Voici une nouvelle fiction, directement inspirée de la fin du 623 et de ma propre théorie (une parmi tant d'autres) quant à la suite. Inutile de préciser que cette fiction sera plutôt sombre.
Bonne lecture à tous!
Chapitre 1
Le visage baigné par les larmes, Kate aurait voulu hurler son désespoir mais elle en était incapable. Elle semblait figée sur place, tétanisée, les yeux rivés sur la Mercedes en flammes, sa raison refusait de croire ce que son cœur savait déjà. L'homme qu'elle aimait, celui avec qui elle avait accepté de partager le reste de son existence venait de mourir dans un banal accident de la route. Et de la façon la plus horrible qu'il soit en étant brûlé vif, prisonnier de cet amas de tôle. Enfermé dans sa douleur, la jeune femme ne prêtait pas attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Elle n'entendait ni la sirène des pompiers se faisant de plus en plus bruyante à mesure qu'elle approchait, ni les appels de Lanie et d'Esposito qui venaient d'arriver. Et encore moins les paroles de l'homme qui lui parlait, ne prenant conscience de sa présence que lorsqu'il se plaça devant elle.
Le shérif John Brady essayait de rester professionnel, mais il avait eu le cœur serré en voyant Beckett sortir de la Rolls dans sa robe de mariée. Lorsque prévenu par une automobiliste, il était arrivé sur les lieux de l'accident, la voiture était déjà en proie aux flammes. Il avait examiné les abords dans l'espoir que le conducteur avait été éjecté, sans rien trouver, quelque ait été cette personne il ne pouvait plus rien faire pour elle. Grâce à la plaque d'immatriculation il avait pu connaître le nom de son propriétaire, Richard Castle. Il allait devoir passer l'appel téléphonique le plus difficile de sa carrière, surtout aujourd'hui. Il aurait fallu être un ermite pour ne pas savoir qu'en ce jour Richard Castle allait épouser sa muse, le lieutenant Kate Beckett. Les tabloïds avaient même précisé que les noces auraient lieu dans la propriété de l'écrivain aux Hamptons suite à un incident survenu dans la salle de réception prévue initialement.
Il avait donc demandé au central de lui trouver le numéro personnel de la jeune femme. Et maintenant elle était là, devant lui, le regardant sans même le reconnaître, anéantie par ce drame. Il attrapa par les épaules et tout en essayant de la faire reculer.
- Mademoiselle Beckett, il ne faut pas rester là. Ça peut être dangereux, le réservoir d'essence peut exploser à tout instant.
Kate posa son regard sur le shérif puis le reporta sur la voiture, tout en restant à la même place. Rien ne semblait pouvoir la faire réagir. Mais, alors que le camion des pompiers s'arrêtait et que les hommes en descendaient, l'explosion se produisit. Le bruit infernal et la chaleur du souffle la firent enfin réagir.
- Rick ! Non ! Mon Dieu nooon ! Hurla-t-en en essayant de se défaire de l'étreinte du chef Brady.
Heureusement Esposito arriva près d'eux, il saisit Kate à bras le corps et l'éloigna de force malgré les coups qu'elle donnait. Elle hurlait de la laisser partir, qu'elle devait aller aider Rick, que tout ceci n'était qu'un cauchemar que ça ne pouvait pas être réel. Elle était totalement hystérique. Javier ne pouvait rien faire d'autre que de tenir son amie dans ses bras et attendre qu'elle se calme un peu. Il aurait aimé trouver des paroles réconfortantes pour Kate, mais lui aussi pleurait silencieusement la perte de son ami. Son regard croisa celui de Lanie qui était également en larmes. Tout aussi silencieuse que son petit ami, elle se contentait de caresser affectueusement le dos de Kate en guise de soutien et de réconfort. Elle savait que quoiqu'elle dise, ses paroles seraient futiles. Dans des moments aussi dramatiques les mots étaient vides de sens, aussi bien pour ceux qui les disaient que pour ceux qui les entendaient. Peu à peu les cris ne laissèrent place qu'aux sanglots et les coups à un total abattement. Alors l'hispanique desserra son étreinte.
- On est là Kate, dit doucement Lanie.
Celle-ci tourna la tête vers sa meilleure amie et tomba dans ses bras, ses sanglots redoublants d'intensité. Puis, d'un seul coup ses jambes se dérobèrent et elle s'affala entraînant Lanie dans sa chute.
- Lanie! Kate! Vous allez bien?
- Je vais bien Javi, mais aide-moi à amener Kate jusqu'à la voiture.
- Qu'est-ce qu'elle a? Demanda-t-il en voyant Kate totalement amorphe.
- C'est le contrecoup de sa crise de nerf. C'est aussi bien ainsi, je vais pouvoir la ramener…
- Je… je n'arrive toujours pas y croire Lanie. C'est… elle ne va jamais s'en remettre. Ajouta-t-il.
- Je sais.
Tous deux se turent, cette fois Beckett ne pourrait pas se réfugier dans le travail, comment le pourrait-elle, alors que tout dans le commissariat lui rappellerait la présence de Castle. Ils allaient devoir la surveiller de près et l'aider contre son gré si besoin. Esposito la porta jusqu'à la Rolls et l'installa sur la banquette arrière, docile, détachée de tout Kate se laissa faire. Lanie s'installa près d'elle.
- Je peux vous accompagner et revenir après si…
- Non, ça ira. Reste, essaie de savoir pourquoi c'est arrivé Javi.
- D'accord.
Il claqua la portière et fit signe au chauffeur qu'il pouvait y aller. Une fois la Rolls ayant fait demi-tour, il retourna auprès du shérif Brady. Il constata que les pompiers avaient maîtrisé le feu, leur chef s'approchait d'eux.
- Le conducteur était bien dans la voiture. Ça ne risque plus rien, vous pouvez y aller.
- Merci, se tournant vers Esposito. Vous devriez peut-être rester là…
- C'était mon ami, je viens.
- Comme vous voulez.
Avec précaution, les deux hommes descendirent le talus et s'approchèrent de ce qu'il restait de la Mercedes. La porte côté conducteur avait été ouverte par les pompiers, Javier devança Brady et regarda à l'intérieur du véhicule. Entre l'armée et la police ce n'était pas la première fois qu'il était confronté à la vue d'un cadavre mais ce qu'il voyait lui glaçait le sang. De son ami il ne restait plus qu'un squelette brûlé incrusté dans l'armature métallique de ce qui fut un siège et, des morceaux de chair carbonisées étaient encore accrochées aux os par endroit. Il recula de quelques pas en titubant avant de se pencher en avant pour vomir. Plié en deux, les mains sur les cuisses, il essayait de reprendre ses esprits quand le chef Brady le rejoignit et lui tendit un objet.
- J'ai trouvé ceci, pouvez me confirmer que cela appartenait à Mr Castle?
Esposito fixa l'objet en question et le reconnut sans problème, c'était bien la montre de Rick. Le cadran avait disparu, les aiguilles avaient fondu et le bracelet avait été déformé par la chaleur mais le doute n'était pas possible.
- Oui, c'est bien sa montre, précisa-t-il en lui rendant.
- Je… je suis désolé.
- Comment est-ce arrivé? Quelqu'un a vu l'accident se produire?
- Non, personne, c'est une automobiliste qui en voyant les flammes s'est arrêtée et nous a prévenu. Il semblerait que Mr Castle ait perdu le contrôle de son véhicule comme l'indique les traces de pneus sur la route dus à un freinage brutal.
- Où ça?
- Suivez-moi, je vais vous faire voir ça.
Quelques instants plus tard.
- Là, vous voyez, les traces vont en direction du fossé, vu leur longueur, il devait rouler assez vite.
- Ça n'a aucun sens dit aussitôt Esposito. Sa vitesse devait être réduite au contraire puisqu' il devait tourner pour prendre la route qui mène à sa propriété. Et de plus il sortait du virage à une centaine de mètres de là.
- Un problème mécanique peut-être ?
- Il…
- Hé chef! Vous devriez venir voir ce que j'ai trouvé! Lança un jeune agent.
- J'arrive Fred!
- Qui est-ce?
- Mon adjoint, Fred Austin, il prenait la déposition de la conductrice.
Esposito emboîta le pas à Brady et arrivèrent à hauteur de son adjoint qui avait l'air plus qu'excité par sa découverte.
- Qu'est-ce que tu as Fred?
- Regardez sur le sol chef! Je ne les ai pas vues avant car la voiture de la femme les cachait, ce sont des traces de freinages et elles sont récentes. Mais le plus intéressant ce sont ces autres marques en parallèle et qui chevauchent les premières en partie. Un véhicule s'est arrêté brusquement avant de faire une rapide marche arrière.
- Et vous savez ça comment? Vous lisez dans les traces de gomme? Demanda sèchement Esposito avant de se reprocher aussitôt son attitude.
- C'est presque ça Monsieur, mon grand-père était un fan de courses automobiles et lorsque j'allais le voir pour les vacances, il m'amenait systématiquement sur le circuit du coin. J'y ai appris pas mal de trucs. Il s'accroupit et montra les premières marques, là vous voyez ce sont les traces du freinage, les pneus y ont laissé un maximum de gomme au début pour s'atténuer ensuite avec le ralentissement. Quant à celles-ci, c'est tout l'inverse, la partie plus foncée a été laissée au démarrage et vu leur direction la voiture faisait marche arrière.
- Bon sang! Il y a eu un témoin! S'exclama l'hispanique… ou alors… Merde!
Laissant les deux policiers en plan, il se mit à courir vers la Mercedes. Le feu avait ravagé l'intérieur et la partie avant du véhicule, épargnant ainsi le reste de la carrosserie. Il trouva exactement ce qu'il s'attendait à voir, sur les deux portières et l'aile arrière il pouvait voir des éraflures laissées par une autre voiture. Mais pas uniquement, il y avait aussi des marques de peinture noire. Javier avait vu juste, tous ces indices indiquant une vitesse excessive et une perte de contrôle n'étaient pas plausibles. Mais maintenant tout prenait un sens et éclairait les circonstances de cet accident sous un autre angle. Il s'adressa à Brady qui venait de le rejoindre accompagné de son adjoint.
- Chef vous devriez faire délimiter la zone, c'est maintenant une scène de crime. Et appelez une équipe du SCU et le légiste du coin. On a peut-être tiré sur Castle avant de lui faire quitter la route, il y a des marques évidentes sur la voiture. Annonça-t-il et il ajouta à l'attention d'Austin, bon boulot officier.
- Merci.
- Lieutenant vous voulez dire que Mr Castle a été victime d'un meurtre? Demanda Brady, incrédule.
- Oui.
