La guerre qui faisait rage dans le monde sorcier, paraissait si lointaine de cette banlieue du sud de Londres. Aucun bruit ne venait troubler le silence de cette nuit sans lune.

Six ombres s'avançaient dans une ruelle, dans un alignement parfait. Leurs pas étaient silencieux sur la chaussée goudronnée. Recouvertes de cape noire, elles semblaient glisser sur le sol plutôt que marcher, tel des fantômes. Leurs visages étaient invisibles, masqués par la capuche de leur cape. Si nous avions pu les voir, cela aurait été la dernière image gravée à jamais sur nos rétines.

Les lampadaires de la rue s'éteignaient sur leur passage donnant l'impression que la lumière fuyait face à la noirceur émanent de ces personnages. L'air et le silence devenaient oppressants, des ombres recouvraient et dévoraient les façades des maisons. Le mal semblait se rendre maître des lieux.

Les robes noires s'arrêtèrent devant une des maisons du lotissement. Elle n'était reconnaissable qu'avec son rosier grimpant. Celui-ci recouvrait un pan de la façade de la maison. La couleur de ses roses était un symbole de ce qui allait suivre. Elles étaient rouge sang.

Invisible aux yeux du commun des mortels, une barrière verte recouvrait la maison et semblait défier les arrivants. L'un d'eux sortit sa baguette et s'approcha de cette aura. Il fut propulser en arrière sur plusieurs mètres sous le regard exaspéré des autres. Il se releva rageant en époussetant sa cape.

- Même si ce sont des enfants, ils ont bien faits usage de leur magie, reconnut l'une des capuches.

- Fascinant...

- Ils payeront pour ce qu'ils ont fait, promit l'un des six, resserrant sa main sur sa baguette.

Faisant disparaître la barrière magique d'un simple coup de baguette, ils avancèrent d'un même mouvement vers l'entrée de la maison. Après avoir poussé le portique, ils le franchirent chacun leur tour. On pouvait lire sur la boîte aux lettres à côté du portail en grillage, un nom, Appeltown.

Laurent et Sarah Appeltown étaient des gens sans problème, appréciés de tous. Ils participaient à la vie du quartier et avaient toujours un mot gentil pour chacun. Ils avaient décidé ce soir de passer un moment au calme, au chaud dans leur maison, ensemble. Assis sur le canapé, ils profitaient de la chaleur du feu qui crépitait dans la cheminée, un verre à la main. L'atmosphère était à la tranquillité et au bien-être. Ils approchaient doucement de la quarantaine. On pouvait lire dans leur regard l'amour qu'ils ressentaient l'un envers l'autre, tendrement enlacés sur le canapé. Mais le couple était à mille lieux de se douter ce qui allait se produire.

Laurent se redressa tout à coup, sur ses gardes. Il semblait attentif à tout bruit inconnu dans la maison et venant de l'extérieur. Sarah ne comprenait pas ce qui se passait et fit par de ses inquiétudes à son mari qui la stoppa pour qu'elle garde le silence. Il s'approcha de la fenêtre pour observer l'extérieur plongé dans la pénombre. Son regard fut attiré par le portail d'entrée qui s'ouvrait seul. Il revint au centre de la pièce et passa devant sa femme en lui disant de ne pas bouger. Il se dirigea vers la porte d'entrée. Son attention fut attirée par la voix de sa femme emplie de peur, provenant du salon. Prise de tremblements incontrôlables, elle lui montra du doigt une décoration posée sur le dessus de la cheminée qui irradiait d'une lumière verte. Laurent réagit au quart de tour et hurla à sa femme de fuir. Sa voix fut couverte par l'explosion de la porte d'entrée.

Les six sorciers franchirent le seuil de la porte et se dressèrent face à Laurent. Celui-ci fixait les silhouettes en face de lui. Le temps semblait comme suspendu puis tout se déroula très vite. Laurent se remit sur ses jambes et courut rejoindre son épouse, dans le salon, qui était restée tétanisée de peur. Il l'a pris dans ses bras et ils firent face ensembles aux robes noires. Leur destin, ils le savaient, avait été scellé il y a quelques années par une étrange rencontre. Même face à la mort, ils ne regrettaient aucunement leur décision.

L'atmosphère de la pièce se modifia et devint oppressante quand les six ombres s'avancèrent vers eux. La chaleur de la pièce sembla disparaître au profit d'un froid mortel qui se dégageait d'eux. Elles formèrent un demi-cercle autour du couple et levèrent dans un bel ensemble leur baguette.

- Vous n'êtes que des créatures inférieures, déclara l'un des hommes.

- Vous ne devriez même pas exister...

Laurent et Sarah se serrèrent encore plus l'un contre l'autre, se regardèrent une dernière fois avant de fermer les yeux. Ils ne virent pas fondre sur eux le sortilège mortel. Ils s'effondrèrent au sol, ensembles, un sourire aux lèvres. La dernière parole prononcée par Laurent fut : « vous ne les trouverez jamais ».

Les six hommes sortirent de la maison sans un regard en arrière sur les corps étendus au sol. On pouvait déjà voir se dégager de la maison de la fumée qui s'éleva dans le ciel. Des flammes provenant de l'intérieur, se mirent à lécher les murs de la façade. Le mobilier s'enflammait et sur le plancher du salon, on pouvait voir une photo se consumer. Elle représentait une famille nombreuse heureuse.

Le silence de la nuit fut brisé par l'explosion des vitres de la maison. Les voisins se réveillèrent par le bruit provoqué par l'incendie. Des personnes sortirent des habitations voisines en pyjama pour connaître la raison de ce vacarme.

Personne ne vit les six ombres alignées sur le trottoir d'en face. Ils observaient satisfaits la maison en feu. Ils ressentirent en même temps une brûlure sur leur avant bras. Leur Maître les rappelait auprès de lui. Ils transplanèrent dans un tourbillon de cape noire.

Pour les moldus, on ne voyait qu'une maison en feu mais pour les sorciers, un symbole engendrant une peur sans nom flottait au dessus : la Marque des Ténèbres.