Bonjouuuur!
Gosh, me revoilà sur le fandom de TMR, je crois que ça va devenir mon principal héhé.
/!\ Promotion pour La Légèreté des Sentiments, de Valmorel, parce que c'est du pur génie, et qu'elle est adorable.
J'ai écris cette daube ( parce que c'est clairement pas transcendant ) pour Salomé, parce que bientôt 1 an bordel - et elle m'as forcé, accessoirement -.
J'espère que ceux qui passeront ici apprécieront quand même. N'hésitez pas à me laissez des petits commentaires, still learning!
Bisoux bisoux c:
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Newt l'avait toujours observer de loin. Enfermé dans sa chrysalide, il se sentait plus en sécurité s'il restait éloigné. Éloigné de lui, de son sourire trop ravageur, de son rire trop joyeux, et de sa sociabilité trop rayonnante. Il était son antithèse, son opposé, son contraire. Et il refusait de tâcher sa candeur avec sa rancœur, son optimisme avec son cynisme. Il était trop pur, trop innocent pour se confronter à lui. Et il tentait de se persuader que c'était uniquement pour ça qu'il n'allait pas lui parler. Qu'il le fuyait, et l'observait. Parce que malgré tout, Newt était obsédé par lui. Il admirait sa capacité à rire, à se faire des amis et à être heureux, tout simplement. Et lui, il restait juste là, à regretter ce temps où il pouvait encore s'esclaffer impunément, sans avoir de remords et de regrets.
Il sursauta brusquement lorsqu'un asiatique se laissa tomber à ses côtés en râlant.
" Salut Blondie! T'en fais une de ses têtes!
-Minho, quel plaisir!
-Je sens l'ironie dans ta voix, c'est bizarre non?
-Mhh.
-Ohhh, Newty, un petit sourire?
-Vas te faire foutre, Tocard.
-Waaaah, ça m'étonnes pas que je sois ton seul ami dis donc!
-Ta geule pour voir? Ah, ça va tout de suite mieux!
-Alleeeeeez Newt, à quoi tu pensais? A Thomas?"
Il y eu un petit silence, et le blond maudit son meilleur - et unique - ami de le connaître aussi bien. C'était la question piège. S'il répondais "Oui", il allait se faire noyer sous un flot de question, et s'il disait "Non", il allait se faire traiter de menteur. Alors il ne répondait pas.
"J'en étais sûûûûûr!
-Tu tires des conclusions hâtives, le chinois.
-Je suis pas chinois, je suis C.O.R.É.E.N!
-Ouais, c'est ça, c'est pareil, t'es brider.
-Okkkk, donc toi t'es américain, ma poule."
Ils s'affrontèrent du regard, et Minho finit par éclater de rire, tandis qu'un léger sourire en coin étirait les lèvres de Newt. C'était devenue une blague récurrente entre eux, de se vanner sur leurs origines. En fait, ils aimaient se vanner tout court, se balancer des trucs méchants, parce qu'ils savaient qu'aucun d'eux n'en pensait ne serait-ce qu'un mot. Ils s'aimaient trop pour ça.
Entre eux, ça avait commencé il y avait plus ou moins 10 ans, lorsqu'ils avaient débarquer la même année dans la seule et unique classe de CE2 du village paumé que leurs quatres parents avaient trouvé sympa. Ils avaient tout les deux les mêmes difficultés à comprendre le français, les maths, et les gens, et les gens ne les comprennaient pas. C'était comme ça que les deux rebuts de la classe, les deux exilés d'office, c'était liés d'amitié. Très rapidement, ils étaient devenus proches, se confiant tout, faisant les mêmes conneries. Ils se faisaient insulter de sale chinois et de sale américain, et ils avaient finis par en faire une private joke. Parce qu'eux, ils savaient. Ils savaient que Minho était coréen, et que Newt était un pur londondien. Et que c'était tellement différent. Après survécu à l'école primaire, ils étaient passés au collège. Séparé dans différentes classes, ils avaient toujours trouvé le moyen de manger ensembles et de rester collés pendant les pauses. Puis, les parents de Minho l'avait entrainé à Paris, et ils avaient été éloignés durant deux bonnes années, jusqu'à ce que Newt réussisse à convaincre ses géniteurs que la capitale, c'était bien aussi. Et ils s'étaient retrouvés dans le même lycée, et tout avait de nouveau été normal. Eux deux ensembles, dans la même classe, à rigoler pour des stupidités et à faire les imbéciles le soir chez l'un ou chez l'autre. Ils étaient comme deux jumeaux, inséparables, au point que leurs parents respectifs avaient l'impression d'avoir deux fils et non un.
Ils étaient heureux.
Puis il était arrivé.
Ben.
C'était l'année dernière, pendant leur année de seconde, et c'était à la fois si loin et si prêt…
Ben était un nouveau, un brun athlétique, souriant et de bonne humeur, joyeux. Minho et Newt l'avaient vite adopté, et ils avaient commencés à sortir tout les trois, puis, juste Newt et Ben, et assez vite - trop, quand il y repensait - ils étaient devenus un couple. Le blond n'avait jamais caché sa préférence pour les garçons à Minho, et l'asiatique n'en avait rien à faire. C'était son meilleur ami ,son frère, il l'aimait sans condition.
Au début, tout était idyllique. Ben était adorable avec Newt, et Minho les trouvait très bien assortis. Puis, Newt avait commencé à parler moins, et à rire encore moins. Après 3 mois, il était devenu silencieux, et semblait comme.. éteint. Vide. Minho avait essayé de lui parler, de venir chez lui, de demander à Ben, et à chaque fois, il se confrontait au mur de pierre du "Il va très bien Minho, tu t'inquiète pour rien" de leur ami.
Et il y avait eu ce jour, ce jour où le coréen avait compris que non, tout n'allait pas bien. Du tout. Ce jour affreux, où Newt avait sauté du toit de son immeuble, soit une chute de 13 mètres, dans le but d'échapper à Ben. Et que la seule solution qu'il avait trouvé, c'était la mort.
Après ça, après un coma de 2 mois, après une fracture ouverte à sa jambe qui le ferait boiter toute sa vie, après 1 mois en hôpital psychiatrique et en rééducation, Newt était revenu au lycée. Il n'avait pas fait de vague, pas de bruit, personne n'était au courant de rien. Et il n'était plus que l'ombre de lui même. Il restait muet et fermé à tout, ne riait plus, ne souriait plus, ne vivait plus. Il restait seul, évitait Minho, se renfermait, ne parlait plus, et subissait des crises d'angoisses qui le faisait violemment convulser. Il perdait petit à petit pied, et se détachait de la réalité. Alors il était reparti, de nouveau, et après un second séjour en hôpital, et la mise en place d'une psychothérapie et d'un traitement pour ses angoisses, il avait petit à petit commencer à revenir à lui. 6 mois après sa TS, il s'autorisait enfin à revivre. Et aujourd'hui, 1 an après, il souriait et riait de nouveau. Mais Minho savait. Il savait qu'à l'intérieur, Newt avait et allait toujours mal. Il savait que sa psy le voyait toujours, et qu'il avait encore son traitement. Il savait qu'il fuyait toute relation, qu'elle soit amicale ou amoureuse. Et il savait qu'il était perturbé. Par Thomas. Thomas Edison. Parce qu'il le trouvait beau et qu'il était attiré par quelqu'un, pour la première fois depuis Ben.
"Min? Wow, t'étais perdu dans tes pensées? T'es flippant quand tu penses, tu veux pas juste rester bête?
-Ah, désolé.
-Euh, Minho. T'es bizarre là. Tu me fais peur. Qui es-tu?
-Rhaaa, tais-toi, abruti!"
Le blond rit doucement, et tapota le genoux de son meilleur ami.
"Là je te retrouves. Tu pensais à quoi?
- Au potentiel Thomas et toi.
-Hein?
-Tu devrais vraiment aller lui parler, Newt. Arrêtes de rester là et de le regarder de loin!
- Minho, on a déjà parler de ça. Tu sais. On avait dit : On en parle plus. Jamais.
- Newt!
-Non!
- Faut que t'avances Newty! Tu peux pas rester bloquer toute ta vie à cause de ce fils de pute! Tu tomberas pas toujours sur des Ben, mais pour tomber sur des gars biens, tu dois t'ouvrir aux autres. Tu sais, discuter, poser ton livre et les regarder en face. Pas juste te contenter de les mater de loin. Ça te mènera à rien de faire ça. Tu le sais."
Il y eu un petit silence, parce que Newt savait tout ça. Il savait pertinemment que son meilleur ami avait raison, et qu'il devait tourner la page, aller de l'avant. Mais il n'y arrivait pas. Il était bloqué, ici, entre le toit de son bâtiment et les gradins du stade du lycée, entre Ben et Thomas. Parce que tant qu'il ne passerait pas à autre chose, tant qu'il accepterait de continuer de souffrir à cause de Ben il ne pourrait rien faire, rien envisager. Et peut-être qu'au fond de lui, il continuait de s'auto-flageller, de laisser son coeur saigner, pour avoir été aussi stupide, aussi aveugle. Pour ne pas avoir vu que son copain était un pervers narcissique qui le bouffait, corps et âme. Et peut-être qu'il n'arrivait pas à se pardonner, peut-être qu'il se disait qu'il méritait ça. Et sûrement qu'il s'était persuadé qu'il n'avait aucun intérêt, qu'il était fade et terne, et que Thomas ne serait jamais intéressé - d'aucune façon - par lui. Il avait perdu confiance en lui, en les gens, et en l'amour.
"Je sais, Min…
-Allez Newt, ça va aller. Je voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs. Excuse-moi.
- Non mais c'est rien. Tu as raison. C'est juste que… c'est plus fort que moi. Quand j'arrive à ne pas y penser, je le sens. En moi. Comme si c'était … cassé. Puis ma jambe… Comme si tout mon corps me rappelait sans cesse … ça.
-... Et ta psy? Ça va avec elle non?
-Ouais."
Et ce ouais signait la fin de la conversation. Newt en avait déjà beaucoup parler, pour une fois et en une seule fois. Minho le regarda se lever et épousseter son jean noir, et soupira. Il était tellement persuadé que Thomas et Newt ça pourrait marcher. Parce que Thomas était adorable, doux, et profondément gentil. Il le connaissait depuis 1 an, juste après l'accident de Newt en fait. Il avait commencé à courir à ce moment là, pour s'évader et extérioriser toute sa rage et sa douleur. Et Thomas, lui, était le président du clubs de course et d'athlétisme. Minho courait vite et longtemps, Thomas aussi, et ils s'entendaient bien ensembles. Ils rigolaient pas mal, et s'amusaient à se vanner mutuellement. Sans le savoir, avec sa bonne humeur et ses blagues vaseuses, Thomas l'avait aidé à rester fort pour Newt. Et en 12 mois, jamais Minho n'avait vu le brun crier, s'énerver, ou être violent, verbalement ou physiquement. C'était une crème, avec beaucoup d'amour et de tendresse à revendre, il en était sûr. Et ça le tuait que Newt refuse de faire le premier pas. Parce que Thomas ne pouvait pas le faire. Parce que Newt prendrait peur et s'enfuirait. Parce qu'il était comme un chat sauvage, impossible à approcher tant que ce n'était pas lui qui s'approchait.
Et Thomas savait qui était Newt. Il savait que c'était le meilleur ami de Minho, et qu'il était solitaire. C'était les seules choses que le coréen s'était autoriser à dire pour expliquer pourquoi le blond squattait souvent les gradins, seul. Sans jamais personne avec lui.
"J'y vais tocard. J'ai cours là."
Minho se leva à son tour et s'étira en baillant. Ils n'étaient plus dans la même classe depuis le début de l'année, lorsqu'ils étaient passés en première, puisque Newt était en filière littéraire et Minho en sciences économiques.
"Ça roule. On rentre ensembles?
- Non, ma mère vient me chercher. Visite médicale."
Il tapota sa jambe, pour illustrer son propos, et l'asiatique hocha la tête.
"D'acc. On se voit plus tard alors."
Newt hocha la tête, récupéra sa sacoche posée par terre et s'éloigna après un petit signe de main suivi d'un "A plus". Et Minho ne put s'empêcher d'être blessé, stupidement, comme à chaque fois que son meilleur ami agissait avec autant de froideur et de distance. Avant, Newt lui embrassait la joue, lui faisait un câlin, mais plus maintenant. Maintenant, Newt fuyait les contacts physiques. Il fuyait tous les contacts en réalité. Le coréen soupira, et alors qu'il allait descendre des gradins pour aller chercher des gens avec qui traîner, il entendit son prénom résonner du stade. Il s'avança, et regarda Thomas lui faire de grands signes d'en bas.
"Minhoooo!
-Thomas! Ça va mec?
-Ça va! Ça te tente une petite course avant de reprendre? J'ai envie de me défouler un peu!
-Carrément! J'arrive!"
Il balança son sac sur son épaule et rejoignit son ami sur les lignes de courses. Ils se firent un check, discutèrent quelques minutes, puis oublièrent les mots pour se concentrer sur leurs pieds. Leurs pieds qui foulaient la piste à toute allure, leur donnant presque l'impression de voler. C'était libérateur, puissant, intense, et pendant quelques instants, Minho oublia tout.
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"Plies ta jambe, Newton."
Le blond grimaça, et obéit, silencieux. Depuis sa tentative de suicide, il devait, tout les mois, faire un point avec un médecin à l'hôpital. Histoire de voir "l'avancement de l'état de ta jambe". On lui avait promis qu'il pourrait remarcher, promesse tenue, mais avec un boitillement horripilant. Il se faisait l'effet d'un infirme, et même s'il savait que c'était le mot, et qu'il avait une carte handicapée pour les files d'attente, il refusait de l'accepter. Refusait d'accepter qu'en plus de l'avoir brisé mentalement, Ben avait aussi briser sa motricité. Il ne pourrait plus jamais courir, ni rester debout ou marcher longtemps. Et c'était à la fois frustrant et terriblement agaçant. Parce qu'on le regardait dans les couloirs, parce qu'on se posait des questions, sans oser lui parler à lui. Et cette constatation aussi le mettait en colère. Depuis quand on n'osait plus lui parler, venir le voir? Sûrement depuis qu'il avait décidé d'adopter ce visage neutre, au lieu son visage souriant et avenant.
"Mets toi debout et marche jusqu'au bout du couloir, s'il-te-plaît."
Newt se leva prestement, pressé de quitter la table en métal, grise et froide, et se mit en marche, en tentant de limiter son boitillement. Peine perdue, c'était encore pire comme ça. Ça lui faisait trop mal. Il grogna doucement, et revint vers le médecin et sa mère, qui abordait son éternel air inquiet. Elle l'agaçait quand elle faisait ça. Quand elle le regardait presque avec pitié. Il baissa les yeux, et fixa sa jambe traîtresse. Recouverte de cicatrices, mêlant celles de l'accident et celles des opérations, il la détestait. Elle le débectait cordialement. Comment pourrait-il ne serait-ce que mettre un short un jour? Impossible. Jamais il n'infligerait la vue de son échec aux yeux des autres.
"Ça ne s'améliore pas. Comment tu te sens?"
Un rire nerveux s'échappa des lèvres du blond, et il répondit, acerbe.
"Comment je me sens? Comme un infirme, comme un vieux, comme un handicapé, incapable de faire ce que tout les gens de mon âge font sans y penser.
-Je sais que tu es en colère, Newton, mais il va falloir t'y faire. Ça va sûrement s'atténuer avec le temps, et avec de la patience."
Newt leva les yeux au ciel, exaspéré.
"Alors à quoi rime ces visites? Vous voulez juste vérifier que je me suis pas flinguer? J'ai déjà une psychologue pour ça, merci. Ne faites pas semblant de vous intéresser à mon pauvre petit cas d'adolescent fragile, ma jambe n'ira jamais mieux, et être ici, ça sert à rien."
Sa mère passa une main lasse sur son visage, et soupira.
-Newton, arr-
-Newt!
-Je t'en pris, ne t'énerve pas chéri. Ce n'est pas la faute du docteur Agnes, c'est nous qui demandons ces visites. Nous voulons juste être sûr que ça ne se dégrade pas. Tu comprend, n'est-ce pas?"
Le blond soupira, et dans le silence tendu, renfila son pantalon.
"Newton. Je sais dans quel état d'esprit tu es. Mais tu n'as pas à reporter ton ressentiment sur nous, nous n'y sommes pour rien, et je sais que tu le sais. Tu es un garçon intelligent."
Petit silence. Soupire. Il n'avait pas envie de s'énerver sur la doctoresse, elle avait toujours été gentille avec lui, et malgré ce qu'il disait, il savait qu'elle n'était pas là pour le juger. Il était juste plein de rancoeur et de rage. Il remit sa veste, et lui jeta un coup d'oeil.
"Excusez-moi, je me suis emporté. Au mois prochain Docteur."
Et il quitta la pièce. Parce que merde, il n'aimait définitivement pas son regard peiné sur lui, et qu'il voulait tout sauf attirer la pitié des gens.
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Le temps passait et trépassait, trop vite, et le mois de décembre s'installait doucement. Le froid avait envahi le campus du lycée, et la neige se laissait désirer. Newt était en train de fumer, assis sur un banc, et regardait les coureurs s'entraîner. Il s'était amusé à leur trouver un petit nom, à l'équipe Thomas/Minho, ces derniers mois, et Les Coureurs était venu tout seul. Il passait de plus en plus de temps ici, à attendre son meilleur ami. Enfin ça, c'était la version officielle. En vérité, il venait ici pour Thomas. Pour le regarder, s'imprégner de ses rires, de ses sourires, de ses bêtises. C'était devenu un de ses "personnes ressources" comme les appelait sa psy. Le genre de personne qui sont censés vous donner envie de vous battre, et de gagner. Mais en réalité, Thomas ne lui faisait pas cet effet. Il lui faisait un effet encore plus fort, encore plus intense. Il était littéralement fasciné par lui. Il avait toujours l'air de bonne humeur, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Comme si tout allait bien, et que tout irait bien. Et Newt était totalement captivé par ça.
Minho le harcelait toujours pour qu'il aille lui parler, et le blond refusait toujours. Une nouvelle obsession était née dans son esprit : et si Thomas n'était pas aussi parfait que l'image qu'il s'en était fait? Alors il préférait rêver et l'idéaliser, parce que ça l'aidait. Lorsqu'il le regardait, lorsqu'il suivait des yeux sa silhouette sur le terrain, il ne pensait à rien d'autre. Ben n'existait plus, Minho non plus. Il n'avait plus mal, ne boitait plus. Il volait avec Thomas. Et plus il y pensait, plus il se faisait l'effet d'un stalker. Il avait l'impression de connaître Thomas et de savoir pleins de choses sur lui, sans que le brun n'ai la moindre idée de son existence. Du moins, c'était ce qu'il pensait…
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"Dis, pourquoi ton ami vient jamais nous voir ?
-Je te l'ai dit, il est timide. Il parle pas vraiment avec les gens.
-C'est dommage… Il a l'air sympa.
- Il l'est. Quand il veut bien."
Thomas sourit et tapota son épaule.
"En tout cas t'as l'air de vachement tenir à lui, mon pote.
-Ah ça, 10 ans d'amitié hein!
-Waaaah!"
Le brun prit un air impressionné, et applaudit.
"Bravo. Mes meilleurs potes datent de 7 ans!
-Pas mal aussi."
Ils échangèrent un petit sourire, puis décidèrent d'aller se changer.
De son banc, Newt avait la version sans son, et il ne pouvait empêcher un petit pincement de prendre son coeur. Le problème, c'est qu'il n'avait aucune idée duquel des deux il était jaloux…
Il écrasa sa clope en voyant Minho arrivé, et resserra les pans de sa veste d'aviateur, les bras croisés sur son torse.
"Salut Min.
-Newty! Tu sais, je vais finir par croire que tu aimes bien venir me chercher!"
Newt secoua la tête, l'air faussement désespéré.
"Tocard. On y va? J'ai plus que 45 minutes."
Minho hocha vivement la tête et ils partirent en direction du self. Leur lycée parisien faisait la taille d'un bon campus de fac, avec ses nombreux bâtiments, son stade, sa piscine, et ses tonnes d'options et d'orientations. Ils aimaient bien ce côté large, aérer. Rien n'était entasser, et la plupart des espaces étaient verts, avec des bancs. En été, c'était vraiment sympa.
Ils poussèrent la porte de la cantine scolaire, une bâtisse au centre de tout, et pénétrèrent dans le brouhaha incessant qui qualifiait cet endroit. Newt soupira lourdement. Il détestait ce truc. Trop de monde, trop de bruit, et pas assez de bonne nourriture. Ils déposèrent leurs plateaux sur une table un peu en retrait, parce que même si Minho avait d'autres amis, il refusait de laisser Newt seul. Malgré ses nombreuses incitations. Non, il s'en voudrait trop.
Le blond mangea en écoutant son meilleur ami parler de tout et n'importe quoi, et finalement, le temps fila, fila, fila… Il n'arrivait plus à se souvenir quand est-ce que les jours avaient commencé à tous se ressembler. Quand est-ce qu'il avait recommencé à perdre pied ? Quand est-ce qu'il avait oublié le mois, l'année, la semaine ? Est-ce qu'il mangeait ? Est-ce qu'il dormait ? Que faisait-il le soir ? Que faisait-il la journée ? Allait-il en cours tout le temps ? Est-ce qu'il était en train de rêver, ou simplement devenait-il fou? Est-ce qu'il se protégeait encore, ou Ben avait-il réussit à lui faire perdre la tête ? Ben. Ben. Ben. Son cauchemar, son rêve, son ennemi, son amant. Qui avait-il été ? Qui était-il ? Et lui, il était qui ? Son souffle lui manquait, il se noyait, il n'arrivait plus à respirer, plus à penser, et trop, trop était tout à la fois. Le monde tournait autour de lui, trop vite, c'était trop rapide. Ses doigts se mirent à pincer l'intérieur de ses coudes, forts, longtemps, et il se balançait, assis au sol, les yeux dans le vide. Que quelqu'un vienne le sauver, que personne ne voit ça. Qu'on le sorte de son enfer, de sa tête, de son corps, qu'on le laisse tranquille. Il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait, ni où il était, ni comment il était arrivé là. Il était avec Minho à peine 30 secondes avant. Et là, maintenant. Qui était cette fille? Pourquoi ses lèvres bougeaient sans son? Sa jambe eu un sursaut de douleur, à rester plier contre son torse, et la souffrance lui fit soudainement reprendre pied. Il laissa tomber ses bras le long de son corps, et ses yeux se fixèrent sur d'autres, en face de lui.
"Hey. C'était une belle crise d'angoisse ça… Comment tu te sens?
-Mal. Qui es-tu ?"
Elle rigola doucement et rejeta ses longs cheveux bruns en arrière.
"Je suis Teresa. Teresa Agnes. Je crois que tu connais ma mère, Newton?"
Petit silence. Le blond était encore un peu perdu, parce que ses pertes de conscience et de contact avec la réalité le faisait flipper, et qu'il n'avait aucune putain d'idée de ce qu'il foutait ici. Au milieu d'un couloir, dans un bâtiment qu'il ne connaissait pas. Avec cette fille. La fille du docteur Agnes. Il avala sa salive, et grimaça. Sa gorge était foutrement sèche. Combien de temps avait-il été ici, en panique, à se noyer à l'intérieur de lui-même?
"Je suis avec toi depuis 20 minutes. Est-ce que ça va mieux? Tu peux te lever? On doit t'emmener à l'infirmerie."
Newt secoua vivement la tête, l'air effrayé.
"Non, pas là-bas. S'il-te-plaît.
-Wow, pourquoi? C'est assez grave ce qu'il vient de t'arriver…
-Je t'en supplies…"
Au Diable sa dignité, son égo, son introvertisme. Il ne devait pas se confronter à l'infirmier du lycée. Janson. Ce connard qui l'avait fait envoyer à l'hôpital psychiatrique déjà une fois, persuadé que c'était "pour son bien". Il était clair qui n'avait pas connu un internement, enfin, deux. Enfermé dans une chambre blanche, froide, avec un lit trop petit et un oreiller trop mou, une chemise d'hôpital en guise de vêtement, un balcon fermé à clé malgré les panneaux anti-suicide, et les médecins qui posent éternellement la même et unique question "Avez-vous des tendances suicidaires?"
"Oui."
Regard interrogateur.
"Oui, je connais ta mère. Elle pourra te dire tout ce que tu veux savoir sur moi si tu veux, mais par pitié, pas Janson."
Et il cracha ce nom avec toute sa rage.
"Waw, d'accord Newton. Pas d'infirmerie.
-Newt. Pas Newton.
-Newt. Pas d'infirmerie." Elle se tut quelques secondes puis : " Et je ne veux rien savoir sur toi, tu sais. Ma mère m'as déjà parler de toi parce qu'elle savait que nous étions dans le même lycée, c'est comme ça que je t'ai reconnu. Mais tout ce que je sais, c'est qu'elle voudrait t'aider plus, et qu'elle a de la peine pour toi. Je crois qu'elle t'aimes bien.
-De la peine, de la pitié. C'est tout ce que les gens ont, non?
-Pas toujours, Newt. Pas toujours."
Elle se redressa, et le blond sembla remarquer la position dans laquelle ils étaient depuis le début. Lui, adossé au mur, une jambe contre son torse et l'autre allongée par terre, et Teresa, accroupie devant lui. Il se sentit soudainement mal à l'aise, et gêné. Un mélange entre les deux, et une colère agaçante. Il s'en voulait, parce que quelqu'un l'avait vu. Il s'en voulait, parce qu'il l'avait laissé entrer dans son monde, sans le vouloir. Elle lui tendit la main, pour l'aider à se redresser, et il fut tenté de refuser. Mais leurs pupilles se croisèrent de nouveau, et ses yeux bleus gris semblèrent le transpercer. Ils n'étaient pas pleins de pitié, ou de dédain. Ni de jugement, ni d'énervement. Elle paraissait juste calme, et compréhensive. Et Newt se sentit totalement désarmé. Personne ne l'avait jamais regarder comme ça. Ni ses parents, ni sa psychologue, ni son meilleur ami. Personne. Alors il lui donna sa main, et la laissa l'aider à se relever.
Une fois debout face à elle, il remarqua qu'elle était légèrement plus grande que lui, et qu'elle était vraiment belle, en fait. Et il laissa son regard fuir le sien, parce qu'il était trop perturbé par ce qu'il voyait dans ses yeux pour supporter un nouvel échange visuel. Il n'avait pas parler avec quelqu'un d'inconnu depuis si longtemps qu'il n'avait aucune idée de quoi faire, ou de quoi dire. Alors il resta là, silencieux, à attendre désespérément une échappatoire. Et ce fut la sonnerie du bâtiment qui le lui donna. Il se pencha pour récupérer son sac qui traînait à quelques mètres de lui, et s'enfuit lâchement. Sans un mot, sans un regard, comme ça, il la planta. Et étrangement, il s'en sentit coupable.
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S'il avait pensé ne plus jamais entendre parler de prêt ou de loin de Teresa Agnes, il s'était lourdement trompé. En fait, dès le lendemain de l'incident, il entendit parler d'elle. Et par elle même. Lorsqu'elle s'assit à côté de lui dans les gradins du stade. Sa première réaction fut de la regarder bêtement, avec un air digne d'un poisson rouge, puis il se reprit et, en regardant ses pieds, lui demanda ce qu'elle foutait là.
"Je prend de tes nouvelles. Comment tu vas aujourd'hui ?
-T'as pas à te sentir concernée par mon sort parce que t'as assister à ce truc totalement pitoyable. Tu peux reprendre ta vie et me laisser tranquille, voir oublier mon existence. S'il-te-plaît."
Elle haussa les épaules, et secoua la tête.
"Je crois que je n'en ai pas envie. Ce dont j'ai envie, c'est de te connaître, Newton Isaac. Tu m'intrigue."
Surpris, Newt releva ses yeux de ses rangers mal lacées, et leurs pupilles se rencontrèrent à nouveau.
"Oh, un regard. Je pensais que c'était genre, no way."
Le blond haussa les épaules, et soupira.
" J'aime pas parler aux gens.
-Avant, si. Mais quelque chose à changer. Je le sais. Les gens parlent. Mais ça m'est égal. Moi je veux juste apprendre à te connaître. Comme je te l'ai dis, tu m'intrigue. J'ai envie de percer ta carapace, je suis persuadée qu'en dessous tu es totalement différent. Laisse moi juste essayer ?"
Et Newt était tellement abasourdi qu'il ne répondit pas. Cette fille - qu'il ne connaissait pas avant hier - décidait soudainement de s'incruster dans sa vie, dans sa routine, sans demander son avis. Elle avait un culot monstre. Et quelque part, le blond admirait ça. C'est pour cela qu'il ne refusa pas, mais sans accepter non plus. Il la laissa juste faire, persuadé qu'elle se lasserait vite. Il n'était qu'un passe temps, qu'un amusement. Elle devait sûrement s'ennuyer. Voilà, ça devait être ça. Car à part ça, pourquoi s'intéressait-on à lui?
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Il n'avait jamais eu autant tort qu'à propos de Teresa. Il devait bien lui reconnaître ça, cette nana était tenace. 2 mois - deux mois - qu'elle le collait, qu'elle lui parlait tout les jours, lui racontant tout et n'importe quoi. 2 mois qu'elle tentait de lui arracher un sourire, un rire. Et pour être honnête, elle avait failli y arriver plusieurs fois. Mais Newt mettait un point d'honneur à ne pas craquer. Parce qu'il continuait de penser qu'il était juste une occupation. Un jouet cassé à réparer.
"Salut Newt! Comment ça va?"
Il leva les yeux de son bouquin en anglais, et elle se pencha par dessus son épaule pour regarder la couverture.
"Waw, Jane Austen. C'est pas un truc de fille normalement ?"
Newt haussa les épaules, signifiant qu'il n'en avait rien à cirer, et reprit sa lecture, tentant de la dissuader d'engager la conversation. Pourtant il aurait dû savoir, que rien ne décourageait Teresa Agnes. Surtout pas un simple bouquin.
" C'est bientôt les vacances d'hiver. Tu fais quelque chose? Tu pars? On pourrait se voir!"
Newt soupira et referma patiemment son livre. Étonnement, il s'était pris à apprécier cette fille. Avec ses petites anecdotes, ses sourires doux, et son insistance. Elle avait un côté attachant. Et Newt était presque déçu de penser qu'elle ne l'aimait pas vraiment. Peut-être peut-être qu'il aurait aimé être ami finalement…
"Je reste là. Chez moi."
Elle râla et posa ses deux mains sur ses épaules, debout derrière lui.
"Allez, Newt! On pourrait juste sortir manger, ou aller chez moi.
-Pas envie. T'en as pas marre de me coller?
-Et toi, t'en as pas marre de faire semblant d'y être indifférent ?" Elle retira ses mains, et se glissa devant lui. "Franchement Newt, je suis pas stupide. Si tu me détestait vraiment, si tu ne voulais vraiment pas de moi, tu m'aurais jetter depuis longtemps. Pourquoi tu veux juste pas accepter ça? Je veux dire, je t'aime vraiment bien. J'aime passer du temps avec toi, et ça pourrait être encore mieux si tu me laissais voir le vrai Newt. Pas le Newt distant et taciturne. Je t'ai vu, sourire et rire avec Minho. Je sais que tu n'es pas un robot sans sentiment. Personne ne l'est. Je comprend si tu as été blessé par le passé, et quoi qu'il est pu arriver, je te promet d'essayer de faire mieux. De ne pas te blesser, et de prendre soin de toi. Je veux juste que tu m'accepte. Pas forcément en tant qu'amie, ni en tant que quoi que ce soit, juste, laisse moi entrer dans ta vie, pas juste dans cette façade que tu te donnes."
Il y eu un long silence, presque pesant. Et Newt décida que peut-être, uniquement pour cette fois, il pouvait s'ouvrir. Que peut-être, pour cette fille qui s'était accroché pendant plus de 8 semaines, il pouvait céder un peu de son amitié. Alors il se leva, et lui sourit, d'un petit sourire timide, mais sincère.
"T'auras qu'à venir avec moi quand j'irais voir ta mère, si tu as tant envie que ça de passer du temps avec moi."
Aussitôt, elle se mit à sourire, ses yeux à pétiller, et elle semblait si fière et heureuse que Newt sentit un petit truc dans son ventre. Alors c'était ça que ça faisait de pouvoir s'attribuer le mérite du sourire d'une personne? Il n'avait jamais fait sourire quelqu'un d'autre que Minho depuis un an, et c'était totalement différent, là tout de suite. Il était à la fois perturbé et … content? C'était trop étrange tous ces sentiments positifs. D'un coup. Sans prévenir. Ils l'envahissaient. Il eu un petit instant de panique, puis se calma, parce que merde, il avait fait un truc tellement énorme en acceptant. C'était sûrement la décision la plus importante qu'il ai prise ces derniers mois. Et en y réfléchissant, c'était foutrement rien, pour le commun des mortels. Mais pas pour lui. Il venait de faire entrer quelqu'un dans sa vie, et ça sonnait comme quelque chose de tellement fort à ses oreilles. Parce que depuis Ben, il n'y avait eu personne d'autre que Minho et lui. Et plus maintenant. Maintenant il y avait Teresa. Et il n'avait aucune idée de où ça allait le mener, et pourtant, il ressentait un réel soulagement à se dire qu'il avait réussis. Il avait réussis, enfin, à accepter quelqu'un d'autre. Et Dieu sait que c'était un immense pas pour lui.
" Ça me va, Newty.
-Ah non par contre ça non! Minho ça suffit!"
Elle rit doucement et hocha la tête.
" D'accord, d'accord! Je t'attendrais dans la salle d'attente!
-Encore heureux, tu vas quand même venir avec moi."
Elle haussa les épaules, et tapota celle du blond, amicale. Il n'était pas fan du contact physique, mais bizarrement, il devait s'être habituer à la présence de Teresa sur cette partie de son corps.
"C'est fou… A partir du moment où tu décides de t'ouvrir, tu deviens si différent. Quelque chose dans tes yeux, et les traits de ton visage qui se détendent. Newt, tu devrais vraiment travailler sur ça. Tu te refermes sur toi tout le temps, ça te ferait du bien de laisser d'autres personnes te voir toi. Réellement toi."
Il fit une petite moue et secoua la tête.
"Laisse moi tranquille avec ça. C'est bon, je peux y aller? Tu me soule déjà."
Elle éclata brusquement de rire, et lui fit signe de partir.
"Vas-y, cours, saute, vole. On se voit plus tard!"
Le blond leva les yeux au ciel, prenant un air exaspéré, et disparut entre les bâtiments du campus. Il s'autorisa à sourire, caché derrière sa main, une fois à l'abri des regards indiscrets. Qu'est-ce qu'il lui prenait, bon sang? Pourquoi se sentait-il aussi… non, aucun mot ne lui venait. Il sentait juste son ventre se serrer doucement, et il n'arrivait pas à croire qu'il l'avait fait. Sa psy allait tellement fière de lui. Et peut-être qu'au fond, lui aussi en était fier, de son pas en avant vers le monde.
