Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "disparition" en une heure. Pour plus de précisions envoyez-moi un mp.


Belle voulait le monde mais le monde ne voulait pas d'elle. Cette jeune femme était trop rêveuse, trop différente pour être acceptée dans cet univers, où les gens étaient enfermés dans leur quotidien, la mécanique du train-train les transformant en objets. Eux n'arrivaient pas à comprendre qu'elle vivait, elle, peut-être était-ce pour cela qu'elle était discrètement rejetée.

Elle avait, pour seul repère, son père. Lui était encore un enfant, s'amusant à construire les machines farfelues que dessinent les gamins dans les marges de leur cahier. Pour les adultes, ça ne se faisait pas de retomber en enfance, un adulte doit assumer ses responsabilités, être sérieux, sinon il ne mérite pas d'être remarqué.

C'était peut-être la raison pour laquelle nul ne remarqua sa disparition.

Nul ne remarqua son absence prolongée.

Nul ne remarqua son cheval rentrant au galop, les yeux effarés, traînant une selle sans cavalier.

Sommes-nous à ce point inhumains, pour que la disparition d'un homme ne nous émeuve guère ?

Mais un homme ne disparaît que si son souvenir est oublié. C'est cela, la mort. Il n'y a pas pire torture que d'être oublié des yeux du monde, et on bascule alors dans la folie.

À votre avis, pourquoi la Bête a t-elle réussi à conserver son humanité ? Le monstre, le prince métamorphosé aurait très bien pu se changer en bête, un simple animal qui déchiquetait à coups de crocs et de griffes les pauvres trophées de sa chasse. Mais ses serviteurs, touchés également par le maléfice, lui rappelaient qui il était et ce qu'il avait été, ce qui est en même temps une bonne et une mauvaise chose. Parce que la mémoire de la Terre avait oublié qui il était, il s'était enfermé sous un masque de violence. L'enchanteresse l'avait fait disparaître, rayé son château de la surface du globe. Si on s'était souvenu de lui, la conséquence aurait été une chasse au monstre.

Les deux faces d'une même pièce.

Pourtant…

Pourtant, la disparition des monstres ne nous gêne pas. Au contraire, cela nous fait plaisir de voir disparaître ce qui nous rappelle ce qui n'est pas parfait, ce qui est laid, ce qui fait peur, ce qui ne correspond pas à nos idéaux.

Mais pas pour Belle.

Belle contient ce qui reste de l'humanité de ce monde. Et ce qui bat dans son cœur, pendant que son cheval galope dans les bois sombres, l'amour qu'elle porte à son père lui permet de le maintenir en vie. Elle serre le flanc de l'animal entre ses jambes, elle serre la bride entre ses mains, et focalise son esprit sur une seule chose, sur son père, elle tente de se rappeler les moindres détails de son visage, de son caractère, et c'est cette unique pensée qui lui permet de guider son cheval, va Philibert, je sais où aller, vers mon père.

Peut-être que c'est grâce à ça que tout à commencé. L'envie de retrouver un être cher. Si Belle avait été comme tous les autres humains-objets, elle aurait fait disparaître cette pensée, et son père serait mort, entre les griffes d'une bête, et elle n'aurait pas rendue l'humanité à ce monstre.

Lorsque le monde de Belle disparut, lorsqu'elle échangea sa place contre celle de son père, peut-être ne s'était-elle pas rendue compte que lui seul était le lien avec ce monde qui ne voulait pas d'elle. La vie dont elle avait toujours rêvée, elle était là, tout prêt. Elle n'avait plus qu'à apprendre à aimer au-delà des apparences. Mais si elle avait pas fait disparaître le souvenir de son père, nous n'aurions pas l'histoire que nous connaissons aujourd'hui…