épais s'échappa du foyer. Il le regarda un instant, jusqu'à ce qu'il se dissolve complètement dans l'air.

« Pourtant, je ne regrette rien de ce que j'ai fait, se dit-il finalement. Je ne pouvais pas abandonner mon filleul, Albus ne m'aurait pas abandonné. Même quand il a su que je protégeais quelqu'un chargé de le tuer, il m'a encouragé à poursuivre. Et tant pis si Sirius ne doit jamais voir ma valeur… Je mérite qu'on me respecte, bon sang ! »

Le feu crépita soudain brièvement et il put apercevoir une flamme rougeoyante, que les branches du foyer peinaient à retenir prisonnière. Elle lui rappela la flamme dans ses yeux. La colère qui brûlait dans ce regard impuissant, quand il s'était enfui lâchement après son crime.

Son visage avait dû accuser le coup car Draco, réveillé par le fumet appétissant, s'inquiéta de sa santé ; il le rassura aussitôt. Comment aurait-il pu se douter de ce qui hantait ses pensées ? Personne n'aurait pu. Et même s'il avait compris à raison que c'était les conséquences du meurtre d'Albus qui le taraudaient, … Comment aurait-il pu deviner qu'à ses yeux la principale victime potentielle serait plutôt son pauvre soupçon de cœur et non sa vie ?

Il planta son couteau dans le lapin puis le sortit du feu : le rongeur était à point. Il se mit alors à découper la pauvre bête pendant de longues minutes, sous le regard écœuré de Draco.

« - Tiens : il faut que tu manges, dit-il en lui en tendant un morceau. Moi, je dois y aller. Il faut que je refasse surface auprès du Seigneur des Ténèbres. Pendant ce temps, tu resteras sagement ici, sans faire de vague.

- Je … Je suis assez grand pour rester seul, répliqua le blond en examinant le bout de viande, pas encore décidé à l'avaler.

- Je n'en doute pas, répondit Severus, sarcastique. Alors j'y vais »

Il se leva avec aisance, attrapant une cuisse au passage. Puis il fit un petit signe de tête à son filleul, qui lui répondit par un faible sourire, et sortit de la grotte.

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« - On a été attaqué et j'ai dû me cacher quelques jours.

Très bien ; je comprends mieux. Et le jeune Malfoy ?

Ils le détiennent, Mon Seigneur.

C'est sans gravité. Il ne nous est plus d'aucune utilité, maintenant qu'il est grillé à Poudlard. De toute façon, il n'est pas capable de tuer, acheva Voldemort avec dédain. »

Severus ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Allait-il tenir sa promesse ?

Voldemort le regarda un instant de côté, essayant en vain de déchiffrer ses pensées. Une fois de plus, il se heurtait à son immense talent pour l'occlumencie : ça le fascinait et ça aurait pu lui faire peur aussi, s'il n'avait pas été sûr de l'avoir totalement à sa botte…

« - Vas-y. Exprime-toi donc.

Qu'allez-vous faire de ses parents ?

Ne t'inquiète pas pour ça. Ils ont assez souffert comme ça ; et puis … étant donné qu'il a joué un rôle non négligeable dans la mission « Attaquez la tête et les bras tombent », répliqua-t-il, avec le petit sourire débile que faisait toujours naître sur ses lèvres blêmes, les titres loufoques de ses missions, j'ai décidé dans ma grande miséricorde … d'épargner sa vie et celle de ses parents.

Il vous en sera reconnaissant.

Bien, dit-il en se levant de son trône, construit pour lui dans sa grande mégalomanie. A présent, occupons nous de la prochaine mission ! 'Quand l'âme est trop forte, frappez au cœur !'»

Severus leva un sourcil : il était pressé d'en entendre plus, pour savoir à quoi s'en tenir cette fois. Ce titre sonnait si mal qu'il avait enclenché son alarme interne, ultra sensible au danger (et beaucoup plus performante que du temps des maraudeurs…). Ah ! Ce qu'il pouvait détester ce petit sourire débile !

« - C'est-à-dire ?..., demanda-t- il d'une voix neutre mais suffisamment intéressée pour ne pas le vexer.

- Il s'agit de frapper là où ça fait mal. Le jeune Potter ne se sentira plus quand ses deux chers petits amis auront disparu. Un brun et une rouquine, si je ne m'abuse. En plus, ce sera facile puisqu'ils sont moins protégés qu'Harry »

Le sang de Severus se glaça dans ses veines mais il n'en laissa rien paraître. Avant, il ne lui avait jamais demandé directement de tuer des enfants ! Il avait certes été indirectement responsable, dans sa période noire, de la mort d'un maximum de gens … mais des enfants !

« - Si je puis me permettre, … ce serait dangereux de le toucher au cœur : cela le rendrait fou de rage et pourrait bien augmenter son pouvoir …

Vous le craignez donc ?

Non. Pas le moins du monde, répliqua Severus avec un rictus de dédain. Mais je le connais… et je sais que son cœur est sa force.

Peu importe : j'ai décidé de prendre le risque. Il sera malgré tout anéanti et la rage ferait perdre le contrôle à n'importe qui … »

Il n'avait pas tort, Severus en était conscient, mais il ne le fit pas sentir à son "maître".

« Et puis, de toute façon, je n'ai pas l'intention de les tuer.

Vous devez vous dire : " il s'adoucit !". Mais non, pas le moins du monde. Au contraire, quand j'en aurai fini avec eux, ils préféreront sûrement être morts. En fait, comme vous l'avez si bien fait remarquer, cela pourrait décupler sa force, et ça, je n'y tiens pas. Ce que je veux, c'est l'attirer, au moyen de ces "appâts", sur mon terrain de jeu. »

C'était diabolique comme piège ... et surtout vicieux. Connaissant Potter, il y foncerait tête baissée, comme un stupide mouton qu'il était, impulsif et totalement inconscient.

Il n'était pas question qu'il y participe.

« Je comprends mieux, mon maître. Je serai heureux de vous servir. »

Il fallait qu'il prévienne l'Ordre du Phoenix au plus vite.

« Très bien. Tu iras demain. Seul. C'est une mission à effectuer en toute discrétion, précisa celui-ci avec un énorme sourire complice, tout-à-fait inquiétant. J'ai toute confiance en vous. D'autant qu'une fois encore, vous avez prouvé votre valeur… »

Severus inclina la tête mais n'émit aucun son : il n'était pas sûr de pouvoir rester impassible. De toute façon, il n'arrivait plus à déglutir, brusquement …

« Vous savez, j'ai pensé à vous, mon cher Rogue. Ce soir, j'ai prévu une petite réjouissance en votre honneur ; on ne fête jamais trop ce genre d'évènement ! »

Tout son être se crispa de haine à ces mots, cruellement conscient de ce qu'il entendait par "ce genre d'évènement",mais il resta incliné et le remercia, froidement ...

« - Vous me faites trop d'honneur.

- Mais non, mais non : tu le mérites. Allons les rejoindre. »

Ils s'avancèrent alors vers la sortie, côte à côte ; il connaissait ce genre de fête, la dernière avait au lieu après la mort de Cédric Diggory : la nuit promettait d'être longue…

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Severus se fraya difficilement un chemin parmi les corps imbibés d'alcool qui peuplaient la salle au décor orgiaque. Obscurité, alcool, rixes et débauches : cette ambiance "commençait" sérieusement à l'étouffer. Une fois dehors, il inspira profondément et en fut revigoré. Il avait dû attendre 3 heure du matin pour qu'une occasion de s'éclipser se présente. Et il n'avait pas vu Draco depuis ce midi… Cependant, il ne pouvait pas se permettre de transplaner directement auprès de lui : on se demanderait où il allait comme ça, surtout Bellatrix qui ne cessait de l'épier depuis son retour. Il devait donc s'assurer que personne ne le suivait.

Il se mit alors rapidement en route et trouva le garçon, éveillé au coin du feu, près d'une heure plus tard.

« - Je n'arrive pas à dormir, expliqua-t-il.

- Tant mieux : j'ai à te parler. »

S'en suivit une longue discussion sur les raisons et moyens de se faire capturer par l' « ennemi » au plus vite. Draco devrait se contenter de survivre quelques jours seul dans la grotte…

« C'est facile mais pas passionnant, se plaignit finalement le blond. Pourquoi ne leur expliquez vous pas que je regrette ? Le vieux fou me pardonnera, j'en suis sûr. »

Severus lui fit les gros yeux. Et l'autre rentra légèrement la tête dans les épaules.

« - Ou alors dites que j'étais au courant depuis le départ pour le subterfuge, ajouta-t-il précipitamment.

- Non, il n'en ait pas question. Tu reste ici. Et moi, je fais semblant d'attaquer. Il me faudra sûrement rester quelques jours pour simuler une capture et ensuite je viendrai te retrouver. »

Le professeur fronçait les sourcils férocement et personne n'aurait osé répliquer quoi que ce soit face à une telle expression.

« En imaginant que l'ordre me laisse la vie sauve… se dit-il en lui-même. De toute façon, quoi qu'il arrive, et peu importe le temps que ça prendra, je trouverai le moyen de revenir le chercher. »

Draco s'était résigné mais boudait comme un enfant.

« - Je ne comprends pas ; pourquoi ne pas leur dire simplement et …

- Assez discuté. J'ai besoin de repos et toi aussi, conclut-il fermement sans lui laisser le temps de terminer »

Et il se coucha d'autorité. Draco ne put rien en obtenir de plus jusqu'à son départ, le soir même.

A SUIVRE …