Bonsoir! Malgré le rush provoqué par mes études, je me suis dis que ce serait bien de poster une nouvelle petite histoire. Celle ci sera composée de deux chapitres et c'est également la dernière que j'ai en stock. J'en avais commencé une autre, beaucoup plus longue, mais malheureusement à cause des études, des révisions et du boulot, il est compliqué d'écrire. J'ai beau avoir écris un beau morceau, il m'en reste plus de la moitié à écrire !

Je remercie les fidèles lectrices qui m'ont commenté et également ceux qui favorisent mes histoires !

Je vous souhaite une très bonne lecture. Un petit retour aux sources pour ceux qui me connaissent bien ...

Merci à ma fidèle Mlle Isatis pour sa correction


Note : Person Of Interest est la propriété de CBS. Fanfiction nous permet de prendre l'existant et de laisser notre imagination créer des histoires qui n'ont pas pu voir le jour dans la série ou qui n'auront jamais pu voir le jour. Je n'écris que pour le plaisir parce que cela fait partir de mes passions. Alors je partage avec vous en espérant que vous apprécierez mes histoires


Chapitre 1 : Absence inhabituelle.

En cette matinée fraîche du mois de mars, la ville se réveillait tranquillement. Peu à peu, les trottoirs devenaient peu praticables. Parmi la foule matinale, John Reese marchait à grand pas. Non, il n'était pas en mission de si bon matin. Au contraire, il faisait son tour et profitait de la brise. Il était à peine sept heures du matin, mais il était en forme, un large sourire sur les lèvres. Sa démarche ne passait pas inaperçue aux yeux des nombreuses femmes et aussi de certains hommes qui le jugèrent d'un regard plutôt hautain. Mais John n'en avait que faire. Il avait bien plus important à penser. Il s'arrêta dans une petite boulangerie dont la renommée n'était plus à faire et commanda des donuts tout frais. Il garda le sachet en main et retourna dans la rue. Il traversa la route et entra dans le parc, se dirigeant vers le stand de boissons. Quelques amateurs pressés formaient déjà une file et attendaient tous d'obtenir leur café serré. John patienta et pu récupérer leurs boissons.

Satisfait, il parcourut les allées du parc, en direction de leur repaire. Depuis quelques mois, John adorait faire cela le matin. Parce qu'il savait que cela ferait plaisir au reclus qui l'avait embauché. Ce service matinal n'était bien sûr pas compris dans les termes de son contrat mais il estimait que c'était un petit plaisir et cela ne le dérangeait pas. Juste pour voir le regard de l'informaticien s'illuminer, voir un petit sourire timide ou bien le voir prendre du plaisir en mordant dans un donut. Quelques fois John variait ce plaisir en achetant des pains aux chocolats, des croissants ou bien encore des macarons de toutes couleurs, des cupcakes à la décoration très réussie. Jamais Finch ne s'était plaint. Sauf quelques fois lorsque l'agent osait glisser un petit morceau à leur ami à quatre pattes. Bear faisait parti de leur vie depuis cinq mois. Au contact du malinois, Finch avait apprit à s'ouvrir un peu et était très sensible avec Bear. Reese avait assisté à ce changement de comportement de loin, ravi de le voir évoluer, de le voir attentif à un animal, de le voir interagir avec lui.

Finch et Bear étaient les seuls êtres que Reese considérait comme faisant partie de sa vie. Carter et Fusco étaient des amis mais il ne pouvait pas les intégrer dans sa vie. Parce qu'elle était dangereuse. Parce qu'il était censé être mort. Contrairement aux deux inspecteurs qui eux avaient encore une vie de famille, des contacts, des amis. C'est donc de bonne humeur que l'agent pénétra dans la grande bâtisse qui leur servait de cachette et de base d'opérations. En arrivant en haut de l'escalier, il fut étonné de voir la grille fermée. Bear s'agitait derrière celle-ci, heureux de voir son maître. John fronça les sourcils et repoussa la grille. Il déposa le sachet et les boissons sur le bureau central, notant au passage que les écrans étaient éteints. Il se baissa et câlina affectueusement le malinois qui quémandait son attention. John remarqua l'absence du manteau de son partenaire sur le porte-manteau. Peut être que Finch était en retard ou avait décidé de commencer un peu plus tard ?

John en profita pour s'asseoir sur le siège de son patron. Harold n'aimait pas trop lorsqu'il lui prenait sa place, John l'avait deviné à travers son air légèrement contrarié qu'il tentait de dissimuler, ses lèvres pincées. Souriant, il posa ses pieds sur le bord du vieux bureau, attrapant son gobelet pour boire son café tant qu'il était encore chaud. Il espérait surprendre l'informaticien une nouvelle fois. Il se mit à imaginer sa réaction lorsqu'il arriverait. Il ferma les yeux un instant et vit sans peine l'air contrarié, les yeux plissés et la posture droite et rigide de son patron lorsqu'il mettrait un pied ici et le découvrirait un peu trop à l'aise. John eut un petit rire et rouvrit les yeux. Il se plongea dans ses pensées, repensant aux derniers mois de sa vie. Qui aurait cru qu'un milliardaire, informaticien, viendrait le sauver des limbes de l'enfer ? Depuis ce fameux jour, John se sentait mieux. Il pouvait même dire que plus les jours passaient, plus il allait beaucoup mieux. Il retrouvait le goût de la vie après tant de mois d'errance, après une période très sombre. Son cœur avait recommencé à battre grâce à sa nouvelle vie.

Il rejeta la tête en arrière, observant les détails du plafond. Même lorsque l'informaticien avait été arraché de ses mains, il n'avait pas abandonné. Il avait lancé les recherches aussitôt, malgré le fait que ce n'était pas gagné d'avance. Mais avec beaucoup de patience, de rigueur, de réflexions, il avait fini par remettre la main sur lui et il l'avait sauvé à son tour. Il s'était promis ce jour là, de ne plus jamais laisser l'informaticien récupérer un seul numéro sans être sûr qu'il ne s'agisse d'une manipulation visant à l'atteindre. Il se remémora l'expression fatiguée de son patron, sa barbe qui avait poussé, ses cheveux légèrement en désordre et qui avaient bien besoin d'un rafraîchissement. C'était ce jour là également que Finch avait fait connaissance avec Bear. John avait redouté sa réaction, ne sachant pas si son patron allait accepter un membre supplémentaire dans les lieux. Visiblement la bêtise de Bear avait fait mouche. Finch ne l'avait pas repoussé, ni réprimandé.

L'agent jeta son gobelet vide et joignit ses mains, faisant tourner ses pouces. Il se concentra sur les différents bruits autour de ces lieux si rassurant pour lui. Des bruits de moteurs, le doux ronronnement du générateur d'électricité, la respiration du canin qui dormait sur son coussin, les légers chants d'oiseaux qui commençaient à se montrer malgré les températures encore fraiches. Ces sons, en apparence bénins, réconfortaient l'agent. Après avoir entendu de nombreux coups de feu, des coups de poings, des chutes de corps ou des hurlements, cela le changeait un peu et il apprenait à se détendre, à ne plus être constamment sur ses gardes.

John consulta l'heure et constata qu'il était presque huit heures. Et toujours aucun signe de l'informaticien. Reese fut prit d'un sentiment de doute. Alors qu'il cherchait son téléphone dans sa poche de pantalon, celui-ci se mit à sonner. Mais John se rendit compte qu'il s'agissait d'un mail… envoyé par Finch. De plus en plus intrigué, il l'ouvrit pour le lire. Il trouva des informations concernant un nouveau numéro : photos, identité, relevés de banque et de carte bleue, adresse, lieu de travail et tout le détail concernant la famille. Depuis quand Finch donnait-il les infos par mails ? John pressentait que quelque chose n'allait pas. Il voulut appeler son patron mais tomba sur la messagerie à chaque fois. Alors qu'il allait tenter une énième fois, cette fois-ci un SMS lui parvint :

« N'insistez pas Mr Reese. »

De plus en plus troublé par les agissements étranges de son patron, John lui envoya un message dans l'espoir d'avoir une réponse.

« Vous ne venez pas aujourd'hui ? Votre thé va être froid. »

La réponse ne tarda pas.

« Non. »

Un seul mot. John tenta de nouveau.

« Il y a un problème ? »

« Rien qui vous regarde. Faites votre boulot Mr Reese ».

Le ton était froid, cassant. Qu'avait-il bien pu se passer pour que l'informaticien ne dise rien et refuse de venir ? John fit la moue alors que Bear l'observait, attentif.

-Bon, je crois que je serais ton seul visiteur aujourd'hui Bear.

Le malinois couina en guise de réponse. John attrapa sa laisse et l'attacha.

-Viens, tu seras mieux au loft.

Bear lui donna un grand coup de langue. John quitta les lieux et alla déposer son chien au loft, veillant à lui laisser de l'eau, des croquettes et ses jouets préférés. L'agent se rendit sur les lieux et commença la nouvelle mission. D'une manière bien étrange, puisque pour la première fois, il n'avait même pas entendu la voix de son partenaire. Un peu perturbé, il se concentra sur le travail, n'omettant pas une seule information. En fin d'après midi, le cas était déjà réglé, pour le plus grand étonnement de John. Cette fois-ci il était tombé sur un cas simple de jalousie, une femme trompée par son mari et qui avait tenté de le tuer à mains nues. Lionel et Carter avaient rapidement embarqué la jeune femme hystérique, peu ravie d'avoir été interrompue dans son élan.

Reese envoya un message pour signaler la fin de la mission. La réponse ne vint que cinq minutes après.

« Bien. Vous pouvez disposer Mr Reese, je vous préviendrais si nous avons un nouveau numéro. »

Reese se mordit la lèvre et finit par lui poser une question.

« Serez-vous là demain ? »

« Vous n'avez pas besoin que je sois présent. »

Reese su qu'il avait été trop loin. La question était un peu personnelle et Finch l'avait presque envoyé bouler à sa manière. Il n'insista pas et préféra penser à autre chose. Mais de toute évidence, toutes ses pensées étaient tournées vers l'homme qui l'avait sauvé. Que lui arrivait-il ? Etait-il souffrant ? Avait-il un problème ? Ou alors était-il parti dans une autre ville ? Ou était-il avec un membre de sa famille ? Que pouvait-il bien faire ? Fuyait-il ? Tant de questions qui risquaient bien de rester sans réponse. Reese préféra retourner au loft et emmena Bear en promenade. Le malinois se dépensa dans le parc avec ses autres congénères, heureux de jouer et de taquiner un autre chien. Reese était resté debout, adossé contre un arbre et surveillait son chien. Mais il fut rapidement rattrapé par ses démons et repensa à ce qui avait bien pu se passer. Pourtant hier Finch semblait aller bien. Ils avaient bouclé une mission de deux jours et tout s'était bien déroulé. Finch avait même sourit à une de ses taquineries. Il n'y avait eu aucun dérapage hier, John n'avait même pas tenté de flirter comme il aimait si bien le faire pour déstabiliser son patron quelques instants ou pour le plaisir de le voir rétorquer. Non, il ne voyait vraiment rien. Peut être que cela s'était passé après, dans la soirée, lorsqu'ils étaient chacun de leur côté ?

Il siffla Bear pour le rappeler à l'ordre et lui remit sa laisse. Bear trottina tranquillement, sage comme une image. John décida tout de même de faire une marche plus longue que prévue. Le malinois fut heureux et se laissa guider par son maitre. John prit un plat à emporter et une petite boîte de poulet découpé pour son chien et décida de rentrer. Bear jappa au retour dans le loft et attrapa son os en peluche pour jouer avec. John sourit devant cette scène. La première fois que Bear s'était amusé avec, il l'avait entendu. Parce que Finch lui avait offert et n'avait sans doute pas compris que les chiens adoraient faire du bruit avec un jouet qui en produisait ! Mais l'informaticien n'avait pas mit longtemps pour retirer le petit sifflet et donc rendre le jouet silencieux. Cela n'avait pas empêché Bear de continuer à jouer avec. Reese sortit les boîtes et prépara rapidement son dîner. Il remplit la gamelle du canin et alla s'installer dans le canapé avec son assiette pour dîner. L'ambiance était très étrange. John ne s'attarda pas et termina rapidement son dîner. Il alla prendre une douche rapide et s'allongea ensuite, priant pour que la journée de demain soit différente, priant pour que tout redevienne comme c'était auparavant.

Le lendemain matin, John se rendit à la bibliothèque aux alentours de 8 heures. Il s'était levé un peu plus tard même s'il avait mal dormi à cause de la journée d'hier qui lui avait parut bien étrange. Bear était avec lui et il gémit lorsqu'il se retrouva confronté à la grille fermée. John soupira, comprenant que Finch ne serait sans doute pas présent aujourd'hui, une fois de plus. Ayant perdu toute bonne humeur, l'agent préféra s'asseoir et laisser son regard divaguer dans le vide. Bear sentit le changement chez son maître et alla déposer sa petite tête sur sa cuisse. Reese le caressa distraitement tout en murmurant :

-Je ne sais pas ce que fait Harold…

Ce que l'agent ne soupçonnait pas, c'est que Finch le surveillait. Grâce au micro de l'ordinateur, il venait d'entendre ce que son partenaire venait de dire. Encore mieux, via les nombreuses petites caméras que Finch avait prit soin de placer dans des recoins insoupçonnés de la bibliothèque et le réseau hautement sécurisé et impossible à pirater, il suivait les mouvements et voyait les expressions de John. Harold soupira longuement et ferma les yeux un instant. Non, il ne devait pas se montrer. Même s'il l'aurait voulu, il ne pouvait pas. Il rouvrit les yeux et contempla la pièce où il se trouvait. Chez lui, dans son bureau, entouré de ses bibliothèques chargées en livres, tout autant anciens ou récents, son bureau, les fauteuils, quelques plantes vertes qui donnaient une harmonie. La pièce était éclairée par la lumière du jour grâce aux trois grandes fenêtres. Il reporta son attention sur l'ordinateur qui reposait sur un support, placé au dessus de ses cuisses. Visiblement son absence contrariait son agent. Mais il ne pouvait pas lui dire pourquoi il ne venait pas. Parce qu'il avait des principes et sa vie privée à laquelle il tenait tant.

Il se mit à prier pour que la Machine leur donne une nouvelle mission. Au moins John pourrait s'occuper et penser à autre chose. Mais plus les minutes passaient, plus Harold doutait. En général, sa création lui donnait une nouvelle série de mots le matin, or ce n'était pas le cas. Avait-elle changé son habitude ou n'avait-elle rien à proposer pour le moment ? Il vit John se lever et quitter la bibliothèque. Finch, grâce à ses habitudes de hacker, pirata en moins de deux les diverses caméras qui se trouvaient dans les rues. Il suivit son agent du regard mais s'aperçut rapidement que John, malgré sa démarche et sa silhouette remarquable, se fondait parmi la masse humaine. Finch perdit sa trace une dizaine de minute après. Il grogna mais refusa de se servir du portable de l'agent pour tracer son parcours. Parce qu'il voulait lui laisser un minimum de vie privée. Il savait déjà beaucoup de choses sur lui et préférait lui laisser ne serait ce qu'un petit jardin secret.

Il programma une alerte qui l'avertirait si John remettait les pieds dans la librairie et repoussa son ordinateur. Il prit une bonne inspiration et se leva difficilement en s'aidant des accoudoirs du fauteuil dans lequel il se trouvait. Il étouffa un gémissement et fit quelques pas précautionneux. Son boitement était plus prononcé que d'habitude. Parfois il manquait de tomber mais il se faisait violence pour rester debout. S'aidant des divers meubles sur le passage, il avança à la vitesse d'une tortue et se rendit dans la cuisine pour se préparer un thé. Ses gestes étaient hésitants, lents et pénibles. Il s'assit sur la chaise la plus proche pour se reposer, le temps que la préparation prenne. Après quelques longues secondes, Finch pu boire son thé. Il le savoura doucement, prenant le temps de goûter les arômes qu'il aimait depuis longtemps.

Les yeux clos, il songea que s'il osait mettre ne serait ce qu'un pied à la bibliothèque, John comprendrait ou soupçonnerait immédiatement un problème. Il s'imaginait sans peine l'agent avoir un regard inquiet et qu'il ferait tout pour ne pas le contrarier ni l'embêter, ni le taquiner. Et Finch ne voulait pas vraiment que cette situation se produise. Parce que si John osait s'approcher de lui, alors qu'il n'était pas dans un bon jour, il redoutait sa propre réaction. Repousserait-il brutalement l'agent pour retrouver son espace personnel ou alors ferait-il pire ? Par pire, il entendait tomber dans les bras de Reese. Parce qu'il avait des sentiments assez confus. Il éprouvait une sorte d'admiration pour son agent, il appréciait sa présence, ses petites marques d'attention, ces gestes bénins et parfois les frôlements de leurs doigts. Chaque fois que son agent était trop proche de lui, il avait la gorge sèche et parfois le vocabulaire lui manquait. Le souffle chaud de l'agent, sa voix rauque lui donnaient des frissons que jusque là il avait réussi à contrôler. Mais dans son état, serait-il capable de rester de marbre ? Il en doutait.

Il rouvrit les yeux. Il se leva et reposa la tasse vide dans l'évier. Ce qui lui arrivait n'était pas de sa faute. Il avait dû se résoudre à rester chez lui pour se remettre de cet incident dont il avait été victime. Il n'avait même pas envie d'y songer une nouvelle fois. Il avait eu une peur bleue sur le coup et n'était pas prêt de se remémorer ce moment. Il parvint à retourner dans le bureau et s'assit de nouveau. Il frotta ou massa plus précisément ses côtes douloureuses. Un peu assommé par les effets bénéfiques d'un excellent thé, il se cala et ferma les yeux pour se laisser aller un peu au repos. Cela ne dura pas longtemps puisqu'il émergea de sa sieste au bout d'une vingtaine de minutes lorsqu'un bip retentit.

Il se redressa avec une grimace et reprit son ordinateur. Reese était revenu à la librairie. Bear lui faisait la fête. Cela fit sourire l'informaticien quelques secondes. John s'assit à nouveau dans le fauteuil et Finch remarqua qu'il avait acheté le journal du jour. En voyant son agent croiser ses jambes sur un coin du bureau ovale et ouvrir le papier journal, Finch en déduisit qu'il allait lire les nouvelles. Alors pour s'occuper à son tour, il ouvrit une application sur le côté et commença à coder un nouveau programme que lui seul pouvait comprendre. Il devait occuper son esprit pour ne pas penser aux douleurs qui s'accrochaient désespérément à son corps fragile.

Reese prit le temps de lire chaque article. Même s'il paraissait serein, en réalité, l'absence de son patron le perturbait vraiment. Et le fait qu'il n'ait aucune nouvelle, pour lui c'était un signe négatif. Contrarié, il n'avait pas d'autre choix que d'attendre un éventuel appel ou un mail comme la veille. En y repensant, il se demanda pourquoi Finch avait refusé ses appels mais accepté de communiquer par écrit ? Finch cachait-il quelque chose ? Je suis un homme très secret. Cette phrase résonnait dans son esprit, en boucle. Mais tout de même, Finch aurait pu lui dire quelque chose. Lui dire que tout allait bien et qu'il reviendrait. Mais rien. John était inquiet mais il garda bien tout cela pour lui. Il ne devait pas être surpris en pleine interrogation. Son expérience de militaire et d'agent de la CIA lui avaient forgé ce caractère là. Il baissa le journal quelques instants, observant le malinois qui jouait avec son gros os.

Un bip étrange résonna. John se redressa, attentif et sur le qui-vive. D'où venait ce bruit étrange ? Un nouveau bip se fit entendre et John sembla reconnaître ce son particulier. Il ne l'avait peut être entendu qu'une dizaine de fois mais c'était exactement le même. L'avertissement lorsque Finch avait fait une petite erreur dans son programme et qu'il tentait de le compiler. Lentement l'agent tourna la tête vers l'écran central et vit qu'il était allumé. Un message apparut :

« Admin : repos ».

John fronça les sourcils, se rendant compte qu'à l'évidence ce n'était pas Harold qui avait écrit ce message très bref. Qu'est ce que cela signifiait ? Repos ? Jamais Harold Finch n'avait prit de repos ou encore moins des congés ! Lui le bourreau du travail ! Un doute s'empara de l'agent. Il fixa la petite diode rouge allumée au dessus de l'écran et articula :

-Tu sais quelque chose ?

Mais aucune réponse ne lui parvint. Frustré devant le manque de réactivité de la Machine, Reese s'enfonça dans son fauteuil et soupira. La Machine semblait être exactement comme son patron : peu bavarde, froide, distante. Secrète aussi. Elle savait tout comme Finch savait tout sur sa vie. Il secoua la tête et reprit la lecture de son journal. Finch de son côté, les doigts figés au dessus du clavier, regardait avec stupeur la surveillance. La Machine avait osé parler à son agent. Si son message avait été bref, il avait tout de même soulevé des interrogations chez son agent. L'informaticien n'en doutait pas une seconde, ayant parfaitement reconnu un tic bien particulier chez John, qui apparaissait quand il réfléchissait et semblait se poser des questions. Passablement agacé par l'intervention de sa création, il retira le cache qui masquait la minuscule caméra de l'ordinateur et la regarda sévèrement.

-Pourquoi lui as-tu dis cela ?

Peu après, une nouvelle fenêtre typique de Notepad s'ouvrit et un message s'afficha :

« Parce qu'il va bientôt comprendre ».

-Pardon ?

« Le journal ».

Finch fronça les sourcils et jeta un œil sur le journal que John lisait. Il n'avait rien de particulier, ce n'était que celui du jour. De plus en plus étonné, Harold réfléchit, les lèvres pincées. Puis une idée lui vint. Rapidement, Finch ouvrit le site internet dédié au journal local et pirata les pages de la journée. Rapidement il rentra un raccourci et lança une recherche sur un mot précis. Quelques résultats apparurent mais Finch trouva celui qu'il voulait. Il marmonna quelques mots incompréhensibles puis écarquilla les yeux.

-Tu vas lui dire ? S'adressa-t-il à la Machine.

« Je n'ai pas encore décidé. »

-Ne le fais pas. Ordonna Finch.

« Pourquoi ? »

-Parce que.

« Je vous ai déjà désobéit. »

Finch ouvrit la bouche, interloqué par l'insolence de sa Machine.

« Ai-je déjà mal agit ? »

Devant cette interrogation, Finch resta bien silencieux. Depuis que sa Machine était entièrement fonctionnelle et en ligne, elle lui avait désobéit plusieurs fois, pour son plus grand malheur. Mais jamais les décisions de la Machine n'avaient été une erreur. Jusque là, elle avait pris les bonnes décisions et parfois elle se comportait et réfléchissait bien mieux que dix cerveaux réunis. Non Harold n'avait jamais été déçu de ses décisions.

-Non. Murmura-t-il.

La Machine cessa de lui parler. Finch fronça les sourcils de nouveau en voyant la fenêtre sur laquelle la Machine avait échangé, se fermer brutalement. Craignant que son agent ne comprenne quelque chose, il préféra réduire la fenêtre où se trouvaient une infinité de lignes de codes pour mieux veiller sur son agent.

John tourna la page, arrivant dans les dernières, généralement consacrées au sport, aux avis de décès, aux remerciements, aux annonces de brocantes, ou aux dernières actualités les moins importantes qui ne dataient pas forcément de la veille. L'ancien agent de la CIA parcourut des yeux les divers lieux de brocantes, après tout cela pouvait toujours servir s'il était en mission et qu'il devait éviter certaines routes. Après avoir mémorisé les différents lieux qui seraient pris d'assaut ce week-end, Reese reporta son attention sur les derniers articles de l'actualité. Il fut attiré par un titre et lut le contenu. Au fur et à mesure qu'il lisait la suite des mots, son cœur fit un bond. Il relut l'article une deuxième fois afin d'être sûr de ce qu'il venait de lire. L'article relatait les derniers accidents de la circulation qui avaient eu lieu dans les rues. En un bloc, plusieurs véhicules étaient cités mais les yeux de John étaient focalisés sur le mot « Lincoln ». Quelque chose poussait Reese à croire que cette voiture était forcément celle de son patron. Il pesta contre le manque d'informations et sur le peu d'explications concernant l'incident.

Il retira ses pieds de son bureau et attrapa son portable pour contacter son patron. Il voulait en voir le cœur net. Finch soupira lorsque son téléphone sonna. Bien sûr que John avait senti quelque chose. Il savait que le 6eme sens de John le trompait rarement. Mais il ignora son appel. Il ne voulait pas parler. A l'instant où il prononcerait ne serait ce qu'un mot, les doutes de l'agent seraient confirmés. Reese insista plusieurs fois. Il se leva, agacé par le manque de réactivité ou sans doute l'entêtement de son patron. Il fit quelques gestes qui démontraient à quel point il était nerveux. Bear leva sa petite tête, se posant des questions. Puis il se leva et vint donner un petit coup de museau dans la cuisse de l'agent. Reese le caressa.

-Bear, si tu savais à quel point il me rend fou …Avoua John.

Bear lui lécha la main en retour. Harold était certain d'avoir mal entendu. Non John n'avait pas pu dire une telle chose. Afin d'être sûr, il fit un retour en arrière sur l'enregistrement et repassa le moment. Non il avait bien entendu. Mais Finch se demandait qu'elle était la vraie signification de cette phrase en apparence innocente ? John avait-il quelques sentiments pour lui ou était-ce à cause de son entêtement concernant le fait qu'il était un homme secret ? Finch savait ô combien de fois John avait été freiné par cette phrase, combien de fois il avait été légèrement vexé.

Un grésillement désagréable se fit entendre. Reese se tourna vivement vers l'écran central qui venait de se rallumer une fois de plus. Bear gémit et préféra retourner dans son panier. Sur l'écran, une vidéo tentait de s'afficher mais tout était haché. Puis soudainement tout devint clair. L'agent vit que l'enregistrement datait de deux jours, plus précisément la veille où Finch avait commencé à être absent. Le cœur tambourinant, il resta debout pour regarder la vidéo.

Deux jours plus tôt, 21h43.

Finch venait de quitter la bibliothèque, ravi de la journée. Ils avaient résolu le mystère de leur numéro et au moins tout s'était bien terminé. Un étrange sentiment de plénitude flottait au dessus de lui. Cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé et il profitait de se sentir mieux. Plus léger. Depuis quelques jours, il avait même des douleurs moins fréquentes et il était bien. De plus John continuait à le taquiner gentiment, mais cela lui faisait plaisir. Car il aimait que John fasse cela.

Il monta au volant de sa Lincoln et s'engagea sur la route, bien décidé à rentrer chez lui. Il se sentait malgré tout un peu fatigué mais heureux. En cette soirée, il y avait quelques conducteurs un peu imprudents, mais Harold avait l'habitude. Il roula tranquillement et s'arrêta à un feu rouge. Pour patienter, il observa les jeunes qui traversaient le passage piéton. Mais il fronça les sourcils lorsque l'un d'entre eux s'arrêta net et demanda aux autres de faire demi-tour. L'instant d'après, l'informaticien se retrouva propulsé au milieu de la chaussée dans un sinistre bruit de tôle écrasée et de pneus frottant le bitume. Rapidement, une voiture à gauche lui rentra dedans à l'arrière. La Lincoln effectua un demi-tour sur elle-même. La pauvre Mercedes qui avait éjecté Finch au milieu de la grande intersection se retrouva emboutie, par plusieurs véhicules, créant un carambolage spectaculaire. Les moteurs fumaient, les klaxons résonnaient, la circulation était au point mort. Certains marcheurs avaient alertés les secours, effarés par l'accident qui venait de se produire.

Dans la Lincoln, Finch, la tête contre le volant, fit appel à tous ses efforts pour se redresser. Une douleur lui traversa la hanche et il se mordit les lèvres jusqu'au sang. Ses côtes lui faisaient mal et il n'osait pas les toucher. Il se cala contre son siège, assommé par le choc du coup. Sous ses yeux, il vit le chauffeur de la voiture qui lui était rentré dedans, en sortir et marcher étrangement avant de s'écrouler sur le sol. L'homme était visiblement bourré. Finch jeta un œil dans son rétroviseur intérieur et vit que la portière arrière avait été littéralement arrachée. Plusieurs débris se trouvaient sur les sièges de cuir.

L'informaticien porta une main à sa nuque et fit la grimace. Ses muscles étaient tendus et cela n'augurait rien de bon. Il posa sa main sur la portière et voulut l'ouvrir. Mais la porte était bloquée, sans doute enfoncée. Il essaya d'insister mais cela lui provoqua une douleur vive aux côtes. Par chance, quelqu'un vint le voir et força. La portière céda et s'ouvrit.

-Vous êtes blessé Monsieur ?

-Je ne sais pas.

Finch amorça un mouvement et fit passer ses jambes à l'extérieur. Il du se résoudre à poser une main sur ses côtes tant cela lui faisait mal. Mais il masquait sa douleur, ayant l'habitude. L'homme l'aida à sortir du véhicule, empoignant son bras. Finch fit quelques pas mais c'était douloureux et il préféra ne pas aller plus loin, n'ayant pas d'autre choix que d'attendre les secours. Il s'assit à moitié sur le devant de son véhicule encore intact. L'homme qui lui avait donné un coup de main, préféra rester avec lui jusqu'à ce qu'un pompier vienne le voir.

Reese était consterné par ce qu'il venait de voir. Les bruits métalliques lui avaient glacé le sang l'espace de quelques secondes. Jamais il n'aurait pensé que Finch était absent pour cette raison. Ce qui l'étonna fut le manque de réactivité de la Machine, elle capable de tout voir avait été incapable d'anticiper cet évènement ? L'agent était troublé mais passablement angoissé. Il lui avait semblé voir un léger rictus de douleur au niveau des rides de l'informaticien sur l'enregistrement, malgré la nuit avancée. Puis cette main sur le ventre, cela ne le rassurait pas du tout. Finch avait-il été blessé ? Il fixa longuement son téléphone portable qu'il avait posé sur le bureau tout à l'heure. Durant de longues secondes, il hésita sur ce qu'il devait faire. Puis il prit sa décision. Attrapant son téléphone, il lança une application.

Finch, intrigué, afficha sur une petite fenêtre ce qui s'affichait sur le téléphone de son agent. Il fronça les sourcils en voyant qu'il s'agissait de son application de géolocalisation. Que faisait-il ? Soudain il vit son agent lancer une recherche. Harold reconnu son nom de famille. Prit d'un mouvement de panique et d'une désagréable impression d'avoir été piégé, il entra rapidement des lignes de codes dans la console noire et rendit la recherche de John impossible, plantant le logiciel de recherche exprès. La réaction de John ne tarda pas : il soupira et s'agaça légèrement. Finch pesta. Avec quoi son agent voulait-il le localiser ? Son téléphone n'était en aucun cas équipé d'un mouchard, encore moins son ordinateur puisqu'il avait fait la vérification il n'y a pas si longtemps. Et de même, si John avait glissé quoi que ce soit, il l'aurait su aussitôt. Mais Harold n'était pas dupe, son agent était bien plus intelligent qu'il ne le laissait croire, capable de tout pour avoir des informations. Où avait-il donc pu cacher un mouchard ? Grâce à son ordinateur, il lança un petit programme pour détecter les appareils en réseau. Curieusement il ne trouva rien. Perplexe, il changea de tactique. Il repoussa son appareil et se leva péniblement, l'immobilité ayant rendu ses douleurs un peu plus pénibles. Il boita vers le bureau et en sorti un petit appareil, capable de détecter ceux qui émettent des ondes radios. Finch l'activa vers son téléphone, puis vers son ordinateur, paranoïaque. Rien. Il réfléchit. Quels appareils avaient pu être à proximité de son agent ? Il vérifia également le disque dur externe mais le résultat fut le même.

Souffrant de rester dans la position debout, il préféra se rasseoir. Il porta l'appareil au niveau de ses yeux, le pensant défaillant. Un bip positif se fit entendre. Harold resta surprit puis comprit. Atterré il retira ses lunettes et les passa devant le détecteur. De toute évidence, le mouchard était bien plus petit qu'il ne le croyait ! John avait osé en glisser un ! Fâché, il songea qu'une discussion s'imposerait avec son agent. Mais comment aborder le sujet ? Il n'était pas censé surveiller John …

Son téléphone sonna et il soupira en voyant le nom de son agent s'afficher. Il préféra laisser sonner dans le vide. Mais contrairement à ce qu'il pensait, John ne lâcha pas prise tout de suite, renouvelant plusieurs fois de suite les appels. L'informaticien se fit violence pour ne pas lui répondre. Il observa son agent qui devenait de plus en plus nerveux, marchant d'un pas plus lourd autour du bureau. Bear était assis et regardait John, sans doute perplexe et sentant la nervosité de son maître. Il vit John parler mais n'osa pas remettre le son. Une minute plus tard, un message du répondeur s'afficha sur son téléphone. Reese lui avait laissé un message vocal. Redoutant le contenu, il prit quelques instants avant de l'écouter.

« Finch, je ne sais pas à quoi vous jouez depuis deux jours mais en tant qu'ami, serait-il possible que vous me répondiez ? J'ai le sentiment que quelque chose ne va pas Harold alors j'aimerai avoir les réponses à certaines de mes questions. En espérant pouvoir vous entendre ou vous revoir bientôt »

Finch allait raccrocher mais se rendit compte que le message n'était pas terminé.

« …Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, sachez que vous pouvez compter sur moi Harold. »

La voix si suave et à peine audible de Reese, puis la double utilisation de son prénom, arrachèrent un frisson à l'informaticien. Pour la première fois, il sentait qu'il n'y avait aucune pitié. Que c'était honnête. Jusque là, toutes les personnes qui avaient voulu l'aider avaient eu cette lueur de pitié dans leur regard, chose que Finch refusait de voir. A ses yeux, il était comme tout le monde, a des exceptions près si on prenait en compte sa vie compliquée. Il était un humain, avec seulement des différences physiques mais cela ne faisait pas de lui une autre personne. Harold Finch refusait la pitié envers lui et privilégiait le respect et la reconnaissance.

Les lèvres tremblantes, il composa le numéro de son agent. Tant pis. Il avait besoin de l'entendre aussi. Il prit une bonne inspiration et tenta de contrôler sa voix lorsque son agent décrocha.

-Mr Reese.

-Finch ! Enfin !

L'informaticien l'entendit soupirer de soulagement et le vit s'asseoir sur le rebord du bureau ovale, sérieux.

-Sachez Mr Reese, que je vous remercie de votre attention mais … ça ira.

-Harold, vous avez eu un accident ?

Il se mordit les lèvres.

-Comment le savez-vous ? Il devait jouer la comédie.

-Par une étrange coïncidence. Je lisais les nouvelles et … Un article semblait me parler. Puis la Machine m'a montré des images.

-Lesquelles ? Fit Finch sur un ton faussement méfiant.

-Celles de votre accident de circulation, d'il y a deux jours.

-Oh …

-Etes-vous blessé ? Demanda John, tout bas, craignant un rejet.

Un lourd silence s'installa. Puis Finch reprit.

-Quelques coups. Mais cela passera.

-Vous en êtes certain Harold ?

-Oui.

-Si seulement je pouvais …

-Quoi ? Encouragea Finch, invitant John à poursuivre.

-Si seulement je pouvais faire quelque chose pour vous.

-Vous n'avez pas besoin de porter cette … responsabilité Mr Reese.

-Finch ? Fit John, inquiet.

Harold coupa le son de son côté et souffla un coup. Il remua dans le fauteuil et gémit. Il se reprit rapidement et rétabli la communication.

-Ne vous inquiétez pas John, tout ira bien.

-Quand revenez-vous ?

-Peut-être demain.

-Mais c'est une supposition ? Emit John.

-Je verrais.

-Je peux vous poser une dernière question avant de vous laisser ?

-Je vous écoute John.

-La Machine ne vous a pas prévenue que ça allait arriver ?

-Mr Reese, tout comme moi, vous savez que la Machine repère des menaces seulement si elles ont été planifiées. Or ce qui s'est produit n'était pas planifié. La Machine ne pouvait donc pas me prévenir.

-Je vois. Reposez-vous.

-Faites attention à vous Mr Reese.

Finch raccrocha. Reese observa son téléphone durant quelques secondes, comme s'il espérait quelque chose. Il rangea le petit appareil et se tourna vers son chien.

-Bear, vu que nous ne sommes pas en mission, que dirais-tu d'un tour ?

Le malinois se redressa et jappa en guise de réponse, suivant son maître qui prenait la direction de la sortie. L'informaticien suivit une dernière fois son agent des yeux. Il réalisa qu'il venait en quelque sorte, de mentir à son agent. A propos de la Machine. Curieusement Harold était certain que sa création avait vu cet accident venir, puisqu'elle l'avait sauvé lorsqu'il tentait de l'éduquer et de lui enseigner toutes les règles d'une vie, tel un père consciencieux. Alors si la Machine avait vu cela, pourquoi ne l'avait-elle pas averti ? Il regarda la petite caméra et parla :

-Tu savais pour l'accident ?

-« Oui ». S'afficha aussitôt.

-Pourquoi ne m'as-tu rien dis ?

-« Parce que ».

Consterné par la réponse, si tant est que cela était une réponse, il fronça les sourcils.

-Cela ne signifie rien. Tu refuses de me donner les raisons ?

-« Oui ».

Déstabilisé, Finch n'insista pas. Après tout il ne pouvait pas la forcer. Même s'il en était le créateur, il avait, normalement, programmé sa Machine afin qu'elle considère tout le monde à un même niveau. Donc réduire l'apport des informations personnelles, des raisons et les convictions. Décidant que son agent ne reviendrait pas de sitôt à la librairie, il entreprit de se lever, non sans douleur. Il prit soin de garder son téléphone sur lui et prit un livre au passage dans sa grande bibliothèque. Il traversa le couloir et se rendit dans la chambre d'ami qu'il occupait pour le moment, évitant de monter les escaliers inutilement afin de se préserver. Il empila les coussins avec des gestes lents et s'allongea doucement. Il ne commença pas sa lecture tout de suite, plongé dans ses pensées, repensant au ton inquiet qu'il avait décelé dans la voix de son agent. Si John était maître dans l'art de contrôler sa voix ou certaines réactions, Finch avait apprit à le connaître. Lorsque John était content, sa voix était étonnamment dans les tons doux, lorsqu'il était stressé, certains de ses mots pouvaient être prononcés vite ou sèchement. Mais lorsque John était nerveux ou inquiet, souvent sa voix descendait de quelques décibels, ressemblait à un souffle.

Et il n'aimait pas particulièrement que son agent s'inquiète, surtout pour lui, même si cela lui prouvait que son agent tenait à lui… Alors il espérait que demain serait un jour plus calme et qu'il pourrait se rendre à la bibliothèque. Parce qu'il voulait le revoir lui aussi mais il allait devoir se préparer pour se maîtriser.

A suivre ...