Texte by chibichibi k

traduction by invi-chan

Pendant qu'il dort

Je suis reconnaissable que, au moins cette nuit, nous soyons en mesure de rester dans un motel. Le lit est grand et confortable et une toute autre nuit j'aurais vendu mon âme juste pour dormir dans un tel lit. Mais cette nuit, je préfère m'asseoir sur ma chaise près de la fenêtre au lieu de m'allonger sur le lit, parce que de là je peux observer sans un bruit le corps solitaire qui occupe les draps.

Je n'ai jamais été capable de comprendre cette étrange fascination que j'ai. La nuit où je devrais être en train de dormir silencieusement à côté de lui, je reste éveillé silencieux. Je n'ai jamais souffert d'aucune chose qui puisse être similaire à cela avant que je ne le recontre il y a deux ans et demi. J'ai toujours été capable de dormir durant la nuit, même quand les autres avaient du mal à trouver le repos. Mais depuis que nous sommes devenus amis, devenus partenaires, je me suis vu veiller toutes les nuits, à ne faire que le regarder quand il est le plus relaxé.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire doucement à mon compagnon endormi. Sous le masque calme du sommeil ses sourcils expressifs se froncent avec agitation. Et je peux dire qu'il sait que je ne suis plus allongé à côté de lui. Il se blottit contre la partie chaude qu'occupait mon corps. Il me recherche pendant qu'il dort, il cherche ma chaleur sans le savoir. Il n'admettrait jamais faire une telle chose. Nous nous installons toujours sur les côtés opposés du lit. Mais, souvent nous finissons dans une masse de bras et de jambes emmêlés au matin.

Il a fait en sorte de bouger de son côté du lit vers le mien. Il a enroulé son corps autour de l'oreiller que j'ai abandonné et son visage est caché dans l'étoffe comme s'il essayait d'inhaler mon odeur que j'ai laissé derrière. Il gémit.

Même quand il est torturé par ses cauchemards, j'aime toujours le regarder. Les émotions qui passent sur ses traits quand il rêve sont les secrets que personne ne peut voir. Suis-je cruel de m'intéresser à ces rares expressions qui se forment sur son visage quand il est troublé, quand il est emprissonné dans sa propre culpabilité, quand il rêve ? Je suis certain qu'il pourrait dire que je suis cruel s'il était conscient de ce petit plaisir coupable qui est mien.

De petits gémissements s'échappent de ses lèvres et il me paraît être très vulnérable. Il halète instinctivement, j'étends ma main pour prendre sa joue et enlève tendrement les larmes de ses cils avec mon pouce.

Je lui dit : « Tout va bien. »

Sa seule réponse est un murmure incohérent alors qu'il se blottit contre la paume de ma main. Quand je ne peux plus rester là à le regarder, sans savoir quels anciens démons il est en train de combattre, je me faufile entre les draps.

Presqu'automatiquement ses jambes s'emmêlent avec les miennes. Je peux sentir son corps se relaxer alors qu'il serre ses bras autour de ma taille. J'entoure mes bras fermement autour de lui et pose sa tête contre mon menton. Il est comme un enfant. Il s'aggrippe si désespérement.

Et je suis cruel de prendre ne serait-ce qu'un instant de plaisir à regarder sa délicieuse souffrance. Mais, je ne peux pas m'en empêcher. C'est quelque chose qu'il ne montre qu'à moi. Et il ne me le montre que lorsqu'il dort. Peut-être, il y a une rédemption dans ce fait, pour une fois, c'est moi qu'il le protège de sa blessure cachée et silencieuse et non pas le contraire.

Il s'enroule étroitement contre moi. Je lui chuchote à l'oreille : « Je suis désolé, Ban-chan. Je suis juste là. »

OWARI