Disclaimer : Une fois de plus, je n'ai aucun droit sur la série, les persos, etc

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L'édifice était imposant, tout comme cette ville. Abby fixait l'hôpital depuis un bon moment, fascinée par le va-et-vient incessant des blessés et des urgentistes. Elle n'avait jamais vraiment voyagé, sortit de son Minnesota natal. Elle avait été forcée d'y rester, même si elle avait un peu la bougeotte, étouffée par les grands espaces cultivés qui la pressaient de toutes parts. Petite, elle avait rêvé de s'évader, de vivre à New-York, d'avoir une famille complètement normale, des plus banales et, surtout, elle aurait voulu être quelqu'un d'autre. Elle passait des heures à observer les gens, les acteurs, à imaginer ce que leur vie était, ou pourrait devenir. Entre l'école, qu'elle devait rater souvent, la maladie de sa mère et les soins à apporter à son jeune frère, elle n'avait pas de temps libre pour elle. Alors, tout se passait dans sa tête. Elle se comptait des millions d'histoires, en racontait quelques-unes à Éric.

Elle avait cependant fini par se lasser de cet univers imaginaire et, poussée par la défiance et l'envie désespérée d'accomplir quelque chose dont elle serait fière, elle s'était démenée afin de terminer ses études, puis, au grand désaccord de sa mère, était entrée en médecine. Maggie désapprouvait et critiquait fortement ces têtes enflées qui vous bourraient de pilules à la moindre toux. En fait, elle avait surtout besoin de sa fille, lui avoua-t-elle plus tard. À quoi bon faire médecine si c'était pour rester au Minnesota? Les hôpitaux qui si trouvaient étaient trop incompétents, affirmait-elle, pour que Abby aille s'y cogner la tête tous les jours. Abby avait alors mit les poings sur la table et, froidement, lui avait annoncé qu'elle avait engagé une infirmière qui veillerait à ce qu'elle prenne ses médicaments et vive décemment. Elle déménageait, pliait bagages. Éric avait été le seule être pour qui elle avait trouvé la force de se battre. Maintenant qu'il était parti, Abby refusait de laisser sa mère la mener en bateau pour le reste de sa vie. Maggie avait tempêté, l'avait suppliée, menacée, tout tenté. Abby avait cependant passé la porte, la laissant avec une infirmière de l'hôpital St-Joseph qui avait sans doute plusieurs vies derrière elle, à en juger à son teint cireux et à sa peau flétrie.

Nous étions fin août et l'air, quoique encore chaud, s'était considérablement rafraîchi depuis quelques semaines. Abby en était heureuse, car, même en dépit de la température clémente, elle sentait ses mains devenir moites à la seule pensée de ce stage qui l'attendait. Elle rassembla alors ses idées et, d'un pas ferme, pénétra dans l'hôpital, sachant que rester devant la porte toute la journée n'arrangerait en rien la situation. Elle fut accueillie par un brouhaha général, un mélange de plaintes des patients (qui disaient attendre depuis des heures) et de celles des médecins (qui disaient avoir terminé leur garde il y avait des heures). Abby se fraya un chemin jusqu'à l'admission et, voyant que personne ne lui portait attention, héla fermement le réceptionniste.

- Dites, monsieur… (elle lut sa plaque) Frank?

Il leva ses yeux de bouledogue et, la mâchoire pendante, haussa les sourcils, lui faisant clairement comprendre qu'elle devait faire rapidement.

- Je m'appelle Abby Lockhart, je suis un étudiante en troisième année de médecine et je commence aujourd'hui. Pouvez-vous me dire où je pourais trouver le docteur Weaver?

Frank lança à une femme occupée à effacer son nom du tableau :

- Docteur Weaver, un autre étudiant pour servir de chair à canon.

Le Docteur Weaver empoigna fermement sa béquille et claudiqua rapidement jusqu'à Abby.

- Bienvenue Docteur Lockhart, je m'appelle Kerry Weaver, ne faites pas attention à Frank. Nous avons énormément de patients aujourd'hui alors nous ne perdrons pas de temps.

Alors qu'elle parlait, elle se dirigea vers une salle voisine. Abby, qui avait pourtant l'usage de ses deux jambes, la suivait avec difficulté.

- Vous commencez votre rotation immédiatement, nous allons vous donner un sarrau. Nous voici dans la loge, là où se trouvera votre casier.

La pièce était plongée dans la pénombre.

- Ouvrez les stores, voulez-vous ?

C'était plus un ordre qu'une question. 'Parfait, se dit Abby, me voici à l'asile.' Elle s'exécuta et, lorsque la lumière pénétra dans la loge, elle découvrit avec stupéfaction un homme étendu sur le sofa, plongé dans un sommeil profond. Une pile impressionnante de dossiers attendait près de lui et sa large main, posée sur sa poitrine, tenait encore un stylo. Abby ne put s'empêcher de le trouver magnifique. Son visage aux traits fins était délicatement tourné vers elle, de sorte qu'elle pouvait admirer à loisir son long nez aristocratique, sa mâchoire carrée recouverte d'un début de barbe, ses paupières au longs cils noirs, ses sourcils bien dessinés, légèrement froncés, comme s'il était inquiet et ses beaux cheveux d'ébènes, dont une mèche lui chatouillait la pommette, soulevée à chaque respiration par son souffle calme.

- Docteur Lockhart, voici le Docteur Kovac, votre titulaire, Docteur Kovac, voici le Docteur Lokhart. Maintenant que les présentations sont faites, venez avec moi, je vais vous donner votre sarrau et vous pourrez vous mettre au travail.

Abby approuva, se retenant de peu de demander à Kerry de baisser la voix. Elle se dit que, avec le Docteur Kovac comme titulaire, le travail ne pourrait pas être très désagréable.

Abby se retint de pousser un soupir de découragement. Cela ne faisait qu'une heure qu'elle était là et elle se sentait déjà débordée. Elle s'accota au comptoir de l'admission pour lire le dossier de son prochain patient.

- Dr. Lockhart, si vous êtes venue pour prendre des vacances, retournez immédiatement chez vous, fit aussitôt la voix agressive de Kerry.

Abby se remit sur ses pieds en un bond et fila à la salle d'examens. Un petit bonhomme pas plus haut que trois pommes l'y attendait avec sa mère, une minuscule femme rondelette aux grands yeux larmoyants. Abby les salua d'un sourire engageant.

- Bonjour Thomas, je suis le Dr. Lockhart, je vais t'aider à te sentir mieux.

Le petit garçon approuva gravement, ses yeux sombres fixés sur elle avec inquiétude. Sa mère avait une main placée sur son épaule et il semblait souffrir davantage de cette prise herculéenne que du mal de tête qui l'avait emmené.

- Alors, Thomas, depuis quand as-tu ces migraines?

Thomas ne fit que gémir, devenant encore plus blanc.

- Je vois, fit Abby. Je reviens dans un instant.

Elle se leva tranquillement, et, comme elle allait sortir de la salle, la porte s'ouvrit rapidement, laissant passer le Dr. Kovac. Abby soupira de soulagement.

- Dr. Kovac, fit-elle résolument tout en sentant son regard troublant la transpercer, je suis Abigail Lokhart, votre interne et je crois que vous devriez poser quelques questions à Madame Baily à propos des migraines de son fils.

Elle crut percevoir l'ombre d'un sourire effleurer les lèvres attirantes du médecin, mais, lorsqu'il parla, ce fut d'une voix grave et absolument sérieuse.

- Bien-sûr, Dr. Lockhart, répondit Luka, amusé du manège de la charmante brunette qui, il se demandait comment, semblait déjà le connaître. Madame Baily, veuillez me suivre je vous pries, je voudrais vous questionner sur les derniers événements qui auraient pu causer ces migraines.

Madame Baily ne lâcha qu'à contre coeur l'épaule de son fils, dont le visage reprit aussitôt une couleur presque normale.

Luka apposa sa signature au bas du dossier.

-Ce n'était qu'une légère commotion cérébrale, mais n'oubliez pas de dire à Madame Baily de revenir au plus vite si les migraines s'aggravent.

Abby opina gravement et tourna les talons.

- À propos, fit Luka, et Abby interrompit son geste, nous étions-nous déjà rencontrés ?

La jeune femme sembla hésiter un instant, mais finit par secouer négativement la tête.

- Pas du tout, sinon je m'en serais souvenue.

Luka haussa un sourcil. Cette interne tentait-elle de le séduire ?

- Vraiment ?

Abby eut envie de se gifler. Tentant de retrouver sa dignité, elle corrigea :

- Je veux dire que vous n'avez pas un accent courant : il n'aurait pas été facile à oublier.

Luka ne put s'empêcher de sourire. Elle s'en sortait admirablement bien.

- D'accord, fit-il, conciliant, mais vous devez me dire comment vous avez fait pour savoir qui j'étais avant que je ne me sois présenté.

Abby rougit un peu, gênée de lui avouer qu'elle l'avait vu dormir.

- Nous avons été présentés par Kerry Weaver…

Luka plissa les yeux, fouillant dans ses souvenirs.

- En fait, vous étiez dans la loge en train de dormir.

-Oh…

Il n'en n'eut pas l'air outrement gêné et Abby se morigéna. Elle faisait tout un plat d'avoir surpris un homme en plein sommeil. Elle se trouvait ridicule. Ayant retrouvé son aplomb, elle lui mit un nouveau dossier sous les yeux.

- Christophe Smith, homme âgé de 47 ans, se plaint de fortes douleurs abdominales.

Luka prit le dossier et ils se dirigèrent vers la salle d'examen.

- Dites-moi, Miss Lockhart…

- Mme Lockhart.

- Parfais, dites-moi Abigail…

- Abby.

Luka ne put s'empêcher de lui jeter un regard en coin, mais Abby regardait droit devant elle.

- Abby, pouvez-vous me dire les causes probables de douleurs abdominales ?

-Eh bien, il est difficile d'établir un diagnostic en se basant sur de simples douleurs abdominales et il existe une multitude de causes.

- Qui peuvent être ?

Abby s'éclaircit la gorge.

- Infection par perforation d'un organe infecté, perforation d'un ulcère gastrique ou peptique, pancréatite, rupture du folicule ovarien, ce qui n'est certainement pas le cas ici, inflamation de la muqueuse intestinale causée par la maladie du crohn, les ulcères coliques, diverticulites, gastroentérites, intolérance au lactose, Psilosis coeliaque…

Elle s'interompit pour laisser passer une civière et reprendre son souffle.

- …sarcoïdose, vascularite, obstruction de l'intestin, lithiase, calcul urinaire, embolie, thrombose, rupture d'anévrisme, torsion occlusive, anémie, déchirure du mésentère, traumatisme musculaire, infection musculaire, diverticulite, distention du rein, du foie, de la rate, pneumonie, infarctus du myocarde, maladie coronarienne, radiculalgie secondaire à une athrose, torsion du testicule, empoisonnement, urémie, diabète acido-cétosique, porhyrie, déficience en inhibiteur de la C1-estérase, déficience en adrénaline, dégénérescence neuronale, Zona, maladie de Lhyme…je crois bien que c'est tout.

Elle jeta un coup d'œil interrogateur à Luka, qui se contenta de hocher la tête.

- Tout y est.

Il la considéra avec étonnement. Elle lui avait certes paru brillante, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle soit aussi intelligente. Elle ne semblait pourtant pas du genre à s'enfermer toute la journée dans une bibliothèque pour engloutir des montagnes de livres. Elle était plutôt petite, mais mince et élancée, ce qui la faisait paraître plus grande qu'elle ne l'était. Elle marchait d'un pas décidé et souple, aisé, évitant patients, civières et béquilles avec facilité.

Ils écartèrent un rideau et se retrouvèrent face à un homme qui frisait la cinquantaine. Chunny se trouvait non loin, mais son visage furieux en disait long sur le patient. Peu avenant, Smith siffla une injure entre ses dents. Ses petits yeux noirs étaient durs et un pli mauvais déformait sa bouche.

- Mr. Smith, fit Luka en plaçant son stéthoscope sur la poitrine du patient, je suis le Dr. Kovac. Vous dites souffrir de crampes abdominales ?

Smith lorgna vers Abby, qui cilla.

- Ouais, c'est ce que j'ai dit à la gonsesse y'a plus d'une demi-heure.

Abby ravala une réplique cinglante et serra les lèvres. Luka demanda à Smith de s'allonger et, tout en tâtant avec délicatesse son abdomen, dit simplement :

- Les urgences sont bondés, nous faisons notre possible.

Smith tressaillit lorsque Luka appuya sur le côté.

- Votre possible mon cul, ouais.

Abby vit la mâchoire du médecin se contracter, mais il ne répondit rien. Il devait en avoir vu d'autres. Elle inscrivit quelques notes sur sa feuille. Elle n'aimait pas du tout ce patient. Il la rendait extrêmement mal à l'aise, comme s'il avait une idée vicieuse derrière la tête. Il était petit, trapu et son profil de lutteur ne la rassurait en rien. Elle sentait ses yeux porcins sur elle et elle se mit à trembler imperceptiblement. La cruauté qu'elle devinait dans son regard…

Sans crier gare, il se propulsa hors du lit, envoyant son pied dans l'estomac de Luka. Avant qu'elle n'ait pu réagir, Abby sentit la poigne d'acier de Smith lui enserrer le bras. Elle entendit Chunny appeler à l'aide et elle gémit. L'étau impitoyable de sa main était de plus en plus fort et elle sentait le bout de ses ongles s'enfoncer dans sa chair à travers le tissu pourtant épais de son sarrau. Son corps se cabra sous la douleur et elle sentit, se mêlant à son propre souffle précipité, l'haleine fétide de son agresseur.

- Tu vas venir avec moi, ma jolie.

L'animal, il mélangeait l'alcool et la drogue. Elle se sentit tirée vers l'avant et elle buta, son corps refusant de lui obéir. Smith, brusquement poussé, lâcha prise pour parer l'attaque de Luka. Celui-ci lui envoya un violent coup de genoux dans le ventre. Smith s'affala par terre, plié en deux, le souffle coupé.

- Très efficace comme méthode, haleta Luka.

La sécurité réussit à empoigner Smith qui respirait irrégulièrement, son regard malsain toujours rivé sur Abby qui, prise de nausées, s'était prudemment laissée glisser au sol, la tête entre ses mains. Son cœur battait tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. Encore. Même ici elle n'était pas en sécurité. Elle ferma les yeux et se força à respirer profondément jusqu'à ce qu'elle soit plus calme. Elle sentit une main apaisante sur son dos et lorsqu'elle souleva les paupières, Luka était accroupi à côté d'elle.

- Vous allez bien ? Êtes-vous blessée ?

Elle hocha la tête à plusieurs reprises, la gorge trop nouée pour parler. Les gens la fixaient intensément et des chuchotements étouffés flottaient dans l'air. Elle se força à se lever, tenant son bras contre elle. Luka se rapprocha d'elle, inquiet de sa pâleur.

- Laissez-moi regarder votre…

Abby l'interrompit.

- Je vais bien. Je vais seulement aller mettre un peu d'eau froide et je reviens.

Elle partit vers la loge d'un pas mal assuré, mais la tête haute et les yeux secs. Elle poussa la porte avec soulagement et se dirigea vers son casier. Elle avait désespérément besoin d'une cigarette. Lorsqu'elle vint pour faire la combinaison de son cadenas, la sourde douleur de son bras lui emmena les larmes aux bord des yeux et lui rappela qu'elle devait d'abord l'examiner.

- Laissez-moi vous aider à vous débarrasser de votre sarrau…

Abby sursauta, accentuant la douleur. Elle grimaça.

- Je ne savais pas que vous m'aviez suivie.

Luka se tenait derrière elle, une compresse d'eau froide dans une main. Sans un mot, il s'approcha d'elle et l'aida précautionneusement à retirer son sarrau. Elle se laissa faire à contre-cœur, trop ébranlée pour protester. Remontant délicatement la manche de son chandail, il découvrit cinq plaies légèrement sanglantes et un œdème de la forme d'une main faisant le tour de son avant-bras. Abby gardait les yeux rivés au sol. Elle frissonna lorsqu'il posa le linge humide sur sa blessure.

- Cela va rester douloureux pour quelques temps, fit Luka en examinant son bras meurtri avec gentillesse. Il vous faudra éviter de vous en servir cette semaine.

Abby approuva silencieusement. Elle leva timidement le regard et le posa sur le jeune médecin. Il avait les sourcils froncés et ses beaux cils noirs voilaient ses yeux d'un bleu sombre. Elle se demandait comment il pouvait être aussi attentionné et prévenant.

- Je vais vous prescrire des anti-douleur, que vous prendrez au besoin.

-D'accord, approuva-t-elle doucement.

Luka leva brièvement les yeux sur elle. La couleur commençait à revenir sur ses joues et la lueur effrayée qui avait hanté son regard s'atténuait. Il découvrit alors, en relevant davantage sa manche, qu'il y avait un autre bleu, fort semblable au plus récent.

- Non !

Abby rabattit sa manche prestement et recula d'un pas, se retrouvant le dos appuyé contre le métal froid des casiers.

- Pardon, je vous ai fait mal ?

Il voulut s'approcher de Abby, mais n'osa pas.

- Non, non pas du tout…

Les yeux de Abby papillotait nerveusement autour d'elle. Luka la dévisageait avec insistance. Son interne était la défensive, mal à l'aise alors qu'un instant plus tôt, elle se laisser soigner volontairement. Abby se rendit compte de ce qu'elle venait de faire. Elle commença à balbutier.

- Je…j'avais oublié qu'il fallait que je vous fasse signer un dossier…très important…hum.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Serait-t-elle obligée d'être sur ses gardes pour le reste de ses jours? Elle avait choisi ce métier pour s'abrutir de travail, toujours avoir ses pensées fixées sur les autres et jamais sur elle-même. Elle voulait s'imprégner des misères du monde pour s'empêcher de se morfondre sur les siennes. Mais voilà qu'elles la rattrapaient. Elle n'avait plus d'échappatoire, plus d'endroit où se réfugier, comme elle l'avait tant, désespérément désiré.

Luka voyait bien son trouble, son abattement. Cependant, il ne savait rien d'elle, il ignorait de quelle façon la rassurer. Il le voulait pourtant, rien ne le rendait plus triste que de voir ses beaux yeux marrons vagues et lointains. Il voulait leur redonner leur chaleur, leur flamme. Il voulait rendre à son sourire son ancienne fougue, revoir ses dents blanches et rieuses.

- Vous devriez désinfecter vos plaies et me montrer ce dossier, fit-il simplement.

Abby le regarda avec reconnaissance. Aucune question, pas d'interrogatoire. La tension de ses épaules se relâcha et elle respira comme si elle avait retenu son souffle tout ce temps. Son estime pour Luka monta, car un homme doué de compassion et de gentillesse était, pour elle, un créature aussi rare que le monstre du Loch Ness.