PROLOGUE

L'écho d'une pierre frappée lourdement contre la carcasse d'un petit avion en fit frémir plus d'un. Si on avait pu entendre des rires, il y avait à peine quelques minutes, dans la salle des titulaires, il ne résidait désormais qu'un silence lourd de souvenirs. Tous avaient les yeux rivés sur le petit écran d'ordinateur où Teddy Altman avait entamé une discussion vidéo avec son mari, Henry Burton qui était parti avec un ami pour une expédition de deux jours dans la forêt à quelques kilomètres de Seattle. Cristina s'approcha discrètement de Meredith et attrapa sa main, elles devaient se donner du courage, car les souvenirs affluaient.

Des grognements vinrent bientôt couvrir le bruit des pas du mari d'Altman. Owen Hunt croisa les bras, plissa les yeux. Le DR. Torres se mangeait presque le poing et plus que tout autre, les survivants du crash étaient attentifs à la vidéo. L'envol d'une dizaine d'oiseaux jusque-là posés sur une branche firent sursauter les médecins présents dans la pièce. C'était comme un mauvais mais terriblement angoissant, film d'horreur. Ils n'attendaient plus que la scène la plus horrible, celle qui provoquerait l'action.

L'écho se faisait plus fort encore et pourtant un peu plus faible. Meredith entendait de nouveau, voyait encore, sa sœur qui frappait désespérément sur la tonne de ferraille écroulé sur elle. Elle en tremblait. Comme-ci elle revivait le crash, elle s'attendait à voir Lexie. Elle ne put s'empêcher de se retourner pour regarder Derek dans les yeux. Elle tenta de déceler une once d'assurance dans ses yeux bleus mais n'y vit que l'angoisse des souvenirs.

Le DR. Grey se retourna vers l'écran à l'instant même où quelques commentaires furent émis. Tous se tendirent à la vue d'un avion échoué et découpé. « Oh merde... » Henry orienta la caméra vers un corps étendu et déchiqueté, au sol. Certains retinrent un haut-le-cœur, pour ne pas dire tous. Le camarade de l'ancien patient retint une exclamation lorsqu'il en remarqua un deuxième, empalé sur une grosse pièce de l'appareil.

Tout semblait mort ici. Seul un grognement bestial rendait compte que tout n'était pas figé. Ils s'arrêtèrent un instant, découvrirent les lieux à la même vitesse que les médecins. Ils auraient sans doute du appeler les secours, ne serait-ce que pour ramener les corps le plus vite possible à la morgue, mais personne n'était en mesure de faire le moindre geste dans une situation comme celle-ci.

« Henry ! »

L'interpellé se retourna vivement à l'appelle de son partenaire et le rejoignit lorsqu'il vit qu'il s'était éloigné de quelques pas. Il enjamba un troisième corps en piteux état et rongé par les vers. Plaqué contre la carcasse de l'appareil, son ami lui montra fébrilement du doigt, la zone qu'il n'avait pas encore exploré. Il se pencha doucement pour apercevoir un loup qui grognait et grattait le sol.

Là où l'écho était le plus fort.

Il fixa Teddy par le biais de la caméra puis se jeta dans la fausse. L'animal, surpris, grogna puis s'esquiva face aux grands gestes du jeune homme. Sans plus attendre, il courut vers la source des échos. Une main tremblante tenait celle d'un jeune soldat pâle et froid. Son bras déchiqueté, ses yeux clos et ses lèvres bleues ne laissèrent aucun espoir aux deux jeunes gens. Mais lorsque Henry se pencha, son portable en mains, tous s'éveillèrent enfin. Teddy se retourna brusquement vers ses collègue, plus nerveuse et horrifiée que jamais.

« Un hélico' et une équipe, VITE ! »