Disclaimer: Harry Potter appartient à JKR.

Cette histoire est une petite fantaisie sur C.C.B Warrington, (pour ceux qui ont lu Je t'attendrai, voilà le spin-off promis sur Warrington, dans un genre assez différent).

Ce sera sans doute une mini-fic d'une dizaine de chapitres maximum.

En voici le prologue, bonne lecture!


C.C.B. Warrington posa un regard vitreux sur l'avorton qui lui faisait face.

Ledit avorton lui offrit en retour un sourire poli bien qu'hésitant, se demandant s'il ne s'était pas trompé de C.C.B. Warrington.

Le C.C.B. Warrington en question lui avait été décrit avec force détails ; tout le monde, au Bureau des Aurors, connaissait C.C.B. Warrington. Ce qui n'était pas un mince exploit, le Bureau des Aurors et ses ramifications partageant de nombreuses similitudes avec une gigantesque fourmilière.

Au cours de la matinée, la nouvelle recrue avait recueilli de précieuses informations sur son futur partenaire, des plus officielles- « vous serez entre de bonnes mains, c'est l'un de nos meilleurs éléments », dixit Kingsley Shacklebot, chef des Aurors-, aux plus rudimentaires –« petit veinard ! je tuerais pour être à ta place ! », dixit une jolie blonde du nom de Rose Zeller, secrétaire des Aurors seniors.

Il avait jugé ces commentaires quelque peu déplacés, et son malaise s'était accentué quand ladite Zeller avait embrayé sur « les onyx pétillant d'humour et d'intelligence » (sic), « le magnétisme et la musculature d'athlète, et il n'est pas un gros paquet de muscles pour autant, j'ai horreur des hommes bodybuildés, tu vois ce que je veux dire, Dennis ? » de C.C.B Warrington.

Non, Dennis ne voyait pas du tout ce que Rose Zeller voulait dire, et il n'en avait pas la moindre envie.

Les heures s'étaient envolées alors qu'il attendait, sautillant d'impatience, C.C.B. Warrington.

C.C.B. Warrington, son inspiration, son puits de sagesse, son mentor.

Il ne lui avait pas imaginé un regard aussi…bovin. Où étaient « les onyx pétillant d'humour et d'intelligence » (copyright Rose Zeller) qu'on lui avait tant vanté ?

Bien vite, Dennis se fustigea mentalement pour ses pensées impies. C.C.B avait peut-être bu un petit coup de trop au mariage auquel il avait assisté avant de revenir au Bureau des Aurors, et si Dennis haussait un sourcil désapprobateur face au consommateur de boissons alcoolisées, il s'inclinait respectueusement devant l'homme à la conscience professionnelle établie. Cet homme- là, il serait fier d'être son disciple.

De timide, son sourire se fit éclatant de bonne volonté.


Par un étrange caprice du destin, C.C.B Warrington n'était pas à prendre avec des pincettes ce jour-là.

Il revenait du mariage d'une demoiselle qui lui plaisait bien, avec un de ses collègues, ridiculement parfait, mais qu'il tolérait quand même. Il avait été invité d'honneur, puisque la jeune demoiselle aurait pu soupirer en vain, roc de constance (pour repousser à plusieurs reprises C.C.B Warrington, il fallait avoir un cœur d'airain ou des nerfs solides), sans que l'autre abruti (l'heureux marié) ne se doutât de rien, si Warrington ne lui avait pas mis la puce à l'oreille.

Il avait su dissimuler ce petit pincement au cœur, surgi d'on ne sait où, qui s'était manifesté quand Morag MacDougal avait dit « oui » à l'autre abruti.

A ce moment précis, C.C.B Warrington, qui ne se considérait pas comme un mauvais bougre (sauf quand on l'embêtait), prit la décision de ne plus jamais commettre de bonne action.

Par « bonne action », il entendait « tout acte altruiste, etc, etc…par lequel une bonne poire rend service sans rien attendre en échange de son concours ».

Plus jamais, C.C.B Warrington ne serait la bonne poire de l'affaire. Plus jamais.

En revenant au travail pour se changer les idées, il avait appris la nouvelle : un partenaire lui avait été assigné, et il était arrivé le jour même.

Ôtant veste et cravate, il était allé à sa rencontre, quand le choc que lui causa la vue de l'avorton entraîna un début de migraine dont la conséquence immédiate fut ce regard d'homme ivre, si malencontreusement interprété par Dennis comme le résultat de libations trop prononcées.

C.C.B Warrington n'en revenait pas. On lui avait collé ce gamin comme coéquipier ?

Zen, Warrington…Zen...Accorde-lui le bénéfice du doute…

L'avorton ouvrit la bouche :

« Euh, Monsieur ? ».

Du haut de ses vingt-quatre ans, Warrington se considérait dans la force de l'âge. Que le gamin s'adressât à lui en lui donnant le titre de « Monsieur » lui donna la désagréable impression d'avoir pris un coup de vieux.

Ne le condamne pas avant d'avoir entendu ce qu'il a à te dire…

«Vous avez des pétales de rose dans les cheveux… »

Horrifié, Warrington passa la main dans ses « luxuriantes boucles d'ébène » (à en croire Vicky Frobisher, assistante du Médicomage légiste). Il en retira des pétales d'un blanc nacré, vestiges du bouquet de Morag qui lui avait atterri dessus sans crier gare, alors que, n'y tenant plus, il tentait de filer à l'anglaise en se frayant un chemin au milieu d'une horde de femelles gesticulantes.

Il frissonna en se souvenant de la lueur de démence dans leurs yeux après qu'il ait reçu ce damné bouquet. D'ordinaire, C.C.B Warrington était le chéri de ces dames, mais à cet instant, seul le vernis de la civilisation, (bien qu'écaillé), avait retenu ces dernières de lui faire subir des outrages pires que ceux subis par l'infortuné Penthée aux mains des Menades.()

« Ohhh… », s'extasia l'avorton, penché sur un pétale qui avait glissé à terre. Ses grands yeux marrons prirent un air rêveur. « Des venusiae rosae…d'après la légende, elles promettent un éternel amour à ceux qui les possèdent. Vous saviez que la tradition veut que la jeune fille qui attrape un bouquet de venusiae rosae à un mariage sera elle-même mariée dans l'année ? ».

Si cela expliquait le drôle de petit sourire soulagé qu'avait eu Morag, qui détestait l'idée d'avoir brisé le petit cœur fragile de Cornelius, cela ne cédait en rien au fait que ce dernier refusait d'être à nouveau la bonne poire de service.

Sans plus de cérémonie, il planta là l'avorton et s'en fut à la recherche de Kingsley Shacklebot.


« Qu'est-ce qui vous a pris ? ».

Serein, Kingsley Shacklebot ne cilla pas quand un Cornelius Warrington très mécontent fit irruption dans son bureau, sans frapper au préalable. Il se contenta de prendre une expression résignée :

« J'en déduis que vous avez découvert que votre nouveau coéquipier est…

-Vous comptiez me le cacher encore longtemps ? Il n'a pas sa place ici !» grinça Cornelius.

« Voyons, ce n'est pas une tare », temporisa Shacklebot.

Cornelius ricana.

« Bien sûr que non! Nous avons simplement un ami de la faune et de la flore en liberté dans un Bureau d'Aurors ! Je ne sais pas qui, avant moi, se l'est coltiné comme partenaire, mais je refuse d'avoir un …botaniste à mes basques ! »

Kingsley Shacklebot ouvrit la bouche, puis la referma, révisant sa stratégie d'argumentation. Prudemment, il contra :

« Je vous croyais plus ouvert d'esprit , Warrington. Aimer les fleurs n'est pas un crime, et n'empêche pas d'être un bon Auror. Je prends grand soin de mes géraniums, vous savez. »

Le volet botanique fut clos.

« Pourquoi me l'avoir assigné à moi ? », interrogea Cornelius, soupçonneux.

« Je pensais que vous étiez l'homme de la situation, car vos collègues ne sont pas disposés à accepter aisément l'originalité de notre jeune ami. Je vous supposais plus ouvert d'esprit.. » éluda Shacklebot avec une indifférence étudiée. « Une erreur de jugement, il semblerait. »

Pour l'ancien Serpentard qu'était Cornelius, l'explication sentait le roussi. Mais Shacklebot avait mis en cause son professionnalisme, et C.C.B Warrington n'était pas homme à se défiler.

L'avorton l'attendait.

« La question est réglée. Tu travailles bien avec moi. Désolé pour mon départ un peu abrupt » s'excusa Cornelius.

Il tendit la main à son nouveau coéquipier :

« Cornelius Warrington. Ici, on m'appelle Warrington, ou C.C.B. mais jamais, Cornelius, c'est compris ?

-Dennis, Dennis Creevey », répondit son partenaire, serrant la main de Cornelius avec enthousiasme. « C.C.B, ça sonne bien. On dirait des initiales de détective privé, non ? Le deuxième C et le B représentent quels prénoms, si ce n'est pas indiscret ?

-Ça l'est », coupa Cornelius, laconique. « Tu bossais dans quelle division, avant ? » questionna-t-il, plus pour détourner l'attention de son patronyme que par réel intérêt.

Dennis Creevey le regarda de ses grands yeux innocents :

« C'est ma première affectation, Monsieur…C.C.B. M. Shacklebot ne vous l'a pas dit ? J'aurais dû être affecté à Liverpool, mais mon affectation a été annulée à la dernière minute, et aucun Auror suffisamment expérimenté ne pouvait s'occuper de moi. Une place s'est libérée ici, mais vous étiez tous tellement surchargés que vous avez fini par tirer à la courte paille, et vous m'avez eu ! Enfin, c'est la version de M. Shacklebot.

-Quand ? » parvint à articuler Cornelius d'une voix étranglée. « Quand ai-je tiré le gros lot, d'après M. Shacklebot ?

-Avant-hier. »

Cornelius grinça des dents. Avant-hier, il s'était absenté tout un après-midi pour assister à la répétition du mariage de Morag, histoire de préserver la spontanéité de la cérémonie.

Ils avaient tout prévu. C'était un coup monté ! Nul ne voulait du bleu…et ils le lui avaient refilé.

On prenait vraiment C.C.B Warrington pour une bonne poire.


Kingsley Shacklebot eut un sourire amusé en se représentant un Warrington fulminant. Il était curieux de voir comment Cornelius allait se tirer de ses nouvelles fonctions de pédagogue.

Dans un autre contexte, il aurait eu scrupule à former un tandem aussi mal assorti, mais la criminalité était très faible ces derniers temps, et si des Aurors avaient été envoyés à Sainte Mangouste récemment, c'était pour de vilaines contusions suite à un dégnomage de jardin qui avait mal tourné.

Warrington, indécemment doué pour son jeune âge (et conscient de l'être), ne rencontrait aucun défi à sa hauteur. Les Aurors de Kingsley s'empâtaient par manque d'exercice, et ce n'était qu'une question de temps avant que le jeune Cornelius ne les imitât.

Alors, pour son bien, Kingsley avait décidé de mettre un peu de piquant dans son existence, histoire de secouer un Warrington un peu trop habitué à être la coqueluche de sa promotion.

Et puis, même les chefs du département des Aurors s'ennuient parfois…


() D'après une pièce du sieur Euripide, le pauvre monsieur aurait été mis en pièces par des Bacchantes rendues furieuses par le dieu Dionysos, qu'il avait offensé. Ensuite, sa propre mère lui a coupé la tête et l'a portée en triomphe (morale: ne pas se mettre à dos Diony).

Note de l'auteur:

-remarques, questions: n'hésitez pas!

-ceci étant le prologue, les prochains chapitres devraient être un peu plus longs...