Disclaiemer : Je n'ai aucun droit sur a série, pas plus que sur ses personnages

Chanson utilisée : Breathe, par Maroon 5

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Il la poussa violemment hors du véhicule et elle se retrouva sur le sol froid du stationnement de l'hôpital. La camionnette démarra en vrombissant et bientôt, se confondit dans la masse mouvante de la circulation. Les passants s'écartaient pour éviter de la bousculer, mais personne ne lui offrait un regard, une main secourable. Tous continuaient leur chemin comme si rien ne s'était passé. 'Mais vous ne voyez donc rien?' hurlait Abby intérieurement. Elle se leva lentement en tremblant, priant pour que ses jambes ne cèdent pas sous elle. La tête lui tournait et elle claquait des dents. Serrant son sarrau autour d'elle, elle tituba vers l'hôpital en frissonnant. Le klaxon d'une ambulance derrière elle la fit sursauter violemment et elle se mit à courir à toute vitesse, un sanglot lui bloquant la gorge. Les portes s'ouvrirent et elle se força à marcher calmement. Elle ne voyait rien autour d'elle, les visages étaient flous, les voix inaudibles : sa seule attention était désespérément fixée sur l'admission et sur les médecins qui y affluaient. Ce fut Jerry qui l'aperçue le premier. Il s'avança rapidement vers elle, furibond.

- Vous savez, j'ai du essuyer la mauvaise humeur du Dr Lewis pendant deux heures et demi, sans parler de l'inquiétude du Dr Kov…

Il s'interrompit subitement, remarquant le visage défait de Abby.

- Dr Lockhart? fit-il avec hésitation.

Elle rit nerveusement, ne remarquant pas le cercle qui s'était formé autour d'elle. Elle respirait anormalement vite et était prise de vertiges. Les larmes affluèrent à ses yeux.

- Jerry, dit-elle, sentant qu'elle allait bientôt perdre le contrôle d'elle-même, j'ai besoin d'aide.

How dare you say that my behavior is unacceptable
So condescending unnecessarily critical
I have the tendency of getting very physical
So watch your step cause if I do you'll need a miracle

Il s'empressa de lui empoigner le bras et l'attira sur une chaise, face à un ordinateur. Lui enjoignant à ne pas bouger, il s'éloigna rapidement. Elle ferma les yeux et mit la tête entre ses jambes, tentant de faire taire la peur qui lui vrillait les entrailles. Elle était saine et sauve, elle était à l'hôpital. Bientôt, on s'occuperait d'elle et tout rentrerait dans l'ordre. Elle était saine et sauve… elle releva la tête en sursautant lorsqu'une main se posa sur son épaule.

- Abby!

Luka, accroupi devant elle, la fixait ardemment, la mâchoire contractée et une ligne soucieuse sur le front, signe indéniable d'inquiétude. Susan se trouvait à côté de lui avec la même expression horrifiée qu'elle tentait de masquer. Abby voulut parler, leur expliquer ce qui s'était passé, mais sa voix se brisa et les larmes inondèrent ses joues, l'aveuglant. Elle tenta de se lever, mais Luka lui empoigna fermement la taille et l'entraîna dans une salle à l'écart. La noirceur apaisa un peu Abby, qui respira plus calmement. Luka la fit asseoir doucement sur un chaise et, faisant un effort sur lui-même, la lâcha. Susan referma vivement la porte, la verrouilla et ferma les stores. Un frisson parcourut Abby, qui se calla un peu plus contre le dossier. La pièce lui était familière, de même que ses odeurs : un mélange de désinfectant et de produits médicaux. Elle se détendit. Luka, qui n'avait pas quitté son côté, lui mit une main sur l'épaule. Elle déglutit. Son contact était chaud, réconfortant.

- Que t'est-il arrivé?

Il avait parlé calmement, mais elle sentit sa main frémir sentait son corps tendu pressé sur le sient

Abby passa une main hâtive dans ses cheveux et, ramenant ses genoux contre elle, y posa son menton. Elle sentit la main de Luka la presser plus fortement. Elle leva son regard vers lui. Son visage était incliné vers elle et une mèche noire tombait sur son front. Ses yeux brillaient, mais elle n'aurait su dire si c'était d'inquiétude ou de soulagement. Elle connaissait cette expression : celle qui signifie qu'il tentait de cacher le trouble qui l'habitait, sans pourtant pouvoir s'empêcher de le laisser paraître. Susan s'approcha, les bras croisés sur sa poitrine.

- Abby, où étais-tu passé? Nous avons essayé de te joindre pendant des heures. Ça ne te ressemble pas de partir comme cela.

Luka gronda.

- Tu crois peut-être qu'elle est allée manger au restaurant?

Il l'attira à l'écart et Susan se sentit écrasée par sa personnalité imposante.

You drain me dry and make me wonder why I'm even here
This Double Vision I was seeing is finally clear
You want to stay but you know very well I want you gone
Not fit to fuckin' tread the ground that I'm walking on

- Regarde là, lui siffla-t-il avec rage. Tu ne vois donc pas qu'il s'est passé quelque chose, qu'elle a peut-être eu un accident? Elle n'a jamais été dans cet état avant. Je m'inquiéterais plutôt de sa santé au lieu de la sermonner. Elle tremble comme une feuille, va plutôt chercher une couverture.

Il se radoucit.

- Je suis désolée, Susan, mais je m'inquiète énormément pour elle. Tu veux bien aller chercher une couverture, je ne veux pas la quitter.

Susan lui mit une main sur l'épaule et hocha la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Bien-sûr, j'ai eu la même réaction lorsque Chuck s'est blessé, le jour où l'hélicoptère s'est écrasé.

Elle pivota et sortit silencieusement avant que Luka ne réplique. Il secoua la tête, tentant de repousser ce qu'elle avait dit. Abby était une bonne amie, une très bonne amie, même. Pourquoi tout le monde trouvait-il cela si surprenant qu'il soit inquiet pour elle? Ne voyaient-ils pas la terreur dans ses yeux, le tremblement incontrôlable de ses mains? Elle n'était pas correcte, en contrôle de la situation. Elle qui s'efforçait tant de se montrer forte, de garder la tête hors de l'eau, démontrait une faiblesse qui ne lui ressemblait pas, qui, en temps normal, ne devrait pas paraître. Peu importe ce qui s'était passé cette nuit-là, ça l'avait vaincue. Cela avait tué sa garde, brûlé sa résistance. Luka serra les poings. Il ne savait contre quoi se battre ni contre qui la venger, et cela l'exaspérait.

- Luka?

Sa voix chevrotante était faible, presque inaudible. Il s'approcha rapidement et se mit à la hauteur de ses yeux. Ils étaient brûlant d'angoisse, mais ses paupières étaient lourdes et elle devait se concentrer afin de ne pas les abaisser. Il posa la main sur sa tête et Abby eut de plus en plus de difficulté à ne pas sombrer dans le sommeil.

- Je suis là, ne t'inquiète pas.

Elle opina lentement, des larmes chaudes lui piquant le coin des yeux. Sa voix, pas plus élevée qu'un murmure se fit suppliante.

- Reste, s'il te plait…ne me laisse pas…

Sa tête dodelina.

- … si fatiguée…

When it gets cold outside and you got nobody to love
You'll understand what I mean when I say
There's no way we're gonna give up

Elle s'inclina finalement et, le cœur battant, Luka chercha fiévreusement son pouls. Il battait fermement sous sa peau fine, régulier et lent. Il soupira. Elle était rompue, à bout de forces. Elle bataillait, s'échinait, puis flanchait brusquement. Luka l'avait oublié. Il avait aussi oublié cette vulnérabilité, sa sensibilité à fleur de peau. Il se remit lentement debout, sans la quitter des yeux. Elle dormait d'un sommeil agité, son corps frissonnant par a coup, inconfortablement pelotonnée sur cette chaise de plastique. Il hésita un instant, observant fixement son souffle qui faisait danser une mèche devant ses lèvres. Il tapota nerveusement sa cuisse, puis se décida. Il se plaça de biais à elle, de manière à lui passer un bras sous les genoux et l'autre sous son aisselle. La soulevant lentement, il se dirigea vers la table d'examens. Si elle n'était pas confortable, au moins lui permettrait-elle de s'allonger. Comme il s'apprêtait à la poser, la porte s'ouvrit à nouveau, laissant passer brièvement un rayon de lumière et Susan qui se matérialisa à ses côtés en un instant.

- J'ai pu lui trouver un lit de libre au troisième. Nous devrions l'y transporter, car d'après ce que je vois, elle n'est pas en état de marcher.

Luka approuva et ils se dirigèrent vers la porte.

- J'ai déniché une chaise roulante, l'informa Susan.

Par réflexe, Luka serra Abby plus fortement, la faisant gémir.

- Je ne la lâche pas, fit-il sourdement.

Susan haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire.

Luka avait craint que les bruits des couloirs ne la réveillent, mais la nuit était calme et à part le moment où une vieille femme maigrichonne à l'allure patibulaire prit Abby pour une morte et fut prise d'hystérie, rien de vint troubler son sommeil. Elle s'éveilla en sursaut, alertée par les cris de la vieille folle. Luka mit ses lèvres contre sa temps, lui murmurant des paroles apaisantes pendant que des infirmières accouraient et emmenaient l'hystérique. Abby, affolée, se cambra dans les bras de Luka, mais il ressera son étreinte, lui parlant sans cesse. Elle sentit la chaleur de son corps, son odeur familière, sa peau douce contre la sienne et s'endormit à nouveau, rassurée, n'ayant même pas remarqué qu'il la portait. Il était là, c'était l'essentiel.

And like a little girl cries in the face of a monster that lives in her dreams
Is there anyone out there cause it's getting harder and harder to breathe
Is there anyone out there cause it's getting harder and harder to breathe