-The Draught-

Draco était avachi dans son canapé blanc immaculé, la capuche de son sweat gris remonté sur sa tête, son jogging noir en bas des fesses. Malgré la vue paradisiaque qui s'étendait derrière l'immense baie vitrée du salon il écoutait attentivement la diatribe de la journaliste qui s'échappait de son écran plat dernière génération. Il aurait pu observer l'océan bleu azur et d'un calme olympien qui se déployait jusqu'à l'horizon ou les palmiers immobiles qui longeaient une côte pelée par une sécheresse qui n'en finissait pas. Cette chaleur, interminable, lourde, mettait les nerfs à vifs de toute la population californienne. Enfin presque. Pas ceux dont la climatisation tournait en continu. Pas ceux où des villas abritaient des piscines plus grandes que les bassins olympiques. Pas les Draco Malfoy.

Mais non, Draco ne profitait pas de sa vue, de sa piscine, de son terrain de football et de ses innombrables gadgets de riches. Il était cloué à son canapé.

« ..Non mais vraiment, combien de fois, combien de temps encore est-ce qu'on va devoir le répéter? Vous savez je suis consciente que mes discours épuisent, énervent, irritent, sûrement car je les répète à longueur de journée. Mais vous savez quoi ? Moi aussi Moi aussi je suis épuisée, énervée, irritée. Je ne supporte plus ces comportements envers les femmes. Les femmes ne sont pas des objets, qu'on prend et dont on dispose à sa guise pour mieux les jeter et passer à la prochaine. L'objectivation de la femme vous en avez entendu parler ? Hein Monsieur Draco Malfoy et compagnie, en avez vous entendu parler ? Draco Malfoy qui une fois de plus fait la une des tabloïds pour ses frasques à répétitions . Sérieusement j'aimerai leur dire que nous sommes au XXI ème siècle, en 2017. Alors oui chacun est libre, chacun vit sa vie comme il l'entend. Mais là on ne parle plus de liberté, on parle de respect. On parle de .. »

Draco n'entendit pas le reste du discours de la journaliste qui comme souvent le prenait pour cible pour alimenter sa chronique, car Blaise Zabini venait tout juste de faire son entrée. Et comme à son habitude, une entrée fracassante.

« Non mais sérieux mec, t'es obligé d'écouter ce qu'elle dit ? »

Devant le manque flagrant de réponse de son meilleur ami il poursuivit d'un ton las :

« En fait, elle m'exaspère, ses discours, sa grandiloquence, une madame-je-sais-tout et le sait mieux-que-tout-le-monde. Franchement cette condescendance cachée derrière des grands principes...mais laisse nous vivre merde ! Mec c'est quand que tu vas faire quelque chose contre cette soi-disant journaliste? Je sais pas ce qu'elle a contre toi mais à ce niveau c'est de l'acharnement ! Elle s'acharne, je plaisante pas là il faut que tu portes plainte ou je sais pas moi quelque chose pour la faire taire c'est ton image qui est en jeu »

Blaise ne rigolait plus vraiment quand il partageât cette dernière remarque et se retourna pour regarder Draco et non la télévision qui diffusait toujours l'émission phare de la chaîne : The Gryff show, co-animé par deux journalistes féroces.

Draco sembla alors à Blaise totalement hypnotisé par l'écran géant. Ses pupilles étaient dilatées à l'extrême, sa bouche légèrement entrouverte, son corps totalement figé et lorsque celui-ci parla pour la première fois depuis l'arrivée du grand métis sa voix sembla bien plus rauque qu'à son habitude.

« Non. J'aime bien »

Et Blaise Zabini pensa une fois de plus que son meilleur ami était complètement masochiste et fou. Fou à lier.