1.
Un bruit sourd résonnait dans ses tempes. La nuit n'avait aucun autre bruit qu'un bourdonnement douloureux. Son oreille avait été touchée par un coup et chaque parcelle de son crâne semblait se tendre et lui lancer de puissantes charges électriques. Tanguant dangereusement, elle tendit une main afin de se soutenir au mur qui se trouvait derrière elle.
Elle avait eu de la chance.
Il n'y avait pas de bons ou de mauvais combattants ce soir. Il n'y avait que de la chance.
Ses poumons s'enflammaient dans sa poitrine et des larmes coulaient sur ses joues, se mêlant au sang qui lui obscurcissait la vue. Sa respiration affolée faisait une buée fine et mouvante devant elle, rappelant la fumée qui s'échappait des barrières.
Elle était vivante. Jaime et Podrick étaient vivants.
Elle fixait l'endroit où les morts se tenaient quelques minutes plus tôt. Un frisson parcourut son échine et un rire nerveux, ressemblant davantage à un grognement, sortit de sa gorge.
Lorsque ses sens reprirent enfin le dessus, Brienne fut frappée par le profond silence qu régnait autour d'elle. Personne n'osait bouger.
Winterfell n'était que cadavres, flammes et ruines.
Elle jeta un coup d'œil à Jaime, muet et déconcerté. Il dû sentir son regard car il tendit sa main et se saisit de la sienne. Il pressa doucement ses doigts, ce qui la rassura instantanément. Elle ne chercha même pas à se dégager. Elle sécha ses larmes et entraîna Jaime dans les décombres :
– Allons-voir s'il n'y a pas de survivants.
Jaime lâcha la pression de sa main et ils s'aventurèrent entre les cadavres, suivis de Podrick qui tenait encore fermement son épée, bien décidé à s'en servir de nouveau en cas de besoin.
Jaime lui offrit un sourire qu'il voulait rassurant.
– Tu as été formidable, souffla-t-il.
Podrick n'était pas parvenu à lui rendre son sourire. Il s'était contenté de baisser la tête en un remerciement silencieux.
– C'est terminé, maintenant, reprit Jaime. Tu peux te détendre.
Podrick ravala un sanglot et releva le menton.
– Que s'est-il passé? chevrota-t-il.
– Nous le saurons bien assez tôt, tonna Brienne. Pour le moment, nous devons chercher les blessés.
