Disclaimer : les persos sont à JK Rowling bien sûr. ^^

Couple : Harry et Charlie.

Résumé : Harry vit isolé depuis la fin de la guerre, depuis sa rupture avec Ginny. C'est Charlie qui parviendra à le tirer de là en lui révélant...

Petit post it : Alors... J'avais une double envie : écrire un truc fleur bleu et écrire sur un nouveau couple. Il n'y aura qu'un seul deuxième chapitre.

J'ai une précsion importante à faire. Je sais que c'est Bill qui s'habille en peau de dragon, qui a des percings, etc... Disons que je m'en suis souvenue après avoir écrit ce truc, donc... aucune envie de changer. Tant pis ! Un effort d'imagination vous est demandé ! lol

Bonne lecture !


Chapitre 1 : A la découverte de la lune.

Harry Potter, héros de plusieurs générations de sorciers, reposa le carton d'invitation en soupirant. Depuis sa séparation d'avec Ginny Weasley, il n'avait plus eu de véritable contact direct avec la famille non moins célèbre que lui-même. Ronald, son meilleur ami, lui manquait terriblement, mais également les jumeaux Fred et George, dont l'humour avait fait des ravages et conquis bien des cœurs. Molly, la matrone de cette tribu, avait été comme une seconde mère pour lui, et il avait très envie de la revoir aussi.

L'invitation semblait donc tomber à pic : il s'agissait de fêter les trente ans de mariage d'Arthur et de Molly Weasley, une fête réservée aux amis proches et à la famille dans sa composition la plus simple. Mais malgré cette simplicité, il s'agissait pour Harry de sortir de chez lui, de quitter sa morosité et d'affronter les lumières du monde réel.

Ginny ne serait pas un problème : ils s'étaient séparés d'un commun accord, en bonne entente, après avoir constatés avec quelque chagrin qu'ils s'aimaient bien plus comme des frères que comme des amants. A vrai dire, ils avaient partagé plus de bons moments sur leur terrain privé de quidditch que dans leur lit commun.

Mais la légère déprime qui envahissait l'esprit du jeune homme venait plus du fait qu'il se sentait complètement perdu. Il avait grandi dans un monde moldu, puis avait été plongé au cœur de mystères et de combats avant d'être désigné comme une sorte d'élu par la populace sorcière. A présent que tout cela était fini, que la guerre avait fait place à la paix et que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom reposait paisiblement sous une lourde pierre tombale, Harry Potter ne savait plus quoi faire.

Voilà un an qu'il était de nouveau libre de choisir son propre chemin, sa propre destinée, huit mois qu'il était célibataire, mais rien d'exaltant dans sa vie n'était arrivé. Il aurait presque souhaité une nouvelle révolution, quelque chose de fondamentalement nouveau, une extraordinaire étrangeté, une incroyable et bizarroïde action, un…

Driiiing !

Potter laissa retomber sa cuillère à soupe dans l'eau des pâtes qu'il remuait et se dirigea vers la porte de son petit appartement avec inquiétude : qui pouvait bien venir le voir ? Il s'était installé dans la petite ville de Norwich et s'y plaisait, tout naturellement, sans trop en demander.

Sur le palier, des bottes en peau de dragon l'attendaient sagement sur son paillasson. A l'intérieur de ces chaussures reconnaissables entre mille, un pantalon en toile noire légèrement bouffant, remontait le long de deux jambes fines et musclées pour aboutir sur une chemise blanche parfaitement repassée et maintenue en place par une large ceinture verte.

- Ton goût vestimentaire est encore et toujours à revoir, lança Harry les yeux braqués sur la couleur un tantinet criarde de la ceinture.

Mais toutes objections furent ravalées lorsqu'il leva enfin la tête jusqu'au beau visage de Charlie Weasley qui souriait, comme à son habitude, de toutes ses dents parfaitement blanches et alignées.

- En revanche ta coupe de cheveux est impeccable !

Une légère frange retombait sur le front délicatement tacheté de cette couleur de peau particulière au rouquin, et le reste était maintenu en arrière dans une queue de cheval parfaite, grâce à une fine lanière de cuir.

- Et pourtant, maman s'est donnée du mal pour me faire couper tout ça, rigola Charlie. Je suis content de ne pas avoir cédé, puisque cela te plaît.

Ce fut plus le clin d'œil qui accompagna cette tirade qui fit rougir Harry que la phrase en elle-même. Le brun s'écarta et laissa son invité surprise entrer et prendre ses aises dans le salon. Il retourna rapidement dans la cuisine pour éteindre le feu sous sa casserole et verser les pâtes dans une passoire. Il mangerait plus tard, à moins que…

- Tu as mangé ? demanda-t-il en sortant la tête par la porte.

Le rouquin s'était assis dans un des fauteuils blancs préférés du jeune propriétaire. Il semblait parfaitement à l'aise. Il avait ôté ses chaussures pour ne rien salir, et admirait la décoration avec un plaisir évident. Il redressa la tête et sourit de nouveau.

- Je viens de loin, alors j'avoue qu'un peu de nourriture ne ferait pas de mal à mon estomac, répondit-il.

- Des pâtes carbonara ?

Charlie leva le pouce en l'air pour approuver. Harry n'avait plus qu'à faire la sauce, la mélanger, servir, et apporter le tout dans le salon. S'occuper lui permettait de relativiser les choses : certes, personne n'était encore venu le voir jusqu'ici en dehors d'Hermione et de Ron. Certes, il n'avait pas parlé à un sorcier depuis plus de deux mois. Certes, un milliers de questions se bousculaient dans son esprit quant à la raison de la présence du grand frère de son meilleur ami chez lui. La première étant : comment s'était-il procurer son adresse ?

Mais tout cela attendrait. Il devait avant tout faire bonne impression avec sa cuisine. C'était devenu l'un de ses passes-temps favoris. N'ayant plus le terrain de Quidditch qu'il possédait autrefois avec Ginny, il avait bien fallu qu'il trouve une autre occupation.

Le soupir d'appréciation que poussa Charlie après la première bouchée de pâtes le rassura : il n'avait pas raté sa sauce.

- C'est délicieusement bon, souffla le rouquin.

Harry lui sourit. Il était encore un peu tôt, à peine dix-huit heures quarante-cinq, mais il avait faim depuis un moment. Petit à petit, avec le bruit irrégulier des fourchettes dans les assiettes, la présence de ce Weasley ne le dérangea plus. Et lorsque les assiettes furent vides, il engagea de lui-même la conversation.

- Je vais chercher un rosé pour accompagner la deuxième tournée, ça te dit ?

- Avec plaisir, approuva Charlie.

- Si j'avais su que tu venais, j'aurais préparé autre chose de plus…

- C'est parfait Harry !

Le jeune homme hocha la tête, restant malgré tout sur son idée qu'un steak accompagné de sa merveilleuse sauce tartare et d'un soufflé aux brocolis aurait été un dîner bien plus enthousiasmant pour son invité. Il s'éclipsa donc quelques instants et revint avec une bonne bouteille emplie de ce vin ensoleillé qui le faisait toujours fondre.

- Tu ne m'as pas encore dit pourquoi tu es ici, engagea-t-il enfin en servant deux verres.

- Non, reconnut le rouquin en se resservant des pâtes. Mais tu ne nous as pas dit non plus pourquoi tu es venu t'enterrer ici.

Harry lui jeta un regard de travers. Comment ça "nous" ? Parlait-il de l'ensemble de sa famille ou bien se prenait-il pour César ?

- Maman pense que tu es encore profondément amoureux de Ginny et que tu ne cesses de la pleurer.

- Non ! s'écria le brun, soucieux de dénoncer une telle pensée.

Charlie lui fit un sourire réconfortant pour le calmer. Visiblement, il n'avait jamais cru à cette hypothèse.

- Papa et Bill pensent que tu ne veux pas nous gêner et que tu préfères par conséquent t'isoler.

- Il y a du vrai, mais vous m'avez tellement dit que je ne gênerai jamais que ce n'est pas ça non plus, répondit Harry plus posément.

- Je m'en doutais, rigola Charlie. Ron, Ginny et les jumeaux pensent qu'Hermione a raison.

- Et que pense Hermione ?

- Que tu fais une dépression.

- Le terme est un peu fort, protesta Harry en fronçant les sourcils. Ça n'est pas vraiment ça non plus. Que penses-tu toi ? ajouta-t-il avant de porter son verre à ses lèvres.

- Moi ? Et bien, je pense que tu ne sais juste plus quoi faire, que tu t'ennuis, que tu te cherches, et que tu attends un événement improbable qui sortira de l'ordinaire.

Le regard étonné de son hôte qui reposa son verre avec précaution prouva à Charlie qu'il avait visé juste. Il rigola gentiment et mangea un peu de pâtes. Le silence retomba doucement, ni gêné ni troublant, simplement posé. Le rouquin aperçut le carton d'invitation au bord de la table. Il le désigna de son couteau et demanda :

- Tu vas venir ?

- Je pense oui. J'ai très envie de revoir tout le monde.

- Même Fleur et Bill seront là, précisa Charlie. Ça promet d'être assez sympa.

Harry reposa son assiette et s'appuya sur l'accoudoir du divan où il était installé. Son ventre plein lui semblait énorme. Mais le rosé avait lié l'ensemble à la perfection.

- Toi qui es si malin, lança-t-il soudain, as-tu une idée d'un événement incroyable qui me sortirait de l'ordinaire ?

Les yeux du rouquin pétillèrent légèrement, et Harry eut l'impression qu'il venait de poser la question de l'année. Finalement, il ne savait toujours pas pourquoi il était venu lui rendre visite. Certainement pas pour goûter ses pâtes carbo ! Il devait y avoir autre chose…

- J'ai plusieurs idées, répondit Charlie. Déjà, peut-être que de revoir la famille au grand complet lors de l'anniversaire de mes parents sera un choc suffisant.

- Peut-être, reconnut Harry en haussant les épaules, sans vraiment y croire.

- Une proposition pour jouer en équipe nationale ?

Le brun secoua la tête. Il n'y croyait pas plus.

- Un nouveau mage noir à détruire ?

- Ah ! s'exclama le jeune sorcier, voilà qui pourrait être plus intéressant oui.

- Pour toi, peut-être, rigola Charlie, mais beaucoup moins pour la communauté sorcière. La paix n'a jamais été aussi appréciée tu sais. Je pense que tu dois passer à autre chose, te spécialiser dans un autre domaine que celui de la guerre.

- La cuisine ? proposa Harry en désignant les restes du plat.

- Tu te débrouilles bien, avoua le rouquin. Mais est-ce réellement excitant au point de provoquer quelque chose de complètement nouveau ? Je suis sûr que même le sucré salé ne t'étonne plus.

- En effet.

- Non, il faut autre chose, reprit Charlie en se détournant du brun, parlant comme pour lui-même. Une sorte de choc électrique, un choc pour toi mais pour tout l'entourage. Un truc qui te rendrait différent, qui ferait que les gens te regardent autrement.

Harry Potter trouvait fascinant la façon dont cet homme, qu'il connaissait finalement pas tant que ça, parvenait à déchiffrer les moindres de ses pensées.

- Que penserais-tu de poser nu en première page du Chicaneur ?

Les yeux comme des soucoupes, Harry bondit hors du divan et s'exclama :

- Qui êtes-vous et sortez de ce corps !

La baguette tendue dans sa direction n'impressionna pas du tout le rouquin qui éclata de rire. Il se leva et prit les assiettes vides et sales pour les porter à la cuisine. Le brun rangea sa baguette magique et attrapa les verres pour le suivre. Avant d'aller plus loin dans les propositions stupides, il tenait à savoir pourquoi Charlie était venu. Il allait lui poser la question, tout en lançant la vaisselle d'un simple sort, lorsque le rouquin s'expliqua de lui-même.

- Tu dois te demander la raison de ma venue, lança-t-il en s'appuyant contre le frigo, bras croisés. En fait, il y en a plusieurs.

- Tu as toute mon attention, l'encouragea Harry qui se mit à laver son plan de travail.

- D'abord, savoir si tu allais venir à la fête. Hermione comptait t'envoyer un hibou pour te le demander, mais j'ai pris les devants. On ne se connaît pas plus que ça toi et moi, mais toute la famille tient énormément à toi.

- Je sais, reconnut Harry en lui souriant doucement.

- Je suis revenu de Roumanie il y a deux jours. Depuis deux jours je dors donc au Terrier. Je ne savais pas que Ron et Hermione s'y étaient installés.

- C'est pour le bébé, expliqua le jeune homme. Enfin c'est ce qu'Hermione m'a dit. Comme Ron travaille toute la journée au ministère, elle avait peur de se retrouver toute seule au moment de l'accouchement. Alors Molly leur a proposé cette alternative et ils ont accepté.

- Oui, confirma Charlie. Tu verrais l'ambiance ! Toute la journée maman me propose de me couper les cheveux ou d'aller faire du shopping pour renouveler ma garde robe. Hermione occupe le salon avec une quantité impressionnante de grimoires. Ron part tôt, revient tard, grogne aux repas et me reproche un tas de choses stupides. Je pense que tu lui manques, qu'il est crevé, qu'il a peur d'être un mauvais père. Tout ça réunit le rend particulièrement désagréable. Il n'y a qu'avec Hermione qu'il est doux.

Harry reposa ses torchons. Cette description du caractère de son ami ne lui donnait absolument pas envie de rire. Il n'avait jamais songé que devenir papa pouvait être difficile, que Ron pouvait avoir besoin de son soutien. Il se sentit soudain bien idiot et parfaitement inutile. Il avait négligé ses devoirs amicaux. Charlie sentit les reproches que son jeune hôte se faisait à lui-même.

- Je n'ai pas dis ça pour que tu t'inquiètes Harry, continua-t-il. Ron va très bien, mieux que toi en tous les cas. J'ai simplement voulu décrire l'ambiance de la maison actuellement, pour en venir à la deuxième raison qui m'a poussé à venir chez toi.

Le brun l'observa, attendant, ne voyant pas où Charlie voulait en venir.

- Je ne reste en Angleterre qu'une semaine. Mais déjà au bout de deux jours, je n'en peux plus. Pourtant je veux rester jusqu'à la fête. Harry, accepterais-tu de me loger pour les cinq jours restant ?

Harry Potter fut presque aussi choqué que pour la proposition de poser nu. Son visage jusque là impassible encaissa la nouvelle avec un air ahuri qui se mua lentement en une expression moqueuse. Charlie, qui avait très bien enregistré les différentes émotions de son interlocuteur, eut du mal à saisir pourquoi il avait soudainement l'impression d'avoir sortit une énorme blague.

- Tu préfères rester ici où rien ne se passe, où la routine est mortellement ennuyante, plutôt que chez tes parents où, malgré ce que tu m'en as dit, je devine qu'il se passe un tas de choses amusantes et intéressantes ?

Le ton ironique n'échappa pas au rouquin. Il ne sut d'abord comment le prendre. Le brun se moquait-il parce qu'il n'avait nullement l'intention d'accepter ? Ou bien était-ce parce que la demande était grotesque ? Harry vit le doute passer sur le visage si charmant de son invité. Il s'empressa donc de le rassurer.

- Excuse-moi, lui dit-il en posant une main sur les bras croisés du rouquin. Bien sûr que tu peux venir ici. Que tu me demandes ça à moi m'a simplement surpris.

- Pourquoi ?

- Et bien peut-être parce que c'est un événement inattendu, lança Harry en rigolant.

- Oh… Suffisant pour te redonner goût à la nouveauté et à l'incroyable originalité de la vie ? se moqua à son tour Charlie.

- Peut-être pas non, mais ça me fait plaisir d'accepter.

Les deux hommes se regardèrent, à la fois soulagés et étonnés de se comprendre si facilement. Ils ne s'étaient jusque là jamais beaucoup parlés. Ils s'étaient croisés plus d'une fois depuis la fin de la guerre, avaient eu l'occasion de bavarder, mais jamais si intimement. Ils retournèrent au salon, d'un commun accord, et s'installèrent de nouveau dans le sofa avec cette fois-ci, des verres d'un délicieux whisky pur feu.

Trouvant le silence trop long, Harry décida de le rompre.

- Tu ne connais personne d'autres qui pourraient te loger ?

- Harry, si ça t'embête, je préfèrerais que tu…

- Non, non ! l'arrêta le jeune homme. Je te l'ai dit : ça me fait très plaisir. Je m'étonne simplement encore que tu m'aies choisi moi.

- Le choix a été vite fait. C'est l'inconvénient d'être parti vivre et travailler en Roumanie : je n'ai plus aucun contact avec mes anciens camarades de Poudlard, et n'ai aucun ami véritable en Angleterre. Je ne peux d'ailleurs pas dire que je me sois créé des liens spéciaux en Roumanie non plus. Ce sont plus des connaissances, des collègues qu'autre chose.

- Mais, est-ce que ça n'est pas un peu triste ? s'étonna Harry en fronçant les sourcils. Je veux dire… pour moi, les amis sont tout, presque comme une famille !

- Oui, parce que tu n'as pas de famille, répondit Charlie avec un sourire triste. Moi j'en ai une, et nombreuse ! Et j'y suis très attaché. Du coup je n'ai jamais ressenti un manque quelconque. J'ai toujours eu le soutien et l'entourage nécessaire à mon bon moral.

- Jusqu'à aujourd'hui, fit remarquer Harry en lui lançant un clin d'œil.

- Mmh, ce que je te demande n'est pas de l'ordre du soutien, plus de l'entraide. Mais tu as raison oui, jusqu'à aujourd'hui. Je suis ravi que tu acceptes, je me voyais mal aller chez Fred et George. Ils ramènent une nouvelle conquête chaque soir si j'ai bien compris ce que Percy m'a raconté. Il en est scandalisé le pauvre vieux !

Le rire frais du rouquin commençait à plaire à Harry. Voilà bien longtemps que personne n'avait ri ainsi chez lui.

- Et si j'en ramenais aussi, moi, des conquêtes ? lança-t-il.

Charlie cessa aussitôt de rire et observa lentement son verre qu'il faisait tourner entre ses doigts. Il réfléchit un moment avant de répondre :

- Malheureusement Harry, je connais ton célibat. Il est connu de par le monde. Et ce n'est pas un état que je te reproche puisque je suis exactement dans le même.

Le brun poussa un soupir et bu une gorgée de son whisky. Être célibataire ne le dérangeait plus. Il avait pris des habitudes, une forme de liberté s'était installée. C'était plus son désir éteint qui l'inquiétait. Depuis Ginny, il n'avait rencontré personne, et même seul, il ne parvenait pas vraiment à se sentir excité de quelque manière que ce soit. Déjà lors de sa relation avec la jeune femme, la chose était si laborieuse qu'elle avait fini par devenir un sujet tabou dans le couple. Le sexe ne manquait nullement à Harry, il avait appris à s'en passer. Il se demandait simplement à quoi un véritable orgasme pouvait ressembler.

- Désolé, j'ai remué une mauvaise plaie, murmura Charlie.

- Non, pas du tout, le rassura Harry en souriant.

Il hésita à lui expliquer ce qu'il ressentait, mais eut peur de passer pour un jeune adulte dépasser par les événements et préféra finalement garder son problème pour lui. A la place, il conseilla au rouquin d'aller chercher ses affaires tout de suite pour pouvoir s'installer aussitôt. Charlie comprit très bien que son hôte changeait de sujet. Il approuva cependant et lui emprunta un peu de poudre de cheminette pour retourner au Terrier plus rapidement.

Pendant sa courte absence, Harry prépara le divan : une fois déplié, celui-ci présentait un lit des plus confortables. Un simple sort suffisait à le ranger. Une fois les draps mis, le jeune homme le replia et se rendit à la salle de bain. Même pour cinq jours seulement, il souhaitait que son premier invité se sente parfaitement à l'aise. Il rangea donc au mieux ses étagères et laissa de la place vide pour les produits de Charlie.

Il fit ensuite la même chose dans son armoire à vêtements, dans sa chambre. Cela ne gênerait probablement pas le rouquin de devoir partager cette place avec son hôte. Harry espérait que cela serait suffisant pour rassurer Charlie sur le plaisir qu'il avait de l'accueillir. Lorsque le dresseur de dragons revint, Harry lui désigna les endroits où il pouvait ranger ses affaires.

- Je ne t'en demandais pas tant ! le remercia-t-il.

- Je n'ai rien à faire de toute cette place, alors n'hésite pas, insista le brun.

Charlie finit par accepter, et pendant qu'il vidait ses sacs de voyage, il expliqua au jeune héros sorcier que sa mère avait d'abord très mal pris le fait qu'il quitte la maison familiale, jusqu'à ce qu'elle apprenne que c'était chez son fils d'adoption qu'il se rendait.

- Cela changeait la donne, rigola le rouquin. Elle m'a même demandé de te ramener demain midi pour manger.

Harry se mit aussitôt à balbutier qu'il n'était pas sûr d'être libre, de pouvoir, de vouloir, d'être à la hauteur. Il s'emmêlait, trouvait des excuses minables, se sentait parfaitement ridicule. Jusqu'à ce que Charlie le prenne par les épaules et le calme.

- Je ne t'ai pas demandé de venir en costar à un pot où toute la presse anglaise serait là pour te prendre en photo et t'interroger sur les derniers instants de Tu-Sais-Qui. Je te propose simplement de venir manger au Terrier demain midi avec maman et moi.

- Juste vous deux ? s'étonna le brun.

- Oui. Ginny et Ron travaillent, Hermione passe des examens demain, et papa sera probablement au ministère.

Harry baissa la tête se sentant encore plus misérable qu'avant. Les mains de Charlie réchauffaient ses épaules en les serrant doucement. Quand allait-il se réveiller et sortir de cette bulle dans laquelle il s'était progressivement enfermé ? Quelle épine allait pouvoir crever cet espace de plus en plus étouffant ?

- On pourra en profiter pour trouver d'autres idées qui te sortiront de ton quotidien, proposa le rouquin en rigolant gentiment.

- Du style poser nu ? grommela Harry.

- Je suis sûr que ce serait du plus bel effet !

- Ah ! on voit que tu ne m'as jamais vu.

- Montre-moi et je jugerai !

Se détestant à l'avance pour cela, Potter sentit ses joues se colorer. Il releva son visage et repoussa gentiment les mains du rouquin qui le regarda, moqueur.

- Une autre fois, lança Harry d'un ton qu'il voulu détaché mais qui ne cacha rien de son trouble. Maintenant, si tu as fini de tout ranger, je vais te montrer comment déplier le divan. Je suis désolé, je n'ai qu'un seul lit. Mais c'est très confortable.

Charlie le suivit au salon en exprimant toute sa gratitude pour cet accueil si chaleureux. La soirée ne se poursuivit guère plus longtemps : les deux hommes étaient fatigués, l'un d'avoir déménagé, l'autre d'avoir parlé en une seule journée plus qu'il ne l'avait fait en trois mois. Ils se couchèrent et seule la pleine lune et sa lumière intense vinrent troubler leur sommeil.

Le lendemain midi, ils prirent ensemble la poudre de cheminette pour se rendre au terrier. Molly serra Harry dans ses bras pendant plus d'une minute, pleurant presque de le revoir enfin. Elle avait préparé un excellent repas qui ravit les papilles des deux jeunes hommes. Puis Charlie lança le sujet qui semblait particulièrement lui plaire depuis la veille.

- Il faudrait trouver un électrochoc, expliquait-il à sa mère. Quelque chose de parfaitement et d'extraordinairement incroyable.

- Je comprends bien, approuva Molly qui avait enfin accepté que ce n'était pas le manque de Ginny qui avait mis son ultime fils dans cet état. Aurais-tu envie de faire quelque chose de spécial Harry ?

- Pas vraiment, répondit le brun. Je suis désolé Molly. J'ai l'impression d'être entré dans un cercle vicieux dont je ne sortirai jamais.

- Il a même eu peur de venir ici.

- C'est normal Charlie ! gronda sa mère. Il est resté enfermé trop longtemps ! Il faut te trouver quelqu'un. Une gentille femme qui arriverai à…

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, coupa Harry en rougissant. Je… je ne suis pas assez performant pour assurer une quelconque entrevue amoureuse.

Une fois son lourd secret lâché, il s'essuya convenablement le bouche et posa la serviette à ses côtés, gardant une attitude neutre et désintéressé, comme s'il ne venait pas d'avouer quelque chose de primordial qui le touchait profondément. Il ne vit donc pas de nouveau cette petite lueur étonnante allumer le regard tendre de Charlie, ni le visage stupéfait de Molly dont les yeux s'humidifièrent de nouveau.

- Oh, c'est donc ça ! murmura-t-elle, désolée. Mais tout concorde : ton absence de désir pour tout, ton envie de rester seul. Tu fais une dépression ! Hermione avait donc raison.

Charlie leva les yeux au ciel tandis qu'Harry redressait la tête, effrayé.

- Non, non Molly ! Je vous assure que non ! J'ai simplement besoin d'un déclic !

La rouquine se leva pour débarrasser les plats et apporter le dessert, mais son air entendu fit comprendre à Harry qu'elle restait persuadée de ce qu'elle avançait. Pourtant, au fond de lui, le brun sentait que ce n'était pas si grave. Il s'agissait réellement d'une quête. Il avait simplement besoin de trouver ce qui lui manquait.

Charlie et lui passèrent l'après midi au Terrier et ne rentrèrent que le soir, déclinant l'invitation de rester manger au dîner ce qui aurait forcé Harry d'affronter d'un seul coup son meilleur ami, Hermione, son ancienne petite-amie, son père de substitution, et toujours le regard un brin intéressé de Charlie.

Même ce dernier expliqua à sa mère qu'il avait besoin d'être un peu au calme et préféra rentrer en même temps que Potter. Une fois dans le salon, allongés de tout leur long sur les fauteuils, le rouquin tenta une nouvelle tactique :

- Mais pour en revenir à ce désir absent, est-ce que tu…

- Nous ne sommes vraiment pas obligés de parler de ça, coupa Harry, mal à l'aise. Je suis sûr que ce n'est qu'une passade.

- Une passade de huit mois, fit remarquer Charlie. Le sexe est peut-être le moteur de ton mal-être ! C'est peut-être précisément ce qu'il te manque !

- Je n'en avais déjà pas beaucoup avant, je ne vois pas pourquoi soudain cela me manquerait, protesta le brun qui avait une terrible envie de s'enfuir dans sa chambre.

- Mais avant tu avais Ginny.

Harry rougit et haussa les épaules. Il n'allait quand même pas dire au frère de son ex que même cette dernière n'éveillait pas grand chose en lui ?

- Cela rejoint ma question initiale, poursuivit Charlie qui avait parfaitement compris la gêne momentanée de son hôte. Est-ce que tu as déjà envisagé de faire l'amour avec un homme ?

Les grands yeux verts qui se posèrent sur lui firent éclater de rire le rouquin.

- Et bien ! je ne pensais pas te surprendre à ce point ! Je suis sûr qu'à force de te faire sursauter, tu vas finir par l'avoir ton déclic !

Mais pour une fois, Charlie avait mal traduit la réaction du brun. Sa nouvelle proposition n'avait pas choqué Harry à proprement parler. Elle l'avait secoué, brusquement, comme si c'était exactement le genre de chose à la fois scandaleuse et nouvelle qui pouvait le réveiller. Ses pupilles vertes largement dilatées se reposèrent sur son verre. Il devait réfléchir. Avait-il déjà ressenti du désir pour un garçon ? La réponse vint d'elle-même et le chagrina, lui ôtant le maigre espoir qu'il avait ressenti : non.

- Jamais envisagé, et jamais eu envie, grommela-t-il, presque déçu.

Charlie l'observa un instant avant de sourire.

- Parce qu'à l'époque tu ne pensais pas encore à ça, tenta-t-il d'expliquer. Tu étais bien trop occupé par la mise à mort de l'affreux serpent.

- Certes, mais j'ai quand même tourné autour de Cho Chang, puis autour de ta sœur, mais jamais autour de Ron ou Neville ou que sais-je.

- Hum…, toussota Charlie. Ça peut se comprendre. Longdubat n'est pas ce que j'appelle un canon de beauté, et Ron non plus.

- Tu sais à quoi je pense ? murmura Harry.

- Non, mais tu vas me le dire, rigola le rouquin.

- Que ta proposition n'est pas si idiote. Imagine : c'est bien plus facile de faire la une des journaux habillé et avec quelqu'un à côté de moi, même si c'est un homme. Non ?

- Plutôt que nu et seul ?

Charlie éclata de nouveau de rire avant de reconnaître qu'en effet, la chose était plus évidente. Mais il rappela au brun qu'il ne s'agissait pas forcément de faire la une, plutôt de créer un événement bouleversant dans sa vie. S'il se découvrait homo, ce serait probablement suffisant pour le secouer et le pousser de nouveau à vivre pleinement.

- Pas besoin des journalistes pour ça, conclut Charlie.

- Je vais y réfléchir, approuva Harry en se levant.

Il s'étira et souhaita une bonne nuit à son invité. La lune, dans sa phase décroissante à présent, éclaira de nouveau leurs deux visages endormis. Et au petit déjeuner, ce fut Harry lui-même qui relança le sujet.

- Malgré le peu d'amis qui t'entourent, connaîtrais-tu quelques sorciers homos dans ton entourage ? demanda-t-il en passant le beurre au rouquin.

- Je n'en connais qu'un. Mais c'est un beau spécimen, compléta Charlie.

- Ah, vraiment ? En quoi ?

- Et bien, il est assez doué de ses mains.

Harry était sur le point de demander en quoi plus précisément excellait cet homme, mais le clin d'œil appuyé de son invité lui fit comprendre le sous-entendu. Il rougit, automatiquement, sous le regard moqueur et tendre du rouquin.

- Il… il ne sait probablement pas faire que ça ? demanda-t-il encore, souhaitant emmené la conversation dans une autre direction que celle du sexe.

- Oh non, il est également extraordinairement doué avec sa langue, répondit Charlie sur le ton d'une conversation badine.

- Arrête ! s'emporta Harry qui se leva pour quitter la pièce.

Le rouquin qui avait de nouveau commencer de rire, cessa aussitôt et posa sa tartine pour suivre le brun. Celui-ci venait de s'enfermer dans la salle de bain. Charlie frappa quelques coups légers sur la porte.

- Harry ? Excuse-moi, je t'ai choqué ?

- Non, c'est pas ça, entendit-il à travers le battant de bois.

- Alors quoi ? s'inquiéta le rouquin.

Aucune réponse ne vint le rassurer. A la place, il entendit le verrou tourner et la porte s'ouvrit. Les joues plus rouges que jamais, le brun planta ses yeux verts dans le regard un peu perdu de Charlie. Celui-ci chercha à comprendre, et finit par voir ce qui avait fait fuir le sorcier le plus courageux de la communauté, selon Sorcière Hebdo : une bosse appétissante déformait le pantalon de pyjama bleu pâle qu'Harry portait encore pour le petit déjeuner.

- Bref, maintenant, j'ai une petite idée de l'électrochoc qu'il me faut, grommela le brun en se détournant.

Sans faire attention à l'état de Charlie, il poursuivit son monologue blasé en expliquant qu'il comprenait mieux aussi pourquoi il n'avait jamais pu dépasser le stade du baiser avec Cho et pourquoi tout avait semblé si difficile avec Ginny.

Le rouquin l'observa s'appuyer sur le lavabo tout en parlant. Il n'en revenait pas que la simple évocation de talents sexuels avait suffit à le mettre dans un tel état. Il devait réellement être perdu et en manque. Petit à petit, le visage de ce digne éleveur de dragons prit une autre teinte : celle de la convoitise. Il s'approcha du brun, toujours appuyé au lavabo, légèrement penché en avant, et se plaça derrière lui.

Habilement, il posa une main sur le torse et l'autre sur le sexe enflé. Harry sursauta et se retrouva collé contre le corps de son invité qui le regardait dans la glace, au-dessus du lavabo.

- Voudrais-tu que je te présente à cet ami ? murmura-t-il.

- Euh… là, tout de suite, je voudrais surtout que tu m'expliques pourquoi ta main est…

- J'ai posé une question en premier, fit remarquer Charlie sans bouger pour autant.

Harry fronça les sourcils mais finit par hocher la tête.

- Pourquoi pas, murmura-t-il.

- Bien, chuchota le rouquin en se penchant dans son cou. Alors j'ai le grand plaisir de t'annoncer qu'il est juste derrière toi.

- Charlie ! s'écria Potter en s'écartant vivement.

Les deux hommes s'observèrent au centre de la salle de bain, l'un rieur, l'autre étonné. L'esprit d'Harry était en ébullition. Elles étaient loin les questions sur l'existence ou non de quelque chose pouvant le sortir de sa torpeur : l'objet de ses désirs les plus inconscients se trouvait devant lui. D'autres questions avaient fait leur nid : pouvait-il céder à cette proposition ? Saurait-il ? Où cela mènerait-il ? Depuis quand trouvait-il le corps du rouquin si beau, même en pyjama ? Le voulait-il vraiment ? Et lui ?

- En as-tu seulement envie ? lança-t-il en croisant les bras, comme s'il s'agissait d'un marchandage quelconque ou d'un défi.

Charlie eut ce rire fin qui fit frissonner le brun.

- Harry, donne-moi ta main, s'il te plaît.

Le héros ne put que céder à cette main tendue. Il déposa la sienne entre ces doigts tendres qui l'enserrèrent avec douceur. Charlie s'approcha lentement, comme pour ne pas l'effrayer. Et pas à pas, il fit descendre la main abandonnée jusqu'à son entrejambe. Une fois là, Harry ne put retenir un petit cri de surprise. Le sexe du rouquin était aussi gonflé que le sien, peut-être plus.

- C'est adorable quand tu rougis, est-ce qu'on te l'a déjà dit ? murmura Charlie.

- Je… non, je ne crois pas. Est-ce que je peux récupérer ma main ?

- Bien sûr.

Le rouquin ouvrit ses doigts et libéra la pauvre main qui ne bougea pas tout de suite, à sa plus grande surprise. Harry s'approcha de lui-même et se colla légèrement contre le torse à peine plus large que le sien. Sa main appuya légèrement sur l'entrejambe et il se pencha vers le cou tacheté, satisfait du soupir qu'il venait de faire naître.

- Apprends-moi, murmura-t-il simplement.

à suivre...


Mais quoi ?